Hippocampe a écrit:Je crois qu'il faut écrire: les "toute petites différences".
Oui, mais non : la règle (et l'usage) semble être la suivante :
Robert le Grand a écrit:La règle officielle (formulée en 1704 dans le Dict. de l'Académie) est la suivante :
1- Tout est invariable au masculin : Tout chargés d'infamie (Corneille), etc.
2- Tout est variable en genre et en nombre devant les adjectifs féminins commençant par une consonne ou par un h aspiré : toute belle ( La Fontaine). Tendresse toute platonique (Th. Gautier). Portes qui s'ouvrent toutes grandes. Elle est toute honteuse (mais on écrit : des manières tout honnêtes, le h étant muet).
Le cas des semi-voyelles est indécis : des mains tout oisives ou toutes oisives (Grevisse).
Lequel Grevisse cite Flaubert : « Ces célibataires parisiennes qui [...] mangent toutes seules. »
Cela dit, j'ai repris tout Robert le Grand, et plusieurs paragraphes de Grevisse le Beau (beau-père de Goosse): l'un en met deux pages avec force citations, et l'autre trois (avec force citations !), les exceptions ne sont pas rares, surtout chez les classiques, avant l'énonciation de la règle par l'Académie :
Robert le Grand a écrit:ACCORD DE TOUT adv.
En ancien franç., tout, malgré sa fonction d'adverbe, était normalement accordé, en tant qu'adjectif, avec l'adjectif qu'il modifiait. Cet usage était encore vivant au XVIIè S. :
Une chose qui vous est toute acquise -Physionomie toute honnête -Toute entière ( Molière). Son âme toute entière ( La Bruyère). « C'est Vénus toute entière à sa proie attachée » (Racine. — N. B. Ce vers célèbre est souvent orthographié selon les règles modernes d'accord, notamment dans les éditions scolaires>).
Divers stratagèmes tous prêts à se produire ( Molière). Des hommes qui nous sont tous contraires (La Rochefoucauld). — N. B. Tous n'est pas ici le pronom pluriel, et il faut lire [tu] et non pas [tus].
L'accord avec le pluriel a été le premier abandonné, et Vaugelas écrit : « Ils sont tout autres que vous ne les avez vus »; mais « elles sont toutes estonnées ».
Plus loin, Robert ajoute :
REM. Selon Damourette et Pichon, tout dans ces emplois est bien un adjectif « coalescent » d'adjectif, comme dans fin prêt, grand ouvert, etc.; ces adjectifs manifestent une tendance à l'invariabilité ou à la variation en genre seulement.
Ce serait le cas de tout, qui n'a que deux formes phonétiques [tu] ou [tut] au masculin; [tut] au féminin. En fait, la règle de Vaugelas, prescrivant d'écrire : tout tristes au lieu de tous tristes supprimait une équivoque avec tous pronom (prononcé [tus]).
Ainsi donc, tout ne serait pas "un adverbe variable", mais un "adjectif ayant tendance à l'invariabilité", probablement à l'insu de son plein gré !
Boufre ! vite un anti-migraineux.
elle est pas belle, la vie ?