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forum abclf » Écriture et langue française » Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

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Messages [ 28 ]

1 Dernière modification par piotr (09-09-2007 02:30:13)

Sujet : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

« Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta, qui en divers pays prirent sur eux la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations. »
Trouvez-vous que cette structure de phrase, avec un verbe intercalé entre le substantif et le pronom « qui », soit lourde ? En comparaison, par exemple, de la version suivante :
« Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta ; en divers pays ils prirent sur eux la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations. »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Je dirais plutôt littéraire, (narrative même), que lourde à proprement parler.

3 Dernière modification par Ysaur (29-08-2007 00:10:45)

Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Personnellement je trouve que les deux parties de la première tournure s'harmonisent mieux entre elles, même si elles donnent à l'ensemble de la phrase une forme littéraire classique.

Mais, ici, le pronom relatif QUI ne s'accorde-t-il pas plutôt avec le nom nombre (singulier) qu'avec le nom auxiliaires ?

On pourrait aussi, peut-être, écrire :

"Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta ; lesquels, en divers pays, prirent sur eux la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations."

En fait, je penserais volontiers  que le bon choix  dépend surtout du contexte dans lequel sera utilisée la phrase.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Merci de vos avis. Personnellement, j'aime bien cette tournure, mais les avis divergeaient. Le contexte, c'est une traduction (amateur) d'une histoire humoristique à la narration classique.

Ysaur :
Je n'avais pas remarqué ce problème d'accord, mais accorder avec nombre plutôt qu'avec auxiliaires donnerait une suite surprenante, un peu bancale :
« Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta, qui en divers pays prit sur lui la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations. »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Oui vous avez tout à fait raison.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Du coup, c'est un beau paradoxe : la version accordée dans les règles de l'art est bancale, tandis que l'accord biaisé rend la phrase intuitive et plus fluide !

7 Dernière modification par Ysaur (29-08-2007 13:42:56)

Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

En effet.   smile

Il ya aussi la possibilité de la répétition suivante :

« Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta, auxiliaires(,) qui, en divers pays, prirent sur eux la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations. »

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Kroko a écrit:

« Heureusement, le nombre des auxiliaires augmenta, qui en divers pays prirent sur eux la noble tâche d'engendrer de nouvelles vocations. »

J'aime tout particulièrement cette tournure, qui met en relief l'action de la principale, sans pour autant minimiser la relative ; je l'utilise volontiers. Évidemment, l'accord au pluriel s'impose, puisque ce sont les auxiliaires (et non leur nombre) qui « prirent sur eux ... ».
   Une vraie commodité de la langue, pour certains une simple inversion, pour d'autres (dont je suis, bien sûr) une hyperbate stylée : c'est court, c'est clair, c'est classe !

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Ainsi, je faisais de l'hyperbate sans le savoir ! Ça me rappelle quelque chose...;)

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Le hasard faisant bien les choses, en lisant le dernier Amélie Nothomb, j'ai remarqué qu'elle a usé une dizaine de fois de cette figure de style, qu'autrefois je ne connaissais qu'inconsciemment, et on peut considérer qu'elle connaît bien le français !
En somme, l'hyperbate me saute aux yeux, qui autrefois me restait invisible.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Pour moi, je vois bien une question de syntaxe, mais point d'hyperbate, ou alors vraiment pas nette.
Si j'ai bien compris sa définition, il est question d'un rejet au bout d'une phrase normalement construite qui semble terminée, et surprenant (<-ici, je tente une hyperbate smile).

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

De fait, la définition donnée par le TLFI semble très large:
. "Figure qui consiste à modifier l'ordre habituel des mots par une antéposition ou, le plus souvent, par une postposition, ou à disjoindre deux termes habituellement réunis. L'hyperbate diffère de l'inversion (...) Cette figure (...) comprend l'anastrophe, la parenthèse et la synchyse (Ac. Compl. 1842).
,,Figure par laquelle on ajoute à la phrase qui paraissait terminée une épithète, un complément ou une proposition, expression qui surprend l'auditeur et se trouve par là-même mise fortement en évidence`` (MORIER 1975).
Rem. ,,Autrefois, hyperbate s'employait dans le sens d'inversion`` (ibid.)."
C'est vaste.
Personnellement, je me référais à la tournure mentionnée dans ma question initiale, où "qui" ne s'applique pas au substantif qui le précède.
J'ajoute deux exemples d'Amélie Nothomb :
"Onze garçons attendaient derrière la porte, qui n'étaient pourtant pas arrivés ensemble."
"La tempête de neige avait enflé qui recouvrait à présent le massif: (...)"

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Oui, mais ici, il me semble qu'il n'y a pas exactement déplacement des membres de la phrase, mais plutôt une sorte de coordination. Je veux dire qu'avec «qui», les membres, même heurtés ou saccadés, sont bien «normalement» alignés.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Si, si, il y a bien, pour moi, ici une hyperbate : au lieu d'utiliser l'incise classique « Onze garçons, qui n'étaient pourtant pas arrivés ensemble, attendaient derrière la porte. », Nothomb écrit « Onze garçons attendaient derrière la porte, qui n'étaient pourtant pas arrivés ensemble. » Moi, ça me plaît (je l'ai déjà dit) !

   Sur la seconde phrase livrée par Kroko, le procédé est plus fin, qui n'autorise pas une autre construction, l'expression tempête de neige étant quasi lexicalisée.  En effet, on ne peut pas utiliser la relative en incise « La tempête de neige, qui recouvrait à présent le massif, avait enflé » [!!!], puisque la relative se rapporte à neige quand le sujet de la principale est tempête (et, plus exactement, tempête-de-neige).
   Nothomb a probablement choisi cette tournure, non seulement pour me faire plaisir, mais surtout parce qu'elle évite une lourde relative en incise « La tempête de neige, laquelle recouvrait à présent le massif, avait enflé ».
   On l'entend souvent décrier, mais elle sait tenir une plume.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Il m'a fallu relire l'explication de Piotr deux fois, mais effectivement, ce n'est pas pareil : c'est bien la tempête (de neige) qui recouvre le massif, et non la neige! Bien vu.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Oups, Kroko, je ne suis pas sûr que nous soyons sur la même longueur d'onde.
    Je m'ai mal dit : je voulais écrire (à propos de cette lourde relative en incise) « La tempête de neige, laquelle neige recouvrait à présent le massif, avait enflé » car, dans mon esprit, la relative se rapporte bien à neige (qui recouvre de son blanc manteau ...) et non à tempête, bien qu'on entende aussi "la tempête recouvre les montagnes" ; mais je ne suis pas absolument certain de la licéité de cette dernière formule.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Une tempête étant une forte perturbation atmosphérique (accompagnée, ici, de neige),  est-il vraiment correct de dire  qu'une «  tempête de neige » recouvre un endroit ?

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Une photo satellite peut ,en quelque sorte, nous matérialiser un phénomène atmosphérique, nous pourrons voir enfler un cyclone, observer sa forme si caractéristique.

Voici une tempête de neige  qui enfle et s'apprête à recouvrir la montagne.

http://tbn0.google.com/images?q=tbn:jPJNDvjfLsQU5M:http://grainesdauteurs.online.fr/html/voyageurs/4Daventures/poesies/poesies-Vignettes/24.jpg


Au plus fort de la tempête, de près ou de loin, on ne voit pas la neige qui recouvre la montagne car la tempête cache tout . Les spectateurs  qui observent le phénomène  à partir de la vallée ne pourront  voir la neige tombée qu'après l'apaisement.

On pourrait imaginer cette tempête de neige comme un edredon qui gonfle et recouvre le paysage.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Je comprend bien le sens de ce que vous écrivez, mais le verbe s'étendre, par ex, ne conviendrait-il pas mieux à la situation réelle qui est que, matériellement, c'est tout de même bien la neige que contient la tempête qui « recouvre » la montagne ?

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Chère Ysaur, n'est-ce-pas à l'écrivain de choisir sa métaphore ? smile

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Oui , bien entendu.  smile

C'était juste une petite réflexion faite en passant (puisque nous sommes sur un forum consacré à la langue française) et non une critique de l'auteur qui a, en effet, le droit d'utiliser les expressions qui lui semblent le mieux convenir à ce qu'il  souhaite exprimer.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Tempête ou neige, les deux interprétations sont possibles. N'y voyez pas malice, mais après relecture du passage, je me rends compte que la réponse se trouvait après le point virgule, alors que je me suis limité à rapporter l'exemple d"hyperbate:
"La tempête de neige avait enflé qui recouvrait à présent le massif: je ne pus sortir du nuage."
Comme un brouillard peut recouvrir une église, un village entier, ou masquer la route.
Et, comme l'a dit Regina, lorsqu'on est pris dans une tempête de neige, on ne voit pas le manteau de neige qui recouvre le massif, vu qu'on peut ne même pas distinguer le capot le sa propre voiture; ça m'est arrivé !

Piotr,
"Licéité" m'était aussi inconnu que "descension" dans le même roman de Nothomb. J'ai cru qu'elle s'amusait à créer un néologisme, mais non : il est dans le TLFI. Son style est très fluide, mais il sera préférable pour beaucoup de le lire en ayant un dictionnaire à portée de main... Quoique, vu le thème de la montagne, j'avais compris descension !
A noter que "licéité" est absent de mon Littré et de mon petit Robert, ce qui laisse suppooser qu'il faut préférer les gros roberts.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

"Licéité" m'était aussi inconnu que "descension" dans le même roman de Nothomb. J'ai cru qu'elle s'amusait à créer un néologisme, mais non : il est dans le TLFI. Son style est très fluide, mais il sera préférable pour beaucoup de le lire en ayant un dictionnaire à portée de main... Quoique, vu le thème de la montagne, j'avais compris descension !
A noter que "licéité" est absent de mon Littré et de mon petit Robert, ce qui laisse suppooser qu'il faut préférer les gros roberts.

Licéité est d'usage courant dans le jargon juridique.  Pas très répandu ailleurs, je crois !

"On ne fait jamais d'erreur sans se tromper."  J. Prévert.

Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

krokodilo a écrit:

A noter que "licéité" est absent de mon Littré et de mon petit Robert, ce qui laisse suppooser qu'il faut préférer les gros roberts.

C'est au sein du Petit Robert 2006 que niche la LICÉITÉ n.f. — 1907; dér. sav. du lat. licere « être permis » [...] big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Bookish-sur pieds-hors CHU, le bonjour,
Tempus fugit et tout ça, mon Petit Robert est de 1993, mais même le Littré 2006 a probablement considéré "licéité" comme trop spécialisé, d'après ce que dit Pearl.
Rendons grâces à Internet, j'avais aussi eu la réponse sur le TLFI; à se demander combien de temps encore les bons vieux dicos, si pesants pendant les déménagements, résisteront à la modernité...

Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

krokodilo a écrit:

[...] à se demander combien de temps encore les bons vieux dicos, si pesants pendant les déménagements, résisteront à la modernité...

Bien le bonjour, cher Krok,

Merci pour votre aimable attention.
N'oublions pas, surtout sur ABC, que l'existence des mots n'est pas liée à leur présence dans les dictionnaires. Ces bons vieux dicos qu'il ne faut jamais jeter: une panne d'Internet ou d'électricité est si vite arrivée... big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

Sans oublier le futur livre-papier électronique; je viens de voir sur Internet une présentation par Epson de leur prototype de papier électronique, souple, à peine plus épais qu'une feuille A4 de fort grammage, dont je suppose qu'il pourra garder en mémoire toute une encyclopédie, et donc à l'abri d'une panne d'électricité si son autonomie est bonne (ça manquait de détails). Quant au plaisir de lire un vrai bouquin, nul doute qu'il résiste encore longtemps.

28 Dernière modification par Ysaur (10-09-2007 21:14:12)

Re : Style : le nombre augmenta, qui en divers pays... (& hyperbate)

J'ai bien peur que le bon vieux livre en papier, tel que nous le connaissons depuis Gutenberg, ne vive ses derniers jours avant longtemps.

Et je le vois bien, dans les siècles qui viennent,  conservé précieusement dans des bibliothèques muséales où l'on viendra le compulser religieusement comme, aujourd'hui, les antiques parchemins.

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