Bonjour,
Tout dépend de ce qu'on veut obtenir. Le critère de P'tit prof' me paraît effectivement celui qui est utilisé par les grammaires de référence (je dis "paraît", parce que cela fait longtemps que je n'y suis pas allé voir). Mais cela pose des problèmes inextricables lorsqu'on en vient à expliquer ce qu'est une proposition subordonnée relative...
En effet, laissant de côté les autorités en la matière, le premier mouvement est de ranger B, E et D - proches des complétives interrogatives dont nous avons parlé naguère dans un fil qui continue hors mur avec regina - parmi les subordonnées relatives :
(1) B : ... prends garde à CE (antécédent) -- QUE (complément d'objet d' "expliquer") je t'ai expliqué
(2) E: ...de CE (antécédent) -- QU' (complément d'objet de "répondre") il vous a répondu
Le critère est alors : lorsque QUE remplit une fonction syntaxique (sujet ou objet) du verbe de la proposition subordonnée, alors on a une subordonnée relative. Si tel n'est pas le cas, on a une complétive.
Apparemment, ce qui empêche les grammaires de référence de passer ce pas, c'est que CE est analysé ici comme un (pré)déterminant, comme dans "ce petit chat". A la différence de CELA qui serait impossible ici. D'où le critère de P'tit Prof": CE X = pronom.
Mais du coup, le partage entre relatives et complétives devient extrêmement flou, puisqu'on sait qu'il existe des relatives sans antécédent (Qui dort dîne). Pourquoi n'y aurait-il pas des relatives dont l'antécédent serait un déterminant?
Visiblement, en français, l'opposition complétives / relatives est dans une large mesure une construction idéologique (un peu au même titre que l'opposition - dans une large mesure imaginaire - entre propositions relatives "déterminatives" ou "appositives").
Qu'elle s'applique mal en l'état au français, c'est ce que confirme le tour classique (désormais jugée non-normatif, mais remis au goût du jour par certains discours du Président de la République):
(3) C'est lui que je t'ai dit qu'il est venu.
Et puis il faudrait expliquer les raisons qui font que les complétives contenant "pourquoi", "quand", "qui" sont pas introduites par CE:
(4) Je lui ai dit ??ce pourquoi il avait tort => je lui ai dit pourquoi il avait tort
(4') Je lui ai dit *ce avec qui il devait parler => je lui ai dit avec qui il devait parler
(4") Je lui ai dit *ce quand nous arrivions => je lui ai dit quand nous arrivions
L'explication est accessible si [s]l'on change d'analyse de CE, et si[/s] l'on ne rabat pas l'opposition interrogative directe / indirecte sur l'opposition phrase simple / phrase complexe.
Il faut alors admettre que "Qu'est-ce que..." est déjà une construction avec subordonnée:
(5) QU' (1) est CE // QUE (2) je t'ai expliqué ?
D'où l'on tire, une fois le QUE (1) est supprimé, parce qu'une valeur déterminée est assignée (j'ai expliqué quelque chose):
(6) Prends garde à CE // QUE je t'ai expliqué.
[s]Or dans (5), CE n'est pas un déterminant, mais bien un pronom (comme dans C'est cela). Et s'il en allait de même dans (6)?[/s] (edit : j'ai écrit une bêtise; tout le reste tient)
Chacun vérifiera que cette analyse s'applique également à D (Je me doute de ce qu'il vous a répondu < "Qu'est-ce qu'il vous a répondu").
Cela semble donc fonctionner.
N.