TROIS-SIX :
Cette expression péjorative, peu usitée de nos jours, trouve son origine sous le règne de Louis XIV.
En 1664, en effet, le roi accompagné de l'architecte Le Vau, se rendit sur le chantier où s'effectuait les travaux d'extension de son château de Versailles.
Apercevant le chantier, où ne se trouvait pas âme qui vive, le roi s'adressa à l'architecte :
« - Pour quelle raison, monsieur, cette place est-elle ainsi déserte ?
- Sire, la raison en est que de mauvais ouvriers oeuvraient à la trois-six, et nous avons donc du procéder à leur expulsion, mais d'autres, dont nous gageons le sérieux, s'en viendront ici demain continuer le labeur.
- Soyez plus clair, monsieur Le Vau, je ne comprends rien à vos propos.
- Votre majesté, c'est que là où l'ouvrage demandait trois heures de labeur ces mauvais drôles l'oeuvraient en six heures.
- Cela est fort désagréable, répondit le roi, faites donc que ce fait ne se reproduise jamais, monsieur,
et, apparemment fort courroucé, il tourna les talons en marmonant :
« - A la trois-six, à la trois-six...
On ne sait comment, mais le bruit se répandit dans Versailles que le roi était très mécontent de le façon dont se faisait son château, à la trois-six, selon l'expression de monsieur Le Vau.
Le grand chroniqueur Pierre-Antoine de Quercy-Mazoyer relata ce fait dans sa célèbre série « Histoire et historiettes de nos contrées *» et dans tout le royaume de France l'expression devint vite populaire.
Nous sommes donc redevable à l'architecte Louis Le Vau (1620-1672) de cette expression originale :
travailler à la «trois-six», c'est à dire travailler beaucoup trop lentement.
* Pierre-Antoine de Quercy-Mazoyer Petites histoires de Versailles, 1665, volume 4, chez Le denturion, sis 3 rue de la Fausse-Colombe, Paris.

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