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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Écriture et langue française » Un mot, un jour.

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Messages [ 1 à 50 sur 69 ]

Sujet : Un mot, un jour.

En cette fin de dimanche languissant, j’ai eu une petite idée de sujet pour ce forum. A vous de me dire si ça ne vous dérange pas et à m’sieu gb d’agréer.
Voici le bébé: au fil des lectures, j’ai amassé des mots, rares ou fréquents, tout simplement parce qu’ils m’étaient sympathiques, parce que leurs sens m‘étaient inconnus ou incertains, leurs sons agréables, leurs orthographes intéressantes... et pour les chercher dans les dictionnaires... et, le cas échéant, pour faire appel à vous, comme ce fut le cas pour auréophique, trinckhall, ou accisme (à propos de cette drôle d’histoire d’O., sa secrétaire au figaro m’a dit qu’elle lui transmettrais ma question... j‘attends toujours, dépité...) http://www.languefrancaise.net/forum/vi … hp?id=2435
Je propose de vous soumettre un mot chaque jour, avec sa citation et sa définition.
Suggestions, corrections, remarques, silences seront bienvenus... vos propres mots aussi, avec citations... Mais pas trop d'un coup.
Le but? Partager ces mots: ceux qui les connaissent les remémoreront, apprécieront, confirmeront, contesteront... d’autres les découvriront... les apprendront ou non... les oublieront...  petit patapon!

o malakas tis pareas

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Re : Un mot, un jour.

Comment, une simple déclaration d'intention, et pas de mise en pratique ? Ne nous faites pas languir !

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Re : Un mot, un jour.

A toi les dés smile

4 Dernière modification par kobo (11-07-2006 01:08:47)

Re : Un mot, un jour.

Merci! C'est parti.

AÉROLITE ou AÉROLITHE (n.m.):  Météorite pierreux, « tombant des profondeurs de l’espace céleste sur le terre » d’après Le Larousse universel (1922). Attirés par notre globe, ces débris planétaires traversent l’atmosphère et le frottement de l’air les échauffe et produit une fusion superficielle, d’où des phénomènes lumineux et un bruit de détonation.  

« Le cœur battant, je ramassai donc ma trouvaille : un caillou dur, noir, de la taille du poing, lourd comme du métal, et coulé en forme de lame.
Une nappe tendue sous un pommier ne peut recevoir que des pommes, une nappe tendue sous les étoiles ne peut recevoir que des poussières d’astres : jamais aucun aérolithe n’avait montré avec une telle évidence son origine.
Et, tout naturellement, en levant la tête, je pensai que, du haut de ce pommier céleste, devaient avoir chu d’autres fruits. (…) Et j’assistai ainsi, dans un raccourci saisissant, du haut de mon pluviomètre à étoiles, à cette lente averse de feu. »
                                                        Terre des Hommes      A. de Saint-Exupéry

« CYRANO:                                               Où suis-je? soyez franc!
                             Ne me déguisez rien! En quel lieu, dans quel site,
                             Viens-je de choir, Monsieur, comme un aérolithe?
DE GUICHE:   Morbleu!...
CYRANO:                                Tout en choyant je n’ai eu choix
                         De mon point d’arrivée, - et j’ignore où je chois!
                         Est-ce dans une lune ou bien dans une terre,
                         Que vient de m’entraîner le poids de mon postère? »
                                    Cyrano de Bergerac(Acte III scène 13)        E. Rostand

o malakas tis pareas

Re : Un mot, un jour.

Cete chronique  se tient déjà sur le net sous le nom le mot du jour, dans le site Lexilogos http://babel.lexilogos.com/forum.
Nous devons être complémentaires, et non rivaux. A chacun sa spécificité.
Portez vos mots du jour au forum Babel, et les vaches seront bien gardées...

Vous l'ignoriez ? Je vous l'apprends.

Il me semble inutile que les participants d'ABC alimentent la présente rubrique, puisqu'elle existe ailleurs.
Par contre, sur le forum Babel, il n'y a pas de définitions fantaisistes, notre titre de gloire devant l'Eternel !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Un mot, un jour.

Oui, mais je préfère l’ABC forum. 
Et ici, il y aura de la belle citation à l’appui… que de la bonne littérature… des grands auteurs… un dictionnaire sans exemples, c’est un corps sans squelette, comme disait je ne sais plus qui…
Chez lexilogos (que je ne connaissais pas, merci pour l’adresse), on a l’impression qu’ils ouvrent un dictionnaire et donnent la définition d’un mot… C’est bien, mais c’est pas glop… un peu docte…
Il est évident que certains connaîtront tous les mots qui viendront… toutes les citations… grand bien leur fasse…   
On m’a mis les dés en main et suis prêt à jouer César sur le Rubicon…
Ce qui va suivre sera plus à sa place ici que les exploits de Mongénéral.:rolleyes:

o malakas tis pareas

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Re : Un mot, un jour.

BIGOPHONIE (n.f.): Un bigophone est un instrument de musique d’apparence burlesque, parfois construit en carton. Se disait familièrement du téléphone. Par bigophonie, Kessel entendait probablement une envie de vivre furieusement et librement, avec originalité...
     « Jusqu’au matin, ils allèrent de bar en bar à travers Montmartre, célébrant leur réunion et son succès.
Partout les accompagna un chauffeur à mine patibulaire, dont l’œil gonflait sans cesse et qu’ils traitaient comme un frère.
- C’est un fétiche, expliquait Vivant ici à tous les gens de connaissance. Le fétiche de la bigophonie.»
                    Les enfants de la chance                 J. Kessel

     « De l’extérieur, cette excitation forcenée, les coups de poing et les coups de tête, en un mot cette bigophonie – comme l’appelle, je ne sais pourquoi, Ivan – doit paraître, je le conçois, stupide, stérile, abaissante (il s’anima brusquement, laissant éclater le lyrisme qui, sans cesse, nourrissait en lui l’existence). »
                        Les enfants de la chance                          J. Kessel

«  Samedi minuit... Mes souvenirs de cette nuit sont extrêmement brumeux. Je n’ai pour seuls repères qu’une poignée de cartes de keno et de napperons, entièrement recouverts d’un gribouillis de notes. L’une d’entre elles porte: « Dénicher le type de Ford, exiger une Land -Rover afin d’observer la course... des photos?... Lacerda/appeler... pourquoi pas un hélicoptère?... Attraper le bigophone, mettre le paquet sur ces enculés... hurler fortement .» »
                            Las Vegas parano                   H.S. Thompson

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Re : Un mot, un jour.

Cette bigophonie justifie parfaitement votre projet, cher Kobo.
Google ajoute que mot est aussi utilisé dans le sens "téléphonage", et qu'il existe en Allemagne une musicienne pop-peintre-romancière nommée (?) Françoise Cactus, qui a écrit un livre ayant pour titre "Auto Bigophonie".

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Re : Un mot, un jour.

CHACONNE ou CHACONE (n.f.): Danse des XVIIème  et au XVIIIème siècles, d’assez longue durée, que l’on exécutait à trois voire quatre temps lors des finales des ballets ou des opéras. Le terme désigne aussi l’air de cette danse ou les paroles de cet air. C’était aussi un ruban porté sur la chemise, d'après Littré.
     « nous nous sommes permis !… une danse ancienne… une chaconne… et deux autres danses… romantiques !… »
                                                                      D’un château l’autre           L-F Céline

    « [Dans l’ancienne bibliothèque du château] En bas, en haut, tout s’avariait, se porphyrisait, s’écalait, se cariait, tandis qu’en l’air d’énormes araignées de grange, estampées sur le dos d’une croix blanche, se balançaient, dansant de silencieuses chaconnes, les unes en face des autres, au bout d’un fil. »
                                                                              En rade          J.-K. Huysmans

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Re : Un mot, un jour.

Zou! je relance! Bonne journée à tous.

DÉMIURGE (n.m.) : Nom donné au dieu créateur, à l’intelligence créatrice par les Platoniciens. Par analogie, un démiurge est le créateur d‘une œuvre, l’animateur d’un monde.
    « Voir et savoir, sans être vu ni connu, telle est la maxime d’un démiurge ivrogne et aboulique, qui ne répond plus aux prières, aux lettres et aux coups de téléphone. Au plus mou de sa mauvaise foi, Fouquet essaye de porter cette inertie qui le cantonne en marge de ses devoirs au compte d’une confiance ascétique dans la création, doublée d’une humilité absolue chez la créature. Il n’espère pas que Dieu sera dupe, il le lui suggère à tout hasard. »
                                                                        Un singe en hiver        A. Blondin

     « (…) leur hiérarchie se décompose en démiurges, devins, sorciers, hommes-léopards ou loups-garous, cadavres-ambulants, juges, guérisseurs, montreurs de larves, jeteurs de sort, dresseurs de poules, sacrificateurs (…). »
                                                                       La Vie dangereuse       B. Cendrars 

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11 Dernière modification par kobo (05-07-2006 21:25:12)

Re : Un mot, un jour.

Voici déjà le mot de demain.
ÉPITOGE (n.f.) : Sorte de manteau que les Romains portaient par-dessus la toge.
         C'est à présent un ornement de soie, dit aussi chausse, fait d’une bande d’étoffe portée à l’épaule gauche, pendant devant et derrière la robe des magistrats et des avocats lorsqu’ils prêtent serment ou plaident. Portée aussi par les professeurs d'université, elle était en principe en soie jaune pour ceux des lettres ou rouge pour ceux des sciences. Elle est garnie à la verticale d’une à trois bandes d’hermine selon leurs grades: bachelier, licencié, docteur.

     « Lors du dernier cours de droit constitutionnel de l’année, le professeur fit son entrée en habit de cérémonie dans  l’amphithéâtre. Les étudiants, plus amusés et étonnés qu’admiratifs, l’acclamèrent. Il nous détailla son habit. En expliquant la signification des trois bandes d’hermine de son épitoge, tout le monde l’applaudit, mais deux mois plus tard, après les examens, tout le monde avait déjà oublié ce que le mot épitoge voulait dire. »
                Chroniques médiocres d’une vie ordinaire            Alceste Akhnatov

« Ce jour-là je suis venu, le cœur battant, rendre visite au Président de la première Chambre de la Cour, en son cabinet; j’attends depuis dix minutes, je voudrais que ce temps se prolonge car savoir attendre est déjà un bon signe.
« Monsieur le Président va vous recevoir… »
Je vérifie la place de mon rabat, celle de mon épitoge, j‘installe sur mon visage un léger sourire de discrète déférence, et je m‘avance.»
                     Mots et Pas Perdus                 J.-D. Bredin

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Re : Un mot, un jour.

Cher Kobo, à propos de vos exemples (par ailleurs originaux et intéressants) :

Alceste Akhnatov me paraît russe, et Hunter S. Thompson est sûrement américain. Les textes français que vous citez sont donc écrits par leurs traducteurs, qu'il conviendrait de mentionner (et peut-être donner aussi une date de publication, pour qu'on puisse savoir quand ces termes ont été employés ?).

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Re : Un mot, un jour.

En effet, il y a de bonnes habitudes que je vais essayer de prendre.
Terre des hommes est paru en 1939
Cyrano en 1897
Les enfants de la chance en 1934
D'un château l'autre en 1957
En rade en 1887
Un singe en hiver en 1959
La vie dangereuse en 1938
Mots et pas perdus en 2004
Las Vegas parano est paru aux Etats Unis en 1971 sous le titre Fear and Loathing in Las Vegas.
Quae sunt Caesaris, Caesari: l'extrait est ici celui de la traduction de P. Mikriammos de 1994 aux éditions 10/18.

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Re : Un mot, un jour.

FORFANTERIE (n.f.): Caractère du vantard et de l'impudent. Se dit aussi des choses accomplies par le forfante:  hâblerie, fanfaronnade et charlatanisme, scélératesse.

« Le surveillant nous laissa seuls. Je trouvai Patrick Henry très calme. S‘il éprouvait de la crainte, voire de l‘angoisse devant l‘épreuve de l‘audience, il n‘en laissait rien paraître. Non par orgueil ou forfanterie. A écouter ses questions, j’avais le sentiment que, pour lui aussi, le verdict était déjà acquis. »
                                                         L’ abolition          R. Badinter (2000)

« Je ne lui ai reconnu pendant mon séjour qu’une seule forfanterie, humble vanité, à Tandernot, c’était d’être lui, le seul Européen qui puisse attraper des rhumes en Bragamance par 44 degrés à l’ombre… Cette originalité le consolait de bien des choses… « Je me suis encore enrhumé comme une vache !» qu’il annonçait assez fièrement à l’apéritif. « Il n’y a que moi à qui ça arrive !».
                                                    Voyage au bout de la nuit          L.-F. Céline (1932)

« Là il voulait reconstituer la république rêvée par le marquis du Quesne, un endroit où les pirates, les vagabonds et les filles de mauvaise vie se seraient retrouvés libres. Il en parlait sans forfanterie et, en même temps qu’il parlait à Nassima de ses rêves, il lui apparaissait qu’il avait vraiment aimé le cinéma, que ça n’avait pas été seulement une affaire d’argent, mais toute sa vie. »
                                                      Hasard               J.M.G. Le Clézio (1999)

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Re : Un mot, un jour.

Kobo a l'air fort attaché à son sujet, smile . Continuez, ça me fait grand plaisir de vous lire, même si je ne comprends guère.

16 Dernière modification par kobo (08-07-2006 01:29:52)

Re : Un mot, un jour.

Papy, n'hésite pas à questionner, comme tu sais le faire. (et tutoie! merdazof!)

GRIVÈLERIE (n.f.) : Par allusion aux pillages des grives dans les vignes, une grivèlerie est une escroquerie consistant à faire des grivelées, petits profits illicites et secrets, grâce à un emploi ou une charge notamment. Plus communément, c'est l'action de griveler, c’est-à-dire de prendre un repas ou une consommation sans avoir de quoi payer, dans un restaurant ou un café. On appelle ça un plan basket.

     « Le procureur, paraît-il, avait déjà entre les mains toutes les charges pour vingt ans de bagne!... Pour Courtial! Madame! et moi-même! Les motifs ne manqueraient pas!... Rapts d’enfants!... Libertinages!... Grivèleries diverses!... Infractions aux jeux... Fausses déclarations contribuables... Plusieurs attentats aux mœurs... Cambriolages!... Escroqueries!... Rapines nocturnes!... Recel de mineurs!... Enfin y avait la cascade... un choix très complet!... Il nous assommait le brigadier!... »
                                                 Mort à crédit            L-F Céline (1936)

     « Si loin que nous reportent nos souvenirs, nous ne voyons que procédés semblables de grivèlerie et d’ingratitude. Ces messieurs usaient largement de la beauté de la dame et de ses richesses. Puis, un matin, ils disparaissaient. Bien heureuse encore si le quidam, ayant fait soigneusement le point, ne revenait avec des navires et des troupes d’occupation. »
                                                       L’Atlantide                   P. Benoit (1920)

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17 Dernière modification par kobo (09-07-2006 00:34:19)

Re : Un mot, un jour.

HARIDELLE (n.m.) : Mauvais cheval maigre et efflanqué, proche du canasson et de la rossinante. Se dit aussi pour une personne sèche et méchante, répondant aux mêmes caractéristiques que l'animal.
     « Il les entraîna au fond d’une petite cour où stationnait une charrette attelée à une haridelle grise. Lourdement chargée, une bâche couvrait son contenu, mais les remugles de puanteur qui s’en échappaient ne laissaient aucun doute sur sa nature. »
                                               Le crime de l’hôtel Saint-Florentin            J-F. Parot (2004)

« Un autre jour le petit Miguel, qui voulait embrasser la carrière des armes, assis sous un arbre, se délectait d'un roman de chevalerie quand, tout à coup, un tonnerre de ferraille le faisait sursauter: c'était un vieux fou du voisinage, un hobereau ruiné qui caracolait sur une haridelle et pointait sa lance rouillée
contre un moulin. »
                                              Les Mots         J-P. Sartre (1964)

« Je mate sa vitrine fatiguée. Elle est attendrissante dans le fond, cette vieille haridelle. On suit sa valeureuse carrière sur ses traits mal ravaudés. Trente piges de tapin, de-ci et là: Paris, sûrement , dans des taules d’abattage à cent passes par jour, et puis un Monsieur Léon quelconque qui, l’âge de la remise étant venu, l’installe dans ses bois, au pays d’Armor natal. Elle ne prend plus de rond qu’avec certains habitués huppés auxquels elle réserve des extases rarissimes: la pipe au thé de Ceylan, la peau de mouton électrique, tout ça en grandissime faveur à marquer d’une pierre blanche. Elle dirige ses trois poufs benoîtement, maternelle et énergique: une main de fer dans un slip de velours. La pré-retraite... Dans cinq piges, dix au mieux, ce sera la petite villa Sam’suffit, avec un chat castré, une tombe à fleurir, et le thé de Ceylan, elle le boira en compagnie de quelques autres veuves au lieu de le recracher. »
                                             Si ma tante en avait           San-Antonio (1978)

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Re : Un mot, un jour.

Une notice s'impose :

C’est bien, mais c’est pas glop

Vous pouvez nous traduire le mot en gras ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

19 Dernière modification par Papageno (09-07-2006 04:07:08)

Re : Un mot, un jour.

"Glop Glop!" ou "Pas glop pas glop!" : j'aime ou j'aime pas dans les bulles de Pifou dans les Aventures de Pif le Chien...
http://193.251.82.94/pif-collection/mas … pifou.html

J'avoue qu'y faut avoir entre 25 et 35 ans max...

Re : Un mot, un jour.

Et puis surtout qu'il faut avoir eu des parents communistes ! tout le monde n'a pas cette chance...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Un mot, un jour.

On peut aussi avoir eu un enfant qui a aujourd'hui entre 25 et 35 ans, et à qui on achetait les petits albums (format carnet) où Pif et Pifou s'ébattaient, et où rien de communiste ne transparaissait. Je ne crois pas que la culture bédé soit aussi soumise que ça aux engagements politiques.

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Re : Un mot, un jour.

Pas si sûr smile
Pour des parents politisés, nul doute que les liens entre Pif, l'Humanité et le parti communiste ont dû jouer un rôle attirant ou répulsif ; particulièrement à l'époque où les conflits idéologiques étaient plus marqués.

