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forum abclf » Pratiques linguistiques » Liaisons phoniques

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Messages [ 1 à 50 sur 117 ]

1

Sujet : Liaisons phoniques

Bonjour,

Existe-t-il des règles simples concernant les liaisons dans la langue parlée?

Si oui, où les trouver en ligne?

Merci de votre attention !

D.

2 Dernière modification par Colline d'or (09-08-2009 19:25:03)

Re : Liaisons phoniques

voilà une page web que j'ai composée l'année dernière et que j'espère être claire. Mais elle ne s'étend pas sur les liaisons facultatives qui ne suivent aucune règle intangible. Les choses sont plus claires au niveau des liaisons obligatoires et interdites. Et elle fait la distinction entre liaison et enchainement.

Voici également un article de Jean Rousseau sur le sujet et un savant exposé de Monsu Desiderio.

3

Re : Liaisons phoniques

Merci pour ces pages,  tout d'abord la vôtre,  qui aideront à  éclairer un peu la lanterne d'une amie chinoise apprenant le français .

Il me semblait bien que les liaisons représentent une difficulté particulière pour un apprenant...alors qu'en usage la plupart des liaisons se font "naturellement"... ou presque!

Merci à vous!

D.

4

Re : Liaisons phoniques

Salut Diantino,

Une règle pratique : en cas de doute, ne pas faire la liaison. Il y a plus de liaisons inutiles que de liaisons fautives.

Verbum

In principio erat Verbum

5

Re : Liaisons phoniques

Merci Verbum!

Voilà un conseil sage ... et facile à appliquer !:)

(Dire : J'ai vu un Chinois-z-à Paris, nous paraîtrait légèrement excessif , mais pour qui aborde notre langue ...pourquoi pas? )

D.

6 Dernière modification par Colline d'or (28-08-2009 08:34:26)

Re : Liaisons phoniques

Je relance le sujet parce que je voudrais avoir quelque part une liste complétable au fur et à mesure des termes (ou combinaison de termes) entrainant une liaison. Cela servirait à alimenter les discussions sur l'orthographe mais je pense que certains peuvent y trouver une utilité.

Je précise que j'inclus également des cas comme un lourdritage qui n'est pas à proprement parler une liaison (la consonne muette ne se fait pas entendre) mais n'est pas évident à la lecture pour des non francophones et neuf heures où la consonne finale prononcée ne se réalise pas de la même manière en liaison.

Si vous voulez bien alimenter le fil avec vos trouvailles (en précisant d'éventuelles exceptions), je complèterai ce message au fur et à mesure. Le message #19 dresse la liste des liaisons facultatives que vous proposerez.

Prépositions

....................en [n]

....................en (en Arménie)

....................en [r]

....................vers (vers eux)
....................envers (envers et contre tous)

....................en [z]

....................dans (dans une banque)
....................chez (chez eux)
....................dès (dès à présent)
....................lès (Villeneuve lès Avignon)
....................sans (sans espoir)
....................sous (sous une table)

Déterminants

....................en [n]

....................un (un homme)
....................plus d'un (plus d'un homme)
....................aucun (aucun homme)

....................en [t]

....................tout (tout homme)

....................en [z]

....................les (les hommes)
....................ces (ces hommes)
....................mes (mes hommes)
....................tes (tes hommes)
....................ses (ses hommes)
....................nos (nos hommes)
....................vos (vos hommes)
....................leurs (leurs hommes)
....................plusieurs (plusieurs hommes)
....................certains (certains hommes)
....................quelques (quelques hommes)
....................n'importe quels (n'importe quels hommes)
....................divers (divers hommes)
....................différents (différents hommes)
....................maints (maints hommes)

Pronoms

....................en [t]

....................tout (tout est fini)

....................en [z]

....................nous (nous avons)
....................vous (vous avez)
....................ils (ils ont)
....................elles (elles ont)

Adverbes

....................en [n]

....................bien (bien aimé)

....................en [r]

....................fort (fort avenant, fort habile) dans un langage plus recherché
....................produit une liaison en [t] (cf. message #19)

....................en [z]

....................très (très ambitieux)
....................plus (plus ambitieux)
....................moins (moins ambitieux)

Adjectifs

....................en [r]

....................premier (mon premier amour)
....................dernier (le dernier acte)


....................lourd (un lourd héritage)
....................court (un court instant)


....................en [t]

....................excellent (un excellent homme)
....................galant (un galant homme)
....................grand (un grand homme)
....................haut (dans un haut-à-bas et haut-à-haut - cri usuel en vénerie)
....................petit (un petit homme)

....................en [v]

....................neuf (neuf heures, devant les voyelles ouvertes)

....................en [z]

....................deux (deux hommes)
....................six (six hommes, prononcé [si] devant une consonne)
....................dix (dix hommes, prononcé [di] devant une consonne)

....................Tous les adjectifs pluriels précédant le substantif dans le groupe
....................nominal (de petits hommes)

Substantifs

....................en [t]

....................pied (expression pied-à-terre)

....................en [z]

....................temps (expressions comme de temps en temps et de temps à autre)

Re : Liaisons phoniques

La liste des liaisons à faire ou ne pas faire est forcément fluctuante quand ces liaisons veulent signifier quelque chose.
Un exemple tout frais, je me suis demandé pourquoi cette publicité* qui passe actuellement avait choqué mon oreille quand j'ai entendu prononcer « pas à pas » sans liaison.
Partant du principe que dans une publicité tout a été mûrement réfléchi, je me suis rendu compte qu'on prononçait plus facilement « petits pas à petits pas » sans y mettre la liaison, et que le dire ainsi induisait une notion de progression lente et sûre.

* Il s'agit d'une publicité pour des livrets apprenant à dessiner des mangas.

8 Dernière modification par Colline d'or (13-08-2009 13:00:19)

Re : Liaisons phoniques

zycophante a écrit:

La liste des liaisons à faire ou ne pas faire est forcément fluctuante quand ces liaisons veulent signifier quelque chose.
Un exemple tout frais, je me suis demandé pourquoi cette publicité* qui passe actuellement avait choqué mon oreille quand j'ai entendu prononcer « pas à pas » sans liaison.
Partant du principe que dans une publicité tout a été mûrement réfléchi, je me suis rendu compte qu'on prononçait plus facilement « petits pas à petits pas » sans y mettre la liaison, et que le dire ainsi induisait une notion de progression lente et sûre.

* Il s'agit d'une publicité pour des livrets apprenant à dessiner des mangas.

Je tente de dresser une liste des liaisons obligatoires - qui ont de toute façon leurs cas particuliers - ce n'est déjà pas si évident. Se lancer dans celle des liaisons facultatives serait également intéressant  - que de discussions en perspective sur la perception de l'usage qu'ont les uns et les autres - mais sans fin. Dresser la liste des plus courantes serait peut-être réalisable.

Quant à pas à pas, je le rangerais justement parmi ces liaisons facultatives comme toutes celles avec l'adverbe pas : il me semble bien avoir entendu l'expression avec et sans liaison.

Dans de temps en temps - que je viens de rajouter à la liste - il me semble que la liaison est par contre systématique (pour un problème d'euphonie je suppose).

Merci de la contribution.

P.S. : le pas systématique indiqué dans la liste signale mon doute. Si le doute est levé dans un sens ou dans l'autre le mot demeure ou disparait.

9 Dernière modification par diconoma (13-08-2009 14:09:21)

Re : Liaisons phoniques

Bonjour !

Colline d'or a écrit:

Si vous voulez bien alimenter le fil avec vos trouvailles

Adverbes

....................en [n]

....................bien (aimé)

....................en [t]

....................fort (avenant, habile)
....................souvent (évoqué)

Adjectifs

....................en [t]

....................cent (euros)

.....Un tel recensement n'implique-t-il pas d'associer successivement chaque mot de la langue avec tous les autres ?
.....Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

10 Dernière modification par Colline d'or (13-08-2009 16:47:50)

Re : Liaisons phoniques

diconoma a écrit:

.....Un tel recensement n'implique-t-il pas d'associer successivement chaque mot de la langue avec tous les autres ?
.....Cordialement.

