Vous avez ainsi pris l'exemple d'un cancre ou d'un insolent pour critiquer les méthodes d'enseignement de vos collègues.
Premièrement, ces méthodes d'enseignement ne sont pas celles de mes collègues, elles furent longtemps les miennes, avant que j'en revienne, pour avoir mesuré leur inefficacité.
Secondement, je n'ai pas pris l'exemple d'un cancre insolent, mais celui d'un élève soucieux de bien faire mais soumis aux automatismes (ce que Stella Baruk nomme, pour sa discipline, les automatHismes, dont elle constate tout autant, et même plus, les ravages) pour mettre en évidence les ravages de la méthode du questionnement.
Puisqu'il faut entrer dans les détails, je passais de table en table pour voir l'avancement du travail. J'ai demandé à l'élève de justifier sa réponse : il faut toujours voir d'où vient l'erreur pour pouvoir la corriger efficacement. J'ai obtenu cette réponse d'une parfaite bonne foi.
On s'en relève, de cette méthode, puisqu'elle ne m'a pas empêché de décrocher ma licence, mais pourquoi conduire les autres dans un chemin que l'on sait mauvais ?
Je pense avoir par cet exemple suffisamment répondu à votre question :
Je ne vous ai jamais questionné dans ce sens. Je vous ai seulement demandé, exemples à l'appui, dans quelles circonstances la méthode des questions pouvait être source d'erreurs.
Elle est source d'erreurs quand elle conduit à de fausses identifications dans le cas d'un exercice consistant à relever des compléments d'objet !
Vous allez m'objecter que la notion d'objet n'était pas installée chez cet élève, à quoi je vous répondrai que :
c'est justement à installer cette notion que visait l'exercice de substitution ;
si la question ne fonctionne que pour les élèves chez qui cette notion est déjà installée, on peut en faire aisément l'économie.
Donc, la méthode des questions est doublement inutile, inutile pour qui sait reconnaitre un COD, et inutile pour qui ne sait pas, puisqu'elle ne mène pas à la bonne solution.
Son but est de faciliter à chacun l'accord des participes passés,
Si vous aviez été élève du primaire, si vous aviez eu par la suite des grammaires du secondaire entre les mains, vous sauriez que
Pour trouver le sujet, on demande qui ? ou qui est-ce qui... ?
Pour trouver l'objet, on demande quoi ? ou qu'est-ce que ?
Si vous aviez enseigné, vous sauriez que lorsque l'on sonde le terrain en demandant à quel indice on reconnait un sujet, à quel indice on reconnait un objet, on obtient la réponse : on pose une question !
Tout à fait indépendamment de la question de l'accord du participe, question totalement secondaire, qui se résout aisément par le truc de la substitution :
on remplace le verbe par faire :
la pièce que j'ai vue/ la pièce que j'ai faite...
Faire, parce que faire est aussi polysémique que schtroumpfer, et a l'avantage d'avoir un participe dont le féminin se distingue du masculin à l'oreille. Or la question de l'accord ne se pose vraiment que pour les COD féminins, et pour les pluriels. La mise au féminin en ce dernier cas, sert de témoin.
Je dis et je répète que c'est un simple truc, comme celui de la mise à la première personne du pluriel pour distinguer j'irai de j'irais, et que ce truc n'est efficace que pour des locuteurs natifs.
Pour en revenir à l'identification des fonctions, capitale pour la gestion du pronom relatif, capitale lorsque l'on aborde les langues étrangères, vos fameuses questions ne valent pas l'extraposition.
Quant à l'accord du participe...
Pardon, j'oubliais, c'est votre métier. Tant chacun voit midi à sa porte...
Je ne me mêle pas de vous apprendre votre métier, ne vous mêlez pas de m'apprendre le mien, et les vaches seront bien gardées.
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien