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forum abclf » Histoire de la langue française » Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

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Messages [ 24 ]

Sujet : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Bonjour,

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi on écrit "aggraver" avec deux G et "agrandir" avec un seul G ? A chaque fois, "a" ou "ag" signifie pourtant "rendre plus".

Même question pour "resaler", "resalir" qui ne prennent qu'un S alors que "resservir" et ressortir" en prennent deux.  Dans chacun de ces verbes, le "re" indique toujours "faire l'action de nouveau".

Je sais bien que les deux G sont assez rares et que la règle est d'écrire deux S entre deux voyelles pour faire le son [s]. Mais alors, pourquoi n'y en a-t-il qu'un seul dans "resaler" alors qu'il y en a deux dans "dessaler" ?
Y a-t-il une autre règle pour savoir s'il faut écrire une ou deux consonnes ? J'ai beau chercher, les rectifications de l'orthographe de 1990/91 (?) ne proposent rien sur ce caprice de notre langue !

Merci à vous tous
Michèle

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Bonsoir,

la discussion à déjà eu lieu pour les deux “s”.

Je me suis posé la question pour le “p”. la conclusion est qu'il n'y a pas de règle : vous trouverez toujours un contre-exemple.

Je pense qu'il devrait en être de même pour le “g” : une consultation du CD-Rom du Petit-Robert et la question sera résolue. Je regarderai dès que je pourrai.

3 Dernière modification par Colline d'or (20-01-2010 22:26:33)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Alors le double g suivant un a, c'est uniquement pour la famille de trois verbes : agglomérer, agglutiner, aggraver

Et à chaque fois, le a est un préfixe.

Donc : agacer, agioter, agiter, agonir, agrafer, agrandir, agréer, agréger, agresser, agripper,  ...

Dans agrafer, agréger, comme dans agrandir,  le a est également un préfixe.

agresser a eu une orthographe avec deux g

Probablement la conclusion sera identique : pas de logique. Ou bien une logique tellement compliquée qu'elle en devient totalement inutile.

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Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Une partie de ces illogismes vient de ce que, quand l'orthographe des mots a varié (dans les anciennes éditions des dictionnaires de l'Académie), le travail de « simplification » fait par les rédacteurs n'a pas été systématique. Il reste donc une part d'arbitraire non négligeable.
cf. peut-être : http://books.google.fr/books?id=Hid3HCy … mp;f=false

5 Dernière modification par Naïf (21-01-2010 06:46:43)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Pour ne prendre que les termes dont la base de préfixation (le simplex) existe sous forme d'adjectif, on a un parallèle intéressant:

- alléger (cf. léger), aggraver (cf. grave)  => verbes à infinitif en -er de "Premier groupe";

- alourdir (cf. lourd), agrandir (cf. grand) =>  verbes à infinitif en -ir de "Deuxième groupe".

Il s'agit des deux modèles de dérivation de verbes. (A. Thorn écrivait vers 1907 que la dérivation "(...)+ Adjectif + -ir" est un procédé moribond, le fameux alunir qui s'ensuivit ne comporte pas d'adj.)  Et on note dans les listes de cet auteur que:

atardir a été remplacé par attarder
atenvir a été remplacé par atténuer

Bien sûr, l'état ancien cité ne vaut ici que comme symptôme, le rapport à la variante orthographique était jadis différent, le principe des lettres-consonnes doubles fonctionnait sans doute différemment (sans parler de la gémination phonétique). Les exemples suivants ne sont donc pas des contre-exemples, puisque s'y vérifie la tendance que je conjecture (très imprudemment) pour l'orthographe moderne:

adoucer > adoucir
allonger > allonger
assurir > assurer

Pas sûr que cela fonctionne avec toutes les consonnes.
En supposant donc un fonctionnement même partiel, alors cela permettrait de reposer la question intéressante: pourquoi n'a-t-on ni *alégir, ni *allourder? Question compliquée par la structure de l'adjectif lég-er (lointain cousin du verbe lev-er)

Je pense que le problème est différent pour accourir, attérer/atterrir  qui ne relèvent pas du modèle Adj.+ir. Donc l'idée consiste à dire que ces "illogismes" (?) ont aussi trait au sens des mots. A vérifier  et confirmer, infirmer ou nuancer.

