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forum abclf » Pratiques linguistiques » Un ou une icône ?

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Messages [ 44 ]

Sujet : Un ou une icône ?

Bonjour,

"Cliquez sur l'icône", vous dit-on sur des sites internet.
Mais doit-on parler d'un icône ou d'une icône ?
Existe-t-il 2 mots, l'un au masculin, l'autre au féminin, désignant 2 choses différentes ?

Merci d'avance,
ON

2

Re : Un ou une icône ?

Le terme "icône" informatique est la francisation du mot "icon" anglais, plutôt que sa traduction.

Le dictionnaire de l'Académie française ne donne pas d'autres définitions de l'icône que celle d'image pieuse. Et ce mot est du genre féminin.

Pour ma part, je dis "une icône".

Re : Un ou une icône ?

Quoiqu'en macrophotographie, j'utilise régulièrement un Nikon... big_smile

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Re : Un ou une icône ?

Je soutiens l'opinion de Walter.

Aymon

Re : Un ou une icône ?

Il y a deux entrées différentes, toutes deux issues du grec eiko:n "image" :
- icône, n.f. image pieuse dans la religion orthodoxe.
- icone, n.m. (via l'anglais icon) en sémiologie, symbole motivé par l'axe paradigmatique (celui de la métaphore) par opposition à "indice" qui est de l'ordre de la métonymie ; l'usage en informatique, plus récent, ne respecte pas toujours ces principes ; par exemple, la tasse à café de Java n'est guère motivée que dans la culture étazunienne où l'île de Java connote la production de café ; de plus, la grande majorité des informaticiens français, peu cultivés, emploient le mot au féminin !

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

menegos a écrit:

Il y a deux entrées différentes, toutes deux issues du grec eiko:n "image" :
- icône, n.f. image pieuse dans la religion orthodoxe.
- icone, n.m. (via l'anglais icon) en sémiologie, symbole motivé par l'axe paradigmatique (celui de la métaphore) par opposition à "indice" qui est de l'ordre de la métonymie ; l'usage en informatique, plus récent, ne respecte pas toujours ces principes ; par exemple, la tasse à café de Java n'est guère motivée que dans la culture étazunienne où l'île de Java connote la production de café ; de plus, la grande majorité des informaticiens français, peu cultivés, emploient le mot au féminin !

Cette définition est de votre crû ?

Re : Un ou une icône ?

On peut lire dans le Petit Robert :

ICONE [sans circonflexe] : n. m. Inform. Symbole graphique affiché sur un écran d'ordinateur, qui représente et permet d'activer une fonction de logiciel. Icone de traitement de texte. HOM. Icône.

8

Re : Un ou une icône ?

Cette question me turlupine. Voici deux adresses qui nous renseignent un peu :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ic%C3%B4ne
et
http://www.iclve.com/frenchclve/sabircyber/icone.htm


Au fond de la page de cette dernière adresse on peut lire :


Dicos
Les deux orthographes, avec ou sans accent, sont acceptées par le Hachette, mais seule icône est acceptée par le Larousse qui en a admis le sens informatique il y a une dizaine d’années. Icône au masculin, d’un usage rare, n’est admis par le Robert que dans le sens de Pierce, où il désigne alors un concept. On trouve parfois quelque pédant qui utilise le masculin, à tort, dans un contexte informatique.

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Re : Un ou une icône ?

Je ne l'utilise qu'au féminin...  (d'accord en cela avec le point de langue de druide : http://www.druide.com/points_de_langue_01.html).
google : "un icone" = 41500 / "une icone" = 182000, donc le masculin est bien répandu. (si quelqu'un sait comment avoir dire à google de tenir compte des accents, je suis preneur ; a priori, il les gomme).
Et quelques discussions sur le sujet : http://groups.google.fr/groups?num=100& … Rechercher
gb.

Re : Un ou une icône ?

En réponse à Walter sur la définition de "icone" en sémiologie :
Est-ce de mon crû ?
Non : Je l'ai entendue pour la première fois dans un cours de linguistique générale (DEA, Nice) du linguiste Junkovic et je l'ai retrouvée à plusieurs reprises dans des textes sur le même domaine. Je l'ai également enseignée dans un cours de Linguistique pour l'Informatique que j'ai donné plusieurs années à l'Université de Nice où j'enseignais l'Informatique avant de prendre ma retraite et de pouvoir me consacrer à plein temps à mes études comparatives.

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

Pour faire suite à ce que dit Marco1971, le Petit Larousse, le dictionnaire Hachette et le Maxidico donnent tous trois le genre féminin pour le terme d'informatique.

Aymon

Re : Un ou une icône ?

C'est étrange que le Robert donne le genre masculin. Mon édition date de 1993, peut-être que dans la toute dernière il tient compte de l'usage effectif (moi aussi j'ai toujours dit et entendu dire une icône). Quoi qu'il en soit, les lexicographes devront se plier à l'usage dominant.

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Re : Un ou une icône ?

J'espère que cet usage dominant sera le féminin pour icône wink Mais bon, par définition, je n'aurai pas mon mot à dire, en tout cas pas plus que les autres utilisateurs sad 

En tout cas, je constate que la question posée n'était pas si inoccente qu'elle en avait l'air. Merci à tou(te)s pour vos réponses.

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Re : Un ou une icône ?

Marco1971 a écrit:

C'est étrange que le Robert donne le genre masculin. Mon édition date de 1993, peut-être que dans la toute dernière il tient compte de l'usage effectif (moi aussi j'ai toujours dit et entendu dire une icône). Quoi qu'il en soit, les lexicographes devront se plier à l'usage dominant.

Mon édition est plus ancienne que la vôtre (1990), et fait une distinction entre le mot avec accent, et celui sans :
icone n. m. ou f. signe dont le signifiant et le signifié sont dans une relation « naturelle » (ressemblance, évocation). 2° l'onomatopée est un icone.

