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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Écriture et langue française » Mes traductions et vos corrections

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Messages [ 151 à 200 sur 250 ]

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Re : Mes traductions et vos corrections

J'ai bien dit que riz de vie pouvait faire sourire,  à cause de l'eau de vie et de l'alcool de riz, mais seulement les alcoolos comme moi ! Piotr n'a pas tort, comme la chanson est lyrique, on peut très bien garder cette expression.

152

Re : Mes traductions et vos corrections

Chers abéciens, si vous saviez comme je vous suis reconnaissante !
Je vous soumets ci-après ma version finale (je reste pourtant à votre écoute) :

Moisson de riz, moisson d’amour

Le soir tombe, la lune lâche ses rayons de soie moirée,
Le pilon tombe en bruits rythmés, airs joyeux appelant à la vie.

Le village chante, le soir durant, ravi du paddy doré
Et du parfum des épis imprégnés de la sueur des jours écoulés.

La nuit, heureuses du riz doré qui répand au Sud une joie infinie,
De tendres jeunes filles chantonnent doucement de suaves mélodies :
« O… ô… ô… nous sommes les demoiselles du Mékong,
Ici on travaille la terre, on plante le riz, souhaitant de bonnes moissons,
Moisson de riz, moisson d’amour, grains blancs, amour ardent !
»

Voici le fleuve Mékong, le paddy le descend et va réjouir les foyers paysans,
Eux qui nous donnent le riz de vie, comme nous les aimons !

Dans les rizières abondent des épis dorés,
Dans la vie fleurissent des sentiments passionnés,
Ensemble on nourrit l’amour des montagnes et des fleuves du pays,
Et chaque jour, de teintes plus fraîches on l’embellit !

Regardons ce riz sous la clarté lunaire, écoutons le vent fredonner dans le Sud chéri
Et de tendres jeunes filles chantonner doucement de suaves mélodies :
« O… ô… ô… de l’eau du Mékong on arrose des rizières immenses,
On vit dans la joie, l’âme du sol natal jaillit de ces beaux sentiments,
Moisson de riz, moisson d’amour, grains blancs, amour ardent !
»

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Re : Mes traductions et vos corrections

Coucou tout le monde !

Comme d'habitude, je viens faire appel à vos lumières. Cette fois, je souhaiterais avoir vos avis sur la traduction suivante.

D'avance merci à tous.

Cœur de la mère

Ton cœur est immense comme l’océan pacifique,
Tes sentiments affectueux comme un suave ruisseau mélodique,
Ta voix douce comme la rizière qui murmure le soir.
La lune qui s’en va dessine sur la terrasse l’ombre de toi.

Ton amour pour nous est comme la pleine lune d’automne,
Tes sentiments, comme un vent qui effleure l’eau, frais et tendres,
Et tes berceuses semblables à la mélodie flottante d’un cerf-volant,
Du matin au soir se mélangent aux chants de petits enfants.

Inquiète pour nous, tant de nuits tu veilles, maman,
Comme tu es heureuse de nous voir dormir tranquillement !
Inquiète pour nous, tu travailles du petit jour à la nuit noire,
Pour faire de nous de bons hommes tu te peines mois après mois.

Ton corps maigre, tu l’exposes volontiers au soleil et à la pluie,
Tes cheveux, sans souci tu les laisses blanchir par givre et chaleur.
Nos joies et les tiennes, tu n’en fais qu’une, toi qui es avec nous jour et nuit,
Mois et années qui coulent accompagnent nos pas de tes airs berceurs.

De ton cœur l’amour déborde et parfume hameaux et villages,
Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée.
Tes chants berceurs émeuvent ruisseaux, arbres et montagnes,
Les vagues côtières du Pacifique se taisent à entendre ta voix chanter.

Tu nous dorlottes, tu nous prodigues des soins dévoués
Et un amour tendre comme de la musique et de la poésie.
Jour comme nuit, tu nous guides par tant de conseils éclairés,
Qui restent gravés dans nos cœurs le long du chemin de la vie.

Inquiète pour nous, tu chantes de belles mélodies,
Pour bercer nos cœurs, des nuit blanches tu ne te soucies.
Tes larmes comme l’eau de source qui ruissellent tant d’années,
Coulent toujours dans ton cœur, seuls tes cheveux se voient givrés.

Où que nous partions, où que nous nous égarions dans la vie,
Que sur le chemin, nous connaissions orages ou pluies,
Le soleil pourra s’étioler mais jamais notre amour pour toi ne saura faner
A tout moment nous souhaitons un retour sous ton ombre, maman adorée.

Re : Mes traductions et vos corrections

Bonjour.

Je me lance sur la première strophe. Point de fatigue en ces journées de grosse chaleur.

Coeur de mère
Ton coeur est immense comme l'océan (pacifique, entre autres),
Tes sentiments s'épanchent comme un suave ruisseau mélodique,
Ta voix est douce comme la rizière qui murmure le soir,
La lune s'en allant dessine ton ombre sur la terrasse.

Re : Mes traductions et vos corrections

Je trouve qu'il est essentiel de garder Pacifique : c'est le plus grand de tous les océans, c'est celui qui borde les rivages du pays d'Orientale.
Je ne vois pas non plus nécessité de changer la forme litanique :
ton... est, ton...est.
La poésie est « le retour non aléatoire du même », autrement dit c'est la répétition qui fait la poésie, et seule la répétition peut passer d'une langue à l'autre, ne nous en privons donc pas.
Je préfère l'ombre de toi au plat et quotidien ton ombre.
Ce n'est pas canonique, c'est un peu surprenant, mais c'est justement une des caractéristiques de la poésie : elle ne parle pas la langue de tous les jours.
L'ombre de toi permet de finir le vers sur l'évocation de la mère.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Mes traductions et vos corrections

P'tit prof a écrit:

Je ne vois pas non plus nécessité de changer la forme litanique :
ton... est, ton...est.

Aucune nécessité bien sûr, rien n'oblige, mais je sentais que, tout en continuant la même énumération des qualités, l'alternance d'un « ton...est », statique, avec un vers contenant sujet + verbe, dynamique, rendrait la strophe plus vivante.
Citer le nom de l'océan amoindrit la grandeur de la comparaison, et j'y ressens (c'est tout personnel) comme une rime de chanson qui serait peut-être un peu forcée, comme si l'on disait : mon amour pour toi, Gaëtane, est plus profond que la fosse des Mariannes.