Non, il suffit de trouver un exemple significatif. Il ne vous oblige pas non plus à reprendre la mise en page, vous vous créez du travail. Je n'ai pas de difficulté à l'intégrer dans le premier message.

Par contre, est-ce que la liaison avec fort se fait toujours en t ou est-ce qu'on ne peut pas avoir l'enchainement avec le r ? Ce dernier étant obligatoire dans le sens où si on ne fait pas la liaison on fait au moins l'enchainement ?

Et pour cent et souvent cette liaison est-elle systématique ? Il me semble que non.

Qu'en pensez-vous ? Je ne veux pas imposer ma réponse mais je crois que à partir du moment où il y a doute comme disait Verbum, c'est qu'elle doit être facultative.

Je pense que je vais faire un deuxième message avec les liaisons facultatives proposées, histoire de ne pas éliminer les contributions des uns et des autres. Gérer des colonnes avec le registre de langage deviendrait rapidement impossible.

En tout cas j'intègre immédiatement bien aimé.

Merci beaucoup.

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

Dans de temps en temps - que je viens de rajouter à la liste - il me semble que la liaison est par contre systématique (pour un problème d'euphonie je suppose).

Je me souviens parfaitement d'un copain ( Normand d'origine, mais je ne sais pas si cela explique ceci ) qui le disait souvent et toujours sans faire la liaison.

12 Dernière modification par Colline d'or (13-08-2009 17:05:14)

Re : Liaisons phoniques

diconoma a écrit:

Un tel recensement n'implique-t-il pas d'associer successivement chaque mot de la langue avec tous les autres ?
.....Cordialement.

J'ai répondu trop vite dans le message précédent. Je crois que pour les liaisons obligatoires la logique est toujours la même, au moins pour le groupe nominal.
Partons du principe que les liaisons sont obligatoires pour tout ce qui précède le substantif (dites-moi si je me trompe).

Voyons un exemple :

un bien étrange amour

au maximum

dans  tous les très grands amours

Le cas de l'adjectif indéfini tout est unique, je pense (?). Nous avons donc la séquence :

(préposition) /adjectif indéfini tout / déterminant / adverbe / adjectif / substantif

Bien aimé est une séquence adverbe / adjectif

Vous pouvez bien entendu avoir la séquence incomplète mais vous savez que le premier se lie au suivant dans la séquence. J'ai mis la préposition entre parenthèses parce que toutes ne génèrent pas de liaison (hormis par exemple).

Il y a ensuite le groupe verbal où il peut y avoir de petites variations (interrogation formelle, négation, ....).

Quoiqu'il en soit. Merci encore !! (interjection)

Re : Liaisons phoniques

zycophante a écrit:
Colline d'or a écrit:

Dans de temps en temps - que je viens de rajouter à la liste - il me semble que la liaison est par contre systématique (pour un problème d'euphonie je suppose).

Je me souviens parfaitement d'un copain ( Normand d'origine, mais je ne sais pas si cela explique ceci ) qui le disait souvent et toujours sans faire la liaison.

Il faut que je fasse une colonne pour la Normandie ? Ou vous avez entendu d'autres personnes ne pas la faire cette liaison ?

14

Re : Liaisons phoniques

Bonjour !

Colline d'or a écrit:

Il ne vous oblige pas non plus à reprendre la mise en page, vous vous créez du travail.

.....Cela ne nécessite qu'un peu de soin. Après un copié-collé, je n'ai plus que quelques lettres à modifier.

Par contre, est-ce que la liaison avec fort se fait toujours en t ou est-ce qu'on ne peut pas avoir l'enchainement avec le r ? Ce dernier étant obligatoire dans le sens où, si on ne fait pas la liaison, on fait au moins l'enchainement ?

.....Pour ‹.J'ai fort à faire.›, que préférez-vous.? J'ai ‹.for afèr.›, ‹.forafèr.› ou j'ai ‹.fortafèr..?

Et pour cent et souvent cette liaison est-elle systématique ? Il me semble que non.

.....Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas respectée par nombre de gens qui font profession de parler. Doivent-ils à vos yeux servir d'exemple ?

[...] à partir du moment où il y a doute, comme disait Verbum, c'est qu'elle doit être facultative.

.....Où a-t-on vu qu'une erreur d'écriture autorise ou non une orthographe facultative ?
.....Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

15 Dernière modification par Colline d'or (14-08-2009 08:32:58)

Re : Liaisons phoniques

diconoma a écrit:

.....Pour ‹.J'ai fort à faire.›, que préférez-vous.? J'ai ‹.for afèr.›, ‹.forafèr.› ou j'ai ‹.fortafèr..?

Et pour cent et souvent cette liaison est-elle systématique ? Il me semble que non.

.....Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas respectée par nombre de gens qui font profession de parler. Doivent-ils à vos yeux servir d'exemple ?

"Fort à faire " : je ne préfère rien, je crois même qu'il peut m'arriver d'utiliser les deux derniers. Et si j'enseigne, il faut bien que mon apprenant soit conscient des 2 (ou 3) réalités possibles. Ne serait-ce que pour des problèmes de compréhension. Et cela commence dès les bases avec une phrase comme "il est anglais".

Si une personne me dit "vous m'avez enseigné ça, mais j'ai entendu autre chose", à moins d'une erreur flagrante, je ne vais pas imposer une norme. Ce n'est pas à moi de le faire, si tant est que quelqu'un puisse le faire.

D'autant plus si mon apprenant a entendu le présentateur du JT ne pas faire la liaison avec "cent". Ce sera regrettable mais c'est comme ça. Et pour tous les documents "authentiques", il en est ainsi : ce sont des reflets de la réalité. Et si quelqu'un veut parler français, c'est pour entrer dans cette réalité. A lui, si ça lui chante, de décider plus tard du bon ou du mauvais usage.

Ce sera une déformation professionnelle mais c'est ainsi que je raisonne.

diconoma a écrit:

[...] à partir du moment où il y a doute, comme disait Verbum, c'est qu'elle doit être facultative.

.....Où a-t-on vu qu'une erreur d'écriture autorise ou non une orthographe facultative ?
.....Cordialement.

L'oral ne se laisse pas encadrer comme l'écrit même si un bon usage est énoncé. Vous le reconnaitrez, j'espère.

Je tente de faire un tour des liaisons obligatoires pour être en mesure d'en discuter efficacement : il me semble difficile de me limiter uniquement à celles universellement reconnues ("les anglais")  mais je vois que la limite entre le facultatif et l'obligatoire est vraiment difficile à tracer.

Bien cordialement.

P.S. : je ne sais pas si j'aurai le temps avant lundi de faire de longs messages.

P.S. 2 : je précise également que je parle des problèmes de compréhension de l'apprenant, au niveau de l'expression, la langue enseignée, ni familière ni recherchée, est la langue standard.

Re : Liaisons phoniques

"Fransem" elimin tut le liezon de la lang fransez (setadir tut le letr muet)... On ekriv kom on pronons e on pronons kom on ekriv...

Me aparaman sa interes person...

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

17 Dernière modification par Colline d'or (14-08-2009 08:30:22)

Re : Liaisons phoniques

patoiglob a écrit:

"Fransem" elimin tut le liezon de la lang fransez (setadir tut le letr muet)... On ekriv kom on pronons e on pronons kom on ekriv...

Il n'était pas devenu fransim votre fransem ?

patoiglob a écrit:

Me aparaman sa interes person...

probablement pas dans un fil qui traite des liaisons du français.

18

Re : Liaisons phoniques

Patoiglob a écrit:

On ekriv kom on pronons e on pronons kom on ekriv...

