Ysaur a écrit:Pourquoi un accent "grave" confère-t-il à la voyelle qu'il accentue un son aigu ?
Pourquoi un accent "aigu" confère-t-il à la voyelle qu'il accentue un son grave ?
Bonjour Ysaur,
« Aigu » / « grave », ces appréciations perceptives sont en général assez subjectives, mais je crois qu’on peut difficilement qualifier le « é » de grave et le «è » d’aigu.
N’avez-vous pas l’impression qu’une voyelle fermée, et notamment la voyelle [ i ] (prononcée avec la bouche dite fermée parce que la position de la langue est plus haute) est plus aigue perceptivement qu’une voyelle ouverte, prononcée avec la bouche notablement plus ouverte, comme le [a]. Essayez «iiiiii...» , «aaaaa...». «iiiiii...» «aaaaaa...».
Bon, il se trouve que la voyelle écrite «é», avec un accent aigu, est plus proche articulatoirement (elle est dite «mi-fermée») de [i] et prononcée avec une position de la langue plus proche de [i] que de [a]. Et de son côté la voyelle écrite «è», est plus proche articulatoirement (elle est dite «mi-ouverte») de [a] car elle est prononcée avec une position de la langue plus proche de [a] que de [i].
On a donc quatre voyelles, « i », « é », « è » « a » qui au niveau articulatoire se définissent traditionnellement en fermée / mi-fermée / mi-ouverte / ouverte.
Le son de la voyelle «é» écrite avec un accent aigu est, de fait, considéré par les phonéticiens comme perceptivement plus aigu que celui de la voyelle la voyelle «è», écrite avec un accent grave.
Quant à l’origine de ces différences perceptives, elle se trouve dans la nature acoustique des voyelles, formées par des zones de fréquence plus intenses que d’autres, les formants. Pour compliquer les choses, chaque voyelle se définit non pas par un formant, mais par un ensemble de 3 formants au minimum, qui sont loin d’être stables, du fait entre autre de l’environnement consonantique, et qui parfois sont même accompagnés par des anti-formants... Mais on dépasse ici le cadre de question.