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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Pratiques linguistiques » connotation de apprenant par rapport à étudiant

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Messages [ 1 à 50 sur 57 ]

Sujet : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Un revenant revient,
un amant aime,
un arrivant arrive,
un calmant calme,
un croyant croit,
un diluant dilue,
un dominant domine,
un enseignant enseigne,
un étudiant étudie,
un important importe,
un participant participe,
un poursuivant poursuit,
un résidant réside,
un restaurant restaure,
un soupirant soupire,
un surveillant surveille,
un voyant voit

je suis un peu amusé de voir que le terme apprenant dans le cadre du Français Langue Etrangère suscite toujours quelque rejet : il apprend (sans étudier forcément, il n'a pas toujours le temps), ce n'est pas non plus un élève qui aurait un maitre. Quel est le problème smile ?

P.S. : je propose la création du verbe fainéer.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

P.S. : je propose la création du verbe fainéer.

Et élépher. big_smile

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

trevor a écrit:
éponymie a écrit:

P.S. : je propose la création du verbe fainéer.

Et élépher. big_smile

Utile pour les seuls pachydermes. Et encore, ça voudrait dire quoi big_smile ? Rejeté smile

4

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Tromper ?

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

5

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

un important importe,


Ici, avec le sens d'être considérable, influent.

Car l'importateur importe aussi.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Ysaur a écrit:
éponymie a écrit:

un important importe,

Ici, avec le sens d'être considérable, influent.

Car l'importateur importe aussi.

Tout à fait d'accord. Pour le verbe restaurer aussi, il s'agit d'une acception parmi d'autres. Toujours pas convaincu par élépher smile

7 Dernière modification par yd (13-08-2012 17:50:58)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Pour fainéer je crains que fainéanter ne nous ait précédés : http://www.cnrtl.fr/definition/fain%C3%A9anter

Fille légère ne peut bêcher.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Justement :

aimer >>> aimant >>> aimanter
boullir >>> bouillant >>> ébouillanter
plaire >>> plaisant >>> plaisanter

Donc :

fainéer >>> fainéant >>> fainéanter smile

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Il est vrai que élépher est d'un usage potentiel restreint (bien que tel surréaliste eût su écrire « les pachydermes en colère éléphaient bruyamment »). Je propose donc sacriper, verbe extrêmement utile dans des circonstances facilement imaginables. smile

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

10 Dernière modification par éponymie (13-08-2012 17:46:51)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Un autre qui aurait son utilité :

seoir >>> séant >>> séanter

http://chine.aujourdhuilemonde.com/sites/default/files/imagecache/article_large/articles/29907/deputes_qui_dorment_chine.jpg

http://a10.idata.over-blog.com/5/43/99/53/deputeeuropeen.png

11

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

Justement :

aimer >>> aimant >>> aimanter
boullir >>> bouillant >>> ébouillanter
plaire >>> plaisant >>> plaisanter

Donc :

fainéer >>> fainéant >>> fainéanter smile

On peut sans doute ajouter  plaire > plaisant > plaisanter.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

12

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Aux côtés de élépher, on pouvait s'inspirer de l'olifant de la Chanson de Roland, apparemment de la même racine que éléphant : olifaner, olifanter.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

À la réflexion, le verbe élépher pourrait facilement prendre une extension métaphorique pour dénoter toute activité (bruit, mouvement, habitudes...) qui rappellerait celle du pachyderme. « Les girafes éléphaient autour du village. » Seulement cela ressemble trop à « et les fées ».

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Alco a écrit:
éponymie a écrit:

Justement :

aimer >>> aimant >>> aimanter
boullir >>> bouillant >>> ébouillanter
plaire >>> plaisant >>> plaisanter

Donc :

fainéer >>> fainéant >>> fainéanter smile

On peut sans doute ajouter  plaire > plaisant > plaisanter.

Tout à fait d'accord smile

trevor a écrit:

À la réflexion, le verbe élépher pourrait facilement prendre une extension métaphorique pour dénoter toute activité (bruit, mouvement, habitudes...) qui rappellerait celle du pachyderme. « Les girafes éléphaient autour du village. » Seulement cela ressemble trop à « et les fées ».

Ils durent élépher/olifer pour entrer dans la rame de métro. Il y a doublet, olifer est la forme populaire et élépher la forme savante introduite par les poètes au XVIe siècle.

Pour revenir à la question de départ, est-ce que le terme apprenant à une connotation particulière ?

15

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Ce terme fait partie du jargon des formateurs, je ne l'ai entendu que dans des sessions de formation.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

Pour revenir à la question de départ, est-ce que le terme apprenant à une connotation particulière ?

Oh oui !
Si les nouveaux textes de didactique ont remplacé élève par apprenant, ils ont aussi remplacé connaissance par compétence.
Et on se retrouve avec les 2 couples :
_ élève = connaissance
_ apprenant = compétence

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

BakaGaijin a écrit:
éponymie a écrit:

Pour revenir à la question de départ, est-ce que le terme apprenant à une connotation particulière ?

Oh oui !
Si les nouveaux textes de didactique ont remplacé élève par apprenant, ils ont aussi remplacé connaissance par compétence.
Et on se retrouve avec les 2 couples :
_ élève = connaissance
_ apprenant = compétence

Merci de mettre une couche de théorie sur ma pratique. J'aurais donc raison de dire que l'apprenant n'étudie pas, dans le sens d'emmagasiner des connaissances : il acquiert des compétences. Voilà qui me convient tout à fait. Je suis simplement surpris que ce terme de jargon choque si souvent, au point de parfois susciter le rejet. Je ne pense pas que ce soit seulement dû au fait qu'il n'est pas usité.

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Celui qui acquière une compétence, n’est il pas plutôt un apprenti ?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

il s'agit toujours du verbe apprendre et apprenti concerne les compétences manuelles. Voilà qui conforte apprenant.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

apprenti concerne les compétences manuelles

C'est effectivement ce qui vient d'abord à l'esprit, par habitude, mais il y a déjà des usages qui vont au-delà de ce secteur limité. Et puisque nous ne sommes pas gênés pour parler de l'apprentissage de la langue, il ne devrait pas y avoir de difficulté à accepter les apprentis en langue, plutôt que les apprenants. C'est juste une question d'habitude. Cela dit, le mot apprenant ne me gêne nullement.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

j'ai comme l'impression que quelqu'un qui dirait "je suis apprenti" ferait preuve de bien plus d'humilité que celui qui dirait "je suis apprenant". Mais c'est très subjectif et lié probablement à l'opposition manuel/intellectuel.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Mais non, vous avez raison, et cette opposition se fait d'autant plus qu'on a pris le parti de créer un mot nouveau, plus "noble", pour l'apprentissage intellectuel.

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

je suis un peu amusé de voir que le terme apprenant dans le cadre du Français Langue Etrangère suscite toujours quelque rejet : il apprend (sans étudier forcément, il n'a pas toujours le temps),

Je connais pas mal d'étudiants qui ne passent pas beaucoup de temps à étudier... wink

Seraient-ils en train d'étudianter ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Alco a écrit:

Ce terme fait partie du jargon des formateurs, je ne l'ai entendu que dans des sessions de formation.

En formation continue pour adulte, une session est créée pour atteindre un objectif. Ceux qui participent à cette session doivent être capables de quelque chose à l'issue de la session. La session ne doit être faite que de ce (débat, projection, mises en scène...) qui permet d'acquérir cette capacité et c'est en vérifiant qu'elle est acquise qu'on vérifie l'efficacité de la session.

Il ne s'agit donc pas de dispenser un peu de ci, un peu de ça et de mettre un nez rouge pour danser des claquettes à la fin pour utiliser le temps imparti. Ceux qui participent à une session de formation continue ne viennent pas étudier un sujet à fond, ils ne viennent pas apprendre de la théorie. Ils viennent acquérir un savoir faire ou un comportement indispensable à l'exercice de leur emploi.

A-t-on tort de ne pas les appeler "élèves" ou "étudiants" ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

Je connais pas mal d'étudiants qui ne passent pas beaucoup de temps à étudier... wink

Seraient-ils en train d'étudianter ?

Si on commence à les fliquer... smile

Mais étudianter est joli, définition : se livrer au papillonnage étudiantesque.

26 Dernière modification par Abel Boyer (14-08-2012 14:43:29)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Pour ceux qui apprennent l'italien à travers ses anciennes gloires, on dit étudantesque !

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Pas mal. Bravo http://www.mydisplayimage.com/blog/premium/anim_clap.gif

J'ai fait un italianisme (studentesco) et le papillonnage va aussi bien avec donjuanesque. Je suis content de mon néologisme smile

Il est bien ce suffixe : soldatesque, ubuesque, burlesque, grotesque, clownesque. Dantesque fait un peu déplacé au mileu de tout ça smile

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

    Il ne s'agit donc pas de dispenser un peu de ci, un peu de ça et de mettre un nez rouge pour danser des claquettes à la fin pour utiliser le temps imparti. Ceux qui participent à une session de formation continue ne viennent pas étudier un sujet à fond, ils ne viennent pas apprendre de la théorie. Ils viennent acquérir un savoir faire ou un comportement indispensable à l'exercice de leur emploi.
    A-t-on tort de ne pas les appeler "élèves" ou "étudiants" ?

      Cette notion de l'acquisition d'une capacité à faire a été, sinon inventée, du moins mise en lumière par J. Houssaye dans son triangle pédagogique : le terme d'apprenant prend alors tout son sens, par rapport à élève et étudiant.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Je vais être un peu polémique, parce que d'abord je vois que la formation continue abandonne toute idée de développement personnel ou culturel : c'est tout juste si on ose encore la dire qualifiante, puisque telle que vous la décrivez elle correspond surtout à une mise du personnel aux normes du moment. Ma deuxième protestation, c'est parce que je ne peux pas m'empêcher de rapprocher cet « apprenant » dudit « bétail », cet autre nom que donne l'encadrement au personnel non cadre.

Fille légère ne peut bêcher.

30 Dernière modification par Perkele (14-08-2012 19:56:31)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

yd a écrit:

Je vais être un peu polémique, parce que d'abord je vois que la formation continue abandonne toute idée de développement personnel ou culturel : c'est tout juste si on ose encore la dire qualifiante, puisque telle que vous la décrivez elle correspond surtout à une mise du personnel aux normes du moment.

C'est sa fonction de formation professionnelle continue.
Si l'on veut reprendre des études, les universités sont ouvertes.
Et si je peux me permettre, votre seconde protestation n'a absolument rien à voir avec la langue française.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

Dantesque fait un peu déplacé au mileu de tout ça smile

Remplaçons-le donc par dantiste.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:
éponymie a écrit:

Dantesque fait un peu déplacé au mileu de tout ça smile

Remplaçons-le donc par dantiste.

Non, non, dantiste serait un spécialiste de Dante, tandis que dantesque concerne l'œuvre de Dante. On fait une pareille distinction entre montaigniste et montaignien. Ceci dit, j'admire le jeu de mots. Je suppose qu'un édanté ne s'intéresse plus à l'auteur de la Divine Comédie.

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

yd a écrit:

« bétail », cet autre nom que donne l'encadrement au personnel non cadre.

et Perkele a écrit:

votre seconde protestation n'a absolument rien à voir avec la langue française.

      Et ce d'autant plus qu'elle est fausse, de mon point de vue du moins : oncques ne l'ai-je entendue, çà ou là, en quelques dizaines d'années d'encadrement et de formation.

elle est pas belle, la vie ?

34 Dernière modification par glop (14-08-2012 22:26:39)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

éponymie a écrit:

il s'agit toujours du verbe apprendre et apprenti concerne les compétences manuelles. Voilà qui conforte apprenant.


Disons qu’un apprenti est un jeune qui est initié à un métier traditionnel.
J’imagine mal un mitron barbu. smile

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

L'élève va à l'école, l'étudiant suit un cursus universitaire et l'apprenti apprend un métier manuel chez un maître. Ces termes sont spécialisés. Je suppose qu'il a fallu un terme générique qui ne soit pas connoté pour désigner des gens qui acquièrent une compétence nouvelle.

L'apprenant est une personne qui apprend, quel que soit son âge, quel que soit le lieu où elle apprend.

Parler de "stagiaire" n'est pas satisfaisant car un stage est un séjour. Ce mot n'évoque pas spécifiquement l'acquisition de compétences.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Jusqu'à présent nous avons passé beaucoup de temps à justifier apprenant pour désigner un participant à une formation ayant un but précis et concret : acquérir une compétence.

Je rappelle la question initiale :

éponymie a écrit:

je suis un peu amusé de voir que le terme apprenant dans le cadre du Français Langue Etrangère suscite toujours quelque rejet : il apprend (sans étudier forcément, il n'a pas toujours le temps), ce n'est pas non plus un élève qui aurait un maitre. Quel est le problème smile ?

Et, ô révélation, voilà ma réponse :

Perkele a écrit:
yd a écrit:

Je vais être un peu polémique, parce que d'abord je vois que la formation continue abandonne toute idée de développement personnel ou culturel : c'est tout juste si on ose encore la dire qualifiante, puisque telle que vous la décrivez elle correspond surtout à une mise du personnel aux normes du moment.

C'est sa fonction de formation professionnelle continue.
Si l'on veut reprendre des études, les universités sont ouvertes.
Et si je peux me permettre, votre seconde protestation n'a absolument rien à voir avec la langue française.

je n'ai pas réalisé immédiatement, suivant le mouvement d'élimination sommaire de la remarque de yd (il est vrai qu'il n'a fait qu'exprimer un sentiment et une opinion sans se lancer dans la sémantique). Puis je me suis demandé pourquoi je n'y avais pas pensé plus tôt.

Bé non Perkele, nous sommes en plein dans une question de langue. Et jusqu'au cou.

Anecdote : l'italien distingue nettement imparare (apprendre) d'insegnare (enseigner). En français, “le maitre nous a appris la ...” ne surprend personne. J'ai enseigné 2 ans dans un collège en Italie et je commettais régulièrement le gallicisme “Vi imparo” (Je vous apprends), jusqu'à ce qu'une gamine de 12 ans, excédée, me regarde droit dans les yeux et me dise : “PROF, LEI È UN INSEGNANTE QUINDI INSEGNA”. Leçon retenue.

Je me demande qu'elle est la connotation d'apprendre pris dans le sens d'enseigner : n'aurait-elle pas un parfum d'autoritarisme ? Apprendre quelque chose à quelqu'un comme gaver une oie ? Voir aussi : “Tu vas voir un peu, je vais t'apprendre à ...”.

Donc vision des formations qualifiante comme étant la mise-à-jour d'un logiciel + connotation pas si valorisante que ça d'apprendre = perception d'apprenant comme étant une supercherie. “Travailleuses, travailleur, on vous trompe !” Peut-être y a-t-il aussi l'influence de 30 années de règne Arlettien smile

Du coup je commence à percevoir d'un autre œil cet apprenant.

Attention aux dérives : ceux qui protesteraient contre cette acception du terme en usant d'arguments extralinguistiques émettraient des protestations qui n'ont absolument rien à voir avec la langue française smile

On pourrait recourir hypocritement au politiquement correct : “bénéficiaire de l'enseignement”.

37 Dernière modification par Perkele (16-08-2012 10:44:17)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Vous voulez donc dire que cette remarque paranoïaque :

« bétail », cet autre nom que donne l'encadrement au personnel non cadre

a été pour vous une révélation ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

"Apprenant" a pour moi valeur de terme générique ; il inclut élève, étudiant, apprenti... et tout ceux qui apprennent consciemment quelque chose.

Cela dit, il ne me plaît pas particulièrement et  je ne l'emploie que très rarement.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

39 Dernière modification par éponymie (16-08-2012 10:55:31)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

Vous voulez donc dire que cette remarque :

« bétail », cet autre nom que donne l'encadrement au personnel non cadre

a été pour vous une révélation ?

C'est une manière - trop - fataliste de présenter les choses mais qui ne faisait qu'expliciter ultérieurement le "mise du personnel aux normes du moment" qui le précédait. S'il y a un besoin de formation pour une personne qui n'est pas fondamentalement intéressée par son travail, il est probable qu'elle ressentira la formation comme imposée et pensera les choses peu ou prou en ces termes. On trouve suffisamment d'articles qui parlent du mal-être dans les entreprises, il y a même eu quelques cas retentissants ces dernières années (je vois que vous avez ajouté le "paranoïaque").

Je n'émets donc aucun jugement sur l'emploi de ce mot, ce n'est pas le sujet.

La révélation est que je n'avais pas vu quelque chose de pourtant assez évident sur les acceptions de apprendre.

Voici un extrait d'une page traitant de la polysémie :


A propos du verbe apprendre, Robert Martin distingue deux formes différentes de polysémie externe. D'abord il y a une différence de sens entre:

            (a) apprendre la danse à qqn.

            (b) apprendre une nouvelle à qqn.

qui est due à la différence de signification du complément d'objet. Dans les deux cas il s'agit de « faire connaitre qqch. ». « Mais dans (a) l'objet désigne un savoir ou un savoir faire: il y est commutable avec un infinitif (apprendre à qqn à danser). Dans (b), il désigne une information; il y est commutable avec une proposition conjonctionnelle (apprendre à qqn que). C'est donc l'objet qui est le lieu d'une polysémie de sens ('savoir' / 'information') » (Martin, 1983).

            Le verbe apprendre présente d'autres constructions aussi:

           (c) apprendre la danse, apprendre à danser

           (d) apprendre une nouvelle, apprendre que

où l'on retrouve la même polysémie externe due à la différence de sens des compléments d'objet, ce qui souligne la parenté sémantique entre le sens du verbe ainsi construit et le sens du verbe dans les exemples précédents.

            Robert Martin considère qu'il s'agit là de ce qu'il appelle une « polysémie sélectionnelle ». La signification de apprendre impliquerait un schème sémantico-logique de trois « cas profonds », Agent, Objet et Destinataire. Lorsqu'on sélectionne ces trois rôles sémantiques et que l'Agent est sujet, l'Objet complément de verbe et le Destinataire complément d'attribution, le verbe a le sens de « faire acquérir à quelqu'un la connaissance de quelque chose », mais si l'on sélectionne les deux derniers seulement, l'Objet reste complément de verbe et le Destinataire devient sujet, ce qui donne le sens de « acquérir la connaissance de quelque chose ».

Donc :

« acquérir la connaissance de quelque chose » : les participants apprennent les techniques d'accueil

« faire acquérir à quelqu'un la connaissance de quelque chose » : le formateur apprend aux participants les techniques d'accueil

Le deuxième cas peut impliquer l'idée de passivité et dériver vers l'idée d'autoristarisme.

On retrouve dans l'analyse de Martin le triangle pédagogique de Houssaye dont parlait Piotr.

1 - Du côté de la relation savoir-professeur on retrouve l'enseignement, le travail didactique de gestion de l'information.
2 - Du côté professeur-élève on retrouve l'éducation et la formation. Le processus « former », celui de la pédagogie et d'une économie de l'éducation.
3 - Du côté élève-savoir on retrouve l'apprentissage, le processus « apprendre ».
[ … ]
Chaque processus du triangle est essentiel à la démarche d'enseignement mais aucun ne doit être employé séparément des autres au risque de créer des dérives.

Une certaine manière d'enseigner ferait qu'apprendre dans ses acceptions et constructions garderait trace d'une de ces dérives probablement liée à un enseignement traditionnel ?

40 Dernière modification par yd (16-08-2012 10:57:57)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

Vous voulez donc dire que cette remarque paranoïaque :

« bétail », cet autre nom que donne l'encadrement au personnel non cadre

a été pour vous une révélation ?

La culture se perd, ils ont oublié le pécore.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

"La mise du personnel aux normes du moment" est dans l'intérêt des deux parties. Je ne vois pas pourquoi un salarié peut s'estimer méprisé quand on lui propose de savoir manipuler le nouveau matériel, de savoir s'occuper de la paperasse intrinsèque à ses nouvelles fonctions ou de savoir avoir - dans son intérêt - une attitude constructive lors des entretiens annuels.

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

"La mise du personnel aux normes du moment" est dans l'intérêt des deux parties. Je ne vois pas pourquoi un salarié peut s'estimer méprisé quand on lui propose de savoir manipuler le nouveau matériel, de savoir s'occuper de la paperasse intrinsèque à ses nouvelles fonctions ou de savoir avoir - dans son intérêt - une attitude constructive lors des entretiens annuels.

Peu avant que je quitte Paris pour Rome il y a 14 ans, j'ai un peu suivi - par le biais de deux amies qui y travaillaient - les changements dans une grande entreprise : bouleversements des méthodes de travail, mutations (parfois à répétition), retraites anticipées, formations qui vont bìen pour les nouveaux postes, etc. Et j'ai vu comment elles le vivaient, et elles n'étaient pas seulement deux à être concernées. Je n'ai pas été surpris, mais pas du tout, quelques années plus tard quand à éclaté le scandale sur la vague de suicides.

Que ce ne soit pas la réalité que vous viviez tant mieux pour vous, ce n'est pas le cas de tout le monde. L'intérêt n'est pas toujours celui du salarié.

Nous sommes en plein hors sujet. Je ne voulais parler que d'un mot.

Perkele a écrit:

Cela dit, il ne me plaît pas particulièrement et  je ne l'emploie que très rarement.

Pourquoi ?

43 Dernière modification par yd (16-08-2012 12:28:40)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

(rédigé et envoyé sans avoir vu la réponse d’Éponymie)

Vous me comprendrez peut-être mieux si j'appelle les formateurs qui dispensent ce genre de stage des formatants ou des conformeurs.

Ceux qui affirment ici n'avoir jamais entendu l'encadrement ou les formateurs désigner les non cadres sous le nom de bétail en ont parfaitement le droit, ainsi que le droit d'être entendus et crus. Il s'agit d'un sens figuré du mot français bétail, plus ou moins synonyme de pécore, et qui a connu et connaît d'autres sens figurés : nous sommes en plein dans les missions d'ABC.

Pour ma part je réponds de la personne qui m'a confié utiliser avec ses collègues ce mot de bétail dans l'usage que j'ai dit, et que je ne saurais décrire plus précisément : nous sommes toujours dans les missions d'ABC.

Je me suis senti un jour traité, en stage professionnel, comme du bétail, voire comme du poulet de batterie, par la personne qui dispensait le stage, qui nous a assénés à une vitesse hallucinante, qui me faisait même peine pour elle, pendant deux heures, un espèce de catéchisme économique. C'était à un tel point que j'avais estimé que cette personne, si elle se respectait seulement elle-même, ainsi que la discipline enseignée, sans même parler du respect des stagiaires, n'aurait jamais dû accepter de se livrer à un tel exercice, alors qu'elle s'y sentait visiblement très bien.

Si on ne considère pas les stagiaires comme du bétail, on ne se livre pas sur eux à un tel jeu. Nous sommes moins dans les missions d'ABC, il est vrai.

12h25 : Jusqu'ici je n'avais entendu le substantif apprenant(s) (cas intéressant d'une absence de féminin, pourtant dans un mot moderne) que dans l'acception les apprenants du français, peut-être quelquefois sur ABC, et en tout cas sur un forum international de langues et de grammaire, et j'étais parfaitement neutre quant à cette désignation quand Éponymie a ouvert ce sujet.

Fille légère ne peut bêcher.

44 Dernière modification par éponymie (16-08-2012 14:14:47)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

yd a écrit:

Jusqu'ici je n'avais entendu le substantif apprenant(s) (cas intéressant d'une absence de féminin, pourtant dans un mot moderne) que dans l'acception les apprenants du français, peut-être quelquefois sur ABC, et en tout cas sur un forum international de langues et de grammaire,

le féminin se rencontre aussi sur ABC (voir le titre du fil) :

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … p?id=10044

Ici aussi, ça ne pose pas de problème :

Échos de la grande Acadie - L’histoire d’une apprenante
[ ... ]  Le soir du 22 juin, lors du banquet social réunissant les intervenants en alphabétisation à travers le pays, quelques personnes apprenantes de différentes provinces ont présenté des discours émouvants. Ils ont partagé leurs succès et leurs défis avec la salle.

yd a écrit:

et j'étais parfaitement neutre quant à cette désignation quand Éponymie a ouvert ce sujet.

votre neutralité a failli provoquer un dérapage incontrolé du fil smile

45 Dernière modification par Piotr (16-08-2012 15:18:04)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

CECI  EST  UNE  DIGRESSION

      Le témoignage de YD sur le doux vocable de « bétail » est certes authentique et parfaitement irréfutable, il n'empêche qu'on ne peut se permettre de généraliser cet usage du terme, ni le mépris qu'il connote.

      L'exemple que donne Éponymie * d'une grande entreprise nationale où a sévi (et sévit encore) une vague de suicides liés à la maltraitance dont ont été victimes les salariés (et particulièrement les cadres, si j'en crois la presse), est tout aussi réel et inattaquable.
      C'est pourquoi j'avais employé une formulation prudente :

Et ce d'autant plus qu'elle est fausse, de mon point de vue du moins : oncques ne l'ai-je entendue, çà ou là, en quelques dizaines d'années d'encadrement et de formation.

      Il n'en reste pas moins que la prestation de "formation / formatage" qu'il décrit existe sans aucun doute : est-elle majoritaire ou minoritaire ? difficile à déterminer, du fait que ceux qui la dispensent en connaissance de cause ne seront pas tous assez cyniques pour le reconnaître.
      Là où cela peut se voir, c'est dans le mode de recrutement de certaines officines de formation : uniquement soucieuses du tiroir-caisse (car ça peut rapporter beaucoup), elles recrutent leur « formateurs » sur CV - avec le plus de titres possibles - sans aucun souci de  leurs méthodes pédagogiques.
      Mais, au vu des formateurs que j'ai croisés au cours de ma vie professionnelle, je pense cette pratique minoritaire : beaucoup de formateurs en effet se soucient du développement professionnel harmonieux des apprenants, donc de leur développement personnel aussi, de leurs motivations, de leur avenir.

* j'ai rectifié une erreur d'attribution


FIN  DE  LA  DIGRESSION

elle est pas belle, la vie ?

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Piotr a écrit:

CECI  EST  UNE  DIGRESSION

      L'exemple qu'il donne d'une grande entreprise nationale où a sévi (et sévit encore) une vague de suicides liés à la maltraitance dont ont été victimes les salariés (et particulièrement les cadres, si j'en crois la presse), est tout aussi réel et inattaquable.

Je crois que tout le monde avait vu ta formulation prudente. Et c'est moi qui ai donné l'exemple de la grande entreprise, ce que disait yd me l'ayant immédiatement remis en mémoire. Il s'agissait simplement de montrer que "bétail" n'a rien d'incongru.

Mais cela ne m'a servi en rien pour développer sur la connotation négative d'apprendre ou d'apprenant qu'il  s'agit de comprendre. Je pense que cela peut s'expliquer par l'histoire de apprendre qui vient du apprehendere latin ou par une résistance au néologisme (que je voulais documenter un peu dans un prochain message). Ce ne sont certes pas des situations d'actualités qui vont permettre de répondre à la question. Mais le mot dans son acception négative (à documenter ou démontrer) y fait peut-être de la figuration.

Il ne s'agit pas d'attaquer la formation professionnelle ou les formateurs. M'enfin. Qu'ils restent tous sur ABC. Revenez Perkele.

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Tiens, il n'y a pas si longtemps que cela, Abel Boyer me voyait fonctionnaire... wink

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

48 Dernière modification par éponymie (16-08-2012 15:29:09)

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Que voulez-vous, difficile d'éviter de faire courir l'imagination. Fonctionnaire, formatrice, c'est de toute façon bien sage smile

Et voilà, je documente - un peu - la connotation négative d'apprenant (sur barbarisme.com, Abécédaire raisonné du néo-crétinisme) :

Apprenant, apprenants (barbarisme) : on ne dit plus : des élèves, des étudiants, mais des apprenants, – parce qu'en général ils n'apprennent plus rien. Quant au mot disciple, il a totalement disparu. En face des apprenants, l'on trouve des enseignants – parce qu'ils pratiquent leur métier en saignant (souffrant). Pourtant, c'est une des zones de difficulté majeure pour les apprenants d'une langue. [traduction approximative en vieux français = c'est une source de grande difficulté pour ceux qui apprennent une langue]. Autre exemple : L'objectif de notre travail est de faire sortir enseignants et apprenants de la routine, de transformer la classe en un lieu événementiel... Pourvu que la classe soit un lieu où l'on apprend quelque chose, on ne lui en demande pas plus.

Substantif : apprenance (concept signalé par «Maître Capel»). Définition lumineuse trouvée sur internet : L'apprenance décrit un ensemble stable de dispositions affectives, cognitives (1) et conatives (2), favorables à l'acte d'apprendre, dans toutes les situations formelles ou informelles, de façon expérientielle ou didactique, autodirigée ou non, intentionnelle ou fortuite... "C'est la grande rencontre entre économie et pédagogie qui s'annonce, pour le meilleur ou pour le pire", analyse Philippe Carré. Et au cœur de cette rencontre, se positionne l'apprenant. Que de périphrases absconses pour désigner des dispositions favorables à l'étude, à l'acquisition du savoir. Mais loteur ne voit pas trop ce que vient faire l'économie là-dedans. Quant au néo-barbarisme expérientiel, il doit vouloir dire : fondé sur l'expérience.
(1) cognitif : qui concerne la connaissance
(2) conatif : qui est destiné à faire réagir le destinataire d'un message (R. Jakobson)
De même qu'il existe des apprenants, il existe des doctorants (thésards, du néo-verbe doctorer, ne pas confondre avec tortorer). C'est avec de tels mots qu'on mesure véritablement le progrès des sciences dans nos collèges, lycées et universités.

Ici la réaction négative est due à un rejet de la novlangue française. Moi qui ne suis qu'enseignant, ça me pose un problème existentiel.

Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Perkele a écrit:

Tiens, il n'y a pas si longtemps que cela, Abel Boyer me voyait fonctionnaire... wink

Euh, là vous m'étonnez fort. Il faudrait du contexte, mais je connais votre nom, votre métier, votre page web de formation pour adultes ainsi que vos livres. Je sais donc très bien que vous n'êtes pas fonctionnaire, ce qui, d'ailleurs, n'aurait pas été déshonorant.

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Re : connotation de apprenant par rapport à étudiant

Je pense que vous devriez au contraire, en tant qu'enseignant, être particulièrement handicapé par votre rejet de la novlangue (si j'en crois les édifiantes publications du bulletin officiel de l'éducation nationale)

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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