Est-ce que ça se transcrit : « on écrive comme on prononce et on prononce comme on écrive » ? Curieux français, si c'est censé en être.

elle est pas belle, la vie ?

19 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 11:03:11)

Re : Liaisons phoniques

Allons-y pour un message avec les liaisons facultatives, il prétend encore moins à l'exhaustivité que celui consacré aux liaisons obligatoires. J'y mets toutes celles pour lesquelles il y a doute ou plusieurs prononciations attestées.

Je pense que les enchainements n'y ont absolument pas leur place.

Là aussi vos contributions sont les bienvenues, je complèterai ce message au fur et à mesure. Le message #6 contient lui les liaisons obligatoires.

Prépositions


Déterminants


Pronoms


Adverbes

....................en [p]

....................beaucoup (beaucoup à apprendre)
....................trop (trop élevé)


....................en [t]

....................fort (fort avenant, habile)
....................souvent (souvent évoqué)


....................en [z]

....................pas (je n'ai pas envie)

Adjectifs

....................en [t]

....................cent (cent euros)
....................ledit (ledit ami)
....................haut (un haut officier)
....................évident (un évident exemple)
....................fervent (un fervent ami)
....................adroit (un adroit expédient)
....................étroit (un étroit espace)

....................changeant (mon changeant ami)
....................charmant (mon charmant ami)
....................cuisant (un cuisant échec)
....................ennivrant
....................ennuyant


Substantifs

....................en [z]

....................pas (pas à pas)

verbes

....................en [t]

....................tous les formes des verbes être et avoir se terminant par t (ils sont
....................anglais, il est arrivé, il était en retard, ils ont acheté, etc.)

....................en [z]

....................tous les formes pluriel des verbes être et avoir se terminant par s ou z
....................(nous sommes anglais, nous en avions envie, vous êtes hypocrite, etc.)

20

Re : Liaisons phoniques

avions, forme pluriel du verbe être ?
Hébé, Colline, si que j'aurais su ça plus tôt, j'aurais pas venu sur ce forum pour me culturer !
Cordialement
S

Re : Liaisons phoniques

Sylvain B a écrit:

avions, forme pluriel du verbe être ?
Hébé, Colline, si que j'aurais su ça plus tôt, j'aurais pas venu sur ce forum pour me culturer !
Cordialement
S

pas charitable avec moi : vous auriez pu dire que j'ai oublié "et avoir" dans l'énoncé. Merci en tout cas d'avoir lu (et de m'avoir fait rire), je corrige immédiatement.

22

Re : Liaisons phoniques

Je bée (?) d'admiration devant le travail réalisé à partir de ma petite question sur les liaisons.

Tout cela est très savant et fort  bien mis en forme, mais j'aimerais savoir aussi pourquoi des gens parlant un français correct  ont pris  apparemment les euros en grippe au point de dire avec constance:
Vingt z euros et cent z euros.
Quand je pose la question : pourquoi  cette liaison ? ils répondent : parce que vingt et cent c'est beaucoup.

Alors que pour vingt enfants ils "liaisonnent " ainsi: vingt t enfants...

Bizarre...:)

D.

23 Dernière modification par Colline d'or (17-08-2009 22:21:51)

Re : Liaisons phoniques

Diantino a écrit:

Je bée (?) d'admiration devant le travail réalisé à partir de ma petite question sur les liaisons.

Tout cela est très savant et fort  bien mis en forme, mais j'aimerais savoir aussi pourquoi des gens parlant un français correct  ont pris  apparemment les euros en grippe au point de dire avec constance:
Vingt z euros et cent z euros.
Quand je pose la question : pourquoi  cette liaison ? ils répondent : parce que vingt et cent c'est beaucoup.

Alors que pour vingt enfants ils "liaisonnent " ainsi: vingt t enfants...

Bizarre...:)

D.

Vingt et cent quand ils sont multipliés et non suivis d'unité sont accordés au pluriel. Les gens disent cent zeuros par analogie avec deux cents euros. Comme pour yeux qui est toujours en liaison au pluriel sauf aprèsquatre, cinq, sept, huit et neuf : la tentation est grande de faire quand même la liaison ou tout au moins de jouer à la faire (Coco47 donnait récemment l'exemple de "entre quatr'zyeux").

Pour le vingt enfants, je ne sais pas, il ne me semble pas l'avoir jamais entendu. Mais ne pas se fier à sa seule expérience en la matière.

Effectivement vous béez mais c'est béer pour bien peu, je ne bée pas comme ça.

24 Dernière modification par patoiglob (18-08-2009 04:43:05)

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:
patoiglob a écrit:

"Fransem" elimin tut le liezon de la lang fransez (setadir tut le letr muet)... On ekriv kom on pronons e on pronons kom on ekriv...

Il n'était pas devenu fransim votre fransem ?

Si, mais finalement j'ai retenu la distinction entre in/un/en et par conséquent rien ne m'empêche plus d'écrire "semplifier"...

Colline d'or a écrit:
patoiglob a écrit:

Me aparaman sa interes person...

probablement pas dans un fil qui traite des liaisons du français.

Pourquoi pas, s'il s'agit d'une façon d''éliminer le problème des liaisons ?...

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

Re : Liaisons phoniques

Piotr a écrit:
Patoiglob a écrit:

On ekriv kom on pronons e on pronons kom on ekriv...

Est-ce que ça se transcrit : « on écrive comme on prononce et on prononce comme on écrive » ? Curieux français, si c'est censé en être.

Ne valjaï duraka ! Fransem est un créole du français qui délibérément simplifie la langue en eliminant toutes les irrégularités. Ainsi tous les verbes appartiennent à un même groupe régulier : on parl/il fo k'on parl ; on ekriv/ il fo k'on ekriv ; on finis/ il fo k'on finis ; etsetera...

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

26 Dernière modification par Colline d'or (18-08-2009 08:15:22)

Re : Liaisons phoniques

patoiglob a écrit:
Colline d'or a écrit:
patoiglob a écrit:

Me aparaman sa interes person...

probablement pas dans un fil qui traite des liaisons du français.

Pourquoi pas, s'il s'agit d'une façon d''éliminer le problème des liaisons ?...

Ici il s'agit de tenter de mettre à disposition une liste des liaisons existantes en français. Sans plus. Libre à chacun d'en faire l'usage qu'il veut. Ailleurs.

Pourquoi ne girouettez-vous pas avec votre fransem/fransim dans un fil spécifique ?

27

Re : Liaisons phoniques

Bonjour,

J'aimerais savoir plus sur la prononciation, au plutot sur la liaison dans:

trop élevé, est on utilise la liaison p avec é, càd on prononce tropelvée.

Merci

28 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 08:19:10)

Re : Liaisons phoniques

Mark a écrit:

Bonjour,

J'aimerais savoir plus sur la prononciation, au plutot sur la liaison dans:

trop élevé, est on utilise la liaison p avec é, càd on prononce tropelvée.

Merci

Bonjour,

c'est une liaison facultative. Quand on la fait, je pense que c'est en donc

tropélevé ou tropél'vé

Je vais en profiter pour mettre à jour la liste des liaisons facultatives du message #19 de ce fil.

29

Re : Liaisons phoniques

« – La lettre p ne se lie pas sauf dans les mots beaucoup et trop. Il a beaucoup appris. Il est trop heureux. Mais elle est jugée emphatique, sauf dans l'expression trop aimable. » (http://monsu.desiderio.free.fr/curiosites/liaison.html)

Il me semble que je la fais la plupart du temps avec «trop», et naturellement, sans emphase volontaire, quand j'enchaîne les mots. Avec [é] mais aussi avec le reste : trop important, trop exceptionnel, trop idiot, etc. ; mais bien plus rarement avec «beaucoup» : j'ai beaucou[s]p[/s] appris ; il a mangé beaucou[s]p[/s] et il est reparti ; je le ferais probablement dans : il a beaucoup à apprendre.

