Dans mon premier message je me suis trompé dans l'ordre historique des codes juridiques : le code dit d'Alaric ne peut-être qu'ultérieur au code théodosien. Mais j'ai bel et bien lu à plusieurs reprises que la compilation juridique d'Eauze ou Elysa avait été la plus ancienne, reprise graduellement par toutes les autres.
Ce qui peut être trompeur est qu'en effet le code dit d'Alaric juxtapose le droit administré, ou droit romain, au droit ancestral entre familles ou clans, évidemment plus ancien. Selon Renée Goulard, il semble qu'Alaric aurait voulu coucher par écrit les coutumes juridiques « gothiques » au milieu ou à côté du droit romain, ce qui renverse la perspective historique que j'avais retenue. Personnellement je n'avais pas vu ces coutumes spécialement « gothiques » mais simplement ancestrales ou traditionnelles, et c'est même par un livre étudiant ce code d'Alaric que j'avais découvert cette justice et ces sociétés ancestrales.
Ce qui peut encore fausser la perspective historique, c'est que souvent, dans les provinces, le droit romain lui-même n'était pas imposé, ne revendiquant « l'exclusivité » que pour les condamnations à mort. Il cohabitait donc avec les diverses justices locales.
Je sors un peu du sujet : selon la page de Wikipédia dédiée à Aoric, thiudans aurait signifié « roi » en langue gothique. On trouvait déjà beaucoup de noms grecs préfixés en théo-, mais il en apparaît une flopée dans tout l'Empire romain comme par hasard à partir de la bataille d'Andrinople (378), victoire des Goths réputés ariens, à commencer par le très nicéen Théodose qui succède au très arien Valens, tué à Andrinople. Tout est bizarre en histoire.
En note 20 le document de Renée Goulard cite une inscription de Mérida où il est fait mention de Getarum Eruigi regis : des Gètes plutôt que des Goths et Erwig plutôt qu'Euric : il y a une interversion de consonnes pour scandinaver ou balticiser le nom (vieux norrois Eiríkr).