Sujet : expression ancienne : à tire larigo
Bonjour,
Connaissez vous l'origine de l'expression "A tire larigo" et son sens exact?
Merci aux experts.
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Bonjour,
Connaissez vous l'origine de l'expression "A tire larigo" et son sens exact?
Merci aux experts.
Elle s'écrit à tire-larigot.
Voyez par exemple ici :
http://www.expressio.fr/expressions/a-tire-larigot.php
L'expression est ancienne, on la trouve chez Rabelais, boire à tyrelarigot. Le harigot était une sorte de petite flûte, d'où l'image. Penser à siffler un verre.
D'après le CNRTL, le terme apparaît dans un refrain « Larigot va Larigot, Mari, tu ne m'aimes mie » chez Christine de Pisan ( ou Pizan).
Et un marronier, un !
Le sujet a donc été traité régulièrement?
Pourtant, la fonction recherche sur le forum ne donne rien.
"Tire-larigot" apparaît 5 fois dans le forum, mais n'a pas été discuté.
Il est aussi cité sur Bob.
Exact, mauvaise utilisation de cette fonction dans sa nouvelle version.
"Tire-larigot" apparaît 5 fois dans le forum, mais n'a pas été discuté.
La sixième sera-t-elle la bonne ?
Siffler pour dire boire, et peut-être manger, je l’entends dans le sens de boire ou manger facilement ou rapidement, bien plutôt qu’abondamment ou goulument.
Allons voir du côté du pipeau : tire-t-on sur un pipeau et que tire-t-on spécialement de lui à part des notes, et où ira-t-on chercher ce sens d'une quantité inépuisable ?
Le TLFi me semble très visiblement s’être enfermé dans l’origine de à tire-larigot en l’ « ancienne petite flûte rustique. (Dict. XIXe et XXe s.) » nommée le larigot.
Mais il cite avec bonheur la variante harigot dans Ronsard 1563 « sorte de flûte, petit flageolet », mot qui dans le Godefroy nous renvoie à une autre variante : haligot : aiguillette, et de là à haligote : lambeau, etc. et à haligoter : déchirer, mettre en lambeaux, taillader, déchirer de coups, couvrir d’aiguillettes, d’ornements tailladés.
L’aligot auvergnat est-il un simple homonyme ? Apparemment oui, puisque les pommes de terre entrent dans sa composition et qu’on ne les connaissait pas encore du temps des premières attestations de à tire-larigot.
Pourtant, on peut trouver trois rapports précis et convergents entre l’aligot et à tire-larigot :
1) le fromage réduit en lamelles ou en « copeaux », comme pour la fondue savoyarde ;
2) l’aspect festif http://www.aveyron.com/gastro/rectaligo.html : « à l'instar de la fondue savoyarde, l'aligot par le cérémonial qui lui est propre et qui l'accompagne, renforce l'amitié entre les convives et débride la cordialité » ;
3) quiconque a déjà affronté un aligot, une fondue ou une gratinée à l’oignon n’oubliera jamais les fils de fromage fondu qui s’allongent à l’infini quand on tire dessus. À tire-larigot, on ne pouvait mieux dire.
En cerise sur l'aligot et par pure charité, on trouve une origine vraisemblable au larigot si cher à l’étymologie bienpensante du TLFi et des paroisses environnantes : c’est ce que nous appelons le biseau http://www.flute-a-bec.com/acoustique.html. qui lui aurait donné son nom.
Bonjour « yd » et bonjour à tous.
Je ne pense pas qu’il faille être si péremptoire.
Dans le complément du dictionnaire de Godefroy, on trouve le mot larigot au sens de flûte.
