Sujet : Mots acceptés et refusés par l'Académie, jadis
Relevé dans La vie de Paris, de Jean Bernard :
Semaine du 22 au 29 octobre 1933.
Les académiciens qui sont restés à Paris travaillent tranquillement au Dictionnaire. Ils ont admis quelques mots qui traînaient dans le langage argotique.
Le premier mot a été «piqué» pour signifier fou; loufoque, maboul et marteau ont été laissés à la porte.
Le deuxième mot admis est «pinard». Il a été popularisé par les poilus de la guerre, mais ils ne l'ont pas inventé; déjà les troupes coloniales l'employaient. Pourquoi ? On ne sait pas. Rabelais appelait «pineau» le petit vin de bourgogne et certains ont voulu en faire remonter l'origine à l'écrivain.
La «gnole», sa soeur, a été repoussé avec indignation. Le maréchal Pétain qui a essayé de le faire passer n'a pu y réussir.
Il a été plus heureux avec le mot «poilu» qui entre dans le Dictionnaire.
L'expression était déjà populaire et employée par tout le monde sauf à l'Académie. Ce mot ne naquit pas en 1914, comme on le croit généralement, puisqu'on la trouve dans Rabelais, mais avec un sens particulier, sens de force virile et d'énergie.
Casque et gourde de poilu