L'article de Wikipedia consacré à la liaison est intéressant (la version anglaise parle de « beaucoup »).

Re : Liaisons phoniques

gb a écrit:

Il me semble que je la fais la plupart du temps avec «trop», et naturellement, sans emphase volontaire, quand j'enchaîne les mots. Avec [é] mais aussi avec le reste : trop important, trop exceptionnel, trop idiot, etc. ; mais bien plus rarement avec «beaucoup» : j'ai beaucou[s]p[/s] appris ; il a mangé beaucou[s]p[/s] et il est reparti ; je le ferais probablement dans : il a beaucoup à apprendre.

En général je ne la fais ni avec trop ni avec beaucoup. Bien sûr que la liaison peut se faire avec d'autres voyelles mais la question portait sur "trop élevé" et il s'agissait de savoir, si j'ai bien compris la demande, si la voyelle était ouverte ou fermée.

Re : Liaisons phoniques

Je voulais remercier Diantino (que je salue au passage), Colline d'or ainsi que tous les participants qui ont contribué à dresser ces deux listes. Elles me sont tellement bénéfiques.

Colline d'or a écrit:

haut (un haut ???)

un haut officier ?

32 Dernière modification par Colline d'or (28-08-2009 09:03:21)

Re : Liaisons phoniques

Orientale a écrit:
Colline d'or a écrit:

haut (un haut ???)

un haut officier ?

Les points d'interrogation sont là pour prouver que je ne suis pas certain de ce que j'avance. Il ne me semble pas que la liaison se fasse avec officier, elle ne se fait peut-être pas du tout alors ?

C'est vrai que nous sommes habitués à 

haut cadre, haut commandementhaut commissaire, haut comité, haut conseil, haut débit, haut degré, haut dignitaire, haut diplomate, haut dirigeant, haut fait, haut fonctionnaire, haut gradé, haut lieu, haut magistrathaut niveau, haut potentiel, haut représentanthaut taux,

haut-fondhaut-fourneau, haut-parleur (depuis la réforme de 1990, hautparleur), haut-relief,

Haut-Garonnais, Haut-Marnais, Haut-Normand, Haut-Rhinois, Haut-Pyrénéen, Haut-Saônois, Haut Savoyard, Haut-Viennois, etc.

J'ai même trouvé le romantique haut-rêvant.

Les consonnes prédominant largement sur les voyelles feraient sonner mal une liaison avec haut habitués que nous sommes au son [o] ?

Il semble que les habitants du département des Hautes Alpes s'appellent les Haut-Alpins. Donc un Haut-Alpin. Comment ça se prononce ?

Il y a aussi haut officiel, haut idéal, haut elfe (vive Tolkien !),Haut-Anjou, Haut Atlas et Haut-Empire. Avec des voyelles, c'est tout ce que j'ai réussi à trouver. Nous sommes à 8. Personnellement, je crois que je ferais la liaison dans Haut-Empire.

[j'ajoute donc suite à diverses contributions haut allemand, haut intérêt, haut en couleur, haut-à-bas, haut-à-haut]

S'il est confirmé que cette liaison ne se fait pas, je pense que cela vaudra la peine d'ajouter un message avec les liaisons interdites qui ne sont pas si évidentes qu'il pourrait sembler au premier abord.

Re : Liaisons phoniques

Et dans de haut en bas, liaison ou non ?

Re : Liaisons phoniques

Que ce soit Haut-Alpin ou De haut en bas, il me semble bien que la présence de la liaison soit plus fréquente que son absence.
Dans Haut-à-bas, celle-ci est vivement recommandée.
Quand il s'agit de désigner plusieurs habitants des Hautes-Alpes, il m'est arrivé d'entendre, peut-être par contamination avec les Basalpins voisins, des Haut-z-Alpins.

35 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 09:21:15)

Re : Liaisons phoniques

zycophante a écrit:

Que ce soit Haut-Alpin ou De haut en bas, il me semble bien que la présence de la liaison soit plus fréquente que son absence.
Dans Haut-à-bas, celle-ci est vivement recommandée.
Quand il s'agit de désigner plusieurs habitants des Hautes-Alpes, il m'est arrivé d'entendre, peut-être par contamination avec les Basalpins voisins, des Haut-z-Alpins.

haut à  bas : le littré signale effectivement la liaison comme obligatoire pour le porte-balle, et pour le vêtement ou terme d'électronique ?

Elle est également obligatoire dans le cri de vénerie haut-à-haut.

En ce qui concerne les Haut-Alpins : n'est-ce pas plutôt un choc frontal entre l'orthographe des mots composés avec un adjectif et la perception que continue à avoir les locuteurs de la première partie de ces mots comme d'adjectifs à part entière ?

J'ai vérifié au passage l'orthographe de ces ces mots selon la réforme de 1990 : elle a proposé le seul hautparleur (avec hautecontre, hautefidélité, hautelisse, hautelissier et hauteville).

Et pour les 6 autres mots : je peux vraiment la mettre facultative cette liaison ou n'est-elle pas impensable pour certains d'entre eux ? Avec Anjou, officiel, officier, idéal et elfe cela me semble vraiment bizarre.

Merci pour la contribution.

36 Dernière modification par Piotr (20-08-2009 09:50:43)

Re : Liaisons phoniques

Bonjour à tous,

      J’avoue être un peu agacé par toutes ces élucubrations, et ces avis divergents, sur certaines liaisons que la règle donne pour obligatoires.
      La règle ? quelle règle ? En l’occurrence – et s’agissant de beaucoup et de trop – ce sera Littré, qui n’est pas un méridional (normand né à Paris), lequel précise :

tro ; le p se lie : il va tro-p avant ; mais, pour peu qu'il y ait suspension, le p ne se fait pas sentir : le tro et le tro peu

On constate en fait que le p se lie quand trop est adverbe et s’applique au terme qui le suit : tro-p avant, tro-p avancé

      Ainsi, je suis surpris de lire que Colline, qui entreprend un travail d’intérêt public  (au moins pour les FLE), ne la fait ni avec trop ni avec beaucoup ; un autre normand éminent, notre admin préféré, hésite selon les cas :

j'ai beaucou[p] appris ;  ; je le ferais probablement dans : il a beaucoup à apprendre.

La règle énoncée par Littré peut le tirer d'affaire ; on dira : j'ai beaucoup p-appris et il me reste beaucoup p-à apprendre, parce que l'adverbe beaucoup s'applique au terme qui le suit dans la phrase, et il a mangé beaucou[p] et il est reparti étant donné que l'adverbe s'applique au terme le précédant et non pas au et qui suit.
     Vous paraît-il si incongru de prononcer : «Je suis très z-embêté, j’ai beaucoup p-à faire, je suis trop p-occupé. » ?

      Concernant une autre finale, sur laquelle Littré est muet, considérons la phrase suivante : « Un haut officier commandait aux troupes du Haut-Atlas des manœuvres du plus haut intérêt. »
      Même sans être méridional, elle doit se prononcer « Un haut t-officier commandait t-aux troupes du Haut-t-Atlas des manœuvres du plus haut t-intérêt. ».
      Je signale aux amateurs qu’on entend tous les jours à la radio nationale la liaison « du plus haut t-intérêt », par des journalistes ou présentateurs parisiens. Pour une fois qu’ils sont dans le vrai …

      On gausse souvent les méridionaux pour leurs liaisons – ou leurs finales – parfois z-appuyée[s] et prétendument t-abusives, mais ce n’est pas z-eux qui ont inventé le pataquès [*] : « Ce n’est pas t-à toi ? non ce n’est point z-à moi. Alors je ne sais pas t-à qu’est-ce. »

[*] la même « règle de Littré » peut s'appliquer à ces liaisons, suivant que le mot  précédent est grammaticalement lié, ou non, au terme suivant.

elle est pas belle, la vie ?