Enfin, «pas glop» est encore vivant...

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Re : Un mot, un jour.

Cher Gb, quand je parle de moi-même, vous me répondez : Pas si sûr ?

Re : Un mot, un jour.

Pierre Enckell a écrit:

On peut aussi avoir eu un enfant qui a aujourd'hui entre 25 et 35 ans, et à qui on achetait les petits albums (format carnet) où Pif et Pifou s'ébattaient, et où rien de communiste ne transparaissait. Je ne crois pas que la culture bédé soit aussi soumise que ça aux engagements politiques.

Et pourtant!...
Dans les années soixante, mon père, qui n'a jamais fait de politique, ne voulait pas que je lise l'illustré "Vaillant", estimant qu'une bande dessinée, quand on a dix ans, se doit de divertir sans malice, sans arrière pensée, sans don déguisé à un quelconque organisme ou parti...

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Re : Un mot, un jour.

Disons que tous les lecteurs de Pif n'avaient pas forcément la «chance» d'avoir des parents communistes, mais que leurs parents n'en étaient pas trop éloignés, politiquement.
Pour ma part, j'ai déchiré et recolorié les Pif de mon papa avant d'apprendre à lire après la disparition de l'URSS.:P

o malakas tis pareas

26 Dernière modification par kobo (10-07-2006 00:40:17)

Re : Un mot, un jour.

Sur ces gloperies,
INGAMBE (adj.) : Léger, alerte, qui a l’usage facile de ses membres et plus précisément de ses jambes. Qui est ingambe se meut aisément, va et vient.

                                                    TRIBOULET
    « Oh ! sire ! laissez-moi haranguer le bonhomme.
                                                             (A M. de Saint-Vallier, avec une attitude théâtrale.)
    Monseigneur ! vous aviez conspiré contre nous,
    Nous vous avons fait grâce, en roi clément et doux.
    C’est au mieux. Quelle rage à présent vient vous prendre
    D’avoir des petits-fils de monsieur votre gendre ?
    Votre gendre est affreux, mal bâti, mal tourné,
    Marqué d’une verrue au beau milieu du né,
    Borgne, disent les uns, velu, chétif et blême,
    ventru comme monsieur,
                                                                                        (Il montre M. de Cossé, qui se cabre.)
                                    Bossu comme moi-même. 
    Qui verrait votre fille à son côté, rirait.
    Si le roi n’y mettait bon ordre, il vous ferait
    Des petits-fils tortus, des petits-fils horribles,
    Roux, brèche-dents, manqués, effroyables, risibles,
    Ventrus comme monsieur,
                                               (Montrant encore M. de Cossé, qu’il salue et qui s’indigne.)
                                             Et bossus comme moi !
    Votre gendre est trop laid !- Laissez faire le roi,
    Et vous aurez un jour des petits fils ingambes
    Pour vous tirer la barbe et vous grimper aux jambes.
                                        Le roi s’amuse (Acte 1er   Scène V)         V. Hugo (1832)

o malakas tis pareas

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Re : Un mot, un jour.

ben tiens, c'est de circonstance...

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Re : Un mot, un jour.

C'est surtout pour henriette que je suis triste.

o malakas tis pareas

29 Dernière modification par kobo (11-07-2006 01:05:14)

Re : Un mot, un jour.

Exceptionnellement aujourd'hui, deux mots pour l'ami Zyco.

SYCOPHANTE (n.m., du grec sycophante, dénonciateur des voleurs de figues dans les bois sacrés de l‘Attique): Nom donné aux dénonciateurs professionnels à Athènes, qui dénonçaient au peuple les citoyens éminents et agissaient contre eux en justice en convoitant partie de leurs richesses. Se dit du  délateur, de l’espion, et par extension du fourbe et de l‘imposteur. Un sycophantin (fils du sycophante) est un flagorneur, un parasite.

    « La Révolution m'aurait entraîné, si elle n'eût débuté par des crimes : je vis la première tête portée au bout d'une pique, et je reculai. Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d'admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste. N'ai-je pas rencontré en France toute cette race de Brutus au service de César et de sa police ? Les niveleurs, régénérateurs, égorgeurs, étaient transformés en valets, espions, sycophantes, et moins naturellement encore en ducs, comtes et barons : quel moyen âge ! »
                   Mémoires d'outre-tombe (I)       F.-R. de Chateaubriand (1848)

ZYTHOGALE ou ZYTHOGALA (n.m): Boisson à base de lait et de bière mélangés que les Grecs buvaient dans l'Antiquité. Les médecins anglais en prescrivaient à leurs patients sous le nom de posset, son équivalent latin, d'après le Dictionnaire "Le Panckoucke" des sciences médicales par une société de médecins et de chirurgiens (1812-1822) consultable sur l'intéressant site de la bibliothèque de médecine de Paris 5 http://www.bium.univ-paris5.fr/. Le zythogale peut faire penser au champoreau, mélange de café au lait et de rhum ou d'absinthe que boit Tartarin de Tarascon chez les lions. « Après quoi, fouette, postillon! »

                    « Vin! Hydromel! Kummel! Whisky! Zythogala!
                    j’ai bu de tout ! parfois saoûl comme une bourrique!
                    l’Archiduc de Weimar jadis me régala
                    d’un vieux Johannisberg à très cher la barrique! »
                                       Pseudo-sonnet imbriaque et désespéré
                                                     ( in La négresse blonde)       G. Fourest (1909)

o malakas tis pareas

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Re : Un mot, un jour.

JACQUERIE ou JAQUERIE (n.f.) : Soulèvement paysan en 1357 contre les nobles, lors de la captivité du roi Jean le Bon. Se dit depuis de toute insurrection populaire, de toute révolte des classes pauvres, des jacques, contre les classes riches où le plus souvent les exécutions sanglantes et arbitraires jouent le principal rôle. En 1815, Napoléon refusa d’appeler le peuple aux armes, ne voulant pas être le « chef d’une jacquerie ».
Jacques Bonhomme était la désignation méprisante, de la part des nobles et du clergé, avant la nuit du 4 août, du Tiers-État, des paysans, des jacques. Synonyme de France d’en bas, en somme...

     « Elle ripostait en des termes qu’étaient plus du tout réfutables! Jamais ce sale plouc il aurait cru… Elle l’accusait à son tour d’avoir fomenté en personne toute la révolte des péquenots!… Toute cette jacquerie abominable! »
                                                        Mort à crédit            L-F Céline  (1936)

     « Figaro incarne, pourrait-on dire, « l’homme d’esprit contre les pouvoirs ». (…) Il a des instincts bourgeois. Il fronde la noblesse, mais s’en arrange. Ce n’est pas lui qui conduirait une jacquerie au pillage d’Aguas-Frescas. Il n’aura pourtant aucun scrupule à acheter le château pour une bouchée de pain, quand on le vendra comme bien national. »
                              Beaumarchais ou la bizarre destinée           R. Pomeau (1987)

« Et un silence qu’interrompaient parfois des cris d’oiseaux effarouchés, des sauts de lapins dérangés et fuyants planait sur ce désordre de nature, sur cette jacquerie des espèces paysannes et des ivraies, enfin maîtresse d’un sol engraissé par le  carnage des essences féodales et des fleurs princières. »
                                                             En rade              J.-K. Huysmans (1887)

o malakas tis pareas

31

Re : Un mot, un jour.

Définition fantaisiste :

JACQUERIE, n.f. : Action de faire le jacques [cf. guignol], d'après le prénom d'un chef de l'Etat.

Oups ! me serais-je trompé de fil ?

32

Re : Un mot, un jour.

Ah, ah, ah! Je n'avais pas osé la faire, mais vous êtes tout amnistié... euh, excusé!:)

o malakas tis pareas

33

Re : Un mot, un jour.

Je n’ai retenu que très peu de mots commençant par la lettre K. Il a été récemment question du kif, et cela tombe bien car j’ai plein de citations pour ce mot. Je laisse spécialistes et amateurs corriger mes approximations!
KIEF, KIEFF, KIEHF, KIF, KIFF (n.m.): Repos absolu au milieu du jour, en Orient. État de béatitude. Le kif est un mélange de tabac et de poudre de feuilles de chanvre indien que l‘on fume. Ce sens (et lui seul) semble être tombé en désuétude dans les banlieues: on parle plutôt de hasch, de teuteu, de shit et de canna. C’est kif-kif (bourricot) (pourquoi bourricot?) veut dire « c’est pareil ». C’est du kif signifie que  c’est « que du bonheur ». Kiffer (sa race, sa mère…) veut dire aimer, prendre du plaisir à… Je vous renvoie au dictionnaire d’argot du présent site. http://www.languefrancaise.net/recherch … chercher=1   
 
« Trois becs de gaz allumés
La patronne est poitrinaire
Quand tu auras fini nous jouerons une partie de jacquet
Un chef d’orchestre qui a mal à la gorge
Quand tu viendras à Tunis je te ferai fumer du kief
Ça a l’air de rimer
Des piles de soucoupes des fleurs un calendrier
Pim pam pim »
                                     Les sentiers et les routes de la poésie       P. Eluard (1954)

     « Beaucoup sont morts du kif, un kif plus violent que l’opium. Quand ils n’ont plus Antinéa, ils fument, fument. La plupart sont morts ainsi... les plus heureux. »
                                    L’Atlantide            P. Benoît (1919)

    « Quatre heures du matin. Le prolétariat dormait d’un œil dans ses banlieues, les cadres sur leurs deux oreilles d’ânes dans leurs super clapiers du front de Seine. (...) Des filles de famille ahuries par l’alcool et le kif se faisaient défoncer dans la banlieue ouest et singeaient la jouissance pour combattre le mal de cœur. Les clodos se transmettaient des maladies vénériennes sous les ponts. »
                                     Nada            J.-P. Manchette (1972) 

    « La crise définitive déterminée par la digestion des aliments est en effet très violente : il est impossible de lutter ; et un pareil état ne serait pas supportable s’il durait trop longtemps et s’il ne faisait bientôt place à une autre phase de l’ivresse, qui, dans le cas précité, s’est traduite par des visions splendides, doucement terrifiantes et en même temps pleines de consolations. Cet état nouveau est ce que les Orientaux appellent le kief. Ce n’est plus quelque chose de tourbillonnant et de tumultueux; c’est une béatitude calme et immobile, une résignation glorieuse. Depuis longtemps vous n’êtes plus votre maître, mais vous ne vous en affligez plus. La douleur et l’idée du temps ont disparu, ou si quelquefois elles osent se produire, ce n’est que transfigurées par la sensation dominante, et elles sont alors relativement à leur forme habituelle ce que la mélancolie poétique est à la douleur positive. »
Le poème du hachisch             (in Les Paradis artificiels) C. Baudelaire (1860)

    « C’était vraiment moi le plus fort, et peut-être le plus méchant… Français ou Anglais, les lardons c’est tout du kif comme vermine… Faut piétiner ça dès l’entrée… Faut pas y aller avec le dos, ça se corrige d’autor ou jamais! A la détrempe! la Capitale! Sinon c’est vous qu’on escalade!… Tout crevé, pourri, fondu. Il vous resterait plus que la chiasse si vous laissiez passe l’occase! »
                                        Mort à crédit             L.-F. Céline (1936)

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34 Dernière modification par kobo (13-07-2006 01:27:48)

Re : Un mot, un jour.

Une précision s'impose: tout le monde l'aura deviné, les définitions présentées ici sont issues (pour ne pas dire honteusement pompées) de multiples dictionnaires que j'ai pu feuilleter, dont voici les références:
(si quelqu'un a des conseils sur la présentation bibliographique, je le remercie par avance de les communiquer, notamment quant à l'ordre des différents éléments à mentionner, les dates, les éditeurs, l'italique, le soulignage...) 