En tout état de cause, en appeler à l'incohérence des codificateurs dès que l'orthographe paraît incompréhensible au premier abord, c'est faire un bond en arrière de quelques siècles dans les études du langage. Rien n'autorise de refuser a priori à l'écrit l'accès aux explications rationnelles qu'on reconnaît désormais aux autres manifestations du langage humain, et du comportement humain plus généralement.

N'empêche que c'est vrai: l'orthographe, c'est rudement difficile.

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Evidemment que vous pouvez expliquer rationnellement le pourquoi et le comment des caprices des consonnes doubles. C'est certainement très intéressant, en tout cas ça m'intéresse.

Mais c'est complètement inutile pour écrire spontanément sans faire d'erreur : pas de logique "intuitive". Et dans le cas des doubles consonnes,  c'est encore pire : pas de logique (je ne trouve pas le bon qualificatif) qui permette de corriger simplement.

L'orthographe offre d'autres cas où la logique "intuitive" manque. Je pense par exemple aux accents aigu et grave sur le e. Mais la logique qui permet de corriger simplement existe.

C'est tout.

7 Dernière modification par Naïf (21-01-2010 14:05:02)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Colline d'or a écrit:

Mais c'est complètement inutile pour écrire spontanément sans faire d'erreur

Ce n'est pas tout à fait comme ça que la question initiale de ce fil a été posée, il s'agissait certes de savoir "comment écrire", mais restait une marge pour les tentatives de compréhension et de réflexion. Ces marges sont rares, les occcasions sont des aubaines;  même si l'on risque toujours, ne boudons pas ces occasions.

8 Dernière modification par Colline d'or (21-01-2010 14:41:41)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Michèle a écrit:

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi on écrit "aggraver" avec deux G et "agrandir" avec un seul G ?

C'est ce à quoi vous avez répondu.

Michèle a écrit:

Y a-t-il une autre règle pour savoir s'il faut écrire une ou deux consonnes ?

Voilà à quoi j'ai répondu. Vos tentatives de réflexion et de compréhension sont, encore une fois, bienvenues et j'attends la suite ne pouvant pas faire ce genre de recherche en ce moment (si, si, ça m'intéresserait de la faire smile ). Je répète simplement que vous n'en dégagerez jamais une règle pratique, claire et simple (qui servirait à écrire sans erreur ou à se corriger : à quoi d'autre devrait servir une règle ?).

Les occasions sont assez nombreuses sur ce forum et vous n'êtes pas parmi les derniers à les saisir.

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Bonjour,

Merci pour vos réponses sur les deux G et autres doubles consonnes.

Une chose m'étonne toujours : quand j'écris "resaler", vu qu'il n'y a qu'un S, je prononce bien [re]  et non [ré] (désolée, je n'ai pas de typo API).

Quand je prononce "dessaler", je prononce bien [dé] et non [de] sans ajouter d'accent puisqu'il y a déjà deux S.

Alors, si je suis cette logique, le préfixe [re] suivi de deux S dans "ressentir, ressortir, etc" devrait se prononcer [ré] non ? Ou alors, il ne faudrait mettre qu'un seul S.

10 Dernière modification par Colline d'or (23-01-2010 17:36:42)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Michèle a écrit:

Alors, si je suis cette logique, le préfixe [re] suivi de deux S dans "ressentir, ressortir, etc" devrait se prononcer [ré] non ? Ou alors, il ne faudrait mettre qu'un seul S.

Si vous suivez cette logique vous n'arriverez pas au résultat que vous escomptez. Il vous faut donc soit trouver une autre logique soit renoncer à en appliquer une.

Dans le langage courant, 39 mots commencent par ress : le e est prononcé fermé dans ressui, ressusciter, ressuyage et ressuyer, c'est tout. Il caduc/muet (ou tout autre terme qui vous conviendra) dans tous les autres.

Ce qui est foncièrement "illogique", c'est ressusciter, on comprend que pour les autres le préfixe est réduit au r.

En regardant rapidement la série de dess initiaux, c'est exactement le contraire : les exceptions semblent se réduire à dessus et dessous où le e est caduc/muet.

On pourrait donc tirer une "règle" en partant des dess et ress et la compléter  avec ess qui ne souffre pas d'exceptions et se comporte comme dess et d'autres qui ne me viennent pas à l'esprit.

Effectivement, il serait difficile d'éviter de parler du comportement du [z]/[s], la prononciation du e n'étant somme toute qu'une question  accessoire, ce n'est qu'une voyelle parmi d'autres auxquelles il faudrait élargir la "règle" qui nous ferait comprendre la "logique" de tout ceci neutral.

Recenser les cas et les comportements des différents termes n'est pas sans intérêt mais je préfère ne pas chercher de logique.

Quant à l'explication, je déclare forfait.

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi on écrit "aggraver" avec deux G et "agrandir" avec un seul G ? A chaque fois, "a" ou "ag" signifie pourtant "rendre plus".

Aggraver est le calque savant du latin aggravare, rendre plus lourd, formé sur le simple gravare (même racine que l'adjectif gravis, lourd) avec la préposition/préverbe ad, qui indique la direction...ou l'addition (la preuve !).
Ad-gravare a donné aggravare en vertu des lois phonétiques du latin. (Cependant, il y eut une grande querelle entre César et Cicéron, l'un partisan de l'orthographe phonétique agg-, et l'autre de l'orthographe étymologique adg-. C'est dire à quel point ces problèmes sont anciens !)

Agrandir s'est formé en français (première attestation : 1265, selon Robert), sur l'adjectif grand : la question du choc de consonnes ne se pose pas avec le préfixe a.

Voici l'explication, dont on ne peut évidemment dégager aucune loi générale : l'orthographe des mots français s'explique mot par mot avec logique, mais il n'existe aucune logique d'ensemble.

De réforme en aménagements, certains mots ont perdu leurs consonnes doubles étymologiques, d'autres non : comme le dit si bien gb

Une partie de ces illogismes vient de ce que, quand l'orthographe des mots a varié (dans les anciennes éditions des dictionnaires de l'Académie), le travail de « simplification » fait par les rédacteurs n'a pas été systématique.

Cela dit, il y a un truc : lorsque le préfixe a (ad, ag, ap, at...) dérive du latin ad, la collision entre le d de ad et la consonne initiale du radical entraine le doublement de la consonne.
Le même phénomène se produit avec le préfixe négatif in  : illisible, immaculé...

Dans les mots de formation récente, le doublement de consonne n'a pas lieu d'être.
Autrement dit, la solution du problème se trouve dans Gaffiot, consultable en ligne désormais !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

P'tit prof a écrit:

Cela dit, il y a un truc : lorsque le préfixe a (ad, ag, ap, at...) dérive du latin ad, la collision entre le d de ad et la consonne initiale du radical entraine le doublement de la consonne. [...]
Autrement dit, la solution du problème se trouve dans Gaffiot, consultable en ligne désormais !

Retenez bien cette règle, Michèle : elle provient d'un professeur aggrégé qui a peut-être même passé l'examen d'aggrégation. big_smile

http://jeanneau.isuisse.com/Gaffiot-0037.html

13 Dernière modification par Colline d'or (24-01-2010 11:14:30)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Pierre Enckell a écrit:

Retenez bien cette règle, Michèle : elle provient d'un professeur aggrégé qui a peut-être même passé l'examen d'aggrégation.

Au XVe siècle et jusqu'à la moitié du XVIIIe  il y avait deux g dit le TLFi ([tlfi]agréger[/tlfi]). Un vaste complot se trame depuis des siècles et des siècles pour non seulement tuer toute logique mais aussi saper les explications. Il faudrait demander à M. Rougnon-Glasson de faire un tract.

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

J'ai eu une hallucination : j'ai cru voir apparaître, entre le # 12 et le # 13, une intervention de P.P. qui disait qu'il avait dit "truc" et non pas "solution", et qui spécifiait que l'agrégation était un concours, et non un examen.
Bien sûr, les modérateurs ont la possibilité de faire disparaître totalement un message, mais ils n'iraient pas, je pense, à en agir ainsi avec les leurs propres, alors que les membres ordinaires laissent toujours une trace de leur passage. Je me suis sûrement trompé, P'tit Prof sera le premier à me le dire.

15 Dernière modification par Naïf (23-01-2010 18:49:23)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Michèle a écrit:

Bonjour,

Merci pour vos réponses sur les deux G et autres doubles consonnes.

Une chose m'étonne toujours : quand j'écris "resaler", vu qu'il n'y a qu'un S, je prononce bien [re]  et non [ré] (désolée, je n'ai pas de typo API).

Quand je prononce "dessaler", je prononce bien [dé] et non [de] sans ajouter d'accent puisqu'il y a déjà deux S.

Alors, si je suis cette logique, le préfixe [re] suivi de deux S dans "ressentir, ressortir, etc" devrait se prononcer [ré] non ? Ou alors, il ne faudrait mettre qu'un seul S.

Rebonjour, Michèle,

Juste deux mots sur cette seconde question. Il y a, je pense, un lien avec la précédente (et la solution que j'entrevoyais), mais il faudrait plusieurs heures pour parler de tout cela. Très rapidement:

Séparez, dans un premier temps, écrit et oral. Les nombreux travaux existants sur le préfixe représenté dans resaler et ressortir ont fait apparaître qu'il existait bel et bien sous trois avatars:  - [re], re- [roe], r-
On trouve rouvrir, ouvrir et aussi - quoique considéré comme incorrect - reouvrir. Vous trouverez des contextes qui discriminent plutôt l'un ou plutôt l'autre.
Ces trois variantes sont liées à trois modèles de préfixation qui varient par leur sens et leurs propriétés grammaticales.

Ainsi, il paraît clair que ressentir n'est pas "sentir à nouveau": il s'agit d'un autre procédé de préfixation que celui de resaler ("saler à nouveau"), seul procédé productif. "Ressortir" aussi n'est pas assimilable à une pure et simple itération. De tout cela, l'orthographe témoigne à sa façon, qui reste largement à décrire. L'absence de consonne redoublée paraît bien un gage de "compositionnalité" (ce mot barbare désignant la possibilité de reconstituer le sens du tout à partir des atomes de sens qui le constituent); il n'est pas étonnant qu'elle se manifeste dans la valeur dite d'itération.

Je ne veux pas vous noyer, et m'arrête ici. J'espère vous avoir un peu aidée.

PS. Quant à -, je ne m'y aventurerai pas ici, faute de temsp mais aussi faute d'études achevées sur la question (à mon humble connaissance). Disons qu'il est plus complexe, parce qu'il met en jeu un phénomène absent de re- etc.: le lien avec dis- peut-il être fondé dans la langue contemporaine? Quid d'une variante des- (voyez un message de gb quelque part dans un fil récent). Quid du de- de demander?

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Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Pierre Enckell a écrit:

J'ai eu une hallucination

Je me permets de répondre à la place de PP.
Si on (modérateur ou pas) poste un message, auquel il n'est pas répondu, il est autorisé de le supprimer ou de le modifier, pour quelque raison que ce soit. Idéalement, assez rapidement, en vérifiant qu'on ne supprime pas un maillon de la chaîne. C'est loyal. La suppression serait même recommandée pour les messages hors-sujet ou les disputes personnelles. Si j'ai bien compris, c'était au moins une discussion hors-sujet.
Voudriez-vous prendre la résolution, Pierre, en ce début d'année, de ne pas asticoter PP, que nous apprécions wink, et de veiller à ne pas « personnaliser » les critiques ni les messages ? La plupart du temps, si quelque chose ne nous convient pas, le plus sage est de l'ignorer ou de faire mine de n'avoir rien vu.

@Colline d'or : pour faire un lien qui fonctionne vers le TLFi, utilisez 1/ la version du CNRTL (il suffit d'ajouter le mot cherché à la fin de l'adresse) ou 2/ le « BBCode » ad hoc :

http://www.cnrtl.fr/definition/agrégation
[tlfi]agrégation[/tlfi]

@Naïf : à propos de re-, res-, devant -s, je me demande si vous n'essayez pas de faire entrer de force de la raison à l'hôpital psychiatrique et si l'argumentation sémantique (le sens) a quelque chose à voir avec la composition orthographique (morphologie ?)
Certes :
re-saler = saler à nouveau, itération ;
re-s-sentir = n'est pas (la plupart du temps, mais peut être) sentir à nouveau, itération ;
mais : resaluer, resonner, resouffler, resiffler, resoulever sont bien des itérations ; laquelle n'a pas grand chose à voir avec : résispiscence, résection.
Le plus simple est de dire, je crois, que nous sommes sur un terrain instable, voire aberrant.

Pour se faire une idée de la distribution orthographique, voir cette recherche sur l'utile lexique.org : http://www.lexique.org/moteur/complexe. … ormat=html

@Michèle : ce que l'on peut donc dire à Michèle, c'est que : il y a plus de chances que ag(g)- s'écrive avec un seul g ; et, de même, qu'il y a plus de chances que re-, préfixe ou pas, suivi d'un [s] sourd avant une voyelle s'écrive avec 2 s[/s] ou un [i]c wink

17 Dernière modification par Naïf (24-01-2010 11:24:09)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

gb a écrit:

re-saler = saler à nouveau, itération ;
re-s-sentir = n'est pas (la plupart du temps, mais peut être) sentir à nouveau, itération ;
mais : resaluer, resonner, resouffler, resiffler, resoulever sont bien des itérations ; laquelle n'a pas grand chose à voir avec : résispiscence, résection.
Le plus simple est de dire, je crois, que nous sommes sur un terrain instable, voire aberrant.

Eh bien, mon explication (qui est d'ailleurs un compendium issu de plusieurs thèses récentes sur la préverbation française)  fonctionne, vous la confirmez. Vous ajoutez juste deux contre-exemples, des mots dont le sens m'échappe, du reste.

Non, il n'est guère plus simple de dire "on est en terrain instable, voire aberrant", ou alors nous avons des conceptions radicalement opposées de la simplicité :-)
A fortiori quand c'est partiellement inexact. Je renvoie aussi à mon message sur a- + base adjectivale + -ir

18 Dernière modification par Colline d'or (24-01-2010 11:25:22)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Le lien vers le TLFi est corrigé.

En ce qui concerne Naïf, je ne pense pas qu'il tente de faire entrer la raison à l'hôpital psychiatrique mais plutôt de comprendre pourquoi les malades y sont arrivés (ce qui est louable et digne d'intérêt quand même). Et il croit que c'est également le souci de Michèle. Je peux me tromper mais il me semble qu'elle tente plutôt de faire comme s'il n'y avait ni malades ni hôpital.

Remarque : nous avons posté nos messages ensemble.

19 Dernière modification par Naïf (24-01-2010 11:29:14)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

PS. L'idée que je suggère de retenir, est qu'il est important de considérer le sens (cf. les modèles de préfixation). Or un préfixe s'inscrit généralement dans plusieurs modèles. Parce que les unités de langue ne sont qu'exceptionnellement monosémiques et monofonctionnelles.
D'ailleurs, cela a également valeur mnémotechnique (ou "mnémonique"? je ne me souviens jamais :-) ).

20 Dernière modification par Pierre Enckell (24-01-2010 11:49:04)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

gb a écrit:

Voudriez-vous prendre la résolution, Pierre, en ce début d'année, de ne pas asticoter PP, que nous apprécions

21 Dernière modification par Colline d'or (24-01-2010 11:56:03)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Naïf a écrit:

- alourdir (cf. lourd), agrandir (cf. grand) =>  verbes à infinitif en -ir de "Deuxième groupe".

Naïf a écrit:

Non, il n'est guère plus simple de dire "on est en terrain instable, voire aberrant", ou alors nous avons des conceptions radicalement opposées de la simplicité :-)
A fortiori quand c'est partiellement inexact. Je renvoie aussi à mon message sur a- + base adjectivale + -ir

accourcir
affadir
affaiblir
affermir
affranchir
appauvrir
appesantir
approfondir
arrondir
assagir
assainir
assombrir
assouplir
assourdir
attendrir
attiédir


ennoblir
raffermir

Il s'agit toujours de bases adjectivales. Le préfixe a ne convient pas à votre théorie : abonnir, abrutir, agrandir, alourdir, anoblir constitueraient plutôt des exceptions (environ un quart).

Vous étiez si affirmatif que j'ai failli vous croire. Non que je tienne particulièrement à vous asticoter, mais là vous avez des comptes à rendre. C'est de la désinformation pure et simple smile .

22 Dernière modification par Pierre Enckell (24-01-2010 13:05:48)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

gb a écrit:

Voudriez-vous prendre la résolution, Pierre, en ce début d'année, de ne pas asticoter PP, que nous apprécions

En ce qui concerne la possibilité de supprimer un message : si elle existe, rien n'indique comment l'effectuer. Je viens de faire un essai (# 20) : la machine a refusé la suppression totale, en indiquant : "Message" doit être rempli. J'aî donc dû en garder une partie, en l'occurrence la référence à votre propre message. Je persiste à croire - est-ce que je me trompe ? - que la suppression totale n'est pas à la portée de l'abécien ordinaire.

Sinon, cher Gb, comment voulez-vous qu'on cesse d'asticoter quelqu'un de si éminemment asticotable ? Il se trouve parfois des propos injurieux et violents sur ce forum, je les condamne et les regretterais s'ils étaient de mon fait, mais l'asticotage relève à mes yeux de la moquerie, de l'humour. Il est vrai que je le pratique essentiellement à l'égard d'une tête de Turc particulière, mais notre ami PP a une façon d'être catégorique dans l'erreur qui me stimulera toujours. Voyez-le affirmer, avec toutes les certitudes du latiniste pur et dur, que "la solution du problème se trouve dans Gaffiot" ! Obéissant comme je le suis, j'ai suivi son indication et ai été voir dans Gaffiot en ligne, où j'ai tout de suite trouvé quelque chose qui le contredisait. C'était irrésistible : d'où l'asticotage de mon # 12.

S'il a ensuite tenté de rétorquer avec un argument qui, à la réflexion, lui a paru trop faible, rien ne l'obligeait à supprimer son message. Il aurait pu le modifier. Ecrire mea culpa (c'est pourtant du latin) lui aurait peut-être répugné, mais toute autre rédaction aurait fait l'affaire. J'admets, cela dit, que mon message # 14 insistait un peu lourdement et n'était pas d'une nécessité absolue.

Faut-il renoncer à personnaliser ? La personnalisation est une pratique assez commune sur ce forum, qu'il s'agisse de donner des détails sur sa propre vie privée ou de raconter ses souvenirs, ou bien (quand on est homme) de faire des grâces ou des agaceries aux dames participantes (ou à celles qui paraissent être des dames, avec ces diables de pseudonymes on n'est plus sûr de rien...). Quand j'ai commencé à écrire ici, il y a quatre ans, je penchais plutôt vers la communication impersonnelle. Mais dès qu'on répond à un post, on est tenté d'employer le vous au lieu de, par exemple, l'honorable préopinant ; de là, cher Untel et toute la ribambelle.
Mais il est vrai que l'asticotage peut être parfois perçu - à tort - comme une attaque ad hominem, quand son aspect moqueur ou ironique n'est pas perçu. Je devrais probablement faire usage plus souvent des binettes ici, afin d'être mieux compris. (Là aussi, à mes débuts, je refusais fièrement d'en employer ; mais la pratique de ces discussions m'en a appris l'utilité. Comme quoi on peut changer à tout âge.)