37 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 11:09:26)

Re : Liaisons phoniques

Bizarre, je suis méridional, du Bas-Limousin,  et j'ai fait mes études à Toulouse. Hé bien, j'affirme que les liaisons avec trop et beaucoup n'ont rien d'obligatoires.

Effectivement, ce sont ceux qui apprennent le français qui se posent des questions sur les liaisons pas ceux qui le parlent depuis l'enfance.

Acte de foi : comme je l'ai déjà dit plus haut, je ne vois pas pourquoi je devrais priviliégier une prononciation par rapport à une autre (je ne parle évidemment pas de celles qui sont fautives) dans l'enseignement parce que mes élèves seront de toute façon confrontés à différentes manières de parler.

Cela ne constitue en rien un grand principe théorique : pour donner un exemple très concret, j'ai fait il y a deux semaines un cours intensif avec un ingénieur italien qui travaille pour une société internationale Québécoise et qui devait opérer à une remise à niveau de son français pour aller travailler en Algérie. Dans un cadre professionnel il aura probablement peu à se confronter à des Français de France. Devais-je lui infliger la prononciation indiquée dans le Littré ?

Et c'est assez souvent ainsi, dans plus de 50% des cas, le français n'est pas appris pour être utilisé en France.

Alors le élucubrations me semble expéditif : je ne vois absolument pas ce qu'il y a d'insensé à, sans grande prétentions, tenter d'y voir plus clair sur certains points précis, dans un sujet aussi complexe. Les apprenants n'ont pour la plupart rien à faire de la prononciation de Haut-Alpin ou de haut-à-haut. L'enseignant a, lui, tout intérêt à avoir le panorama le plus complet possible de phénomène très concrets pour ne pas être désarçonné, parfois par des questions tordues, bien plus souvent par des cas de figure qui viennent maloncontreusement infirmer une "règle" précédemment énoncée. Cela m'arrive maintenant très rarement mais c'est parce que j'ai fait le nécessaire pour que cela n'arrive pas.

Je vais reprendre d'ici quelques semaines mes cours et d'autres interrogations se présenteront fatalement qui n'effleureront peut-être pas mes élèves mais moi, si. Quand elles concerneront les liaisons, je reviendrai alimenter ce fil.

Tous les collègues ne pensent pas ni n'agissent comme moi : les parcours et expériences différent. J'ai bourlingué pendant 15 ans dans toutes sortes de sociétés avant de me mettre à enseigner mais je ne pense pas avoir la réputation d'être mauvais dans ce rôle.

C'est du pur pragmatisme et je ne comprends pas ta critique Piotr. Très sincèrement quand je lis ça, je me demande si nous vivons sur la même planète. Je ne suis ni lexicographe, ni dictionnairiste,  professions ô combien honorables et utiles mais dont les objectifs ne coïncident pas avec celle d'enseignant, et surtout, surtout, je ne prétends pas garder un hypothétique temple comme nous l'avons lu récemment

Malosinus a écrit:

Je ne cherche pas à bousculer la langue, je cherche à éviter qu'elle ne se rétracte, ne s'atrophie. Aussi, quand des tournures me plaisent, j'essaie de les utiliser pour les faire vivre, et bien souvent parce que la musique de ces mots apporte une nuance discrète mais interessante à mes yeux/oreilles.

La langue vit parce qu'elle est parlée, à nous de tenter de rendre compte de cette vie.

Et je reprécise de nouveau que, quand je me lance dans cette longue diatribe, je pense à la compréhension orale. Pour l'expression, j'enseigne la langue standard sans fioritures. Si nous leur en donnons l'envie les gens seront parfaitement capables de  partir seuls à la découverte des subtilités du français.

Maintenant Piotr, j'aimerais savoir si tu maintiens ton élucubration et que tu t'en expliques. Je ne te relancerai pas (comme j'ai tenté de le faire pour une autre polémique) mais, à moins que tu ne me considères comme le dernier des rigolos, je pense mériter une réplique. Et qu'elle reste gravée dans le marbre du forum. Si j'y participe c'est que

1) j'y trouve un intérêt. Je l'ai déjà dit, ce forum est excellent pour le ton qui y règne et surtout pour sa réactivité, on peut y apprendre vite et bien.
2) malgré un parcours, donc certainement un discours et des préoccupations, probablement hors-norme par rapport à ceux qui ici vivent de la langue française, j'estime avoir les titres pour y intervenir
3)je pense qu'il peut-être un fertile terrain pour parler d'orthographe, éternel sujet de discorde et éternelle source d'injustice comme le dit très bien le monsieur dont j'ai recopié ici le message

Le danger de tout groupe constitué depuis un certain temps est de se replier sur lui-même, attention à ne pas tomber dans ce travers.

C'est tout. Je n'ai pas la tranquille placidité de Naïf pour répondre mais nous ne sommes pas tous coulés dans le même moule.

P.S. : je vais mettre la liaison avec haut parmi les facultives avec quelques cas particuliers dans les obligatoires.

38 Dernière modification par greg (20-08-2009 14:15:24)

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

Je précise que j'inclus également des cas comme un lourdritage qui n'est pas à proprement parler une liaison (la consonne muette ne se fait pas entendre) mais n'est pas évident à la lecture pour des non francophones et neuf heures où la consonne finale prononcée ne se réalise pas de la même manière en liaison.

Oui, pas facile de s'y retrouver avec la terminologie classique — liaison et enchaînement.




A priori on parle de liaison quand la succession orale de deux mots, le second débutant par une (semi)voyelle, permet ou exige l'apparition d'une consonne intercalaire qui n'existait pas tant que les deux mots étaient prononcés isolément. Ainsi :

/lœ?/ + /a·mi/ ? /lœ?·za·mi/ (leurs amis)
/de/ + /wazo/ ? /de·zwa·zo/ (des oiseaux)
/t?o/ + /o·n?t/ ? /t?o·po·n?t/ (trop honnête)

Quand la liaison se fait, la syntagmation orale des unités lexicales les affecte diversement : le premier mot original demeure inchangé tandis que le second fait l'objet d'une pro(s)thèse conditionnelle — on pourrait parler d'épenthèse syntagmatique.

NB
Les contreparties graphiques de /lœ?/, /de/ et /t?o/ prennent bien entendu un <s> et un <p> en finale : <leurs>, <des> et <trop>. Mais cet artifice d'écriture ne saurait masquer le caractère exclusivement oral de la
liaison qui n'est nullement la prononciation, sous certaines conditions, d'une scriptoconsonne muette dans tous les autres cas : toutes les consonnes et voyelles écrites sont muettes par nature — et le sont donc en toute circonstance. La chaîne graphique <bonjour> est muette de <b> jusqu'à <r>. C'est l'existence de la contrepartie orale /b??·?u?/ qui nourrit l'illusion d'une expression sonore dont les signes graphiques associés, appelés lettres de l'alphabet, seraient dotés sui generis. Il n'en est rien. En principe, mais pas toujours, les lettres REPRÉSENTENT des sons¹. Il arrive que des combinaisons de lettres représentent un phonème unique,  parfois deux, plus rarement trois. Il se peut qu'une lettre représente deux phonèmes. Mais il ne se peut jamais qu'une lettre SOIT un son¹. Ni même qu'un texte puisse se prononcer ou s'entendre — ou alors par glissement de sens. Un texte, pris au sens strict, se lit ou s'écrit.
¹ Cette position n'est pas incompatible avec le caractère surtout phonographique de l'écriture alphabétique, lequel a fait l'objet d'un débat diachronie/synchronie avec Naïf dans le salon Or, taux, gras, feux... lancé par P'tit prof ? « La phonologie linéaire est un enfant de nos écritures ».