PETIT LAROUSSE EN COULEURS  1980

PETIT ROBERT 1986

LAROUSSE UNIVERSEL en 2 volumes 1923

LE PETIT LITTRÉ (1874)

DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANCAISE d’E. Littré édition intégrale 1967

DICTIONNAIRE CLASSIQUE ILLUSTRÉ d’A. Gazier (Armand Colin 31ème édition 1905)

NOUVEAU DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANCAISE
par L. Dochez (Librairie ecclésiatique et classique de Ch. Fouraut, 1860)

DICTIONNAIRE DE L’ARGOT MODERNE de G. Sandry (commissaire principal à la sûreté nationale) et M. Carrère (éditions du dauphin 5ème édition 1960)

DICTIONNAIRE ARGOT-FRANCAIS
par Napoléon Hayard dit l’« Empereur des camelots » (Veuve Léon Hayard 1907) 

DICTIONNAIRE COMPLET DE L’ARGOT EMPLOYÉ DANS LES MYSTÈRES DE PARIS (1844)     « Ouvrage éminemment utile à toute personne honnête puisqu’il divulgue à la société les mots dont les filous, voleurs, loueurs, chevaliers d’industrie composent leur conversation.    Ouvrage recueilli par M. D.                   D’après les renseignements donné par un ex-surveillant de la Roquette et un garde-chiourme de Brest.
Augmenté de la manière dont la pègre maquille son truque pour poissancher les pantres.                 dont les voleurs prennent pour voler les honnêtes gens. »

NOUVEAU DICTIONNAIRE D’ARGOT (1829)
« par un ex-chef de brigade [nommé Bras-de-Fer] sous M. Vidocq »

NOUVEAU SUPPLÉMENT DU DICTIONNAIRE D’ARGOT avec le vocabulaire des chauffeurs de l’an VIII et le répertoire du largonji de Lorédan Larchey (E. Dentu , Éditeur, 1889)   

LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE de Lorédan Larchey (E. Dentu, Éditeur, 5ème édition 1865) 

DICTIONNAIRE DE LA LANGUE VERTE
d’Alfred Delvau (Marpon et Flammarion, Éditeurs, 2nde édition, 1883)

NOUVEAU DICTIONNAIRE COMPLET DU JARGON DE L’ARGOT ou LE LANGAGE DES VOLEURS DÉVOILÉ par Halbert d’Angers (Le Bailly, Libraire, 1849) 

L’ARGOT CHEZ LES VRAIS DE VRAI d’A. Le Breton (Presses de la Cité 1975)

DICTIONNAIRE DES JURONS de Pierre Enckell (P.U.F. 2004)

VOCABULAIRE JURIDIQUE de G. Cornu (P.U.F. 4ème édition 2003)

ABCDAIRE DU WHISKY de T. Benitah

GRAMMAIRE DE L’ARCHITECTURE d’E. Cole (Dessain et Tolra 2003)

DICTIONNAIRE SAN-ANTONIO de S. Le Doran, F. Pelloud et P. Rosé (éditions Fleuve Noir 1993)

DICTIONNAIRE DES MYTHOLOGIES M. Philibert (Maxi-Livres 1998)

DICTIONNAIRE DES RELIGIONS R.-J. Thibaud (Maxi-Livres 2000)

GLOSSAIRE EXPLICATIF DE CERTAINES EXPRESSIONS EMPLOYÉES EN TAUROMACHIE figurant à la fin de Mort dans l’après-midi d’E. Hemingway

GUIDE BLEU GRÈCE (Hachette 1990)   

DICTIONNAIRE ESPAGNOL FRANCAIS de S. Denis, M. Maraval et L. Pompidou (Librairie Hachette 1976)

HARRAP’S SHORTER DICTIONNAIRE ANGLAIS-FRANCAIS FRANCAIS-ANGLAIS 6ème édition 2000 

LA PRATIQUE DE LA  PHILOSOPHIE d’E. Clément (Hatier 2000)

DICTIONNAIRE DE LA PHILOSOPHIE de J. Russ (Bordas 1991)

DICTIONNAIRE DES ŒUVRES LITTÉRAIRES DE LANGUE FRANCAISE J.-P. de Beaumarchais et D. Conty (Bordas, 1994)

ENCYCLOPÉDIE DES SYMBOLES M. Cazenave (Le livre de Poche, Pochotèque, 1996) 

PEINES DE MORT  histoire et techniques des exécutions capitales des origines à nos jours M. Monnestier (Le cherche midi éditeur, 1994)

DROIT CIVIL 4: Les obligations J. Carbonnier (PUF 22ème édition refondue 2000)

Vive le dictionnaire d'argot de languefrançaise.net!

et vive GALLICA, que j'ai découvert grâce à ce forum!
et le TLFI aussi!

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35 Dernière modification par kobo (14-07-2006 00:13:33)

Re : Un mot, un jour.

LANSQUENET (n.m. de l’allemand Landsknecht, valet de ferme, serviteur du pays, littéralement): Dès le XVème siècle, ce terme désignait des fantassins allemands (de Souabe) enrôlés comme mercenaires et qui combattaient sous leurs enseignes nationales, commandés par des officiers de leur langue, surtout en France pendant les guerres de religion, appelés par les Guises. Ils étaient armés d’épées, de dagues et d’arquebuses; la plupart portaient le corps de cuirasse et étaient coiffés de la bourguignote. Certains étaient armés de l’épée à deux mains, ou grand espadon, que l’on portait en avant, dans certaines attaques, pour faucher le bois des piques ennemies et ouvrir une brèche. La lansquenette, qu’ils portaient, étaient une épée courte et large, à deux tranchants.
Se dit d'un homme grossier et brutal.
C’est aussi un jeu de cartes de hasard que ces fantassins ont introduit, « complètement inusité de nos jours » d’après Le Larousse universel (1923).

« D. CARLOS.    - Lequel vaut mieux, Corneille, Agrippa? Jean Trithème?
                                Celui dont une armée explique le système,
                                Qui met un fer de lance au bout de ce qu’il dit,
                                Et compte maint soudard, lansquenet ou bandit,
                                Dont l’estoc, refaisant la fortune imparfaite,
                                Taille l’événement au plaisir du prophète.
                                Pauvres fous! qui, l’œil fier, le front haut, visent droit
                                A l’empire du monde et disent: J’ai mon droit!
                                                           Hernani (Acte IV scène 1)        V. Hugo (1830)

« FRICK (le bottier déguisé en major) :
« Partout où l’on dîne,
d’une façon fine,
paraît le major, paraît le major!
Je suis le major, je suis le major!
Partout où l’on joue,
partout où l’on floue,
paraît le major, le major!
Oui je coupe, je découpe,
fais sauter la coupe.
Je suis le major, le major!
J’ai toujours après le dîner,
pour avis qu’il faut cartonner,
baccarat ou bien lansquenet,
j’ai dans ma poche un jeu tout prêt;
mais c’est surtout à l’écarté
que brille ma dextérité,
et quand il faut tourner le roi,
nul ne peut lutter avec moi! »     
La vie parisienne (acte II), opérette d’Offenbach, livret d’H. Meilhac et L. Halévy (1873)
(bien sûr, comme ça, sans la musique, c'est pas terrible...)

