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Du VIIIe siècle jusqu'au XIIIe siècle ; période de l'ancien français

VIIIe siècle

  • Gloses de Reichenau (vers 750): glossaire de mots romans interprétant des termes de la Vulgate, traduction latine officielle de la Bible ; atteste que le latin - même celui de la Vulgate et même en ce qui concerne les mots courants - n'est plus compris. Peut-être rédigées au monastère de Corbie (Picardie).
  • Formule de Soissons : acclamations royales de la fin du VIIIe siècle, comportent la formule traditionnelle populaire Tu lo iuva ("Toi, aide-le !" ; mais le latin demeure la seule langue écrite)
  • Charlemagne - qui a noté les poèmes de sa langue maternelle germanique et a envisagé d'en faire une grammaire (Eginhard) - fonde l'ecole du palais (latinisante) ; retour au latin classique (Alcuin, de York) qui se sépare donc encore plus de la langue quotidienne (c'est la renaissance carolingienne - moins effective au Sud de la Loire), ce qui mènera à d'importantes prises de conscience en matière linguistique

IXe siècle

printemps 813

  • 5 synodes 813 permettent d'établir une géographie linguistique de la compréhension du latin :
    • Concile de Tours : les prêches doivent être prononcés en langue romane rustique ou en allemand pour que les fidèles puissent mieux les entendre (le latin n'est presque plus compris, c'est la reconnaissance de la "naissance" du français : rusticam Romanam linguam) : précocité française à se séparer du latin
      Citation originale: Et ut easdem omelias quisque aperte transferre studeat in rusticam Romanam linguam aut Thiotiscam, quo facilius cuncti possint intellegere quae dicuntur. = "Et que chacun (des prêtres) s'efforce de traduire clairement ces sermons en langue romane rustique ou en tudesque, afin que tous puissent comprendre plus facilement ce qui est dit." (cité d'après MGH Conc. 2,1, 288)
    • Concile de Mayence : invite les prêtres à prêcher de façon que le peuple comprenne (donc en germanique)
    • Concile d'Arles, Concile de Chalon-sur-Saône : recommandations générales sur le prêche (peut toujours être tenu en latin)
    • Concile de Reims : invitation à faire le prêche dans la langue particulière des fidèles

14.02.842

  • Serments de Strasbourg : pacte d'alliance entre Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère Lothaire. Chacune des parties s'engage dans la langue de l'autre, Louis en lingua teudisca, Charles en lingua romana, leurs suites font l'inverse ; attextation initiale du français (mais c'est une exception : il faut attendre plus de trois siècles avant de voir réapparaître des chartes en français).

09.843

  • Traité de Verdun : Les trois frères ennemis (Louis, Charles et Lothaire) se partagent l'empire mais les frontières ne coincident pas avec les frontières linguistiques : il semble qu'une grande zone de transition entre roman et germanique existait à cette époque.

880 (vers)

Séquence de Sainte-Eulalie : composée à l'abbaye de Saint-Amand (Nord), sa passion fait l'objet de la Cantilène, le plus ancien poème (liturgique) en langue d'oïl conservé

Xe siècle

980 (vers)

  • Jonas, note de sermon ; Vie de Saint Léger

987

  • Avènement de Hugues Capet, premier roi de France à ne plus savoir le germanique (premier roi français pourrait-on dire).

XIe siècle

Importante création littéraire (poétique) dans le Sud de la France : troubadours (- milieu XIIe). Utilisent une langue commune transrégionale (koiné).

1040 (vers)

  • Vie de Saint Alexis (*) ; commencement de l'ancien français littéraire

1066

  • Hastings : conquête de l'Angleterre par les Normands et diffusion de la langue d'oïl parmi les élites et particulièrement dans l'administration et le droit (de 1327 à 1485 le français domine largement). Développement de l'anglo-normand.

