Quelle casse-tête...:/
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forum abclf » Réflexions linguistiques » Mon 20e questionnaire (au/en cours de ; elles se sont vu priver de) » Répondre
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Quelle casse-tête...:/
C’est le problème du participe laissé suivi d’un infinitif (laisser employé comme semi-auxiliaire). Vous avez deux possibilités:
- soit vous appliquez les règles habituelles de l’accord applicables aux participes suivis d’un infinitif, c’est-à-dire: faire l’accord si le COD qui précède est le sujet du verbe à l’infinitif, et laisser le participe invariable dans le cas contraire. C’est la solution choisie par Ptg. Les exemples classiques sont :
Les chanteurs que j’ai entendus chanter (chanteurs est sujet de chanter, d’où accord); les chansons que j’ai entendu chanter (les chansons ne chantent pas, elles sont chantées par des chanteurs, le COD chansons qui précède est donc COD, et non sujet, de chanter, et donc pas d’accord en ce cas).
Si on rapporté tout cela au verbe laisser:
Les filles que j’ai laissées partir (filles est sujet de partir, donc accord); les repas que j’ai laissé apporter (repas est COD de l’infinitif apporter, et pas d’accord).
Voici aussi quelques emplois pronominaux:
Elles se sont laissé duper ; elles se sont laissées tomber.
- soit vous traitez le participe laissé + infinitif de la même manière que le participe fait + infinitif, c’est-à-dire que vous considérez le participe comme faisant corps avec l’infinitif et que vous laissez le participe invariable dans tous les cas. C’est la solution la plus facile (me trompé-je si je suppose que c’est cette solution-là qui aura votre préférence?).
Cf. Grevisse §794, remarques 2 et 4.
L'ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ EST UNE INTARISSABLE SOURCE DE JOUISSANCE
Boutade. En réalité, un quart d'heure par jour au moins, je souhaite que le participe passé soit toujours invariable, comme en espagnol.
1, Tout le monde l'a laissée violer par un chalartan.
2, Tout le monde l'a laissé violer par un chalartan.
A supposer qu'il s'agit d'une personne de sexe féminin, c'est la 2e phrase qui est correcte car le pronom «l'» (la) est COD de violer et non du verbe laisser.
2, Tout le monde l'a laissé violer par un chalartan.
En passant, je vais glisser ici une autre question, toute petite. Quelle phrase est correcte:
1, Tout le monde l'a laissée violer par un chalartan.
2, Tout le monde l'a laissé violer par un chalartan.
En fait, je n'aime pas trop la matière de l'accord du participe passé, c'est compliqué.
Merci d'avance.
Oui, apparemment, les deux sont correctes, et c'est aussi comme cela que je les comprends.
L'exemple avec remettre est bon, car on peut bien faire la différence entre les deux tournures (remettre / remises ...). On peut alors constater que la première tournure est plus couramment employée que la seconde.
Mais quand même, c'est bien compliqué !
Monsieur Bounigne a écrit:
«Dans la seconde, le COD de voir est le verbe rappeler.
Elles se sont vu rappeler à l'ordre.»
Autrement dit, des deux possibilités:
Elles se sont vu rappeler à l'ordre et
Elles se sont vues rappelées à l'ordre
laquelle est la bonne ?
Il y a donc deux aspects : l’accord du participe vu, et le propos se savoir si vu doit être suivi d’un verbe à l’infinitif (‘se sont vu rappeler’) ou d’un verbe sous la forme d’un participe (‘se sont vues rappelées’).
Elles se sont vu rappeler à l'ordre est correct, comme l’atteste cette citation trouvée dans le Petit Robert (à l’article voir, IV, emploi pronominal): Le romancier s’est vu citer en justice — vu suivi d’un infinitif —, ce qui est analogue à Elles se sont vu priver de droits ou à Elles se sont vu rappeler à l'ordre. Dans tous ces cas, le pronom réfléchi est COD d’un verbe transitif direct mis à l’infinitif succédant à vu.
Quant au problème de l’accord, je crois qu’il faut ici tout bêtement, lors même qu’il s’agit d’une construction pronominale, appliquer les règles d’accord régissant les participes suivis d’un verbe à l’infinitif (souvenez-vous: les chanteurs que j’ai entendus chanter, par opposition à les chansons que j’ai entendu chanter). Ainsi, dans Elles se sont vu rappeler à l'ordre, le pronom réfléchi est COD du verbe à l’infinitif, et il n’y a donc pas d’accord; de même : Elles se sont vu priver de leurs droits. En revanche, dans Elle s’est vue mourir, le pronom réfléchi est sujet du verbe à l’infinitif, et il y a donc accord du participe vu.
En ce qui concerne la tournure se voir+infinitif, ou le pronom réfléchi est COI du verbe à l’infinitif (comme dans Elles se sont vu interdire l’entrée, = on leur a interdit l’entrée), c’est un cas un peu particulier, et l’accord ne se fait pas de toute façon (sauf, bien sûr, quand on est académicienne).
On peut observer que dans Elles se sont vu priver de leurs droits, de même que dans Elles se sont vu interdire l’entrée, le verbe voir n’est pas à prendre au sens littéral. Elles se sont vu priver de leurs droits ne veut pas dire autre chose que Elles ont été privées de leurs droits, et elles n’ont pas forcément eu à se servir de leurs yeux pour apprendre la nouvelle de leur privation de droits. Le verbe voir fonctionne ici comme ce qu’il est convenu d’appeler un semi-auxiliaire (terme employé dans le Petit Robert à l’article déjà mentionné, et aussi dans le Grevisse).
Cependant, la phrase Elles se sont vues privées (participe vu accordé, suivi d’un participe passé) est-elle également possible et correcte, et si oui, y a-t-il une différence de sens avec la même phrase où le participe vu est suivi d’un verbe à l’infinitif? La construction se voir+participe est fréquente, et une phrase de ce type est proposée par l’OLF (Elles se sont vues rappelées à l'ordre). On peut donc supposer qu’elle est correcte aussi, mais peut-être avec une nuance de sens: elle insiste plus sur le résultat de l’action de priver, et désigne, plutôt que l’action de priver elle-même, la situation consécutive à cette privation de droits. Pour prendre un autre exemple: les phrases Elles se sont vu remettre à leur place et Elles se sont vues remises à leur place sont toutes deux correctes, la deuxième exprimant plutôt le résultat de la première.
Mais là, c’est un peu moi qui rame.
Dans le lien que vous donnez, je lis ceci :
Je ne pense pas que la question de savoir si le sujet fait ou non l’action d’interdire soit ici le point important. Dans la phrase Elles se sont vues privées de tous leurs droits, le sujet elles ne fait pas non plus l’action, et pourtant l’accord se fait.
Le point pertinent est le fait que le pronom réfléchi de Elles se sont vu interdire l’entrée est COI du verbe interdire: on leur a interdit l’entrée (à elles) ; dans la phrase Elles se sont vues privées, le sujet Elles est COD du participe passé privées. C’est peut-être un moyen de comprendre la différence de traitement du participe vu dans ces deux phrases.
Je réfléchissais à cela et j'ai relu le document en question. Et il nous livre les bonnes ortographes :
Elles se sont vues rappelées à l'ordre.
Elles se sont vu rappeler à l’ordre.
donc ici il ne serait pas seulement question de COD ou de COI, mais il faudrait aussi regarder la nature de ce qui suit le verbe voir.
Je vais tenter une explication. N'hésitez pas à me reprendre si je m'égare ...
Dans la première phrase, le COD est 'se' donc on accorde (Elles se sont vues). L'adjectif rappelées qualifie 'elles' (ce qui ne change rien à l'accord ...).
Dans la seconde, le COD de voir est le verbe rappeler.
Elles se sont vu rappeler à l'ordre.
= Elles ont vu (quelqu'un) les rappeler à l'ordre
'se' serait donc mis pour les, COD de rappeler.
Donc il n'y a pas de raison d'accorder le participe passé vu, le COD, entendre, étant placé après le verbe ...
Bref, je rame je rame ... Dur d'analyser cela !
Doctus cum libro se traduit littéralement par Savant avec le livre.
J'étais à côté de la plaque. Je cherchais juste la signification de l'expression. Merci pour la réponse, Piotr.
Bonjour Pearl.
Doctus cum libro se traduit littéralement par Savant avec le livre. On reconnaît la racine de docte et docteur, celle de librairie, et encore celle de com-prendre, com-pagnon, etc.
De manière plus légère, on dira : savant livre en main.
Je ne me suis permis d'appliquer cette réflexion à gb que parce qu'il a lui-même, à plusieurs reprises, plaisanté sur ses réponses appuyées sur une solide documentation. Mais il est bien connu qu'il ne suffit pas d'avoir à sa disposition tout Internet ou tous les grammairiens pour trouver si rapidement la juste notule avec le juste exemple : tout l'art est de savoir s'en servir.
En ce sens, gb est plutôt doctus cum libris : un savant accompagné de ses livres.
Par contre, je n'ai pas de référence à te proposer. Pas sûr que ce soit historique.
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