Oui, catastrophe date du XVIème, cataracte et canicule du XVème.
canicula a donné "chenille" (att. au XIIIème) en dérivé populaire et "canicule" en dérivé savant, au XVème siècle. On a donc là ce qu'on appelle des doublets.
La forme **chienicule serait impossible à cause de l'évolution du groupe -culus/a > cl >ijl > ij après la syncope, qui, elle, s'effectue sur un temps très long.
Ce n'est pas la peine de chercher autre chose...
Le passage de [a] à [e], le [-i] de "chien" s'expliquent aussi, mais cette explication serait ici sans objet.
Il faut préciser que la plupart des changements phonétiques, comme celui qui nous occupe, ont lieu à un moment assez précis de l'Histoire, et qu'ils ne s'effectuent plus passé ce temps, sauf s'il y a alignement morphologique ou composition secondaire (motivée en ce cas). C'est ce qui s'est passé pour chenil, aligné (ou formé ?) sur chien bien que le mot semble tardif. Prudence malgré tout car la date d'attestation n'est pas une date d'apparition dans le lexique.
Si j'ai le temps, j'ouvrirai un fil du style "L'histoire du français pour les nuls" en rendant la chose le moins rebutant possible. Je précise que l'expression "pour les nuls" n'est insultante pour personne, elle est utilisée dans une collection de manuels d'initiation bien connue.
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Votre créationnisme ne peut se concevoir si l'on accepte la théorie du "rayonnement" que j'ai évoquée précédemment : comment un petit groupe, créant consciemment et sontanément de nouveaux "mots", seraient-ils en mesure de les imposer à une communauté ? On le conçoit dans le cas de changements imperceptibles, non en cas d'une brusque apparition de nouvelles unités qui briseraient les habitudes de locuteurs pour qui la langue est "naturelle". Rien dans l'Histoire ne peut nous faire penser à une telle entreprise. On ne le voit que dans les mythes, dont l'objet est justement d'imaginer une explication rationnelle - ou magique, mais c'est toujours une explication - à ce qui est hors du champ de notre connaissance ou de notre expérience. Si l'on évoque l'origine première du langage, admettons, mais votre théorie s'applique principalement à la genèse du français. En ce cas, elle est proprement insoutenable.
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil