D'interminables navets soviétiques venaient contrebalancer l'influence des « Ricains »
Oh, le pur bonheur ! Quels navets avez-vus précisément, Boukiche ?
Je n'ai pas la mémoire (et je ne veux pas la garder) des navets staliniens qui étaient projetés dans les cinémathèques parisiennes d'alors. On y voyait aussi les films de Dziga Vertov qui, eux, n'étaient pas des navets (tiens ! j'ai retenu le nom ). D'ailleurs, pourquoi demandez-vous ? Ne les connaissez-vous pas ? N'en fûtes-vous pas rassasiée, dans vos jeunes années ?
Les films en anglais, russe, suédois, italien, japonais, bulgare, mexicain, brésilien, etc., faisaient des cinémathèques parisiennes (Ulm et Chaillot, de mémoire chérie) des lieux de rencontres cosmopolites.
Dans mon pays de navets, les films étaient doublés et diffusés dans tous les cinémas pour le grand public, pas dans quelques lieux choisis pour une poignée d'intellos
Comme ils sont beaux les souvenirs revisités ! Essayez-vous de nous faire croire que le régime soviétique présentait, une fois doublée en russe, toute la production occidentale ?
« Dans mon pays de navets […] » Et hop ! Chère Skirlet, vous voilà repartie dans l'exagération lyrique Mais c'est que je l'aime, moi, le cinéma russe, même si j'ai un mal fou à tout suivre sans sous-titres !
Tous les films en langues étrangères étaient en VO sous-titrés en français (et souvent fort mal parce que la première version sous -titrée l'avait souvent été... en anglais !).
Mouais... Bonjour la qualité...
Les traductions en russe des films étrangers ne passaient-elles pas par une censure idéologique sévère ? Les films sélectionnés n'étaient-ils pas soigneusement choisis sur ces mêmes critères idéologiques ? En France, les coupures et les interdictions étaient rares (sauf pour ce qui concernait la Seconde Guerre mondiale. Nuit et Brouillard, en 1955, remuait encore des souvenirs douloureux pour l'État).
Qu'en aurait-il été si on avait adopté la fausse bonne idée de tout doubler en français ?
Eh bien, doublés et diffusés partout, ces films auraient contribué à répandre l'idée que la production cinématographique n'est pas le seul apanage d'Hollywood... Sinon il y a la culture à deux vitesses : la surdose de navets étatsuniens qui remplissent la télé et le cinéma, et quelques autres films, mal sous-titrés, pour une pseudo-élite qui peut se sentir ainsi encore plus "élitique".
Décidément ! On vous croirait nostalgique du régime soviétique... Lui seul, d'ailleurs, qui prétendait s'abstraire de l'économie de marché, aurait pu décider de doubler « ces » films (formulation un peu vague, non ?) en oubliant évidemment de préciser qu'il n'aurait laissé personne d'autre décider de la présence de « ces » films sur les écrans de l'URSS.
Le petit couplet contre le pseudo élitisme de ceux qui vont voir des films en VOST… Comme les clichés ont la vie dure ! À l'époque, la plupart des spectateurs étaient des étudiants impécunieux. J'en étais. .
En dépit des progrès techniques réalisés depuis dans le domaine audio-visuel, le doublage reste un travail artistique réalisé par des équipes nombreuses et des acteurs professionnels. Il n'est pas près d'être robotisé.
Tant mieux.
Ah ! Enfin un satisfecit ! Certes peu développé mais, à cheval donné…
Les apprenants du français (ou les francophones confirmés) préfèrent-ils un seul film français doublé dans la langue locale ou bien neuf autres sous-titrés ?
Les "apprenants" (du français ou d'autre chose) préféreraient la VO. Mais le grand public préfère le doublage, car il n'est pas possible d'apprendre toutes les langues. La confusion entre l'apprentissage et la détente est insidieuse et manipulatrice.
« Le grand public préfère le doublage […]» Et c'est sur la base de ce principe hautement démocratique que les autorités soviétiques décidaient que si un film (qu'elles avaient choisi sans consulter quiconque) ne pouvait pas être doublé, il ne pouvait pas davantage faire l'objet d'un sous-titrage ?
À ceux qui s'étonnaient (dans les temps reculés d'avant-Internet) que des non-natifs puissent parler français sans avoir jamais mis les pieds dans un pays francophone, l'explication était souvent : « On regardait des film français sous-titrés ».
Ne nous limitons pas à cette seule réponse. Les langues que j'ai étudiées par plaisir, je suis arrivée à les baragouiner sans aucun film en VO, sous-titré ou pas (bien que je n'aurais pas craché dessus dans le cadre de mon apprentissage[/b]). Eh oui, c'était une autre époque, sans la Toile
Sans la Toile, mais avec la dictature soviétique… Je me suis même laissé dire que l'apprentissage des langues vivantes constituait, pour certains, un premier pas vers la Liberté.
Pour conclure, je suis à fond pour le choix, mais le vrai et non imposé par les zélateurs de "rentabilité" et "ouverture d'esprit".
Les « zélateurs de l' "ouverture d'esprit" »? Mais où sont-ils ces dangereux idéologues ?
« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.