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Messages [ 4 ]

1 Dernière modification par shokin (13-05-2013 15:50:26)

Sujet : Logiciels libres, Creative Commons, et tout le toutim !

En réponse à la question de l'éponymie, j'ai partiellement répondu ci-dessous aux interrogations diverses concernant les libertés numériques.

éponymie a écrit:

Très culte à mystères votre truc. Je demande - au moins - une parabole pour nous donner les yeux pour voir et les oreilles pour entendre. Et un glossaire.

Voici quelques explications :

L'obsolescence programmée est une des manoeuvres pour augmenter les ventes. Elle consiste à régler, souvent à réduire, la durée de vie d'un produit, ou encore de son "utilité" (voir le terme "utilité marginale" en microéconomie). Exemples :

1. Manger une pomme par jour est très bon, en manger deux passe aussi, mais la troisième est moins utile. Les actions du paquets de 20 pommes ne sont pas une si bonne affaire, étant donné que l'utilité marginale décroît dans l'intervalle d'une période (ici p = 24 heures). Dans ce cas, la durée de vie de chaque pomme n'a pas (forcément) été réduite, mais la durée de vie de son utilité l'a été (laissez quelques jours vos pommes sur la table...).

2. Mettre à jour son profil sur FaceBook (ou tout autre site du genre) peut être utile (pour l'image, la réputation), mais il s'agit de différencier les informations selon leur durée de vie. L'âge est une information éphémère tandis que la date de naissance est une information durable. Dire qu'on est marié à Lucie Latour est une information durable alors que dire qu'on boit un café au lait est une information éphémère, rapidement obsolète. En gestion de l'information, émettre des informations éphémères est très coûteux car soit elles deviennent rapidement obsolètes soit elles doivent être (constamment) mises à jour. Ou l'art de créer soi-même des produits obsolètes.

3. Utiliser un logiciel propriétaire et payant, comme Microsoft Office peut sembler utile (biais : plus ça coûte, mieux c'est). Mais la plupart des personnes qui l'utilisent vont se sentir obligées d'acheter la suivante version, le dernier cri. Le logiciel (ou le téléphone portable) peut être rendu obsolète de diverses manières :

- les DRM (Digital Right Managements = GDN, Gestion des Droits Numériques), qui sont des mesures techniques qui empêchent le partage (fichier en lecture seule, logiciel installable un nombre limité de fois, fichier pdf auto-dégradable, les incompatibilités voulues entre formats et logiciels, vente liée, etc.),
- la séduction par "l'innovation", qui se résume au proverbe sophiste "last but not least" (ou encore le biais "effet de récence") : plus c'est récent, mieux c'est,
- l'effet de la majorité (ou contagion, mimétisme) : beaucoup (ou la plupart) de gens utilisent tel logiciel donc je dois aussi l'utiliser,
- etc.

Les logiciels propriétaires, qu'ils soient gratuits ou payants, sont tout-à-fait dans l'esprit "faire du chiffre d'affaire".

A l'opposé se trouvent les logiciels libres définis par les quatre libertés juridiques et pratiques suivantes :

- la liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages ;
- la liberté d'étudier le fonctionnement du programme et de l'adapter à ses besoins ;
- la liberté de redistribuer des copies du programme (ce qui implique la possibilité aussi bien de donner que de vendre des copies) ;
- la liberté d'améliorer le programme et de distribuer ces améliorations au public, pour en faire profiter toute la communauté.

LibreOffice est le pendant libre de Microsoft Office. (voir aussi Free Software Foundation et Richard Stallman).

Les logiciels libres ont pour vocation d'être partagés et non d'être "propriétarisés". On voit ici toute l'opposition (éthique, idéologique et pratique) entre partage et propriété, entre coopération et concurrence.

Les systèmes d'exploitation sont sujets à la même opposition : Linux et ses dérivés (Ubuntu, Trisquel, Linux Mint, Ututo, Debian, etc.) sont des systèmes d'exploitation (= OS, Operating System) libres tandis que Windows7, XP, Vista, 8, Mac sont propriétaires. Concrètement, les systèmes d'exploitation propriétaires doivent, pour la plupart, être payés (et régulièrement si on veut le dernier cri, avoir le dernier mot). De surcroît, il est interdit (voire rendu impossible, sauf pour les spécialistes) de copier, installer le système autant de fois qu'on le veut. Les systèmes d'exploitations libres peuvent, pour la plupart, être installés librement et gratuitement. Il suffit de télécharger le fichier ISO correspondant, de le graver sur un DVD-ISO, puis d'insérer celui-ci lors du démarrage, puis de suivre les instructions et décisions (pas besoin de savoir coder). Le DVD-ISO peut ensuite être utilisé pour installer le système d'exploitation autant de fois que l'on veut et sur le nombre d'ordinateurs que l'on veut, librement et gratuitement.

Les polices libres vont dans le même sens. "libre" garde ce même sens juridique, orienté vers le partage.

Les formats ouverts (au contraire des formats fermés) sont faits pour être utilisés par plusieurs logiciels différents (cf. "interopérabilité"), notamment par des logiciels libres. ogg, webm sont des formats ouverts tandis que mp3, mp4, avi n'en sont pas. doc, xls sont des formats fermés alors que odt et ods sont des formats ouverts.

Les licences Creative Commons sont un élargissement du paysage juridique. Elles entre dans l'histoire du droit d'auteur, et du domaine public.

Une oeuvre dans le domaine public peut être partagée sans restriction liée au droit d'auteur (le mensonge et l'atteinte à la dignité, à la vie privée peuvent constituer des infractions, mais pas au droit d'auteur). Une oeuvre entre dans le domaine public x années après la mort de son (dernier) auteur. Ce x a malheureusement augmenté, jusqu'à valoir 70 actuellement. Par défaut, une oeuvre suit ce régime : avant ce délai de 70 ans, tous les droits sont réservés, sous réserve d'autorisation explicite de l'auteur. [Il y a quelques nuances selon le type d'oeuvre...]