Re : Mes traductions et vos corrections

Cordonnier, pas plus haut que la sandale !

Nous jugeons la traduction d'Orientale, et non l'œuvre originale. Nous n'avons pas à discuter les choix de l'auteur : s'il veut nommer le Pacifique, nommons le Pacifique.
Cela fait d'ailleurs écho à Barrage contre le Pacifique, le seul Duras lisible, qui narre le combat d'une mère pour nourrir ses enfants.

Je reprendrais cependant ceci :
Pour faire de nous de bons hommes tu te peines mois après mois.

Bons hommes ne passe pas, et hommes bons encore moins. Des hommes, tout court : « tu seras un homme, mon fils ! »
Tu peines suffit largement. La forme pronominale induit l'idée de chagrin, alors qu'il s'agit d'efforts.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

158

Re : Mes traductions et vos corrections

Merci Zycophante, merci P'tit Prof. Vos remarques et suggestions me sont précieuses.

Zycophante a bien ressenti qu'il y a une cheville, disons une rime forcée. J'aurais en effet préféré mélodieux à mélodique, mais j'étais et je suis tenue par l'original qui a nommé clairement Pacifique, océan le plus grand de tous et surtout océan qui borde les côtes de notre pays, oui, donc qui nous est cher. Cela dit, P'tit Prof a tout à fait raison de dire qu'il est essentiel de garder Pacifique.

Concernant la forme litanique, j'ai vraiment beaucoup hésité car l'original ne nous permet pas de savoir si le verbe être a été répété ou pas, étant donné que dans notre langue, être est obligatoirement omis dans ce genre de cas (des phrases averbales selon vos critères grammatiales). J'ai enfin choisi la forme ellipse pensant que cela rendrait la strophe moins lourde. Mais si elle est moins vivante, ce choix est à revoir...

Quant à l'ombre de toi, je l'ai effectivement choisi pour pouvoir finir le vers sur l'évocation de la mère comme le voulait l'original. Et si vous regardez le dernier vers où j'ai choisi ton ombre, il y a là, par contre, maman adorée pour faire l'affaire.

3è strophe :
Inquiète pour nous, tant de nuits tu veilles, maman,
Comme tu es heureuse de nous voir dormir tranquillement !
Inquiète pour nous, tu travailles du petit jour à la nuit noire,
Pour faire de nous des hommes tu peines mois après mois.

Merci, merci encore de votre aide.

159

Re : Mes traductions et vos corrections

La difficulté augmente grandement avec la rime !
Pour l'ombre de toi, la proposition de Zycophante est logique, mais à la réflexion je suis d'accord avec p'tit prof, ombre de toi surprend mais finalement c'est original, insistant, poétique donc.

(4) "Nos joies et les tiennes, tu n’en fais qu’une, toi qui es avec nous jour et nuit,"
Nos joies et les tiennes, grâce à toi ne sont qu'une, tu es près de nous jour et nuit,
Nos joies et les tiennes ne font qu'un, près de nous tu es là, jour et nuit,
Nos joies et les tiennes ne font qu'un, car tu es avec nous jour et nuit,
Ceci dit, ta version va aussi, peut-être même davantage !

(5) "Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée."
Saisir, c'est une action un peu rude pour être causée par des sentiments doux ; la lune est-elle saisie, émue par ces sentiments qui lui parviennent ? Charment la lune, figent la lune ?

(7) "Tes larmes comme l’eau de source qui ruissellent tant d’années,
Coulent toujours dans ton cœur, seuls tes cheveux se voient givrés."
Si c'est l'eau de source qui ruisselle tant d'années, il faut accorder ruisselle. Si ce sont les larmes qui ruissellent, il faut isoler la proposition "comme l'eau de source"
Tes larmes, comme l'eau de source qui ruisselle tant d'années,
Tes larmes, qui ruissellent comme une eau de source au fil des années, (au long des années)

(8) "Le soleil pourra s’étioler mais jamais notre amour pour toi ne saura faner
A tout moment nous souhaitons un retour sous ton ombre, maman adorée."
S'étioler est certes juste (plutôt pour des plantes ou des vivants) et littéraire (comme passer), mais je préfère ici le banal "pâlir"  car le reste de la strophe use de termes et de sentiments simples et directement exprimés (amour, retour, adorée)
Le soleil pourra pâlir mais jamais notre amour pour toi ne saura faner

160

Re : Mes traductions et vos corrections

Bonjour Orientale,

Deux petites suggestions concernant la seconde strophe:

Ton amour pour nous est comme la pleine lune d’automne,
Tes sentiments, comme un vent qui effleure l’eau, frais et tendres,
Et tes berceuses semblables à la mélodie flottante d’un cerf-volant,
Du matin au soir se mélangent aux chants de petits enfants.

- On pourrait faire l'économie de ce deuxième comme dans le second vers , la comparaison étant évidente , précisée au premier vers et reprise au troisième par semblables.
- se mélangent ne me semble pas très heureux . Pourquoi ne pas le remplacer par se mêlent , s'unissent ou se joignent ?

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

161

Re : Mes traductions et vos corrections

Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée.
Tes chants berceurs émeuvent ruisseaux, arbres et montagnes,
Les vagues côtières du Pacifique se taisent à entendre ta voix chanter.

Comme Krokodilo, je ressens  dans le verbe saisir une certaine violence qui ne correspond pas à ces sentiments maternels tendres, doux et berceurs.

Cette lune éloignée dans le ciel évoque un astre habituellement indifférent  et insensible . Je proposerais le verbe toucher qui pourrait unir le vol des sentiments dans l'espace et l'émotion suscitée . Dans le même ordre d'idée on pourrait remplacer éloignée par lointaine: ce dernier qualificatif  marque aussi au sens figuré le détachement sentimental , l'absence de sensibilité.

- Les sentiments s'envolent et touchent la lune lointaine.

Charmer, troubler iraient bien aussi.

Autre suggestion: utiliser émeuvent pour la lune lointaine et prendre charmer dans le second vers.

- Les sentiments s'envolent et émeuvent la lune lointaine.
   Tes chants berceurs charment ruisseaux, arbres et montagnes.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

162

Re : Mes traductions et vos corrections

Orientale est vraiment brillante, vous ne trouvez pas ? Je ne sais pas le vietnamien et ne saurais donc juger la traduction en tant que traduction, mais non seulement Orientale sait-elle écrire des traductions se pliant à la triple série de contraintes -- celles venues des conventions du vietnamien, celles de la langue française et celles du genre de poésie (avec ses exigences traditionnelles métriques, rythmiques et de rime), mais elle sait faire en sorte que le résultat soit aussi beau qu'émouvant. BRAVO, Orientale !

J'aimerais savoir de quelle époque date le poème original ; je serais même heureux de le voir.

Quant à la traduction, pour une fois je m'interroge quant aux suggestions toujours excellentes de Regina ; toutefois, les suggestions de Regina ont d'emblée plus de valeur que les miennes, car le sujet locuteur de la traduction a beau être masculin, le poème (ou du moins la traduction qu'Orientale nous a donnée) est richement empreint d'une sensibilité à dominante féminine. Regina est, et pour cause, autrement mieux à même que moi de savoir ce qui exprimerais au mieux la sensibilité féminine. Toutefois, j'avance respectueusement que  j'aime bien "saisissent la lune éloignée", pour deux raisons. L'une, c'est que "saisissent" traduit bien la réalité de la projection romantique (et autre) affective, l'élan de soi vers la nature ou un objet dans celui-ci afin que celle-là ou celui-ci sert de tremplin à la transmission d'un affect de l'auteur jusque dans son texte et ainsi jusqu'au lectorat. Ce qu'a écrit Orientale, c'est précisément ce qui se passent quand on écrit : "Les sentiment s'envolent et saisissent [la nature ou un objet dans celle-ci -- ou tentent de la/le saisir]. Notons le caractère actif, l'élan qu'exprime le syntagme "Les sentiments s'envolent".

Mais peut-être Orientale pourrait-elle aller dans le sens de Regina en trouvant un synonyme de "saisir" qui serait moins empreint de "violence" -- personnellement, je trouve "saisissent" bon, car justement, l'affect se lance -- souvent avec un élan assez violent -- vers l'objet naturel, tant est intense le besoin d'exprimer et de communiquer tel ou tel sentiment, chez l'auteur. Exemple le mieux connu (de moi, tout au moins) : "'Ô lac ! suspends ton vol [...]'".

Deuxième point sur lequel j'interrogerais très respectueusement Regina : "éloignée" n'est-il pas moins banal que "lointaine" quand il s'agit d'adjectifs employés pour qualifier le substantif "lune" ? En outre, "éloignée" ne donne-t-il pas l'impression que la lune s'est éloignée, s'éloigne encore et se dérobe à l'élan, à la projection affective, de l'auteur ? L'impression d'émotion vive en est rehaussée, non ? Il ne s'agit que l'interrogations qui tendent, certes, à aller dans le sens de ce qu'Orientale nous a proposé initialement.

Tant les traductions d'Orientale que les commentaires qu'elles inspirent ont de quoi remplir d'enthousiasme tout lecteur et surtout tout amateur de la poésie et de sa lecture. Merci à toutes et à tous.

163

Re : Mes traductions et vos corrections

Lilooet, je joins  ma voix à la vôtre pour complimenter Orientale smile

Il me semblait que l'auteur  transmet l'image féminine que représente la mère pour lui, figure empreinte de douceur, de tendresse, d'abnégation, de dévouement , figure protectrice, rassurante, guide avisé sur le chemin de la vie. A dire vrai, je ne vois pas  dans le poème de sensibilité proprement féminine .  Plutôt la représentation idéalisée de la mère telle qu'on la trouve en général chez les messieurs. wink

Je reviens à ce vers: 

Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée.

Orientale pourra voir si, dans le texte original, il y a cette intensité, cet élan vif que je n'ai pas senti. L'auteur, àma, exprime avant tout une nostalgie pour ce temps heureux de l'enfance , pendant lequel l'ange maternel veille et protège , un regret aussi du temps qui passe et qui emporte l'enfance et la mère .

Du coup, la lune ne  m'apparaît  plus à présent comme l'astre lointain et immobile ( j'avais lu trop vite). Effectivement , cette lune qui s'en va représente peut-être plus que la nature ,elle  symbolise le cours du temps et la vie qui passe. Ainsi, votre première inspiration, Orientale, après réflexion, me plaît bien.

Merci Lilooet pour ces arguments intéressants ; Qu'en dites-vous Orientale?

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Mes traductions et vos corrections

Krokodilo, Regina, Lilooet, je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire et de m'aider à améliorer la traduction.

Pour répondre à la question de Lilooet (que je tiens à remercier également pour ses compliments), cette chanson date fin des années 50 (l'auteur est bien un homme). Si vous voulez écouter la chanson (en vietnamien bien sûr), vous pouvez cliquer sur ce titre : Long me
Cette version est interprétée par une femme, mais cela ne m'empêche de confirmer ce qu'a senti Regina :

Il me semblait que l'auteur  transmet l'image féminine que représente la mère pour lui, figure empreinte de douceur, de tendresse, d'abnégation, de dévouement , figure protectrice, rassurante, guide avisé sur le chemin de la vie. A dire vrai, je ne vois pas  dans le poème de sensibilité proprement féminine .  Plutôt la représentation idéalisée de la mère telle qu'on la trouve en général chez les messieurs.

Après réflexion, j'abandonne la forme litanique (merci Zycophante). Au niveau vocabulaire, je retiens pâlir de Krocodilo, se mêler de Regina.
Concernant le vers : Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée, j'avoue avoir trahi quelque peu l'original qui, littéralement, pourrait se traduire ainsi : Tes sentiments s'envolent jusqu'à la lune éloignée et font de sorte que celle-ci ne bouge plus pour les écouter. Personnellement, j'ai ressenti quelque chose d'intensité là-dedans et que toucher ne serait pas assez fort pour transmettre l'idée. Toujours est-il que le mot cadrerait mieux avec le reste de la chanson. Que me conseilleriez-vous ?


Cœur de mère

Ton cœur est immense comme l’océan pacifique,
Tes sentiments s'épanchent comme un suave ruisseau mélodique,
Ta voix est douce comme la rizière qui murmure le soir.
La lune qui s’en va dessine sur la terrasse l’ombre de toi.

Ton amour pour nous est comme la pleine lune d’automne,
Tes sentiments sont, comme un vent qui effleure l’eau, frais et tendres,
Et tes berceuses semblables à la mélodie flottante d’un cerf-volant,
Du matin au soir se mêlent aux chants de petits enfants.

Inquiète pour nous, tant de nuits tu veilles, maman,
Comme tu es heureuse de nous voir dormir tranquillement !
Inquiète pour nous, tu travailles du petit jour à la nuit noire,
Pour faire de nous des hommes tu peines mois après mois.

Ton corps maigre, tu l’exposes volontiers au soleil et à la pluie,
Tes cheveux, sans souci tu les laisses blanchir par givre et chaleur.
Nos joies et les tiennes ne font qu’une car tu es avec nous jour et nuit,
Tu restes avec nous jour et nuit, fais que nos joies et les tiennes se lient - Votre avis ?
Mois et années qui coulent accompagnent nos pas de tes airs berceurs.

De ton cœur l’amour déborde et parfume hameaux et villages,
Les sentiments s’envolent et touchent la lune éloignée.
Tes chants berceurs émeuvent ruisseaux, arbres et montagnes,
Les vagues côtières du Pacifique se taisent à entendre ta voix chanter.

Tu nous dorlottes, tu nous prodigues des soins dévoués
Et un amour tendre comme de la musique et de la poésie.
Jour comme nuit, tu nous guides par tant de conseils éclairés,
Qui restent gravés dans nos cœurs le long du chemin de la vie.

Inquiète pour nous, tu chantes de belles mélodies,
Pour bercer nos cœurs, des nuit blanches tu ne te soucies.
Tes larmes, comme l’eau de source qui ruisselle tant d’années,
Coulent dans nos cœurs, seuls tes cheveux se voient givrés.

Où que nous partions, où que nous nous égarions dans la vie,
Que sur le chemin, nous connaissions orages ou pluies,
Le soleil pourra pâlir mais jamais notre amour pour toi ne saura faner
A tout moment nous souhaitons un retour sous ton ombre, maman adorée.

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Re : Mes traductions et vos corrections

Concernant le vers : Les sentiments s’envolent et saisissent la lune éloignée, j'avoue avoir trahi quelque peu l'original qui, littéralement, pourrait se traduire ainsi : Tes sentiments s'envolent jusqu'à la lune éloignée et font de sorte que celle-ci ne bouge plus pour les écouter. Personnellement, j'ai ressenti quelque chose d'intensité là-dedans et que toucher ne serait pas assez fort pour transmettre l'idée. Toujours est-il que le mot cadrerait mieux avec le reste de la chanson. Que me conseilleriez-vous ?

Je proposerais  le verbe retenir pour reprendre l'idée initiale de l'auteur; il peut traduire l'émotion et ce pouvoir des sentiments d'arrêter un moment le cours du temps. 

Les sentiments s'envolent et retiennent la lune déjà éloignée .

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

166

Re : Mes traductions et vos corrections

Je rejoins Regina en faveur de "retiennent". Du reste, Regina a raison aussi d'affirmer que qui dit "sensibilité masculine" (pardonnez-moi cette formule qui tombe dans le stéréotypisme) n'exclut pas la douceur, l'idéalisation de la douce mère. Orientale, que l'auteur ait été masculin n'empêche pas quelque sensibilité que ce soit -- il est commode mais (d'habitude, de nos jours) par trop traditionnel et trompeur de parler de "sensibilité masculine" et de "sensibilité féminine" quand il s'agit en fait d'un cotinuumn de traits constitutifs d'un nombre infini d'ensembles affectifs qu'on peut baptiser "sensibilités". Je me suis permis ce traditionnalisme en raison du caractère traditionnel du poème, tant au niveau du fond qu'à celui de la forme.

Orientale, j'espère qu'un jour vous publierez un recueil bilingue composé de poèmes vietnamiens et de vos traductions françaises. S'il vous plaît ?

167

Re : Mes traductions et vos corrections

Pardon : "continuum", par "cotinuum"

168

Re : Mes traductions et vos corrections

Boudíou !!! Encore une faute de frappe ! Oui, vous avez déjà traduit "par" en "pas". Bon, désormais je suivrai le sage exemple des autres ABCiens qui savent que ce n'est pas la peine de corriger toutes nos coquilles. Mais je vous le jure, je les ai corrigées ce matin par manque d'habitude : ce sont assurément les toutes premières que j'aie jamais faites ! Et si vous croyez cela, sachez que je peux vous offrir à un prix imbattable un bâtiment aux allures des plus nobles, sis sur une colline à Marseille, offrant une vue imprenable sur le Vieux-Port, sur les îles dont celle de la prison qu'on sait, et portant une grande statue lumineuse baptisée d'un nom pertinent aux observations de Regina sur les hommes et leur image de la figure matuernelle : la Bonne-Mère. Mère qui m'est chère comme l'est la ville entière de Regina (notre Regina de la liste, s'entend) de Notre-Dame Limite et au-delà au Nord jusqu'à Vieille-Église et au Cap Rouge au sud, sans oublier la toujours charmante Huveaunne (orth?)

169

Re : Mes traductions et vos corrections

Je n'ai rien à dire sur la traduction, en laissant la parole aux experts, mais je viens d'écouter la chanson (jolie) et je me suis dit : c'est pas demain la veille que la radio française diffusera des chansons en vietnamien... Et cela concerne plein d'autres langues.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

170

Re : Mes traductions et vos corrections

Au vu du sens littéral rapporté par Orientale, je réitère ma proposition « et charment la lune éloignée », de même que le charmeur de serpent immobilise ou guide la bestiole, la lune est saisie. « Figent la lune » serait un peu fort et glaçant.
A moins d’y mettre du mouvement : les sentiments s’envolent jusqu’à la lune charmée.
Mais finalement, peut-être la version d'Orientale est-elle la plus adaptée au sens original !

Les vagues côtières du Pacifique se taisent à entendre ta voix chanter/ s’élever (pour éviter la répétition de chant, chanter)
Les vagues côtières du pacifique s’apaisent quand ta voix les a bercés/s’est élevée
les vagues côtières du pacifique s’apaisent par ta voix enchantées.

171

Re : Mes traductions et vos corrections

Merci encore une fois à tous de m'être venus en aide, j'apprécie énormément vos analyses et suggestions.

A propos, pensez-vous que je puisse remplacer Nos joies et les tiennes ne font qu’une car tu es avec nous jour et nuit par Tu restes avec nous jour et nuit, fais que nos joies et les tiennes se lient ?

lilooet a écrit:

Orientale, j'espère qu'un jour vous publierez un recueil bilingue composé de poèmes vietnamiens et de vos traductions françaises. S'il vous plaît ?

Je vous en prie Lilooet, ne vous moquez pas de moi ! Ça n'a déjà pas été facile pour moi de dépasser la honte pour soumettre ces traductions sur le forum, car j'avais pleine conscience qu'elles seraient tout au plus des phrases rimées, pour ne pas dire rimaillées...

172

Re : Mes traductions et vos corrections

Est-ce à cause d'un fond de machisme patriarcal que j'avais proposé le neutre "un" (Nos joies et les tiennes ne font qu’UN car tu es avec nous jour et nuit) ? En tout cas, je viens de réaliser ce qui me gênait dans cette phrase, je la préfèrerais avec l'accord "uneS":
Nos joies et les tiennes ne font qu’unes car tu es avec nous jour et nuit
Qu'en pensez-vous ?
Pour l'autre phrase, je la trouve illogique, car c'est un souhait, presque une prière (fais que...) pour quelque chose qui est déjà réalisé, la présence quotidienne de la mère, sauf si le sens original est celui de partager joies et peines futures.

La poésie est probablement avec l'humour (références culturelles, ou intraduisibles) ce qu'il y a de plus difficile à traduire, car il y a trop de contraintes : métrique, accent tonique lorsqu'elle est chantée, rimes plus ou moins précises, et même le sens !
Je ne sais plus si je l'avais déjà cité comme exemple, mais la version française classique du célèbre poème de Kipling, "if",  très belle, très naturelle en français, est en fait assez éloignée de l'original, c'est une réécriture plus qu'une traduction, vieux débat entre le respect de la VO et le respect du naturel dans la langue cible.

173

Re : Mes traductions et vos corrections

krokodilo a écrit:

Pour l'autre phrase, je la trouve illogique, car c'est un souhait, presque une prière (fais que...) pour quelque chose qui est déjà réalisé, la présence quotidienne de la mère, sauf si le sens original est celui de partager joies et peines futures.

Je me suis mal exprimée, Krokodilo. Voici ce que je voulais dire, littéralement :
Par le fait de rester avec nous jour et nuit, tu fais que nos joies et les tiennes se lient

Au sujet du célèbre poème de Kipling, apprécies-tu la version de Valentin Melnikov ? wink

174

Re : Mes traductions et vos corrections

Orientale, ne sois pas trop modeste smile Je ne suis pas une grande experte en poésie, mais je lis ta traduction, et elle me touche ; mon sens esthétique (qui vaut ce qu'il vaut, bien sûr big_smile ) ne s'affole pas au vu des rimes... pas parfaites, mais j'ai vu ô combien pire et publié dans des livres.

Quant à la traduction de Melnikov, je l'apprécie beaucoup. Une fois, j'ai même écrit à Melnikov pour le féliciter, et il m'a dit qu'il a fait cette traduction pour un ami qui se trouvait dans une passe difficile. La traduction était sensée de lui remonter le moral, et apparemment ça a marché smile

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

175

Re : Mes traductions et vos corrections

Voici ce que je voulais dire, littéralement :
Par le fait de rester avec nous jour et nuit, tu fais que nos joies et les tiennes se lient

J'aurais dû le deviner !
Pour éviter la formulation " tu fais que "  qui n'est pas super (pas top comme disent les jeunes d'aujourd'hui), on peut le sous-entendre :
Tu restes avec nous jour et nuit, nos joies et nos peines se lient.
Ou utiliser une liaison :
Tu restes avec nous jour et nuit, par toi nos joies et nos peines se lient.
Tu restes avec nous jour et nuit, par ta grâce nos joies et nos peines se lient.
Ou placer la conjonction "et", classique méthode répétitive mais qui peut être volontairement insistante, et poétique, comme ni.. ni…
Tu restes avec nous jour et nuit, et nos joies et nos peines se lient.
Car tu restes avec nous jour et nuit, nos joies et nos peines se lient.


Pour "If", la traduction de Melnikov me paraît excellente, mais je n'ai pas encore le niveau pour en juger, d'autant que je suis peu sensible à la poésie, sauf celle du théâtre ou de la chanson, ou celles lues jeune, comme ce Kipling justement.
Je pense que l'Eo est la meilleure langue pour traduire la poésie, pour lire la poésie étrangère (à l'exception de la VO naturellement), car grâce à sa souplesse, on trouvera  une solution relativement fidèle à l'original plus facilement qu'en  français ou anglais. Peut-être cette idée en étonnera plus d'un…

Un autre traducteur (Hervé-Thierry Sirvent - 2003) en a fait une nouvelle version française,
"Si tu sais rester noble en parlant à la foule,
Si tu sais rester simple en côtoyant les rois,
Si pas plus que l'ami l'ennemi ne te foule,
Si tout homme t'est cher mais nul n'a trop de poids ;
Et si tu peux remplir la minute exigeante
De secondes valant la course que tu fis,
La Terre t'appartient et - leçon plus grisante :
- Tu seras un Homme, mon fils !"
plus fidèle, meilleure donc, mais pour moi le poème de Kipling, c'est la version de Maurois encore plus que celle de Kipling ! On est rarement rationnel en matière d'émotions.
D'ailleurs, si un prof de français du secondaire qui passerait par ABC acceptait une modeste suggestion d'un néophyte, donner aux élèves quelques exemples sur la relativité des traductions ne manquerait pas d'intérêt.

Re : Mes traductions et vos corrections

Par le fait de rester avec nous jour et nuit, tu fais que nos joies et les tiennes se lient

Je suggère :

Restant jour et nuit avec nous, tu fais se lier nos joies aux tiennes.

(Dites donc : un gérondif et une infinitive dans la même phrase, pas mal pour quelqu'un qui soutient que le gérondif et l'infinitive n'existent pas en français !)

P.S.

D'ailleurs, si un prof de français du secondaire qui passerait par ABC acceptait une modeste suggestion d'un néophyte, donner aux élèves quelques exemples sur la relativité des traductions ne manquerait pas d'intérêt.

Ça se fait déjà, dans le cadre du cours de LATIN. Comparer des traductions entre elles est intéressant, mais peu concluant quand on n'a pas d'accès à l'original.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

177

Re : Mes traductions et vos corrections

Merci les abéciens ! Vous êtes bien aimables avec une FLE de l'autre bout du monde comme moi. En voici la version finale :


Cœur de mère

Ton cœur est immense comme l'océan pacifique,
Tes sentiments s'épanchent comme un suave ruisseau mélodique,
Ta voix est douce comme la rizière qui murmure le soir.
La lune qui s'en va dessine sur la terrasse l'ombre de toi.

Ton amour pour nous est comme la pleine lune d'automne,
Tes sentiments sont, comme un vent qui effleure l'eau, frais et tendres,
Et tes berceuses semblables à la mélodie flottante d'un cerf-volant,
Du matin au soir se mêlent aux chants de petits enfants.

Inquiète pour nous, tant de nuits tu veilles, maman,
Comme tu es heureuse de nous voir dormir tranquillement !
Inquiète pour nous, tu travailles du petit jour à la nuit noire,
Pour faire de nous des hommes tu peines mois après mois.

Ton corps maigre, tu l'exposes volontiers au soleil et à la pluie,
Tes cheveux, sans souci tu les laisses blanchir par givre et chaleur.
Tu restes avec nous jour et nuit, par toi nos joies et nos peines se lient,
Mois et années qui coulent accompagnent nos pas de tes airs berceurs.

***

De ton cœur l'amour déborde et parfume hameaux et villages,
Les sentiments s'envolent et touchent la lune éloignée.
Tes chants berceurs émeuvent ruisseaux, arbres et montagnes,
Les vagues côtières du Pacifique se taisent à entendre ta voix s'élever.

Tu nous dorlottes, tu nous prodigues des soins dévoués
Et un amour tendre comme de la musique et de la poésie.
Jour comme nuit, tu nous guides par tant de conseils éclairés,
Qui restent gravés dans nos cœurs le long du chemin de la vie.

Inquiète pour nous, tu chantes de belles mélodies,
Pour bercer nos cœurs, des nuit blanches tu ne te soucies.
Tes larmes, comme l'eau de source qui ruisselle tant d'années,
Coulent dans nos cœurs, seuls tes cheveux se voient givrés.

Où que nous partions, où que nous nous égarions dans la vie,
Que sur le chemin, nous connaissions orages ou pluies,
Le soleil pourra pâlir mais jamais notre amour pour toi ne saura faner
A tout moment nous souhaitons un retour sous ton ombre, maman adorée.

178

Re : Mes traductions et vos corrections

"D'ailleurs, si un prof de français du secondaire qui passerait par ABC acceptait une modeste suggestion d'un néophyte, donner aux élèves quelques exemples sur la relativité des traductions ne manquerait pas d'intérêt."

P'tit prof :
Ça se fait déjà, dans le cadre du cours de LATIN. Comparer des traductions entre elles est intéressant, mais peu concluant quand on n'a pas d'accès à l'original.

Très juste, ma remarque concernerait finalement davantage les enseignants de langue étrangère. C'est la fameuse transversalité.

179

Re : Mes traductions et vos corrections

Bonjour,

Du sujet de la mère, je passe à celui de la guerre tongue J'espère que vous serez aussi nombreux à me venir en aide.


Te souvient-il du printemps ? (1)

T’est-il jamais souvenu du printemps, (1)
Des moments de l’âge des bêtises d’antan,
Des sons du piano, des voix d’enfants ? (2)
Te sens-tu seule en ces mois d’attente ?

Là-bas, reste-il encore le printemps,
La silhouette penchée, les sourires liants,
Les yeux de biche brillants d’un amour ardent ?
As-tu jamais pénétré mes sentiments ?

Le ciel saïgonnais reste encore très nuageux,
Les cœurs restent envahis de ressentiments haineux. (3)
Sourires de larmes forcés, je regarde le pays (4)
Que tant d’années de guerre a détruit, tu le sais ?

Des villes du monde où tu mettras tes pieds,
Parmi elles Londres, Vienne et Paris,
Laquelle te plairait autant que l’ancienne Saïgon,
Laquelle te plairait autant que la future Saïgon ?
Rêves-tu à entonner un jour l'hymne du retour au pays ? (5)

Si jamais il te souvient du printemps, (1)
De la lettre bleue et du rose amour,
Du soleil sec qui colore les soieries d’Hadong,
Sache qu’ici je suis à t'attentdre toujours.

Voici les questions auxquelles je souhaiterais obtenir vos réponses :
(1) Autant que je sache, la construction impersonnelle est aussi correcte, mais une native en stage chez nous me l'a corrigée en : Te souviens-tu...
(2) voix d'enfant ou voix d'enfants ?
(3) ressentiments haineux ou sentiments haineux ?
(4) sourires de larme ou sourires de larmes ?
(5) Quelle préposition mettriez-vous après Rêves-tu, à ou de ? On m'a proposé de mais il me semble que de donnerait à la phrase une autre nuance (celle de souhaiter). Ici, je veux dire plutôt penser, envisager.

D'avance merci de vos lumières.

Re : Mes traductions et vos corrections

Bonjour !

1 - Votre proposition est correcte et plus jolie ;
2 - voix d'enfants fait ressortir le piaulement qui n'est possible qu'à plusieurs ;
3 - sentiments haineux, si vous désirez introduire l'adjectif, car il me semble que ressentiments, tout seul, suffirait pour exprimer la haine ou un désir de vengeance ;
4 - sourires de larmes ;
5 - Pour exprimer ce que vous désirez, c'est «à» qui convient, ou alors pas de préposition du tout.

Re : Mes traductions et vos corrections

1 Votre tournure est la tournure d'origine, la seule correcte pour les puristes, et en tout état de cause, la plus élégante.

2 S'il y a plusieurs voix, il y a forcément plusieurs enfants !

3 Haine tout court : la haine est un sentiment.

4 Sourire de larme : en poésie, on ne suit plus les règle de la prose ! Ici, larme est une matière, la matière dont est fait le sourire.

5 Rêver à. C'est aussi soutenu que « il m'en souvient ».

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

182 Dernière modification par regina (03-07-2008 15:01:02)

Re : Mes traductions et vos corrections

Les cœurs restent envahis de ressentiments haineux. (3)

Je crois important pour le sens de ne pas remplacer par haine ou par sentiments haineux.

ressentiment montre que ce sentiment violent est du aux souffrances subies durant la guerre. Il ne s'agit pas d'une haine née sans raisons , elle existe en retour des maux infligés par autrui.