XIIe siècle

Débuts de la grammaire (vers la grammaire modiste ou spéculative : une sorte de grammaire générale qui cherche à étudier le langage en général, ses raisons et ses causes, et qui écarte les spécifictés de chaque langue dans la catégorie des 'accidents') : analyse des modes de construction et de signification. Grands auteurs : Guillaume de Conches et Pierre Hélie.

1172 (vers)

  • Guernes de Pont Sainte Maxence : Vie de Saint Thomas Becket : 'Mis langage est boens, car en France fui nez'

1182 (vers)

  • Poète Conon de Béthune se plaint (dans poème Moult me semont Amors que je m'envoise) que la Reine Alix de Champagne se moque de son parler picard - ses 'mots d'Artois' - alors qu'ils étaient très compréhensibles en français (*) :
La roïne ne fist pas que cortoise
Qui me reprist, ele et ses fius li rois.
Encor ne soit ma parole françoise,
Si le puet on bien entendre en françois.
Cil ne sont pas bien apris ne cortois
Qui m'ont repris, se j'ai dit mot d'Artois
Car je ne fui pas nouriz a pontoise

XIIIe siècle

  • Philippe-Auguste acquiert la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Poitou (Bouvines : 1214)
  • Croisade des Albigeois : conquête du Languedoc ; officiellement pour raisons de religion ; Simon de Montfort, Louis IX
  • Langue française commence à concurrencer le latin : elle acquiert un véritable prestige en France comme à l'étranger avec de nouveaux domaines de compétence (savoir, droit, etc.) Développement du pouvoir royal sur le territoire (administration apporte le français) ; multiplication des actes en français, rôle des notaires ; ce français est peu marqué régionalement
  • Coutumes commencent à être mises par écrit (en français généralement)
  • Vers la fin du siècle, miracle de Saint Louis : bourguignon sourd et muet recouvre l'ouie et la parole après avoir prié sur le tombeau du roi Louis à Saint-Denis : se met à parler français (parisien) ; le texte racontant cette anecdocte insiste sur ce point : le français est relié au roi de France.
  • Premières véritables réflexions linguistiques, essentiellement avec la faculté de Paris ; ne concerne que le latin mais a nécessairement, par ricochet, des répercussions sur la façon de penser les langues vernaculaires.
  • fin XIIIe siècle ; T. H. : Tractatus orthographie ; origine anglaise évidemment, comme tout ce qui a trait à la pédagogie du français à l'époque, ce manuscrit - ainsi que bien d'autres - explique comment prononcer le français selon les subtilités de l'écriture
  • Le français (anglo-normand) perd du terrain en Angleterre ; la noblesse est généralement bilingue

1229

  • Croisade contre l'hérésie albigeoise se conclut par accord de Meaux : intègre la noblesse occitanienne dans la noblesse française ; perte d'autonomie

1240

  • Walter de Bibbesworth : traité montrant les conjugaisons françaises (origine anglaise) (-1250)

1260 (vers)

  • Brunetto Latini, florentin, compose à Paris son Livres dou tresor (en français) : «Et se aucuns demandoit pour quoi cis livres est escris en roumanç, selonc le raison de France, puis ke nous somes italien, je diroie que c'est pour .ii. raisons, l'une ke nous somes en France, l'autre por çou que la parleure est plus delitable et plus commune à tous langages (gens)».

1268

  • Roger Bacon : opus majus ; favorable à apprentissage des langues (contre monopole du latin et risques de la traduction) : promotion de la grammaire (il a écrit une gramm. du grec).

1271

  • Annexion du Comté de Toulouse

1280 (vers)

  • Développement de la langue juridique, particulièrement à l'écrit, est un vecteur d'unification et de starndardisation de la langue française dans une scr1pta (diminution des traits dialectologiques indentifiables comme tels).

1284

  • Jean de Meun traduit le De re militari de Végèce : L'art de la chevalerie ; enrichissement du vocabulaire.

1285

  • Philippe le Bel acquiert la Champagne (-1304)

1298 (vers)

  • Marco Polo dicte à Rusticien de Pise le récit de ses voyages en français.