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Re : Un mot, un jour.

N'est-ce pas Charles Quint qui envoya ses lansquenets défendre le siège de Vienne contre les Turcs?
Il me semble qu'ils avaient également une particularité dans leur costume, une bourse qu'ils portaient non pas à la ceinture, mais à l'endroit de la braguette.

37

Re : Un mot, un jour.

Merci pour ces précisions, zycophante.
Je suis un petit peu en retard sur l'horaire habituelle, mais voici tout de même le:
MIRLITON (n.m.) : Sorte de flûte de roseau creusé, garnie à son extrémité d’une  pelure d’oignon ou d’une membrane de baudruche et percé d’une ouverture latérale près de chaque bout, sur laquelle on applique les lèvres pour nasiller un air ridicule.
Les vers de mirliton sont de mauvais vers, vulgaires, semblables à ceux qui étaient imprimés sur les bandes de papier entourant en spirale les mirlitons avec lesquels on faisait de la musique.
Un mirliton est aussi un refrain populaire.
C’était en outre une petite pâtisserie roulée, à la crème et à la fleur d‘oranger, ainsi que le nom donné au shako pendant la Révolution.

    « C’était un boulot magique qu’il enlevait superbement, la synthèse explicative, péremptoire, irrécusable, des pires hypothèses saugrenues, les plus ergoteuses alambiquées, insubstantielles…Il aurait fait par conviction passer toute la foudre entière dans le petit trou d’une aiguille, l’aurait fait jouer sur un briquet, le tonnerre dans un mirliton. Telle était sa destinée, son entraînement, sa cadence, de mettre l’univers en bouteille, de l’enfermer par un bouchon et puis tout raconter aux foules…Pourquoi ! et comment !…»
                                                                             Mort à crédit            L-F Céline (1936)

[A propos de Jacques Vaché] « J’ai connu un homme plus beau qu’un mirliton. Il écrivait des lettres aussi sérieuses que les Gaulois. Nous sommes au XXème siècle (de l’ère chrétienne) et les amorces partent sous les talons d’enfants. Il y a des fleurs qui éclosent spécialement pour les articles nécrologiques dans les encriers. Cet homme fut mon ami.»
                                                                        Les Pas perdus             A. Breton (1924)
                             
     « - Et si on te crevait les yeux, gros père? Et si on voulait être aussi méchants que les chauffeurs d‘Orgères? Qu‘est-ce que tu dirais - juste avant qu‘on te coupe la langue?
    - Je dirais:« Laissez-moi ma langue, j‘ai quelque chose à ajouter et je pourrai le dire que dans quelques jours. »
    -  Il plaisante, cet enfiotté. Il veut rigoler… Il trouve le monde gai, ce pou… La mine réjouie… Paris by night… Les serpentins au cul… et je souffle dans mon mirliton. »
                                    Luj Inferman’ chez les poulets                P. Siniac (1980)


J'avoue que l'utilisation du terme par André Breton m'est obscure.
C'est pourtant bien le mot mirliton qui est employé, et non le mot mirmidon.
Plus beau qu'un mirliton? Faut-il y voir du surréalisme? Je n'en suis pas sûr, car l'ouvrage n'est pas dans cet esprit-là.

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Re : Un mot, un jour.

Dans le prologue de l'opéra-comique d'Alexis Piron, "Le Claperman" (Oeuvres complettes, 1776, tome III, p. 201), représenté en février 1724, Apollon joue "sur une flûte à l'oignon, l'air du Mirliton, alors tout nouveau",  qui a pour refrain :
J'ai du mirliton, mirliton, mirlitaine, &c.

C'est à l'année 1723 qu'Emile Raunié (Recueil Clairambault-Maurepas, Chansonnier historique du XVIIIe siècle, 1880, tome IV, p. 177 à 213) classe diverses chansons olé-olé sur cet air. Le mot y désigne surtout le sexe féminin :

Méfie-toi de ces fillettes
Qui semblent n'y penser pas ;
Pour les voir plus guillerettes
Ne les prends point par le bras,
Mais au mirliton.

mais peut aussi se rapporter au masculin :

En vain tu fais l'innocente,
Tes efforts sont superflus,
Chaque instant mon feu s'augmente ;
Ma foi ! je ne réponds plus
De mon mirliton.

39

Re : Un mot, un jour.

Génial!:) J'étais passé à côté! Le mirliton était aussi le nom d'une coiffure, semble-t-il.
L'argot musical: curiosités anecdotiques et philologiques (1892) d'Émile Gouget rapporte ceci: — «Un curé de village, scandalisé de la chanson du Mirliton, s'éleva fortement dans un prône, contre ceux qui la chantaient. Le lendemain, une de ses paroissiennes lui demanda pourquoi le mirliton avait si fort animé son zèle.
— « Ce n'est, lui dit-elle, autre chose que la gaze que je porte sur la tête.
— « Ma foi, dit le curé, je n'en savais rien; dimanche prochain, je réparerai cela. »
En effet, au prône suivant, il dit à ses paroissiens : « Mes frères, je vous ai beaucoup gourmandés, dimanche dernier, sur le mirliton; mais depuis que j'ai vu celui de Mlle Javotte; j'ai trouvé que c'était si peu de chose qu'en vérité il ne valait pas la peine d'en parler. »

o malakas tis pareas

40

Re : Un mot, un jour.

NAÏADE (n.f.): Nymphe des eaux. Les naïades sont des divinités du polythéisme grec qui président aux fontaines et aux rivières, aux sources et aux ruisseaux; elles sont les filles de Jupiter. Peut se dire pour plaisanter d’une nageuse ou d’une baigneuse.
C’est aussi une plante aquatique des eaux douces de l’Europe centrale dont la pollinisation se fait par l‘eau, et une famille de vers aquatiques.