Il y est précisé que larigot était anciennement une sorte de refrain, et cet article du complément du dictionnaire de Godefroy cite le refrain de la chanson médiévale transcrite en 1403 par Christine de Pisan dans « Le Dit de la Pastoure » :
« En cette place on oyst
Chanter Perrot et Margot :
Larigot va larigot,
Mari, tu ne m'aimes mie,
Pour ce a Robin suis amie. »
Si effectivement Ronsard emploie harigot au sens de flûte dans « Hymne de l’automne », il emploie aussi à plusieurs reprises larigot au sens de petite flûte rustique dans ses Églogues (une églogue étant un petit poème pastoral) :
« Mainte fille en voyant ma face jeune et tendre,
Où la barbe commence encore à s’étendre,
M’a choisi pour ami ; hier même Margot,
Qui fait sauter ses bœufs au son du larigot,
Tu la connais, Jeannette, envoya Jacqueline
Vers moi, pour me donner un beau cygne,
Et me dit : « Cette-là qui te donne ceci
Avecque son présent à toi se donne aussi ;
Prends son présent et elle, assez elle mérite,
Ayant les yeux si beaux, d’être ta favorite. »
« Herbes qui boutonnez, verte âmes sacrées,
Si sous mon larigot reverdir je vous vois,
Paissez à mon souhait mes troupeaux par ces prés,
Et si Carlin y vient faites-lui comme à moi. »
De plus, voici ce que l’on trouve dans le dictionnaire de Cotgrave (en 1611) :
« Larigau : The head of the windpipe, or throat, consisting of three little gristles ; the instrument of receiving, and letting out, breath ; also a flute or pipe is called so by the clowns in some parts of France.
Boire à tire larigau : To drink till his throat cracks with all. »
Voici la traduction que j’ai essayé d’en faire :
« Larigau : La partie supérieure de la trachée, ou gorge, consistant en trois petits cartilages ; l’organe dont la fonction est d’aspirer et d’expirer l’air ; aussi une flûte (ou pipeau) est ainsi appelée par les bouffons dans certaines régions de France.
Boire à tire larigau : Boire jusqu’à ce que la gorge se fende (de tout ce liquide). »
En 1868, Ludovic Celler écrivait, dans son ouvrage « Les Origines de l'opéra et le ballet de la Reine (1581), étude sur les danses, la musique, les orchestres et la mise en scène au XVIe siècle, avec un aperçu des progrès du drame lyrique depuis le XIIIe siècle jusqu'à Lully » :
« Au XIVe siècle, la flûte traversière, dite aussi flûte allemande parce qu’elle venait de ce pays, avait fait son apparition en France. […] De même que la flûte droite avait produit un petit dérivé, le flageolet, de même la flûte allemande en produisit un aussi, le fifre, ou arigot, ou larigot. Ceux qui soufflaient dans cet instrument avaient, à ce qu’il paraît, besoin pour soutenir leur verve et leurs poumons de se désaltérer souvent, et de cette habitude est venu le dicton « boire à tire l’arigot », dicton qui n’est peut-être pas plus exact que celui de « boire comme un sonneur » [un sonneur désigne ici un musicien]. Mais s’il est une chose singulière, c’est la croyance populaire si répandue, que tous les musiciens sont des ivrognes. Elle a pu être justifiée à certains égards, en raison de ce qui se passait dans les réunions populaires et dans les noces, et pour certains musiciens ; dans ces occasions, on versait à boire à qui mieux mieux au ménétrier, au « sonneur », et le pauvre diable, bon gré mal gré, finissait toujours par ne plus pouvoir se tenir sur ses jambes. »
Je ne prétends évidemment pas que tout cela indique l'origine véridique de l'expression « à tire-larigot ». Ce sont simplement des données à prendre en considération mais aussi avec prudence. Il me semble en particulier que Cotgrave propage une étymologie douteuse qui lie le mot larigot au mot larynx.
Au revoir.
Pascal Tréguer.
Je m’interroge.
J’ai choisi cette image représentant la grappe et la feuille du cépage qui se nomme aligoté.
Peut on penser que cette feuille, particulièrement peu découpée en profondeur donne l’impression d’être d’avantage découpée en périphérie ?
L’apparence de la feuille est souvent en relation étroite avec le nom d’un cépage.