Les adeptes du libre partage, comprenant non seulement des utilisateurs mais aussi des auteurs, ne l'entendent pas de cette oreille. C'est ainsi que Lawrence Lessig, avocat aux États-Unis, a créé les licences Creative Commons. Une licence Creative Commons peut être attribuée à une oeuvre, par son auteur. Cette licence donne explicitement aux usagers certains droits, que les utilisateurs ne devront plus systématiquement demander à l'auteur. Il y en a eu d'abord 6, tout commençant par CC (droit de reproduire, de diffuser, de partager, d'imprimer, etc.) et BY (obligation de citer l'auteur et/ou les sources) :

- certaines se voient rajouter la clause NC : Non Commercial = aucun usage commercial n'est autorisé,
- certaines se voient rajouter la clause ND : Non Derivate = les copies doivent être identiques à l'originale (pas de correction, pas de traduction non plus),
- certaines se voient rajouter la clause SA : Share Alike = les copies doivent être sous la même licence que l'originale.

A ceci s'ajoute l'obligation de mentionner le type de licence, par exemple simplement en indiquant le lien vers la page web officielle de la licence.

Une septième licence Creative Commons est apparue peu après, la CC0, qui consiste à mettre son oeuvre dans le domaine public. Les utilisateurs n'ont alors plus aucune obligation ni aucune interdiction liée au droit d'auteur. C'est celle que je préfère car nous faisons les choses de notre propre gré, de notre propre engagement, et non par obligation. [Plus il y a de règles institutionnalisées, moins il y a de place à l'autenticité : on est tout de suite stigmatisé en conformiste ou anti-conformiste.]

HADOPI, ACTA, PIPA, SOPA, LOPPSI, CISPA, ETC.

Tous ces ensembles de règles, qui ont été refusés ou pas encore, sont des projets de lois favorisant les industries (les soi-disant ayant-droit) ou portant atteinte à la vie privée (entre taboo et voyeurisme, tout est sous-cons-trolls, cf. le clip récent College Boy, du groupe français Indochine), à neutralité du net (pas de discrimination sociale, d'opinion, de religion ou autre quant à l'accès au web) ou encore à la liberté d'expression. Sous prétexte de favoriser les artistes, elles favorisent en réalité les intermédiaires. Certaines personnes veulent interdire le libre partage décentralisé (par exemple le pire-tout-pire), le streaming et la copie en geignant que ça nuit aux artistes, alors que, en fait, c'est le fait de pouvoir écouter/tester des oeuvres qui va inciter les usagers à acheter le disque. Oui, c'est notamment au niveau de l'industrie musicale que ça se chicane, mais pas seulement. La SACEM (et organismes similaires dans d'autres pays) est nettement du côté lobby industriel, même si, pour se donner belle image, elle a autorisé certaines licences Creative Commons.

Actuellement, de la part des institutions (qu'il s'agisse de l'industrie, du marché, de la monnaie ou de l'État), il y a un refus du hasard donc un déni de réalité (et de liberté). Quand la récompense (le salaire) devient régulier, elle devient institutionnalisée, et les personnes en bénéficiant se mettent rapidement à croire que c'est un dû, une évidence, un axiome. Mais la banalisation de la récompense (non diversifiée) nuit à plusieurs choses : la capacité d'adaptation, d'anticipation, le sens des actes (un acte dont la récompense est banalisée peut-il avoir un sens ? le sens d'un acte doit-il nécessairement consister en une récompense ?), la diversité des modes de vie (un mode de vie devient totalitaire quand il a besoin d'expansion, de croissance, quand il n'est pas capable d'homéostasie).

Nous sommes libres. Wir sind frei. We are free. Somos libres. Siamo liberi.

Re : Logiciels libres, Creative Commons, et tout le toutim !

L'éponymie te remercie smile

J'ai pris le temps de tout lire, ai enfin compris ce qu'était ce fameux Creative Commons (m'étais jamais donné la peine de chercher avant), les DRM et tutti quanti.

Clair (si ce n'est l'homéostasie finale que j'ai dû chercher sur le CNRTL).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

3 Dernière modification par shokin (16-05-2013 15:56:28)

Re : Logiciels libres, Creative Commons, et tout le toutim !

On en apprend tous les jours.

Récemment, j'ai découvert le mot iatrogenèse. Je ne comprenais pas tout à la lecture de Nemesis Médicale, d'Ivan Illich.

Il semble que, sur ce forum, on ne peut pas éditer nos messages (ou certains messages) une certaine durée après leurs émissions respectives. Rajoutons encore le droit à l'anonymat.

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Re : Logiciels libres, Creative Commons, et tout le toutim !

PRISM n'est plus un secret, pas plus qu'ECHELON. La NSA a les yeux rivés partout.

Au haut des images de cette page :

Nous trouvons une liste de logos que la NSA lorgne à travers son PRISM :

- GMail (et tout Google, YouTube compris),
- FaceBook,
- HotMail,
- Yahoo,
- Apple,
- Skype,
- PalTalk,
- AOL,
- YouTube.

Y en aurait-il d'autres ? Twitter ? What's App ? Que ça ne m'étonnerait pas.

Je viens de désactiver mes comptes YouTube, Yahoo (et Flickr, puisqu'il nécessite un compte Yahoo [ou GMail, m'a-t-on dit]), que je n'utilisais d'ailleurs guère.

Sinon, sur cette page : (indiquée par un autre membre sur un autre forum)

http://prism-break.org/

on trouve quelques alternatives libres à divers logiciels/sites propriétaires.

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