Le cas de l'enchaînement diffère de celui de la liaison car la syntagmation enchaînée impose de modifier la prononciation des deux termes originaux sans épenthèse syntagmatique : les deux mot enchaînés ne nécessitent pas l'adjonction d'une consonne — contrairement à la syntagmation liée. Par exemple :   

/lœ?/ + /a·mi/ ? /lœ·?a·mi/ (leur ami)
/b?l/ + /wazo/ ? /b?·lwa·zo/ (bel oiseau)
/tip/ + /o·n?t/ ? /ti·po·n?t/ (type honnête)




Surgissent ensuite les difficultés du type :

/nœf/ + /œ?/ ? /nø·vœ?/ (neuf heures)

La sèche arithmétique incite à penser qu'il n'y a aucune adjonction de consonne puisque le /f/ a été remplacé par /v/ : la consonne, originellement sourde en finale d'un mot isolé, se verra voiser dès lors que la syntagmation l'aura placée en position intervocalique. Il ne s'agit donc pas d'une liaison, ni même d'un simple enchaînement puisque la consonne enchaînée subit aussitôt une transformation automatique. Cette consonne n'est d'ailleurs pas le seul phonème modifié puisque dans la même foulée la voyelle primitive /œ/ de <neuf> se ferme en /ø/. Raison de plus pour trouver une terminologie appropriée pour ce genre de phénomène qui s'apparente à un enchaînement complexe.

39 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 15:18:30)

Re : Liaisons phoniques

Bonjour Greg,

Y a-t-il d'autres cas courants d'enchainement complexe ?

Voici un lien vers le site du projet PFC (phonologie du Français Contemporain) :  les statistiques sur la fréquence des consonnes en liaison (il faut demander les statistiques sur les liaisons). Cela nécessite une interprétation que je ne suis pas capable de faire mais on voit quand même que la part de la liaison en p est réduite, plus réduite que celle de la liaison en v ce qui tendrait à confirmer que trop et beaucoup se lient peu. La proportion de liaisons en t permet moins de tirer des conclusions.

40

Re : Liaisons phoniques

Colline a écrit:

Maintenant Piotr, j'aimerais savoir si tu maintiens ton élucubration[s] et que tu t'en expliques.

Je n’ai pas pour habitude de répondre aux exhortations ou au  sommations.

     Pour comprendre les termes que j’utilise, il n’est que d’ouvrir un dico basique :

  -  j’appelle élucubrations une affirmation qui, malgré la somme de travail ou de recherches qu’elle a coûté à son auteur, ne repose sur rien de sérieux ;

  -  j’appelle élucubrations le fait, quand on prétend chercher ce qui justifie ou condamne une liaison, de ne pas s’appuyer sur une explication puisée à bonne source (Littré) et qui indique une piste à suivre qui est sensée ;

  -  j’appelle élucubrations écrire : 

je ne vois pas pourquoi je devrais privilégier une prononciation par rapport à une autre

et faire le contraire en expliquant tout benoîtement penser qu’une liaison ne se fait pas parce que TOI tu ne la fais pas ;

  -  j’appelle élucubrations une phrase comme :

Dev[r]ais-je lui infliger la prononciation indiquée dans le Littré ?

À cette dernière perle j’apporterai la réponse suivante : tu devras même lui INFLIGER l’orthographe indiquée par icelui.

     Je ne suis pas lexicographe, ni linguiste, ni grammairien, et pas prof non plus : pour autant mes analyses valent-elles moins que celles d’un enseignant dûment estampillé ? Elles ne sont le fruit que de lectures et de réflexions menées depuis quelques dizaines d’années par un amateur de la langue, mais pas un amateuriste, et avec une once de respect pour mes ouvrages de référence.

     Et pour clore en recentrant sur le sujet, j’ajouterai cette seule précision ; tu écris :

Hé bien, j'affirme que les liaisons avec trop et beaucoup n'ont rien d'obligatoires.

Personne n'a dit ça :  elles ne sont pas obligatoires bien sûr, elles obéissent à une règle, ce qui est différent mais aussi, convenons-en, bien pratique pour s’y retrouver.

elle est pas belle, la vie ?

41 Dernière modification par Colline d'or (20-08-2009 18:27:46)

Re : Liaisons phoniques

Piotr a écrit:

-  j’appelle élucubrations le fait, quand on prétend chercher ce qui justifie ou condamne une liaison, de ne pas s’appuyer sur une explication puisée à bonne source (Littré) et qui indique une piste à suivre qui est sensée ;

  -  j’appelle élucubrations écrire : 

je ne vois pas pourquoi je devrais privilégier une prononciation par rapport à une autre

et faire le contraire en expliquant tout benoîtement penser qu’une liaison ne se fait pas parce que TOI tu ne la fais pas ;

  -  j’appelle élucubrations une phrase comme :

Dev[r]ais-je lui infliger la prononciation indiquée dans le Littré ?

À cette dernière perle j’apporterai la réponse suivante : tu devras même lui INFLIGER l’orthographe indiquée par icelui.

Littré, dernière édition 1872-1877 : ouvrage de référence pour la prononciation au début du XXIe siècle. C'est sérieux. Et ce n'est certes pas non plus mon ouvrage de référence pour l'orthographe, ne t'en déplaise.

Si je dis qu'une liaison ne se fait pas, c'est parce qu'il me semble aussi ne pas l'entendre. Il me semble avoir dit à 2 reprises dans ce fil qu'en la matière l'expérience personnelle n'est pas fiable. Pas plus la mienne que la tienne. Je crois avoir dit également qu'en cas de doute, je mets la liaison parmi les facultatives. C'est sommaire mais un peu difficile à contester quand même. Une telle démarche le serait par contre pour les liaisons obligatoires et interdites.

P.S. : j'ai fait référence au Littré pour haut-à-bas mais pour un terme désuet cela se justifie (on ne le trouve pas dans le TLF, encore moins dans le PR).

42 Dernière modification par greg (21-08-2009 07:32:39)

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

Y a-t-il d'autres cas courants d'enchainement complexe ?

Salut Colline d'or !

J'en ai pas en tête mais il doit certainement y en avoir d'autres. Faudrait demander à nos amis abéciens qui auront sûrement des exemples à proposer.

La terminologie est un réel problème puisque nombre de travaux distinguent en outre la liaison enchaînée de celle qui ne l'est pas. La tarte à la crème de service, le marronnier de la phonologie de la liaison, c'est l'élocution publique de certains politiciens français et notamment Chirac ? « Vouzz hhaurez tout le loisir de ... ». C'est-à-dire que <vous aurez> n'est pas prononcé /vu·zo·?e/ mais /vuz·o·?e/. La plupart s'accordent à penser qu'il s'agit là d'une liaison sans enchaînement mais je penche plutôt, dans le cas de Chirac, pour une idiosyncrasie phonologique qui dépasse le cadre de la simple liaison ? « Le coûtt d'une telle mesure... », « Ceux qui ontt la volonté de sortir de la crise... ». On le voit, même en l'absence de contexte liaisonnant, /ku/ est prononcé /kut/ et le verbe conjugué /??/ est réalisé /??t/, soit l'homophone parfait de <honte> en septentrional. En résumé, pour Chirac & Cie (Alliot-Marie par ex.) :
/vu/ ? /vuz/
/ku/ ? /kut/
/??/ ? /??t/.
Et d'ailleurs les comiques ne se sont pas gênés pour étendre ce phénomène à toute la parlure chiraquienne pour la tourner en dérision : « Écoutézz, mézz chèrzz hhamizz, toutt peutt, étt doitt, hhêtre faitt pour... » etc.
En tout cas cette phonologie un peu crispée, et assez crispante, me fait songer davantage à un tic du genre « Les Françaises et les Français » pour « Les Français » plutôt qu'à une réelle façon de parler en France. Tic technocratique ou mercatique d'une "profession" dont l'autarcie confine parfois à l'autisme. Encore que... Les enquêtes sociolinguistiques du PFC auraient peut-être quelque chose à nous apprendre à ce propos.

