Pour ne pas être dupe de ma mémoire, j'ai puisé dans le savoureux ouvrage de Lucien Jerphagnon, Le petit livre des citations latines (Tallandier, 2004), qui m'a confirmé la forme venue plus spontanément à mon esprit. Sans doute à cause de l'attaque, sutor, , plus conforme aux habitudes françaises.
Mais...
Gaffiot donne :
ne sutor supra crepidam, à l'article crepida ;
et
ne supra crepidam sutor, à l'article sutor.
Bornecque donne :
ne sutor supra crepidam, à l'article crepida et ne donne aucune citation à sutor.
Avril et Auzanneau donnent :
ne sutor ultra crepidam, à l'article crepida
et
ne sutor ultra crepidam judicet, à l'article sutor.
(Par où il appert que lors de la refonte du Gaffiot, ce n'est pas le même gars qui a rédigé crepida et sutor, et qu'à la relecture, quandoque bonus dormitat Homerus... )
Je n'ai pas consulté Lewis et Short sur Perseus.
Bref, j'ai suivi Jerphagnon parce que c'était le bouquin le plus facile à consulter (12 cm x 12 m et 5 mm d'épaisseur), et en vertu de l'adage Magister dixit.
... que je vous cite pour le plaisir :
Magister dixit !
Le maître l'a dit.
Sous entendu : « Fermez-la ! »
Argument suprême des docteurs médiévaux quand ils se référaient à Aristote, redécouvert depuis peu, et qui faisait fureur. Comme il avait tout dit, selon eux, sur à peu près tout, il ne pouvait qu'avoir le dernier mot. Au XXe siècle, on condamna définitivement ce recours à l'argument d'autorité, en se fondant sur Karl Marx (que Sartre déclara indépassable dans la Critique de la raison dialectique), Freud, Foucault et Lacan.
Qui d'autre qu'un latiniste pouvait rédiger ces lignes ?
Un helléniste !
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien