Sujet : Compassion, pitié ...
J'ai connu A. C'est un écrivain qui soigne son personnage de révolté, et aime à s'identifier à ceux qui souffrent. Dans une "autobiographie fantasmée", il écrit : "Ma mère est morte à Auschwitz". Ce n'est pas vrai (elle n"était pas juive et elle est morte avant la guerre), mais cela peut être pris dans le sens "Nous sommes tous des juifs allemands". Mais A. se prend au jeu - ou perd-il le sens des réalités ? -, et commence à dire dans la conversation et dans des interviews : "Ma mère est morte à Auschwitz, n'est-ce pas."
Je crois que ce n'est pas inconscient de sa part, mais qu'il le dit pour susciter de l"intérêt. Mais c'est aussi de l'hypocrisie. On l'a entendu, ivre, prononcer des diatribes antisémites... Rongé par l'alcool, A. finit par se clochardiser. On le voit parfois dans les bistrots, vêtu d'un pardessus miteux et marmonnant des choses pas polies dans sa barbe.
La question est de qualifier ce que je ressens à son égard quand je le vois dans cet état. J'aurais dit de la compassion, qui pour moi n'implique pas la sympathie malgré l'étymologie parallèle, et je n'ai pas de sympathie pour lui en raison de son double langage. Mais bon, c'est un être humain. Le terme de pitié, qui pourrait signifier que son sort est injuste, me paraît inapproprié ; je pense qu'il l'a cherché, comme on dit.
Je consulte cependant le TLF, pour qui compassion et pitié semblent synonymiques. Qu'y a-t-il encore, commisération ? J'aimerais savoir si des intervenants sentent les mots comme moi, ou s'ils ont d'autres propositions.