En revanche, il existe des cas courants où l'enchaînement de la liaison est effectivement interrompu, juste après la survenance de l'épenthèse syntagmatique : quand le locuteur fait une pause pour trouver le second terme du syntagme. Exemple :
« Son petitt [pause] ami__Non, son petit copain ».
/s??·p?·tit[          ]a·mi·n??·s??·p?·ti·ko·p??/


Piotr a écrit:

Je ne suis pas lexicographe, ni linguiste, ni grammairien, et pas prof non plus : pour autant mes analyses valent-elles moins que celles d’un enseignant dûment estampillé ? Elles ne sont le fruit que de lectures et de réflexions menées depuis quelques dizaines d’années par un amateur de la langue, mais pas un amateuriste, et avec une once de respect pour mes ouvrages de référence.

D'accord avec toi. La langue appartient à tout le monde. Pareil pour la réflexion sur la langue. D'ailleurs Gustave Guillaume, une gloire de la linguistique francophone, pour n'en citer qu'une, a fondé une brillante école de pensée qui dure encore. Guillaume n'était pas issu du sérail universitaire : c'était un autodidacte de génie.

Re : Liaisons phoniques

greg a écrit:

J'en ai pas en tête mais il doit certainement y en avoir d'autres. Faudrait demander à nos amis abéciens qui auront sûrement des exemples à proposer.

La terminologie est un réel problème puisque nombre de travaux distinguent en outre la liaison enchaînée de celle qui ne l'est pas. La tarte à la crème de service, le marronnier de la phonologie de la liaison, c'est l'élocution publique de certains politiciens français et notamment Chirac ? « Vouzz hhaurez tout le loisir de ... ». C'est-à-dire que <vous aurez> n'est pas prononcé /vu·zo·?e/ mais /vuz·o·?e/. La plupart s'accordent à penser qu'il s'agit là d'une liaison sans enchaînement mais je penche plutôt, dans le cas de Chirac, pour une idiosyncrasie phonologique qui dépasse le cadre de la simple liaison ? « Le coûtt d'une telle mesure... », « Ceux qui ontt la volonté de sortir de la crise... ». On le voit, même en l'absence de contexte liaisonnant, /ku/ est prononcé /kut/ et le verbe conjugué /??/ est réalisé /??t/, soit l'homophone parfait de <honte> en septentrional. En résumé, pour Chirac & Cie (Alliot-Marie par ex.) :
/vu/ ? /vuz/
/ku/ ? /kut/
/??/ ? /??t/.
Et d'ailleurs les comiques ne se sont pas gênés pour étendre ce phénomène à toute la parlure chiraquienne pour la tourner en dérision : « Écoutézz, mézz chèrzz hhamizz, toutt peutt, étt doitt, hhêtre faitt pour... » etc.
En tout cas cette phonologie un peu crispée, et assez crispante, me fait songer davantage à un tic du genre « Les Françaises et les Français » pour « Les Français » plutôt qu'à une réelle façon de parler en France. Tic technocratique ou mercatique d'une "profession" dont l'autarcie confine parfois à l'autisme. Encore que... Les enquêtes sociolinguistiques du PFC auraient peut-être quelque chose à nous apprendre à ce propos.

Ouf ! (C'est moi qui ai mis en gras et souligné). Sais-tu où il est possible de consulter une statistique claire pour tous sur le sujet des liaisons ? J'ai désespérément cherché mais n'ai trouvé que celle déjà citée. Histoire de cadrer le fil et d'avoir une référence pour le français d'aujourd'hui. Je pense que c'est possible de le trouver mais il faut fouiller dans la masse des PDF téléchargeables.

Ce qui semble relativement clair c'est que la grande majorité des liaisons effectives sont les obligatoires : avec les pluriels en [z] et avec l'article un en [n].

Et, au vu de la discussion précédente, je suis de plus en plus persuadé que, outre les raisons précédemment évoquées, ce fil est utile pour venir à bout de quelques idées reçues.

greg a écrit:

En revanche, il existe des cas courants où l'enchaînement de la liaison est effectivement interrompu, juste après la survenance de l'épenthèse syntagmatique : quand le locuteur fait une pause pour trouver le second terme du syntagme. Exemple :
« Son petitt [pause] ami__Non, son petit copain ».
/s??·p?·tit[          ]a·mi·n??·s??·p?·ti·ko·p??/

Donc la pro(s)thèse est devenue une épenthèse syntagmatique. Dommage la première était plus évocatrice. La possibilité qu'une liaison même obligatoire ne se réalise pas invalide-t-elle la démarche consistant à les recenser ?

greg a écrit:
Piotr a écrit:

Je ne suis pas lexicographe, ni linguiste, ni grammairien, et pas prof non plus : pour autant mes analyses valent-elles moins que celles d’un enseignant dûment estampillé ? Elles ne sont le fruit que de lectures et de réflexions menées depuis quelques dizaines d’années par un amateur de la langue, mais pas un amateuriste, et avec une once de respect pour mes ouvrages de référence.

D'accord avec toi. La langue appartient à tout le monde. Pareil pour la réflexion sur la langue.

Donc si la réflexion sur la langue est ouverte à tous, foin des jugements à l'emporte-pièce. Si cela sert pour apporter de l'eau au moulin de Piotr, je ne suis pas un enseignant dûment estampillé même si j'exerce depuis 9 ans et même si mon expérience antérieure d'informaticien de gestion m'a particulièrement armé pour observer la langue et y réfléchir. Depuis quelques années, j'hésite à me lancer dans une démarche de VAE et me demande à chaque fois si le jeu en vaut la chandelle. Comme ça les choses sont claires.

44 Dernière modification par Colline d'or (23-08-2009 09:09:18)

Re : Liaisons phoniques

Message réservé pour les liaisons interdites

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Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

Sais-tu où il est possible de consulter une statistique claire pour tous sur le sujet des liaisons ? J'ai désespérément cherché mais n'ai trouvé que celle déjà citée. Histoire de cadrer le fil et d'avoir une référence pour le français d'aujourd'hui. Je pense que c'est possible de le trouver mais il faut fouiller dans la masse des PDF téléchargeables.

Non, malheureusement je n'ai pas beaucoup d'infos sur la sociolinguistique de la liaison. Au niveau purement phonologique, je sais qu'il y a toute une littérature sur la syllabation et le concept de consonne latente, par Encrevé notamment. Si je tope qqch d'intéressant, je te le ferai passer.


Colline d'or a écrit:

Ce qui semble relativement clair c'est que la grande majorité des liaisons effectives sont les obligatoires : avec les pluriels en [z] et avec l'article un en [n].

Oui, /z/ doit être premier sur le podium ? <les amis>, <ils ont>, <gros avion> etc. Et effectivement /n/ devrait être bon second ? <un ami>, <on a>, <mon avion> etc. Quand au reste, c'est plus difficile à estimer dans la mesure où ça dépend davantage des locuteurs sachant qu'en outre chaque francophone a toute latitude pour réguler son activité liaisonnante à peu près comme bon lui semble (les zobligatoires exceptées).


Colline d'or a écrit:

Donc la pro(s)thèse est devenue une épenthèse syntagmatique. Dommage la première était plus évocatrice.

Attention : la double terminologie se borne à distinguer deux points de vue sur le même phénomène.

point de vue sur le mot
? pro(s)thèse lexicale affectant le second terme

point de vue sur le syntagme
? épenthèse syntagmatique affectant le produit des deux termes

On peut donc utiliser l'expression qu'on veut. Il y a sans doute d'autres façons de dénommer l'adjonction de la consonne.


Colline d'or a écrit:

La possibilité qu'une liaison même obligatoire ne se réalise pas invalide-t-elle la démarche consistant à les recenser ?