Cher P'tit Prof, si vous lisez ceci, soyez assuré que je ne songe pas à attaquer votre personne. Je ne vous connais pas, j'ignore votre nom et rien ne m'autorise à vous être hostile. C'est plutôt la persona (que de latin !) de "P'tit prof", que vous avez voulue distincte de vous-même, un "P'tit prof" que Google horripile, pas très tolérant, parfois trop sûr de lui et qui va jusqu'à se contredire lui-même, qu'il me plaît de temps à autre d'asticoter. Il ne s'agit nullement de méchanceté, et j'espère que vous me croirez.

23 Dernière modification par Colline d'or (24-01-2010 17:07:58)

Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Résolu ? Alors ne nous faites pas perdre le fil, s'il vous plait. Les verbes du deuxième groupe à base adjectivale attendent. Je complète la liste de ceux pour qui le préfixe a n'entraine pas le redoublement de la consonne :


abâtardir
abêtir
abonnir
abrutir
adoucir
agrandir
alourdir
amaigrir
amatir
amincir
amoindrir
amollir
amortir
anoblir
aplanir
aplatir
aveulir
avilir

à comparer avec la liste précédente :

accourcir
affadir
affaiblir
affermir
affranchir
appauvrir
appesantir
approfondir
arrondir
assagir
assainir
assombrir
assouplir
assourdir
attendrir
attiédir

C'est moitié-moitié.

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Re : Orthographe capricieuse (aggraver, agrandir)

Pierre Enckell a écrit:

En ce qui concerne la possibilité de supprimer un message : si elle existe, rien n'indique comment l'effectuer.

Effectivement, l'effacement du sujet n'est pas disponible pour les inscrits : il y a longtemps, elle était possible. Un ancien participant ayant systématiquement effacé l'intégralité de ses participations, nous l'avons bloquée. Mais la suppression du texte est toujours possible : il ne reste qu'une coquille vide.

Sinon, cher Gb, comment voulez-vous qu'on cesse d'asticoter quelqu'un de si éminemment asticotable ?

Mais parce qu'il est probable que toutes les personnes asticotables n'apprécient pas également d'être asticotées smile Ce qui ne s'oppose aucunement à la possibilité de dire, par exemple, « Vous avez parfaitement raison, mais, voyez ce point qui semble vous contredire et dites-nous ce que vous en pensez ».
En somme, dès que ça devient aigre, il faut retirer les dents, indépendamment de la question de savoir qui a raison ou tort. Et ne pas se trouver de tête de Turc qui n'a pas accepté de jouer le rôle.

Les binettes sont puériles, je suis bien d'accord. Mais elles sont cependant utiles ; il est possible de paramétrer un affichage typographique (plutôt qu'une image) dans votre « profil ».
http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Zen/happyspoonboy.gif

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@Naïf : Oui, c'est juste, je me suis pris les pieds dans le tapis de mes exemples ;
il faudrait remplacer « mais : resaluer, resonner, resouffler, resiffler, resoulever sont bien des itérations » par « mais : re(s)saigner, ressemer, re(s)songer, re(s)soulever sont aussi des itérations ».
J'ai du mal à croire que le sens porté par le préfixe explique logiquement toutes les variations. Si c'était le cas, il faudrait écrire : « ressentir » (le sentiment, la perception intellectuelle) et « resentir » sentir (humer, respirer) de nouveau, n'est pas ? « J'ai ressenti un choc en resentant Chanel n°5 » ?

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