Entre internautes, on ne s'exprime pas comme avec des non-initiés. On parle du Net, de soft, de hardware, de RAM, de P2P, d'open source, de blog, de bug, de trojan, de wysiwyg, de spyware, de smileys, etc. On se comprend. Dans la mesure où il existe un mot français répandu, je l'utilise (logiciel, bogue), mais je refuse la francisation forcée (gratuiciel, Ouèbe), parfois ridicule, souvent un peu pédante. Si on écrit dans le cadre d'Internet, et donc pour des habitués de la Toile, je n'estime pas qu'il faille utiliser des termes assez peu répandus (mél, binette, sourillard), qui n'ont pas franchement réussi leur examen de passage à la postérité du lexique francophone. Par contre, si on est amené à rédiger un article que liront des gens qui ne connaissent pas le Net, il vaut mieux dire « logiciel d'échanges de fichiers numériques » que « P2P » où « pair-à-pair ». Je suis un écrivain et j'évite comme la peste les anglicismes dans le cadre de mon activité, mais dans un forum informatique, je n'hésite pas à écrire qu'il est parfois nécessaire de rajouter « de la RAM pour booster sa machine », de signaler « un bug dans le topic des admins ». Je n'utilise pas ce langage avec ma voisine qui, étrangère à l'informatique, « entrave que dalle au frenchouèbe » (cette novlangue des temps informatiques). De la même manière, si j'étais médecin, je ne lui parlerais pas de miction, d'érubescence, de fèces, car mon but est d'être compris des gens à qui je parle, non d'étaler ma suffisance en accablant mon interlocuteur de termes qui sont pour lui de l'hébreu.