Aymon

Re : Un ou une icône ?

Dans l'édition 1993, la distinction entre icone et icône est toujours là, mais icone est donné uniquement comme nom masculin, ce qui est d'autant plus étrange que l'usage préfère le féminin. Tout à l'heure je n'ai recopié que l'acception concernant l'informatique ; voici ce qui précède :

ICONE [ikon] n. m. — v. 1970 ; angl. icon. DIDACT. Signe qui ressemble à ce qu'il désigne, à son référent. —> iconique (2°). L'onomatopée est un icone. L'icone, l'indice et le symbole. (1989) INFORM. Symbole graphique... [etc., v. supra].

Quelqu'un peut-il nous dire ce qu'il en est de l'édition la plus récente ?

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Re : Un ou une icône ?

Je soutiens "icône" (n.f. avec l'accent circonflexe) de manière inflexible parce qu'il vient DIRECTEMENT du mot grec eiko:n comme l'a fait justement fait remarquer Menegos.

"icone" n'est dû que parce qu'il n'y a pas d'accent circonflexe sur les claviers QWERTY anglais (pour "icon"). D'ailleurs, le mot anglais "icon" ne vient-il pas, également du grec "eiko:n"?

Le trajet le plus direct Athènes-Paris ne passant pas par Londres...

Re : Un ou une icône ?

Nul n'est besoin de soutenir icône n. f., puisque c'est la forme employée par la majorité (y compris moi-même). Par contre, on pourrait s'interroger sur le bien-fondé du circonflexe, qui n'a aucune justification étymologique.

Re : Un ou une icône ?

Marco1971 a écrit:

Nul n'est besoin de soutenir icône n. f., puisque c'est la forme employée par la majorité (y compris moi-même). Par contre, on pourrait s'interroger sur le bien-fondé du circonflexe, qui n'a aucune justification étymologique.

Marco a tout-à-fait raison et l'accent circonflexe n'est là qu'un pédantisme. Pour deux raisons.
D'abord, s'il est vrai que la forme des dictionnaires est le nominatif eiko:n (avec omega), la pratique générale du français a été de ne garder que le cas-régime des mots et l'accusatif grec de eiko:n est eikona (avec omicron). C'est là même chose pour la forme eikono- des mots composés et, ni iconoclaste, ni iconostase ne prennent le circonflexe !
Ensuite, si ma mémoire ne me fait pas défaut, icone en français ne viendrait pas directement du grec, mais du russe ikona vers le XIXe siècle !

Quant au genre, si je ne connait pas celui du mot russe, celui du grec est le féminin sans aucune contestation. On peut comprendre cependant l'usage du neutre en anglais qui classe justement le mot comme un inanimé (pronom it), le féminin y étant normalement réservé aux êtres de sexe féminin. À partir de là, le français l'empruntera comme un masculin (le genre non marqué), d'autant plus que des semi-érudits auront peut-être senti que le grec eiko:n appartient à une classe flexionnelle qui comprend essentiellement des masculins (Apollon, Poséidon, etc.).

Fort heureusement, en dépit des inquiétudes de certains, la langue française résiste finalement assez bien à la cuistrerie et le retour au féminin devrait s'imposer.
Quant au circonflexe, il devrait disparaître dans une réforme raisonnée de l'orthographe.
Il n'y a pas le feu au lac.
Cordialement,
Menegos

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

19 Dernière modification par Panurge (26-02-2005 12:42:08)

Re : Un ou une icône ?

menegos a écrit:

Quant au circonflexe, il devrait disparaître dans une réforme raisonnée de l'orthographe.
Menegos


L'accent circonflexe n'a-t-il pas le mérite d'indiquer que le o de "icône" est long (ou fermé, je ne sais plus comment on dit...) ?

Panurge.

Re : Un ou une icône ?

Mon cher Panurge,
L'accent circonflexe a effectivement, pendant un certain temps, marqué une longue, allongement compensatoire à la chute d'un s : isle > île, hostel > hôtel, paste > pâte. Et, économisons notre souffle, les longues ont une tendance naturelle à se fermer. Mais ces longues provisoires n'ont pas survécu dans un système qui avait depuis longtemps perdu l'opposition de longueur.
L'ouverture ou la fermeture ne forment en principe une opposition que pour les o, pour les a on parle plutôt d'avant et d'arrière. Il est vrai que ces traits ont tendance à se superposer et que l'on ressent une opposition entre les couples (hôtel, patte) et (autel, pâte). Mais, comme vous le constatez, l'accent circonflexe en témoigne plutôt mal wink. Encore pire si l'on compare hôte et hôtel où c'est la nature des syllabes qui est pertinente !
Quant à l'usage du circonflexe pour marquer les longues des mots empruntés aux langues qui en connaissent, il mélange délicieusement le pédantisme, l'inutilité et l'incohérence.
À quoi sert d'écrire Brahmâ sinon à semer le trouble chez les non-sanskritistes ? Je me souviens d'avoir entendu chanter la vieille et délicieuse Âme des roses avec l'erreur trahi dans son amour par Brahma la déesse ...
Et qui pourrait me dire pourquoi le héros grec Pâris se voit affubler de cet accent alors que son alpha est toujours bref en grec ancien et que, son s final se prononçant, sans même parler du contexte, aucune confusion n'est possible avec le nom de la ville ?
Plus le forum me fait réfléchir à cette question, plus je crois que une icone va définitivement faire partie de mon idiolecte ...
Cordialement,
Menegos

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

Panurge a écrit:

L'accent circonflexe n'a-t-il pas le mérite d'indiquer que le o de "icône" est long (ou fermé, je ne sais plus comment on dit...) ?

Ah! les signes diacritiques dans la langue française! ça mériterait tout un sujet! Si pour la lettre E, c'est à peu près limpide, il n'en va pas de même pour les autres voyelles (A, I, O, U; personnellement, mis à part "l'Haÿ-les roses", je n'en vois pas sur l'Y )

En effet: pourquoi une icône et un mot?

Je pense que les accents circonflexes et graves sur d'autres lettres que le E n'ont en général pas une valeur phonétique énorme et servent surtout pour éviter les confusions entre des mots voisins ou des formes grammaticales:

à avec a
(qu')il partît avec il partit
où* avec ou *unique mot français contenant un Ù
etc...

Alors, oui, je rejoins Marco & Menegos, puisqu'on ne risque aucune confusion entre ico(ô)ne et... un homonyme... mais alors, si on pousse le raisonnement au delà du raisonnable (houps!),  on se dit alors qu'icone représente quelque chose d'inanimé, qui n'a pas de sexe... alors pourquoi le mettre arbitrairement au féminin alors que le genre non marqué en Français est le féminin et on se retrouve... avec le mot anglais! Bon, j'pense qu'icone avec ou sans accent doit être au féminin... comme image. Pourtant... impression purrement personnelle... ça m'fait bizarre de l'écrire sans accent... et vous?

22 Dernière modification par Panurge (26-02-2005 16:51:06)

Re : Un ou une icône ?

menegos a écrit:

l'on ressent une opposition entre les couples (hôtel, patte) et (autel, pâte). Mais, comme vous le constatez, l'accent circonflexe en témoigne plutôt mal ;). Encore pire si l'on compare hôte et hôtel où c'est la nature des syllabes qui est pertinente !

Vous semblez dire que le ô du mot "hôtel" est ouvert.
Est-ce bien le cas ? Le Petit Larousse de 2005 ne donne pas la prononciation de ce mot, mais celui de 1977 indique que son ô est fermé.
Et je crois bien qu'Edith Piaf, dans la chanson "Amants d'un jour", fermait nettement l'ô dans "la chambre d'hôtel"...

Réforme pour réforme, ne vaudrait-il pas mieux, plutôt que de supprimer purement et simplement l'accent circonflexe, régulariser son rôle d'indicateur phonétique ?
Car je crois qu'il tient un tel rôle : je doute qu'il y ait beaucoup d' "ô" ouverts. A part le cas - douteux - d' "hôtel", en connaît-on ?

Panurge.

23

Re : Un ou une icône ?

Panurge a écrit:

Car je crois qu'il tient un tel rôle : je doute qu'il y ait beaucoup d' "ô" ouverts. A part le cas - douteux - d' "hôtel", en connaît-on ?
Panurge.

C'est vrai que des ô ouverts, mis à part hôtel (contestable), eh ben... y'en a pas... mais les o (sans accent circonflexe) fermés, ce n'est pas ce qui manque!

Tiens! deux exemples sympas!

Pot (fermé) mais potage (ouvert)
Moto (fermés) mais motard (ouvert)

Où est l'accent circonflexe?

24 Dernière modification par Panurge (26-02-2005 19:07:32)

Re : Un ou une icône ?

lakroutt a écrit:

Pot (fermé) mais potage (ouvert)
Moto (fermés) mais motard (ouvert)

Où est l'accent circonflexe?

D'accord, il y a des o sans accent circonflexe qui sont fermés, mais je voulais dire que l'accent circonflexe joue tant bien que mal un rôle d'indicateur phonétique et c'est pour cela que j'ai noté qu'il n'y a pas, ou qu'il y a très peu, d'o avec accent circonflexe qui soient ouverts.

Je dois dire que je suis Belge et qu'en Belgique, nous avons tendance à ouvrir l'o quand il s'écrit sans accent circonflexe : mot, pot, moto, etc. (Pas toujours, évidemment. Nous fermons l'o de "rose", par exemple.)
C'est peut-être pour cela que je considère si facilement l'accent circonflexe comme un indicateur phonétique.

Pour ma part, s'il fallait absolument réformer l'orthographe, j'aimerais mieux adopter "rôse",  "môt", "pôt" et "môtô" que de supprimer partout l'accent circonflexe.

Panurge.

Re : Un ou une icône ?

Panurge a écrit:

Pour ma part, s'il fallait absolument réformer l'orthographe, j'aimerais mieux adopter "rôse",  "môt", "pôt" et "môtô" que de supprimer partout l'accent circonflexe.

Tiens donc !
Mon cher Panurge, vous oubliez ici que le français n'est pas monoculturel parisien. Il y a aussi la langue du Midi !
Une jolie langue où on dit encore je te le donne (comme vous l'écrivez !) et pas les horribles je t'le donne ou ch'te l'donne.
Une jolie langue où l'on distingue encore un de in.
Une jolie langue où l'ouverture et la fermeture des o en syllabe finale dépend logiquement de celle de ladite syllabe : un pot (ouvert) mais une rose (encore fermée).
Une jolie langue française.

Alors, pourquoi ne pas cesser un impérialisme culturel qui, mutatis mutandis, ressemble fort à celui que l'on reproche à l'anglais.
Oui, je sais, Charles Martel a repoussé à Poitiers les Arabes et les princes occitans qui leur étaient alliés, Simon de Montfort, les nobliaux sans terre et les soudards qu'ila avaient recrutés ont gagné la Croisade des Albigeois, le protestantisme provençal a été éradiqué dans le sang par la Sainte Église.
Oui, je sais, les bouffis d'argent du Nord ont bétonné notre beau pays pour en faire leur bronze-cul.
Oui, je sais, les mots des Africains, des Belges, des Canadiens et des Suisses ont légitimement trouvé leur place dans les dictionnaires mais péguer (= poisser) en est toujours banni.
Oui, je sais, les gens du Nord ont gagné.
Oui, je sais, c'est justice, les gens du Midi sont paresseux, ils font sécher leur linge aux fenêtres.
Vous en avez d'ailleurs fait, avant les Belges, la cible des histoires drôles racistes. Je me souviens, moi, des histoires marseillaises dont Marius et Olive étaient les objets de dérision.

Je sais tout cela mais, pitié, laissez nous au moins le droit de parler !

Car Marseille était une ville dès le VIe siècle avant notre ère, car Marius est nom romain, car l'olive est le Don d'Athéna et elle refuse de mûrir chez vous.
Votre rôse, quand je la lis, ça me fait comme un oursin dans le coeur ...

Ah, Panurge qui fut Panourgos, comme tu m'as déçu !
Menegos

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

26 Dernière modification par Panurge (27-02-2005 16:02:07)

Re : Un ou une icône ?

menegos a écrit:
Panurge a écrit:

Pour ma part, s'il fallait absolument réformer l'orthographe, j'aimerais mieux adopter "rôse",  "môt", "pôt" et "môtô" que de supprimer partout l'accent circonflexe.

Une jolie langue où l'on distingue encore un de in.
Une jolie langue où l'ouverture et la fermeture des o en syllabe finale dépend logiquement de celle de ladite syllabe : un pot (ouvert) mais une rose (encore fermée).
(...)
Alors, pourquoi ne pas cesser un impérialisme culturel qui, mutatis mutandis, ressemble fort à celui que l'on reproche à l'anglais.
(...)
Vous en avez d'ailleurs fait, avant les Belges, la cible des histoires drôles racistes. Je me souviens, moi, des histoires marseillaises dont Marius et Olive étaient les objets de dérision.

Votre rôse, quand je la lis, ça me fait comme un oursin dans le coeur ...

Menegos

Votre message me plaît beaucoup et je me demande si nous sommes aussi opposés que vous le pensez.

Vous ne semblez pas avoir pris garde à ce que je suis Belge, c'est-à-dire d'un pays où, heureusement, on a aussi conservé la distinction entre les sons  "un" et "in". (Grâce à cela, nous n'étions pas enclins à écrire "emprunt de" au lieu de "empreint de" avant que les Parisiens ne se mettent à le faire. Depuis qu'ils le font,  non seulement on lit mais on entend souvent en Belgique "emprunt de" .)

Mais si les distinctions sonores sont précieuses, des marqueurs phonétiques ne le seraient-ils pas aussi ?
Sous prétexte de respect des diversités locales, faut-il empêcher que l'écriture donne des renseignements précis sur la prononciation ? (C'est tout de même dans les livres que nous acquérons une bonne partie de notre vocabulaire.)

Quand je propose d'écrire "pôt", je ne prétends pas interdire une seconde orthographe "pot" si la prononciation correspondante existe dans une aire linguistique considérable.
(Il est vrai que je ne proposais pas cette seconde orthographe, alors que la prononciation de "pot" avec un o ouvert est très courante en Belgique. Mais je crois que les Belges revendiquent moins leurs prononciations locales que les Méridionaux. Je ne parle pas de la distinction entre "un" et "in", que les Belges ne sont sûrement pas prêts à sacrifier.)

Il n'y avait donc dans ma pensée aucun impérialisme linguistique, simplement un désir - peut-être naïf, peut-être irréalisable - d'utiliser l'accent circonflexe comme indicateur phonétique non ambigu.

Je crois que tous les francophones ferment l'o de "rose", vous aussi si je vous comprends bien. (Mais je ne suis pas sûr de la logique que vous trouvez à la prononciation méridionale : d'après votre règle, l' o de "rosse" devrait-être fermé, or je crois que les Méridionaux l'ouvrent eux aussi.)
Dès lors, pourquoi "rôse" vous fait-il un oursin dans le coeur ? Parce que vous fermez un peu moins cet o que les Parisiens ?

Ou seriez-vous partisan d'un laxisme absolu en matière de brèves et de longues ?

On parle parfois contre la babélisation sur ce forum. Le babélisme en matière de prononciation est-il sans inconvénient ? N'y a-t-il pas avantage à ce que la prononciation distingue entre "hotte" et "hôte", "bosse" et "Beauce" ?

Tout cela peut se discuter et je dois dire que je ne suis pas du tout entiché de la réforme de l'orthographe dont je parlais, c'était une façon de plaider contre une autre réforme qui me semblerait causer une perte.

Panurge.

27 Dernière modification par menegos (27-02-2005 18:54:33)

Re : Un ou une icône ?

Mon cher Panurge,
Même si j'avais choisi un ton polémique à l'occasion de votre proposition, il va de soi que vous n'étiez pas ma cible et que votre péréambule :

Panurge a écrit:

je me demande si nous sommes aussi opposés que vous le pensez

ne m'a guère étonné.
Non, je n'avais pas remarqué que vous étiez Belge, je ne prête qu'une attention modérée aux petits drapeaux et, d'ailleurs, j'avoue mal les connaître. J'avais même cru que Balluer était Polonais.
incise
À propos connaissez-vous le délicieux contrepet sur Principauté de Monaco ? (réfléchissez à la famille princière)
fin d'incise
Quoi qu'il en soit, ce vaillant petit pays m'a toujours semblé un gai petit pays et même les Flamands, quand leur âme batave l'emporte sur leur passé, sont des gens de fort bonne venue quoi que Brel ait pu en dire. Je me suis toujours senti aussi à l'aise à Antwerpen qu'à Bruxelles ou Amsterdam.

Panurge a écrit:

Mais si les distinctions sonores sont précieuses, des marqueurs phonétiques ne le seraient-ils pas aussi ?
(...) C'est tout de même dans les livres que nous acquérons une bonne partie de notre vocabulaire.

Je n'en suis pas totalement sûr. L'aprentissage des réalisations phonétiques et de leurs règles commence avec celui de la parole, bien avant celui de l'écriture. Et les cultures sans écriture d'hier ou d'aujourd'hui ? Homère ou un griot manqueraient-ils de vocabulaire ?
Pire, dans des langues comme le français ou l'anglais, deux sommets mondiaux de l'absurdité orthographique, le mot lu ne donne que peu d'information fiable sur sa prononciation. J'ai fait travailler des étudiants à chercher des équivalents en français du jeu qui consiste à écrire ghoti le nom anglais du poisson (gh comme dans enough, i comme dans women et ti comme dans station). Ils m'ont trouvé des foules de petites merveilles de cocasserie !

Panurge a écrit:

(Mais je ne suis pas sûr de la logique que vous trouvez à la prononciation méridionale : d'après votre règle, l' o de "rosse" devrait-être fermé, or je crois que les Méridionaux l'ouvrent eux aussi.)

D'accord, je me prends toujours les pinceaux dans le tapis (*) entre ouvert et fermé, ça ne sait (*) pas trouver une petite place dans ma tête. Je voulais juste dire que les méridionaux prononçaient rose comme note alors que les nordistes le prononçaient comme pause et que la graphie rôse imposait arbitrairement ce dernier choix.
Cela me rappelait des cours de théâtre donnés à Nice par un respectable Sociétaire de la Comédie Française où les malheureux élèves qui ne prononçaient pas à la parisienne se faisaient épouvantablement incendier.
Ne parlons même pas de ce qui arrivait à ceux qui disaient du Racine <<avé l'assent>>, je suppose que la même chose a dû se produire en Belgique wink .

Quant à l'inconvénient des homographies, lexicales ou phonétiques, il ne me semble pas si terrible ; je ne sache pas que les tenants d'une réforme de l'orthographe s'en soucient plus que cela. Si le circonflexe doit continuer à être une marque (comme je le souhaite) l'étymologie me semble une fonction beaucoup plus importante que les réalisations phonétiques car elle conditionne aussi bien la dérivation (hôpital, hospitalisation) que les rapprochements interlinguistiques (pâte, pasta).
Mais, pour que la marque soit claire, il faudrait sans doute un peu nettoyer tous les , sûr, piqûre ou icône dont la fonction principale est quand même de faire endêver les gones.

Cordialement,
Menegos

(*) Où, bien sûr, ils se mélangent.
(**) Oui, je connais un peu de belge wink .

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

28

Re : Un ou une icône ?

Messieurs,

Désolé de venir troubler vos débats linguistiques.

J'ai un rapport à finir pour la semaine prochaine et suis tombé à la renverse quand j'ai découvert, dans le Robert, qu'icone sans accent était donné comme masculin.

J'aimerais bien que quelqu'un faisant autorité se prononce une bonne fois pour toutes : masculin ou féminin, circonflexe ou non ?

Un académicien "ferait l'affaire".

Cordialement,

Pascal

29

Re : Un ou une icône ?

Panurge n'est pas parisien, il est belge. Ne pourrait-il pas, lui aussi, se plaindre de " l'impérialisme linguistique ", non pas des Parisiens, mais des Français en général ?

Aymon

30

Re : Un ou une icône ?

Seafish a écrit:

Messieurs,

Désolé de venir troubler vos débats linguistiques.

J'ai un rapport à finir pour la semaine prochaine et suis tombé à la renverse quand j'ai découvert, dans le Robert, qu'icone sans accent était donné comme masculin.

J'aimerais bien que quelqu'un faisant autorité se prononce une bonne fois pour toutes : masculin ou féminin, circonflexe ou non ?

Un académicien "ferait l'affaire".

Cordialement,

Pascal

Je m'excuse pour l'envoi vide précédent... fantaisiste informatique ou gaucherie de ma part !

N'attendez pas qu'un académicien se prononce. Ces messieurs sont trop frileux. Ces messieurs recommandent les orthographes, ils ne prennent pas de décisions... il ne faut pas froisser. Bref ils ne servent pas à grand-chose si ce n'est à semer le trouble quand ils font des propositions. Après leurs recommandations, personne ne sait plus comment il faut écrire les mots...

31

Re : Un ou une icône ?

L'avis de Druide pourrait vous aider à choisir : http://www.druide.com/points_de_langue_01.html

32

Re : Un ou une icône ?

Je n'ai pas l'honneur d'être académicien, mais je donnerai quand même l'avis des Quarante en recopiant la définition de leur dictionnaire ;
ICÔNE n. f. XIXe siècle. Emprunté, par l'intermédiaire du russe ikona, et du grec byzantin eikona, « image sainte », du grec classique eikôn, « image ».
Image sainte, peinte le plus souvent sur bois, qui est vénérée dans l'Église d'Orient. Les saintes icônes. Les icônes sont parfois rehaussées de métal précieux et de pierreries. Les icônes byzantines. Une icône russe représentant saint Georges. Andreï Roublev fut un célèbre peintre d'icônes.
Pas d'icone sans accent et pas de masculin.

Aymon

33

Re : Un ou une icône ?

Bonjour,

Ah oui on dirait que je ne vous ai pas dit que j'avais trouvé la réponse, tout à fait satisfaisante pour moi, car venant carrément de la DGLFLF, "icône" faisant partie des 10 mots de la Semaine de la langue française 2005 ! smile

Et en plus par Gabriel de Broglie, Membre de l"Académie française
Président de la Commission générale de terminologie et de néologie
Que demander de plus ? smile

Cordialement,
O.N.


Voici le texte en entier (ou in extenso, comme diraient les latinophiles wink)

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À toutes les significations qui sont celles de ce mot - évocateur de précieux trésors conservés dans la pénombre des monastères et des églises - peuvent-elles venir aujourd'hui s'en ajouter d'autres ? Mais oui, bien sûr, répond la science, tout en nous invitant à les découvrir.

Voilà un mot qui a connu des tribulations ! Dans sa longue histoire, il a changé de domaine, de sens, de genre et d'orthographe. Il fut autrefois associé à des dévotions, une hérésie et des vandalismes. Cependant, il a conservé une image plus forte que tous les assauts. Non seulement il veut dire « image », mais il est une image : sa symétrie, son ovale au centre comme un visage, ses deux voyelles aux extrémités et son chapeau au dessus de l'ovale, une vraie icône. Il est des mots français qui sont des idéogrammes. « Icône » en est un, qui signifie aussi « idéogramme ».

Depuis le grec cikôn qui voulait dire image ou ressemblance, le sens du mot s'est rétréci. Il a désigné à l'origine toute image religieuse, puis, dans l'Église d'Orient, les peintures religieuses sur panneau de bois, souvent rehaussées de métal précieux, ayant dans la foi orthodoxe, la valeur sacramentelle d'une théophanie qui anticipe la transfiguration ultime de l'humanité. La lumière qui baigne l'icône, c'est la gloire de Dieu, qui ne projette aucune ombre. C'est pourquoi les iconographes nomment le fond de l'image « lumière ».

Du domaine de la religion, le mot est passé à celui de la pneumatologie lorsque le philosophe américain Charles Pierce dans sa tentative de dresser le catalogue des signes, a distingué le symbole, l'indice et l'icône, cette dernière désignant le signe qui introduit un rapport de similitude, visuelle, sonore ou autre, entre deux éléments. Le terme icon en angloaméricain a pour équivalent français dans la théorie de Pierce « idéogramme ».

Puis l'informatique s?est emparée du mot. Sur l'écran d'ordinateur apparaissent, rangés sur une règle, de nombreux signes ayant une similitude avec l'objet ou la fonction évoqués : une corbeille pour supprimer un document, une gomme pour l?effacer, une lampe pour éclairer. En angloaméricain, le même mot icon a désigné ces signes. En français, vers les années 1970, on a tenté de distinguer cet emploi nouveau très répandu du mot traditionnel en introduisant un calque de l'angloaméricain, sans accent et au masculin.

Mais l'usage n'a pas suivi cet alignement. L'icône traditionnelle a survécu. Pendant un temps, certains dictionnaires ont relevé les deux genres. En 1998, la Commission générale de terminologie mettait un terme au flottement en retenant le nom féminin « icône » dans le domaine de l'informatique et en refusant la forme « icône » au masculin.

Sur l'écran de l'ordinateur non plus, il n'y a pas d'ombre. Pendant qu'en Russie, les foules défilent de nouveau devant leurs icônes en se signant de la main gauche, les internautes peuvent désormais s'adonner à la mystique de la communication en identifiant de nouvelles icônes.

Définition : nf

1. (russe ikona, du gr. eikonion, petite image) Image sacrée dans les Églises de rite chrétien oriental.
2. n.f. (anglais icon) inform. Élément graphique qui, pour un logiciel, représente à l'écran un objet ou une fonction manipulable par l'utilisateur.
      Extrait du Petit Larousse illustré 2005 ? Édition du centenaire

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Re : Un ou une icône ?

Bonjour,

Loin d'être académicien, je me permets de suggérer humblement que si l'on conservait l'orthographe "icône" n.f. pour désigner les images religieuses, on pourrait avantageusement remplacer l' "icône/icone" informatique n.f.et/ou n.m. par "symbole".

Ainsi, plus de question sur le sexe... des anges!

AMHA.

Re : Un ou une icône ?

Mon cher Silène,
Avec un tel nom je vous aurais cru plus intéressé par certains détails techniques de l'angélologie ; on ne peut quand même toujours se restreindre à suivre les injonctions de Jean Cocteau !
Je ne reviendrai pas sur mes points de vue, déjà exprimé sur ce fil, mais, comme vous tirez nouvelle laine de ce vieux fuseau, je répondrai à votre suggestion.
En informatique comme en linguistique, et plus généralement en sémiologie, symbole est un hyperonyme de icône et il serait fort grave pour la communication dans ces disciplines de se mettre à les confondre.
Se soucier, en revanche, de la polysémie de icône est un peu vain, aucun contexte naturel de communication ne pouvant donner lieu à confusion.
Proposeriez-vout de remplacer chat par félin ou mammifère pour éviter de le confondre avec le chas d'une aiguille ?
J'irai même encore plus loin. Y a-t-il polysémie ? Ou étymologie cohérente ? Après tout, le grec eiko:n ne signifie que image et en sont également une, tant le gri-gri des Orthodoxes que le pense-bête des utilisateurs d'ordinateurs. Et, appartenant à des champs sémantiques disjoints, l'homonymie des ces deux hyponymes ne présente aucun risque.
Je terminerai en revenant à notre chat car le bout de sa queue dépasse encore ! La polysémie n'est pas toujours si grave et elle permet aussi de jouer sur les niveaux de communication. Pour votre plaisir de Silène, j'ai improvisé ce petit dialogue :
- Puis-je, Madame, carresser votre chat ? J'en ai grand envie.
- Mon chat, Monsieur, ne se laisse pas carresser par tout le monde. Mais, si vous réussissez à l'apprivoiser ...
- Je vais l'approcher avec douceur, chère Madame, il semble si mignon, il n'a pas à se cacher sous votre jupon..
- Monsieur, vous allez trop loin.
- Madame, nous ne faisons que jouer avec la langue ...

Cordialement,
Dominique (ex Menegos)

PS : C'est pour les connaisseurs que j'ai également glissé un jeu de mot dans ce petit dialogue.

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

Les chemins du libertinage sont imprévisibles smile

37 Dernière modification par Dominique Thillaud (09-03-2005 12:30:11)

Re : Un ou une icône ?

gb a écrit:

Les chemins du libertinage sont imprévisibles smile

M'sieur, c'est Silène qu'il a commencé l'premier ! C'est lui il a dit "sexe" !

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

Mon cher Dominique Thillaud,

Je vous remercie beaucoup pour le long développement que vous avez consacré à ma petite suggestion.

Et, comme je n’aime rien d’autre que de me coucher le soir un peu moins ignorant que je ne l’étais le matin au lever, je vous sollicite pour m’éclairer sur la « parenté d’idée » entre mon pseudo et l’angélologie (ou angéologie) qui, comme chacun sait est « l’étude consacrée aux anges » (Grand Robert 6 vol. éd. Augmentée 2001).

