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Sujet : commencer / débuter

Dans un autre sujet, Coco47 a écrit :

puis-je suggérer commencer le paragraphe au lieu de débuter, qui est en principe intransitif ?

T'as raison, Coco, mais cela risque de devenir un combat d'arrière-garde : cela fait plus d'un demi-siècle que, malgré la condamnation de l'Académie (1964), plusieurs bons auteurs s'obstinent à utiliser transitivement le verbe débuter (cf. Grevisse, 13e éd., § 282, a, 4°).
Lequel Grevisse, qui en fait apparaître l'usage vers 1950 (et un peu avant chez La Varende), précise : « Il est prématuré de tenir [cette construction] pour intégrée au bon usage. »

Robert le donne pour antérieur, mais en usage isolé (chez Rostand, Cyrano), tout en précisant : « Vieux ou considéré comme incorrect par les puristes. »

Notons que le Larousse encyclopédique de 1924 le donne, évidemment, intransitif, mais propose comme antonyme ... clôturer, notoirement transitif. J'en conclus que, sémantiquement parlant, débuter s'est éloigné de son sens étymologique pour se rapprocher de commencer.

Littré l'annonce sans surprise comme verbe neutre, mais lui donne une tournure passive, sans C. d'agent il est vrai. Paradoxalement, il n'est ici considéré comme transitif que dans son sens originel de « éloigner du but ».

Si mon avis avait quelque importance, moi qui ne suis pas le moins puriste sur ce forum, je dirais toutefois que cet usage transitif, en lieu et place de commencer, ne me choque pas et que je le considère comme passé dans la langue courante.

Mais le débat n'est peut-être pas clos  wink

elle est pas belle, la vie ?

2 Dernière modification par Coco 47 bis (05-08-2009 02:12:40)

Re : commencer / débuter

Piotr a écrit:

Mais le débat n'est peut-être pas clos  wink

Cette question est pour moi liée à un souvenir cuisant.
En ce temps-là, j'étais secrétaire adjoint du Syndicat des correcteurs, donc n° 2. Appelé, en l'absence du secrétaire délégué, n° 1, à présenter le rapport d'activité  du syndicat devant l'assemblée générale des syndiqués, j'entamai mon discours par : « Chers camarades, je voudrais débuter cette assemblée générale… » Immédiatement, l'assistance  de correcteurs chevronnés ne fut plus que murmures, moqueries, lazzis même. La honte sur moi. J'en suis encore rouge.
Vous comprendrez que ce sujet me soit sensible…

3 Dernière modification par Naïf (19-08-2009 16:40:18)

Re : commencer / débuter

Ah, je trouve les deux secondes nécessaires, et ce post qui m'avait tapé dans l'oeil.
Juste pour insister: c'est dans les deux emplois que ces deux verbes ne se recouvrent que partiellement.

- emploi intransitif:

Dans un jeu, on dit: Qui est-ce qui commence?, et non *Qui est-ce qui débute? (pourtant, on s'accorde à parler du début du jeu, bien différent du commencement  du jeu: celui-ci nous fait entrer dans le jeu, celui-là implique un découpage en phases calibrées). Il / Elle débute commentera plutôt les premiers pas de quelqu'un/e dans un métier (faire ses débuts). Mais on dit Ça commence!, et non *Ça débute! [Ajout après-coup:] Normal: l'existence (ou: le fait d' "être là") ne se saucissonne point en phases.

- emploi transitif:

On commence une banane (qu'il s'agisse de la consommer ou de la peindre: toute action visant l'intégralité), on peine à imaginer ce que cela pourrait faire à une banane de la ?débuter. Moi, là, je sèche.
Le numéro 12 de la Rue de la Gare commence la Rue pierre Girard - mais ne la débute pas.

Inversement, il y a des débutants, guère de *commençants (tout juste peut-on être "bon commenceur de chevaux", mais du coup pas "débuteur").

...débuter cette assemblée, c'est lui assigner un début, pourquoi pas? En tout cas, le mécanisme est bien repéré en français, et très actif: la transitivation introduit, via le sujet, un agent qui fait en sorte que... De la même façon, on arrête les emblavures ici pour commencer les vignes (exemple "authentique"), comprenez: "on fait en sorte que les emblavures finissent etc.".

Une raison apparemment obscure fait même un peu tiquer à l'expression attendue (à supposer qu'on "tique à"). N'hésiterait-on pas un peu  à parler du  commencement d'une assemblée? Peut-être ce nom est-il en soi trop peu dynamique pour donner lieu spontanément à un commencement (qui implique qu'une totalité devient accessible par le truchement d'un point de l'espace-temps)?

Je laisse la vertigineuse question de la norme académique qui nous fait parfois sortir des phrases du genre: "ce mot, que tout le monde dit, il ne se dit pas". C'est une affaire très tordue. Et bizarrement, commencer et ses sbires y sont particulièrement exposés. Je crois qu'à part "se mettre à" et "entamer", tous éveillent la suspicion:
- commencer à / de (discussions infinies dans les manuels)
- débuter transitif
- initier
- inaugurer

Il vaut donc mieux que je (m') arrête!

Re : commencer / débuter

Naïf a écrit:

Il vaut donc mieux que je (m') arrête!

N'aurait-il pas mieux valu, en l'occurrence, que vous cessassiez ou que vous terminassiez ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

5 Dernière modification par Naïf (19-08-2009 16:42:10)

Re : commencer / débuter

Que je glissasse ou rompisse, que j'en finisse, que j'achevasse ou, pour faire bref, que je finisse? Voir... Mais la norme ne semble point s'en soucier, c'est là tout le mystère, sauf erreur.

PS. J'en profite pour préciser qu'inversement, ce sont certains emplois transitifs de commencer qui sont devenus archaïques; au musée des horreurs - commencer un cheval, commencer un élève, commencer une femme. Beurk.

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