  Perso, je garderais les ressentiments  haineux: la répétition ( car ressentiment contient effectivement l'idée d'amertume, d'animosité.) rend l'intensité de ces sentiments à la mesure de ce qu'a été cette guerre; cette strophe dans le poème  fait contraste avec les autres.
Placée au centre du poème ( 2-1-2) elle seule, par sa force évoque sans détour la réalité de cette guerre destructrice , dont les conséquences restent au cœur de ce pays retrouvant la paix, comme dans le cœur de ses habitants;

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Mes traductions et vos corrections

Pour démontrer l'aspect voulu de ce presque pléonasme, s'il est voulu, peut-être faudrait-il en introduire un ailleurs, du genre : nuageux de noires nuées.

184

Re : Mes traductions et vos corrections

1. Tel quel
2. Enfants
3. Ressentiments haineux, c'est moins fort que sentiments haineux, plutôt comme des rancoeurs presque haineuses.
4. Pas d'avis !
5. Rêver à

Y a pas grand-chose à corriger !

185

Re : Mes traductions et vos corrections

Les cœurs restent envahis de ressentiments haineux.

Autre possibilité qui éviterait le pléonasme tout en gardant la rime:

Envahis de ressentiments, les cœurs restent haineux.

Mais j'ai l'impression que cette solution enlève quelque chose au sens. Dans ce vers, je perçois que malgré la fin de la guerre et le départ des occupants, l'invasion n'est pas totalement éliminée, les gens ne sont pas définitivement  libres puisque leurs cœurs et sentiments sont encore dominés par les rancunes et blessures ;  restent envahis marque cette persistance , cette présence de l'état de guerre dans les consciences.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

186

Re : Mes traductions et vos corrections

Merci de vos réponses.

Pour 1, 2, 5, comme vos avis sont convergents, point d'hésitation de ma part.

Concernant 4, l'explication de P'tit Prof me convainc, je vais donc laisser larme au singulier.

Quant à 3, je vais garder ressentiments haineux car l'idée que voulait transmettre l'original est exactement celle qu'a développée plus haut Regina.

187

Re : Mes traductions et vos corrections

Je sais que j'abuse de votre temps et de votre gentillesse mais comprenez-moi, cet exercice de traduction me plaît trop...

Rentrée à la terre natale

Suivant tes pas je rentre, (1)
Rentre revoir la terre de nos ancêtres,
Où il y a une digue qui ondule,
Et des bambous qui chantent des berceuses au crépuscule. (2)

Ô terre natale des galettes de maïs et des gâteaux de riz,
Des parfums des rizières vertes et des fruits exquis, (3)
Où notre enfance, comme un beau rêve, s’est écoulée.

Ô terre natale des dos exposés aux pluies et à la chaleur, (4)
D’un petit marché pauvre aux chaumières penchées,
Ô, de qui sont ces allures où je revois ma mère et ma sœur ? (5)

Main dans la main, nous rentrons tous les deux
Là où mamans balançaient nos berceaux en douceur,
Là où musarde une rivière et flottent des cerfs-volants gracieux.

Pendant tant d’années j’ai nagé dans ce cours de la vie,
Qui m’a emporté à la capitale pleine de poussières infinies, (6)
Dans mes rêves s’égare parfois la cigogne de jadis.

L’eau coule sous le pont et le temps s’envole à grande vitesse,
C’est dans les profondeurs muettes que tout se conserve.
Où rentrerions-nous sans cette terre, cette terre natale ? (7)

Ô terre natale des galettes de maïs et des gâteaux de riz,
Un soir, devant un bol de riz de nos rizières ancestrales,
Larmes aux yeux, nous chantons des complaintes paysannes.

Et en voici des questions :

(1) Faudrait-il que j'emploie le gérondif : En suivant tes pas, je rentre ?
Moi, je penche pour le participe présent.

(2) Que pensez-vous si je supprime le groupe des berceuses ?

(3) Pourrais-je utiliser l'expression se soûler le nez, ce qui donnerait :
Où nous nous soûlons le nez par des rizières vertes et des fruits exquis

(4) On m'a proposé cette traduction :
Ô terre natale qui souffre de pluies et de chaleur
Mais perso, j'ai l'impression que c'est plutôt les gens de là-bas que visait l'auteur, c-à-d ce n'est pas la terre qui souffre mais les gens.

(5) Cette traduction rend-elle l'idée que les femmes de là-bas ont toutes la même allure ?

(6) Au début, j'ai traduit le vers ainsi :
Qui m’a bousculé au citadin à poussières infinies
Je trouve pas très heureux de mettre pleine à côté de infinies. Quel en est votre avis ?

(7) Cette traduction sonne-t-elle française ? On m'a dit que non.

Et bien sûr, d'autres remarques sont toujours bienvenues.

188

Re : Mes traductions et vos corrections

1. Pas d'avis ! Ça me paraît juste, mais c'est vrai qu'il y a eu un glissement de sens puisqu'on utilise souvent "suivant" pour dire selon, ou en fonction de : suivant la météo, on ira jouer au tennis ou pas.
2. Ça dépend plutôt de l'original, mais je préfère sans.
3. Je l'avais oubliée cette expression, c'est je crois moins utilisé que "se soûler la gueule", et comme c'est franchement orienté vers la beuverie, ça ne va pas avec des parfums émouvants de rivières ou de fruits, alors que se soûler d'émotions, ça va.
4. "Ô terre natale des dos exposés aux pluies et à la chaleur"
"Ô terre natale qui souffre de pluies et de chaleur"
"Mais perso, j'ai l'impression que c'est plutôt les gens de là-bas que visait l'auteur, c-à-d ce n'est pas la terre qui souffre mais les gens."
C'est effectivement (un peu) différent, d'un côté ce sont les gens qui souffrent, de l'autre c'est la terre natale, à voir selon la VO.
Et ce ne sont pas des dos qui sont nés de la terre ("terre natale des dos qui), mais des gens, peut-être terre "terre natale où l'on souffre de",

5. Ô, de qui sont ces allures où je revois ma mère et ma sœur ?
Cette notion n'est pas évidente à rendre. Il faudrait peut-être que ce soit plus explicite, mais je crois que ça va bien tel quel.

"Là où mamans balançaient nos berceaux en douceur,"
Un peu inhabituel ici, l'élision de l'article : les mamans, les mères, nos mères.