La démarche purement descriptive se borne à des constatations d'aval (examen des résultats possibles) en dehors des contingences d'amont (dont la sociolinguistique de la liaison).

Si une liaison obligatoire devait accidentellement ne pas être réalisée, il y aurait contradiction dans les termes : la non-réalisation d'une liaison obligatoire n'est pas un  résultat possible, par définition. Si cette non-réalisation est néanmoins constatée, il faut revenir en amont : le locuteur maternel a commis une erreur volontaire ou involontaire, le locuteur n'est pas maternel, le locuteur est maternel mais très jeune, le locuteur est maternel mais souffre de troubles du langage etc.

Si une liaison obligatoire devait régulièrement ne plus être réalisée, il faudrait alors la qualifier de facultative pourvu que des stats établissent la réalité de cette évolution chez des locuteurs en nombre "suffisant" ou "significatif".


Colline d'or a écrit:

[...] je ne suis pas un enseignant dûment estampillé même si j'exerce depuis 9 ans et même si mon expérience antérieure d'informaticien de gestion m'a particulièrement armé pour observer la langue et y réfléchir. Depuis quelques années, j'hésite à me lancer dans une démarche de VAE et me demande à chaque fois si le jeu en vaut la chandelle. Comme ça les choses sont claires.

La réflexion sur la langue est ouverte à tous... y compris bien sûr à ceux qui ont le privilège de l'enseigner à ceux qui la découvrent ! smile

Re : Liaisons phoniques

greg a écrit:
Colline d'or a écrit:

Y a-t-il d'autres cas courants d'enchainement complexe ?

Salut Colline d'or !

J'en ai pas en tête mais il doit certainement y en avoir d'autres. Faudrait demander à nos amis abéciens qui auront sûrement des exemples à proposer.

La seule autre que je puisse imaginer pour le moment est celle de la dénasalisation en liaison/enchainement : mon amour qui devient éventuellement mo namour (voir le fil "or, taux, gras, feu" page 7).

Re : Liaisons phoniques

Je relance ce fil parce que je viens de terminer la lecture d'un petit livre passionnant
http://www.ophrys.fr/administration/modules/ouvrages/upload/080108031403.jpg
l'auteure y fait des considérations extrêmement intéressantes qui méritent d'être exposées.

J'ai régulièrement des élèves – en général en contact régulier avec des collègues francophones  - arrivés à un certain niveau (B1-B2) qui me pose des questions sur le phénomène des liaisons. Mon discours est en général bien rodé et consiste en gros en ces quelques   considérations :

1) c'est le phénomène le plus complexe du français
2) les liaisons varient en fonction du type de discours (des niveaux de langage) et d'une manière générale, plus on va vers un langage soutenu (recherché) plus on fait de liaisons
3) il y a quelques liaisons obligatoires, un peu plus de liaisons interdites et une infinité de liaisons facultatives qui apparaissent à des niveaux de langages différentes (par exemple la liaison avec la troisième personne du singulier du verbe être au présent semble beaucoup plus fréquente que celle avec la deuxième personne du pluriel (qui à tendance à produire un enchainement en t)

Et je basais mon explication du phénomène sur la convention d'écriture. D'une manière provocatrice et caricaturale  : celui qui fait beaucoup de liaisons, c'est le snob qui démontre sa connaissance de l'orthographe, et le snob qui fait des liaisons mal à propos donne dans le ridicule en ratant sa démonstration.

La liaison erronée est stygmatisée comme  “pataquès”.

Il se trouve que j'ai récemment entendu dans un document, que je me désole de ne pas arriver à retrouver, un de ces pataquès. La personne s'exprimait dans un langage très formel, avec beaucoup de liaisons et est survenu l'erreur : une liaison en [z] sur un s final inexistant.

Erreur par rapport à la langue écrite, ai-je pensé. Que non, dirait madame Claire-Benveniste : à l'oral ce genre de liaison sert à marquer un pluriel à l'intérieur d'un groupe de mots, elle donne ces exemples

1) personne ne dirait “machines à laver” mais “machines à laver-z-italiennes” n'est pas rare
2) on entend “presque-z-amis”, “les ex-z-otages”, “cinquante-z-autres

en soulignant bien que ce phénomène se rencontre dans tous les milieux, à tous les niveaux de langage. En fait la liaison entendue à l'oral est un phénomène différent de la liaison produite par la lecture d'un texte : ce soit-disant pataquès se produit en fait selon un logique bien précise, à l'intérieur d'un groupe (d'un syntagme) et après un mot suivi par un son vocalique et il sert à marquer un pluriel qui serait sinon inaudible ou peu audible.

Ainsi toute liaison sans lien avec l'écrit ne serait donc pas systématiquement fautive.

Une logique à l'oral différente de celle de la langue écrite. Et qui, si l'on tient à être honnête en parlant de la langue, oblige quelque peu à réviser sa manière de penser.

Intéressant pour les enseignants, et pour d'autres, non ?

48 Dernière modification par Coco 47 bis (06-03-2010 05:26:47)

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

on entend “presque-z-amis”, “les ex-z-otages”, “cinquante-z-autres

J'aimerais bien savoir ce qu'elle fume, cette dame. Ça a l'air efficace.

Colline d'or a écrit:

ce soit-disant pataquès se produit en fait selon un logique bien précise, à l'intérieur d'un groupe (d'un syntagme) et après un mot suivi par un son vocalique et il sert à marquer un pluriel qui serait sinon inaudible ou peu audible.

Et pourquoi un pluriel devrait-il toujours être audible ?

En tout cas, je vais aller feuilleter cet ouvrage dès que possible.

49 Dernière modification par Colline d'or (06-03-2010 08:35:42)

Re : Liaisons phoniques

Coco 47 bis a écrit:

En tout cas, je vais aller feuilleter cet ouvrage dès que possible.

Ouf, c'est toujours ça de gagné.

Je me suis probablement mal exprimé : la liaison en [z] étant associée au pluriel, la tendance est à faire entendre un [z] quand il y a pluriel.

Sinon, il me semble bien que cette dame se base sur des corpus d'enregistrements et je la cite :

Les exemples sont trop nombreux pour qu'on puisse se contenter d'y voir des fautes, à expliquer par la paresse, l'inattention et la prétention, ou par d'autres vices.

Elle dit ailleurs je ne sais plus comment, et là je suis tout à fait d'accord, qu'on entend ce qu'on veut bien entendre.

Vous ne voulez pas fumer un peu  smile ? En tout cas j'espère que vous nous ferez part de vos impressions de lecture.

Re : Liaisons phoniques

Colline d'or a écrit:

Je me suis probablement mal exprimé : la liaison en [z] étant associée au pluriel, la tendance est à faire entendre un [z] quand il y a pluriel.

Bien sûr. J'opine. Mais dans presque, ex et cinquante, il y a pluriel ? C'est cela que je ne comprends pas bien. L'adverbe variable en genre, par exemple, je ne connaissais pas.

Colline d'or a écrit:

Les exemples sont trop nombreux pour qu'on puisse se contenter d'y voir des fautes, à expliquer par la paresse, l'inattention et la prétention, ou par d'autres vices.

Elle dit ailleurs je ne sais plus comment, et là je suis tout à fait d'accord, qu'on entend ce qu'on veut bien entendre.

Là aussi, j'abonde : on entend ce qu'on veut bien entendre. Et il me semble que cette dame a « voulu entendre » ses « exemples trop nombreux », car, pour ma part, en plus de soixante ans, j'ai très rarement entendu presque-z-amis, ex-z-otages ou cinquante-z-autres. Et comme je les ai si peu souvent entendus, j'ai tendance à y voir non des vices, certes, comme elle y va ! mais des erreurs. (Je mets à part ces formes devenues classiques et que l'on emploie en souriant, avec la conscience d'être dans le second degré : entre quat' zyeux et le jeu des sept zerreurs.)

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