(crénom, j'ai essayé tous les codages de mon actuel navigateur, aucun ne me donne tous les signes phonétique utilisés par greg, j'arrive à compléter en général, mais quelque fois, j'hésite)
Oui, mon message était mal cadré, rédigé vite. En outre, tenir compte des particularités du forum: nul a parte possible: même une réaction à un post est en même temps - qu'on le veuille ou non - adressée aux compagnons de route, à la cantonade...
Ne retenir que ma jérémiade sur le mot "reflet" (et une autre entre parenthèses: je disais bien "logographique"; je ne parlais pas de l'idéographie, illustrées par les émoticônes /smilies/, par exemple).
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Pour le reste, je vais devenir fumeux, donc on ne lira pas, ou on ne se plaindra pas d'avoir lu (si je savais faire mieux en très bref, j'aurais la théorie du siècle):
J'insistais sur le piège que constitue la métaphore du reflet (même en précisant ne...que + imparfait). "Reflet", a fortiori s'il est repris par "servir" ensuite, nous tient dans une conception ancillaire: écriture au service de l'oral.
Or cela ne colle pas. Non seulement avec les données des grammairiens et linguistes, mais aussi, en vrac, celles des anthropologues, archéologues, sociologues, philosophes, psychanalystes, neuropsychologues (d'autres aussi, peut-être, mais c'est à peu près le panel que j'ai plus ou moins exploré sur la question, et qui me semble pertinent).
Parce que l'oral est parfois au service de l'écriture (cf. le style livresque). Parce que "cela ne fonctionne pas pareil" (pas d'homologie), parce que les zones du cerveau convoquées ne sont pas les mêmes, parce que l'écrit n'est pas une donnée universelle chez l'humain (mais qu'on n'a toujours pas compris comment il fallait interpréter ce slogan!) et tutti quanti.
Pour faire bref, je dirai cela sous forme de credo: ma conviction est qu'écriture et oral sont des ordres de faits disjoints, desservant chacun des usages séparés, liés à des pratiques sociales différentes. Des gestuelles distinctes (d'une part l'oral avec ses sons et ses mimiques et autres gesticulations), d'autre part l'écrit avec ses traits, ses supports, etc.
Leur relation mutuelle est envisagée dans deux (au moins!) types de pratiques sociales:
1) Spéculation scientifique. On construit une théorie. J'entends: une élaboration imaginaire et abstraite qui rend possible un passage entre les deux. Par exemple: offre une base de comparaison, ou constitue un procédé de mise en correspondance.
Exemple. On commence à s'en apercevoir maintenant, la phonologie européenne (disons "linéaire", pour la distinguer de celles qui ont suivi) s'est largement constituée comme une telle théorie, appliquée aux langues écrites et parlées sur le pourtour méditerranéen. D'où la peine qu'on a à la mettre en oeuvre pour décrire les langues d'Asie orientale ou d'Afrique subsaharienne! La phonologie linéaire est un enfant de nos écritures. Des idées proches ont été développées par S. Auroux, entre autres.
D'où, peut-être aussi, les difficultés qu'a engendrées dans le Primaire l'introduction de la phonologie. On a pris pour un outil d'analyse efficace ce qui n'était qu'un truc inventé entre l'oral et l'écrit et qui servait à penser le rapport entre les deux. (je citais le grand linguiste qui utilisait ses théories pour... inventer une écriture au parler de sa maman!) Je charge le trait, parce que s'il fallait nuancer, le post[s]e[/s]* serait trois fois plus long.
2) mettre en oeuvre des systèmes normatifs attelant plus ou moins l'écrit sur l'oral et/ou l'oral sur l'écrit, à des fins pratiques. C'est thème du présent fil.
Mais je pense que ces objectifs pratiques - et donc très sérieux!- ne pourront pas [s]faire[/s] justifier l'économie d'une réflexion sur l'écrit(ure) en soi, bien au contraire. Par exemple, je considère qu'il est de mon devoir - lorsque j'ai une minute de libre - de souligner l'inadéquation des déclarations rapides du genre "Ceci est illogique", lorsque l'absence de "logique" pointée est tout simplement un hiatus entre oral et écrit. L'hiatus est premier, constitutif du rapport écrit oral.
J'avais prévenu...
PS. * Si-si, y a des "e" muets, la preuve. Mais bon, cf. les bouquins.