6. "Qui m’a emporté à la capitale pleine de poussières infinies,"
Je trouve au contraire que ça rend bien le grouillement de la population d'une capitale, du moins si c'est bien le sens voulu, sous la forme d'une sorte d'oxymoron (un turbulent silence)

7. Où rentrerions-nous sans cette terre, cette terre natale ?
"Cette traduction sonne-t-elle française ? On m'a dit que non."
C'est un peu vrai, mais pas tant que ça ; c'est "sans" qui peut surprendre parce que l'existence est sous-entendue (sans l'existence de cette terre); de plus, "sans" est très utilisé pour dire qu'on rentre démunis "sans le sou", "sans ambition", "sans regrets", etc. on peut avoir l'impression qu'on ne veut pas rentrer sans posséder de terre.
Où rentrerions-nous sinon sur cette terre (si le sens est : c'est forcément sur la terre natale qu'on rentrera, qu'on souhaite rentrer)

" Un soir, devant un bol de riz de nos rizières ancestrales,"
Plutôt "Le soir" si c'est une réunion qui se répète, "un soir" si c'est arrivé une fois ou en une circonstance particulière.

Re : Mes traductions et vos corrections

Pour la 1), toute la question est de savoir ce qu'on souhaite dire.
En utilisant le gérondif, on a toujours cette impression qu'une action découle d'une autre action.
En suivant tes pas je rentre, c'est-à-dire je m'applique à suivre le même chemin que toi ; à chaque carrefour je suis ta trace.
Suivant tes pas je rentre : Je rentre en prenant le même chemin que toi, mais cela ne vient pas d'une volonté délibérée, le choix de la direction à chaque carrefour m'appartient et je ne fais que constater que nos chemins sont les mêmes.

Re : Mes traductions et vos corrections

Chère Orientale, j'ai quelques suggestions pour la strophe inaugurale de ce poème. Sans doute m'éloigné-je de votre traduction mais il me semble que je reste dans l'esprit du texte original. roll


RETOUR SUR MA TERRE NATALE

J'AI SUIVI TES PAS. JE SUIS REVENU(E)
VOIR LA TERRE DE NOS ANCÊTRES
LÀ OÙ UNE DIGUE ONDULE ET LES BAMBOUS,
AU CRÉPUSCULE, CHANTENT DES BERCEUSES.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

191

Re : Mes traductions et vos corrections

Merci Krokodilo, Zycophante et Bookish !

Mais au secours, quelles sont les différences entre rentrer, revenir et retourner ?

192

Re : Mes traductions et vos corrections

3. Oublié de dire qu'à la place de se soûler, on utilise plus souvent s'enivrer lorsqu'il s'agit d'odeurs.

En gros, ce n'est pas très clair ni très systématique. Il me semble que :
Retourner est basé sur retour, donc vers quelque part. (s'en retourner chez soi, retour à la case départ).
Revenir est voisin (revenir à la maison), mais peut aussi faire référence au point de départ : revenir d'un long voyage, alors qu'on ne peut pas retourner d'un long voyage.
Rentrer se réfère à entrer et sortir : rentre à la maison ! mais on trouve aussi "rentrer d'un long voyage", quoique "il revient d'un long voyage" serait plus correct.

Re : Mes traductions et vos corrections

Orientale a écrit:

quelles sont les différences entre rentrer, revenir et retourner ?

Rentrer, c'est revenir chez soi ;
Revenir, c'est retourner quelque part avec un sentiment d'inachevé, de quelque chose qu'on n'a pas fait la première fois ;
Retourner, c'est faire demi-tour.

194

Re : Mes traductions et vos corrections

Dans le contexte de cette chanson, lequel me conseillez-vous ?

Re : Mes traductions et vos corrections

Rentrer est bien, ce verbe pouvant posséder un sens très fort.
Bernard Lavilliers, « Quinzième round » :
J'aimerais revoir ma mère, v'là mon grand qui rentre,
Tout petit en plein hiver au chaud dans son ventre.

196

Re : Mes traductions et vos corrections

D'accord avec Zycophante, mais comme il l'a dit, rentrer, c'est revenir chez soi, on a donc un large choix qui dépend des expressions choisies, et du reste de la phrase :
Fais du feu dans la cheminée
Je reviens chez nous
S'il fait du soleil à Paris
Il en fait partout
(Chanson de Ferland)

197

Re : Mes traductions et vos corrections

De tes pas, j'ai perçu l'appel de tout mon mon être,
Et je rentre revoir la terre de nos ancêtres,
Où il y a une digue qui ondule,
Et les berceuses des bambous qui chantent au crépuscule.

Re : Mes traductions et vos corrections

Mes pas dans tes pas, je reviens,
Revoir la terre des ancêtres,
Où serpente une digue,
Et où les bambous chantent une berceuse au crépuscule.

Cette digue qui ondule ne me paraît pas bien solide : je la vois céder sous les pas comme un pont de singe !
Plutôt qu'une ondulation, la sensation que l'on éprouve lors d'un séisme, il me semble qu'il s'agit d'un tracé non rectiligne.
Mais peut-être fais-je erreur.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Mes traductions et vos corrections

Bonjour à tous, et merci pour vos interventions !

J'ai réfléchi sur vos diverses propositions, surtout sur celle de Bookish où il a utilisé un temps qui diffère des nôtres. Je me demandais si ce passé composé n'est pas plus adapté que le présent.


Rentrée à la terre natale

J'ai suivi tes pas, je rentre revoir,
Je rentre revoir la terre de nos aïeux,
Où sinuent des lignes de digue onduleux,
Et les bambous chantent des berceuses le soir.

Ô terre natale des galettes de maïs et des gâteaux de riz,
Des parfums des rizières vertes et des fruits exquis,
Où notre enfance, comme un beau rêve, s’est écoulée !

Ô terre natale qui souffre de pluies et de chaleur,
Terre d’un marché pauvre aux chaumières penchées,
Ô ces silhouettes où je revois ma mère et ma sœur !

Main dans la main, nous rentrons tous les deux
Là où les mères balançaient nos berceaux en douceur,
Là où musarde une rivière et flottent des cerfs-volants gracieux.

Pendant tant d’années j’ai nagé dans ce cours de la vie,
Qui m’a emporté à la capitale pleine de poussières infinies,
Et dans mes rêves s’égare parfois la cigogne de jadis.

L’eau coule sous le pont et le temps s'envole à grande vitesse,
C’est dans les profondeurs muettes que tout se conserve.
Où pourrions-nous rentrer sinon sur cette terre natale ?

Ô terre natale des galettes de maïs et des gâteaux de riz,
Un soir, devant un bol de riz de nos rizières ancestrales,
Larmes aux yeux, nous chantons des complaintes paysannes.

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Re : Mes traductions et vos corrections

Désolé de gâcher la rime, mais ce sont "des lignes de digue onduleuses".

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