Selon le Dictionnaire Historique, Alain Rey, 2016
Chantier n. m. résulte, sous les formes gantier (v. 1202), cantier (1249), localisées dans le Nord, puis chantier, de l'évolution phonétique du latin cantherius. Ce mot, proprement "cheval hongre, mauvais cheval de charge", a reçu par une métaphore fréquente (Cf. [poutre, chèvre les sens techniques de 'chevron', "support auquel on fixe la vigne". Il rappelle le grec kanthôn "baudet" et, comme lui est probablement emprunté. Le mot réalise le sens de "support", désignant en particulier les pièces de bois sur lesquelles on place les tonneaux (1261), la cale supportant l'objet que l'on veut façonner (1611), d'où l'expression mettre en chantier "commencer (un travail)" (1753) par métaphore (1690) de la construction d'un navire soutenu par un bloc de bois chantier naval. Dans l'usage moderne, le mot désigne le lieu où sont entassés des matériaux (1553, du bois; par métonymie du sens antérieur d'"entassement de matériaux", 1400), prenant dans la seconde moitié du XVIIs. (1680) le sens moderne, demeuré usuel, d'"atelier en plein air", "lieur où l'on construit un bâtiment", "où on le démolit" (chantier de construction, de démolition), "où l'on effectue divers travaux" (construction ou réfection de voies, etc.). L'idée de "grand travail en progression" qu'il implique alors fat que la locution mettre en chantier est remotivée et que le mot s'emploie pour "grande entreprise matérielle". Ce sens a été utilisé dans diverses expressions, comme en 1940 les Chantiers de jeunesse, organisme créé sous le régime de Vichy pour soumettre les jeunes à un travail éducatif obligatoire (1940-1944). En français du Canada,, le mot s'est appliqué spécialement à une exploitation forestière, homme de chantier signifiant "bûcheron". V. 1, p. 435