Comme je ne me prends pas pour un ange, j’ai cherché les différentes acceptions du terme en question, et n’ai pas trouvé de lien avec la qualité d’ange.

Voici le fruit de ces recherches infructueuses, et que vous compléterez sûrement.

**************** Début de citations ******************
ÉMILE LITTRÉ
1. SILÈNE (si-lè-n'), s. m.
1° Demi-dieu, fils de Pan et d'une nymphe, père nourricier et compagnon de Bacchus. Les satyres et Silène.
Les silènes, les autres compagnons de Bacchus.
Terme d'antiquité romaine. Petite figure de marbre représentant un silène.
2° Nom donné au satyre circé (midi de l'Europe) de Latreille, qui est un papillon.
HISTORIQUE.
XVIe s. Silenes estoient jadis petites boistes.... painctes au dessus de figures joyeuses et frivoles.... pour exciter le monde à rire, quel fust [ainsi que fut] Silene maistre du bon Bacchus, RAB. I, Prologue de l'auteur.


2. SILÈNE (si-lè-n'), s. f. Genre de plantes de la famille des dianthacées (caryophyllées) ; on y distingue : la silène muscipule, dite vulgairement attrape-mouche, c'est la silène attrape-mouche de certains auteurs ; la silène enflée de Smith (Europe), appelée vulgairement carnillet ou cornillet, et bec d'oiseau, c'était le cucubale behen de Linné ; la silène noctiflore, dite fleur de la nuit, LEGOARANT.

Dict. Hachette en CDR
SILÈNE
Dionysos, dans la myth. gr., fils de Zeus et de la mortelle Sémélé. Identifié avec Bacchus dans la myth. romaine, il est le plus jeune, le plus populaire, mais aussi le plus complexe des dieux de l’Olympe: bon vivant (dieu de la Vigne), gai, tout en étant cruel jusqu’au paroxysme. Son culte, important, est aussi celui de l’art et de la poésie et a donné naissance au théâtre grec.

silène n. m. BOT Plante herbacée (fam. caryophyllacées) dont une espèce, le silène à bouquet (Silene armeria), est cultivée pour ses fleurs pourpres ou roses.

Larousse du XXe siècle - 6 Vol éd. 1933

SILÈNE n. m. Bot. Genre de caryophyllacées.
— Zool. Espèce de macaque (vetulus silenus), propre à l'Inde méridionale. V. MACAQUE, et VETULUS.
ENCYCL. Bot. Les silènes sont des herbes annuel:. bisannuelles ou vivaces, et parfois des demi-arbrisseaux à feuilles opposées, à fleurs souvent groupées en cymes. Le fruit est une capsule uni-loculaire. On compte trois cents espèces de silènes, répandues dans l'hémisphère nord, dont trente-sept sont françaises. Parmi les plus répandues on cite : le silène enflé (carnillet), le silène armeria, le silène penché. Les silènes armeria, pendula, acaulis, sont cultivés en bordure et corbeilles pour leurs fleurs.
SILÈNE. Myth. gr. Génie phrygien des sources et des fleuves, représenté avec la queue, les sabots et les oreilles du cheval ; symbole des eaux. Il devait à sa nature le don de la sagesse et de l'inspiration prophétique.
Entré dans le cortège de Bacchus, il devint le père nourricier du dieu, et le père des satyres. La tradition populaire faisait de lui un vieillard grotesque, toujours ivre, le plus souvent monté sur un âne. Dans l'églogue VI de Virgile, Silène, pris et enchaîné par deux faunes et une nymphe, leur chante l'origine du monde.
— Iconogr. Silène a été souvent représenté dans l'art antique : vases peints, bas-reliefs, terres cuites, statues de marbre, bronzes. Plusieurs statues conservées (Louvre, Vatican) montrent Silène portant le petit Dionysos, et font de lui un vieillard à l'expression grave et paternelle; mais le Silène populaire, celui que nous montrent le célèbre Silène ivre de Pompéi, les bas-reliefs bachiques, les peintures de vases, était entièrement grotesque : petit, trapu, ventru, chauve, velu, avec un nez camus ; et il était toujours ivre.
Dantan aîné a figuré l'Ivresse de Silène dans un bas-relief de marbre qui a paru au Salon de 1868. Mais l'oeuvre capitale de sculpture moderne qu'ait fournie ce sujet est le groupe du Luxembourg, de Dalou (en bronze).
Le Triomphe de Silène a été peint par Van Heemskerk (musée du Belvédère), Gérard Honthorst (Louvre), A. Van Dyck (musée de Bruxelles), le Titien (1640), etc. Rubens a peint l'Ivresse de Silène (pinacothèque de Munich) ; c'est une superbe débauche de couleur et de formes. Ribera a traité le même sujet dans une de ses plus énergiques toiles (musée de Naples; 1626). [V. planches Beaux-Arts CXXVIII et CXXX.]

**************** Fin de citations ******************

À ce point de votre lecture (tout au moins, je l’espère !), je tiens à vous préciser que les éléments qui m’ont amené à choisir Silène comme pseudo sont plus «  Génie phrygien des sources et des fleuves, représenté avec la queue, les sabots et les oreilles du cheval ; symbole des eaux. Il devait à sa nature le don de la sagesse et de l'inspiration prophétique. » et « Plante herbacée (fam. caryophyllacées) dont une espèce, le silène à bouquet (Silene armeria), est cultivée pour ses fleurs pourpres ou roses », que les autres aspects de ce personnage mythologique…

Or donc, point d’ange dans tout cela (ni de sexe, d'ailleurs!)