Ou bien la couleur des grains mûrs mouchetés de diverses teintes mordorées, est elle à l’origine du nom que porte ce cépage ?
À Glop.
Je ne saisis pas.
Vous êtes sans doute trop subtil pour moi.
Cela étant, voilà une bien jolie illustration (qui est tout ce que je suis capable de comprendre de votre message) : merci de l'avoir partagée !
Pascal Tréguer.
Et un marronier, un !
Bonjour P'tit prof.
Je ne comprends pas !
Pourquoi « Et un marronier, un » ?
En premier lieu, cela ne devrait-il pas être un « marronnier » - avec deux « n » ? À moins qu'il ne s'agisse d'un néologisme par vous créé...
Ensuite, pourquoi vous exclamez-vous ainsi ? Marronnier (pardon ! marronier) aurait-t-il donc une signification occulte ?
Pascal Tréguer.
P'tit prof a écrit:Et un marronier, un !
Bonjour P'tit prof.
Je ne comprends pas !
Pourquoi « Et un marronier, un » ?
En premier lieu, cela ne devrait-il pas être un « marronnier » - avec deux « n » ? À moins qu'il ne s'agisse d'un néologisme par vous créé...
Ensuite, pourquoi vous exclamez-vous ainsi ? Marronnier (pardon ! marronier) aurait-t-il donc une signification occulte ?
Pascal Tréguer.
Voyez le TLFI : « Marronnier : Au fig., JOURN. ,,Article de circonstance publié traditionnellement à certaines dates`` »
À Glop.
Je ne saisis pas.
Vous êtes sans doute trop subtil pour moi.
Cela étant, voilà une bien jolie illustration (qui est tout ce que je suis capable de comprendre de votre message) : merci de l'avoir partagée !
Pascal Tréguer.
http://www.etymologie-occitane.fr/2011/ … t-catigot/
J’avais oublié de placer cet url dans mon précédent message.
L’auteur suggère qu’un lien étroit existe entre harigoter, harigote et aligote.
L'hypothèse proposée par Glop pour l'origine du cépage ayant donné son nom au Bourgogne aligoté me semble tenir la route : le pourtour de la feuille est en effet caractéristique, en biseaux, et j'apprends que la forme de la feuille est importante dans la classification des cépages. Ce que je ne m'explique pas, c'est qu'une origine si logique et si simple ait pu se perdre.
Pour l'origine de à tire-larigot, on tire sur une pipe, ou plutôt sur le feu dans la pipe, mais pas dans ou sur un pipeau, ce n'est pas de ma faute, ce n'est pas la question d'être péremptoire par ici ou fantaisiste par là du seul fait d'oser discuter avec des arguments quelques décrets, c'est simplement que je n'y peux rien : une flûte, un pipeau, jamais personne n'a tiré ni dedans ni dessus, et nous parlons bien de à tire-larigot. Quant aux musiciens fieffés soiffards, s'ils illustrent une expression, ce ne peut être que tiré par les cheveux bien plutôt qu'à tire-larigot.
Boire à la régalade, à tire-larigo, bien rigoler…
Tout un programme.
À « yd ».
Dans ma contribution, j’indiquais en conclusion : « Ce sont simplement des données à prendre en considération mais aussi avec prudence. »
Il ne s’agit nullement de « décrets », il s’agit de simples informations sur la manière dont l’expression a été entendue au fil du temps. Ce qui me semble intéressant, ne serait-ce qu'à titre documentaire.
Mais, de toute évidence, vous détenez la vérité, et vous en faites des « décrets ». Je m’incline devant votre savoir. Et je vous envie : il doit être confortable d’être bien-pensant.
Au revoir.
Pascal Tréguer.
Au mot haricot, Le DHLF donne harigoter ou haligoter vers 1175 dans Chrétien de Troyes.
Au mot haricot, Le DHLF donne harigoter ou haligoter vers 1175 dans Chrétien de Troyes.
Et alors ?
L'hypothèse proposée par Glop pour l'origine du cépage ayant donné son nom au Bourgogne aligoté me semble tenir la route : le pourtour de la feuille est en effet caractéristique, en biseaux, et j'apprends que la forme de la feuille est importante dans la classification des cépages. Ce que je ne m'explique pas, c'est qu'une origine si logique et si simple ait pu se perdre.
Il faudra nous expliquer, et à moi plus particulièrement qui ai travaillé dans le domaine, ce qu'est un pourtour de feuille en biseau et en quoi il caractérise plus particulièrement l'aligoté.
Cette explication, loin d'être logique et limpide, me paraît au contraire construite sur des prémisses erronées.
Que dire ?
Ce mot « aligoté », pourrait aussi se rapprocher de bariolé.
L’autre jour, un ami natif de la Provence, m’apprend que la recette à base de lactaires sanguins et d’artichauts poivrades, que je croyais avoir inventée, existe depuis toujours sous le nom d’artichauts à la barigoule.
Comment aurais-je pu le savoir ?, puisque là où je le trouve, le lactaire sanguin est appelé pignatelle.
Mais quel que soit l’endroit où il pousse, ce champignon reflète de bien étranges couleurs puisqu’il semble hésiter entre un vert varech et un orange fluo ; à la cassure le latex est pourtant rouge hémoglobine.
Les grains du raisin aligoté, arrivés à maturité, se parent eux aussi à leur manière de couleurs chatoyantes.
Ah la la ! Ça n’est pas du tout cuit !
yd a écrit:L'hypothèse proposée par Glop pour l'origine du cépage ayant donné son nom au Bourgogne aligoté me semble tenir la route [...]
Il faudra nous expliquer, et à moi plus particulièrement qui ai travaillé dans le domaine, ce qu'est un pourtour de feuille en biseau et en quoi il caractérise plus particulièrement l'aligoté.
Cette explication, loin d'être logique et limpide, me paraît au contraire construite sur des prémisses erronées.
"yd" s'est retiré du forum, du moins pour l'instant. Il faudra patienter pour ses explications.
Mais quelque soit l’endroit où il pousse
J'ai un peu hésité, et j'espère que ce n'est pas la paille et la poutre, mais ne fallait-il pas quel que soit...?
J'en conviens.
L’aligot auvergnat est-il un simple homonyme ? Apparemment oui, puisque les pommes de terre entrent dans sa composition et qu’on ne les connaissait pas encore du temps des premières attestations de à tire-larigot.
Pourtant, on peut trouver trois rapports précis et convergents entre l’aligot et à tire-larigot :
1) le fromage réduit en lamelles ou en « copeaux », comme pour la fondue savoyarde ;
2) l’aspect festif http://www.aveyron.com/gastro/rectaligo.html : « à l'instar de la fondue savoyarde, l'aligot par le cérémonial qui lui est propre et qui l'accompagne, renforce l'amitié entre les convives et débride la cordialité » ;
3) quiconque a déjà affronté un aligot, une fondue ou une gratinée à l’oignon n’oubliera jamais les fils de fromage fondu qui s’allongent à l’infini quand on tire dessus. À tire-larigot, on ne pouvait mieux dire.
On parle en effet d'arigot du côté de Le Puy (aujourd'hui - en Velay) quand il s'agit de fromage fondu contenant des pommes de terre.
Quand on tire un morceau de fromage fondu il file et il en vient tant et plus, presque à l'infini.
Je ne sais pas si la pomme de terre est indispensable à l'arigot, elle se marie bien avec le fromage et on devait auparavant y mettre des châtaignes cuites, qui fut un élément essentiel pour la survie en haute-cévennes, ou des fèves.
Mais peu importe c'est le fromage qui compte ici, et le fromage est une invention aussi ancienne que la traite des chèvres.
L'origine de l'expression pouvait déjà être perdue pour la plupart des "français" l'ayant entendue et écrite, "français" par opposition à cévenols ou auvergnats pouvant en comprendre le sens.
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