Verbum a écrit:Au début, il me semble que cet usage s'appliquait uniquement lorsqu'il y avait mouvement : « La semaine prochaine, j'irai sur Paris. » Mais il semble qu'aujourd'hui, « sur » remplace « à » également lorsqu'il n'y a pas mouvement. Hier, dimanche, j'ai entendu l'aimable animateur de Questions pour un champion dire quelque chose comme : « Donc, vous enseignez sur Lyon. »
On dit aussi :
la semaine prochaine j'irai à Paris.
Le déplacement est donc compatible avec <à> et <sur>. Et si le choix de la préposition en disait davantage sur le terme spatial du mouvement que sur l'existence ou la nature du déplacement ?
Il se peut que <à> ait la propriété de rendre linguistiquement discret ou ponctuel (aucune dimension) ce qui, dans l'extralinguistique, est manifestement continu (une dimension), voire étendu (deux dimensions). Ainsi, quand on a va à Paris, Mexico ou Tokyo, on se dirige vers une destination à atteindre, sans plus — même si le terme du déplacement est spatialement très vaste (non réductible à un point réel).
Par contraste, la préposition <sur> semble conserver à la destination spatiale une trace linguistique de sa surface réelle. Il se peut qu'aller sur Guéret ou sur Paris ne soit pas seulement y aller, mais aussi pouvoir s'y mouvoir. Un peu comme si, par une sorte de rémanence, le cinétisme ne cessait pas avec l'atteinte de la destination : il est juste suspendu. Le déplacement cesse d'être linéal et effectif dès lors que le point réel d'arrivée est linguistiquement assimilé à un plan par la préposition <sur>, autorisant ainsi le maintien virtuel du mouvement initial (point à point), mais cette fois ci sous forme bidimensionnelle (point à plan).
Quand le verbe qui précède la préposition est dépourvu de sème lié au déplacement spatial :
vous enseignez à Lyon
vous enseignez sur Lyon,
il demeure avec la préposition <sur> quelque chose de son aptitude à maintenir la double dimension et le mouvement virtuel qui s'y rattache.
Valide ou pas, ce point de vue permet de ne pas opposer les tenants du débordement géographique (sur Paris = à Paris + banlieue + etc) à ceux qui le rejettent (sur Guéret = à Guéret).
allanb a écrit:Il s'agit peut-être de variations régionales, mais ici en Aquitaine on entend assez souvent, par exemple: "je ne sais pas si cela existe ici; vous allez trouver un fournisseur sur Bordeaux" - ce qui signifie, à mon avis, "à Bordeaux quelque part, mais je ne sais pas vous dire exactement où".
D'accord avec toi. Ici, avec <sur Bordeaux>, on retrouve un point (à Bordeaux) étendu aux dimensions d'un plan. L'indéfinition spatiale (à Bordeaux quelque part, mais je ne sais pas vous dire exactement où) ne vient pas de l'indéfinition du lieu puisque la ville est nommée, mais sans doute du mouvement virtuel induit par <sur> associé à Bordeaux.
D'accord avec Coco : le tour n'est pas régional. On l'entend un peu partout.