Pour en revenir à ce qui est le véritable cœur de ce « fil », à savoir « icône », je reconnais que j’ai, un peu vite, proposé sa modification en « symbole », ce qui est effectivement réduire considérablement le sens dans la hiérarchie dont vous donnez l’exemple « Proposeriez-vous de remplacer chat par félin ou mammifère pour éviter de le confondre avec le chas d'une aiguille ? ». Je vous en donne acte, et reconnais bien volontiers le côté infondé (ou plutôt, mal fondé) de ma proposition.

Comme, malgré tout, mon intérêt pour la langue française est « titillé » par l’utilisation (que je trouve abusive) de mots empruntés à l’anglais, sans effort de « francisation », je propose cette fois-ci une substitution à l’icône « informatique ». C’est « pictogramme », qui s’abrège facilement dans le langage parlé en « picto », et qui ne comporte pas de circonflexe.


Que penseront les habitués de ce fil, et vous-même, de cette alternative « icône/pictogramme » ?

Cordialement

Silène

P.S. J’ai beaucoup apprécié le petit jeu avec la langue, qui m’a fait… saliver.

Re : Un ou une icône ?

Cher Silène,
Étant moi-même un peu âgé, barbu, légèrement bedonnant et d'une sobriété tolérant bien les transgressions, j'ai toujours considéré le bouteiller de Dionysos comme devant être d'assez bonne compagnie. Pour tout savoir sur lui, la meilleure approche, et de loin, est de consulter le site de mon ami australien Aaron Atsma qui donne toutes les références aux textes anciens et contient un grand nombre de données iconographiques :
http://www.theoi.com/Kronos/Seilenos.html
Ce site est en anglais (non commercial wink ) mais, autant que je sache, ne possède aucun équivalent.
J'ajouterai cependant un détail provenant de mes études mycéniennes et qui laisse supposer que le nom de Silène aurait une grande antiquité en Grèce, excluant les hypothèses sur une origine thrace ou phrygienne. La tablette PY Ta 707, trouvée à Pylos, contient un inventaire de mobilier et, à la ligne 2, on lit :
(linéaire B) to-no ku-te-se-jo e-re-pa-te-ja-pi o-pi-ke-re-mi-ni-ja-pi se-re-mo-ka-ra-o-re qe-qi-no-me-ne a-di-ri-ja-te-qe po-ti-pi-qe 1
(transcription proto-grecque) thronos kuteseios elephanteiaphi opikelemniaphi seiremokrasorei dedinomenei andriatei te portiphi te : 1
(sens) un trône de cytise avec des montants d'ivoire, sculpté avec des têtes de sirènes, des guerriers et des génisses : 1
C'est du moins la traduction commune. Malheureusement, les sirènes ne se reconnaissent que très mal à leur tête, leurs corps d'oiseaux (à l'époque) étant le seul critère ! Comme le graphie du linéaire B ne distingue pas, entre autres, "l" de "r" (e-re-pa = elephas), j'ai toujours pensé qu'il fallait comprendre des têtes de silènes, figures d'hommes barbus.
Vous auriez alors, mon cher, quelques trois millénaires et demi d'antiquité !

Pour ce qui est de pictogramme, voire de picto, je trouve cela fort bien venu, ma seule objection étant que icône est déjà bien implanté et (mais je me répète) n'a rien qui justifie une exclusion.

Amicalement,
Dominique

PS : Les lecteurs voudront bien m'excuser cette incursion dans les abysses de la langue française mais il me semblait intéressant de montrer jusqu'à quelle profondeur l'histoire de mots comme trône, éléphant ou cytise pouvait descendre.

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

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Re : Un ou une icône ?

Olso a écrit:

Pendant qu'en Russie, les foules défilent de nouveau devant leurs icônes en se signant de la main gauche...

Vous avez dû voir une image inversée, cher Olso wink


Donc si je résume : le sens premier d'icône est image en général (représentation). Même s'il a pu prendre, pendant en temps, en français le sens spécialisé d'image pieuse, il peut tout à fait s'étendre à un deuxième sens (lié à la représentation) sans pour autant changer de genre ou perdre don accent circonflexe.

De surcroit, en 1998, la Commission générale de terminologie mettait un terme au flottement en retenant le nom féminin « icône » dans le domaine de l'informatique et en refusant la forme « icône » au masculin.

Nous pouvons en toute bonne conscience et avec la bénédiction de l'Académie, employer le mot icône au féminin et avec son accent circonflexe dans les deux acceptions.

J'ai bon ?

"La douceur est invincible." Marc Aurèle

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Re : Un ou une icône ?

Bonjour,

Perkele a écrit:

Nous pouvons en toute bonne conscience et avec la bénédiction de l'Académie, employer le mot icône au féminin et avec son accent circonflexe dans les deux acceptions.

J'ai bon ?

Ben je dirais que oui ! smile

Cordialement,
O.N.

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Re : Un ou une icône ?

piotr a écrit:

Ça le fait souvent quand je "rafraîchis" l'affichage (icône Actualiser).

Bref passage doublé d'un pinaillage : n'écrit-on pas "icône" s'agissant d'imagerie religieuse et "icone" (sans accent circonflexe) quand il s'agit d'informatique ?

(message déplacé et fusionné -gb)

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Re : Un ou une icône ?

Zarg en vadrouille a écrit:

Bref passage doublé d'un pinaillage : n'écrit-on pas "icône" s'agissant d'imagerie religieuse et "icone" (sans accent circonflexe) quand il s'agit d'informatique ?

Le Petit Robert donne pour cette acception (quand il s'agit d'informatique) icone (sans circonflexe et n. m.) - mais ajoute que la récommandation officielle serait une icône (avec circonflexe et n. f.).

En plus, dans son acception du domaine linguistique (ce qui est appellé symbole chez Saussure et désigne un signe qui a une similitude avec son référent, par ex. une onomatopée), le TLFi met un chapeau à icone, le Petit Robert pas...

...le chaos parfait. big_smile

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : Un ou une icône ?

Pierre Félix Louis s’est offert un Ÿ pour devenir l’écrivain Pierre Louÿs...

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