          « Sebastian est assis sur le banc et lit à haute voix des vers anglais dans un cahier noir. Il s’interrompt soudain: un peu vers la gauche on aperçoit, émergeant à peine, la tête châtain d’une naïade qui s’éloigne lentement, sa longue chevelure flottant en arrière; et voilà qu’elle sort de l’eau, sur la rive opposée, baigneur nu se mouchant dans ses doigts: c’est le pope aux cheveux longs du village. »
                                  La vraie vie de Sebastian Knight            V. Nabokov (1941)
                               (traduit de l’anglais par Y. Davet aux éditions Albin Michel (1951))

          « Là, tout le jour, il y avait société nombreuse; sur l' herbe, on trouvait étendues les belles jeunes femmes de Papeete, qui passaient les chaudes journées tropicales à causer, chanter, dormir, ou bien encore à nager et à plonger, comme des dorades agiles. Elles allaient à l' eau vêtues de leurs tuniques de mousseline, et les gardaient pour dormir, toutes mouillées sur leur corps, comme autrefois les naïades. »
                                           Le mariage de Loti (Rarahu)                P. Loti (1882)

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Re : Un mot, un jour.

kobo a écrit:

Génial!:) J'étais passé à côté! Le mirliton était aussi le nom d'une coiffure, semble-t-il.
L'argot musical: curiosités anecdotiques et philologiques (1892) d'Émile Gouget rapporte ceci: — «Un curé de village, scandalisé de la chanson du Mirliton, s'éleva fortement dans un prône, contre ceux qui la chantaient. Le lendemain, une de ses paroissiennes lui demanda pourquoi le mirliton avait si fort animé son zèle.
— « Ce n'est, lui dit-elle, autre chose que la gaze que je porte sur la tête.
— « Ma foi, dit le curé, je n'en savais rien; dimanche prochain, je réparerai cela. »
En effet, au prône suivant, il dit à ses paroissiens : « Mes frères, je vous ai beaucoup gourmandés, dimanche dernier, sur le mirliton; mais depuis que j'ai vu celui de Mlle Javotte; j'ai trouvé que c'était si peu de chose qu'en vérité il ne valait pas la peine d'en parler. »

Très amusant! J'ai bien ri.
Dommage que cela paraisse trop beau pour qu'on ne le soupçonne pas d'ête inventé!...
J.M.

Re : Un mot, un jour.

kobo a écrit:

Le mirliton était aussi le nom d'une coiffure, semble-t-il.

Toujours dans le même volume de Piron, p. 312, Le Caprice, opéra-comique, août 1724 :

C'est à lui [le Caprice] que nous devons
Coëffures en mirlitons,
Bagnolettes, Pagodes,
Follettes, Ponpons.

43

Re : Un mot, un jour.

ORPHÉON (n.m.) : Instrument de musique à cordes et à clavier dans lequel le son est produit par une roue qui frotte les cordes.
En 1833, c’était une école de chant parisienne réunissant les meilleurs chanteurs des écoles primaires. Sorte de chorale, d’école de chant. Par extension, fanfare.

    « Je vous dis pas le nom des ministres derrière l’orphéon… (…) même agrippés comme nous sommes, on glisse, on n’avance plus du tout !… c’est de la patinoire comme c’est pris… eux, la fanfare, ils peuvent y aller! ils ont des bottes à crampons ! ils peuvent la jouer la Marseillaise ! nous c’est miracle qu’on plane pas, foute pas le camp à dame. »
                                                                  D’un château l’autre          L-F Céline (1952)

     « Les jours de fête, en particulier les dimanches honorés comme ultra-repos officiel, l’orphéon de Saint-Flebène ( un sarrussophone, un triangle, deux flûtes, une grosse caisse et un bandonéon) se réunissait sur la place Boileau, au cœur de la cité. Assis sur des pliants, les exécutants jouaient pendant des heures valse musette, scies d’opéras, marches guerrières et chansonnettes dont les plus prisées étaient encore “Temps des cerises”, “Ah qu’il est doux de ne rien faire”, “Viens le soir descend” et “Plaisir d’Amour”. Ces jours de concert, chaque famille était tenue d’apporter aux musiciens un verre de vin en guise de paiement.
     Il en résultait une extinction de tous sons harmonieux, vers les quatre heures de l’après-midi. »
                                                                              Le triporteur              R. Fallet (1951)
   
     « Je m’éveillai avec mal à la tête et le bruit des orphéons qui passaient dans la rue. Je me rappelai que j’avais promis d’emmener Edna, l’amie de Bill, voir les taureaux traverser la ville pour se rendre aux arènes. »
                                                   Le Soleil se lève aussi             E. Hemingway (1926)
(For Whom the Bell Tolls , traduit de l'américain par D. Van Moppès en 1950)

     « Déjà, lorsque descendu de voiture et pendant que je présentais à la porte de la prison mon laissez-passez et l’ordre de libre-visite, le grand reporter manifestait sa surprise et son ébahissement en entendant les éclats d’un orphéon, les cris de joie d’une foule en délire, les coups sourds d’un ballon de football, le crincrin de mandolines et de violons nous parvenir de l’autre côté des hauts murs de l’enceinte. »
                                              La Vie dangereuse                 B. Cendrars (1938)

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Re : Un mot, un jour.

L'école de chant citée date-t-elle bien de 1833 ?

A propos de dates, on peut noter que le dérivé orphéoniste est daté de 1839 par le TLF. C'est une erreur : le texte cité à l'appui a été publié en 1852 seulement (Nerval, Oeuvres complètes, Pléiade, tome III, p. 228).

45

Re : Un mot, un jour.

kobo a écrit:

Instrument de musique à cordes et à clavier dans lequel le son est produit par une roue qui frotte les cordes.

Ça c'est la définition qui s'appliquait au XIXe à la petite vielle à roue ou au gros organistrum. Aujourd'hui, un orphéon est une formation orchestrale, synonyme de fanfare dans le langage courant. Plus précisément, on donne ce nom à toute formation de ce type qui n'est pas strictement une batterie-fanfare ou un orchestre d'harmonie.
D'ailleurs, tous les exemples donnés (Cendrars, Fallet, Céline) n'envisagent que cet orphéon-là.

46 Dernière modification par kobo (21-07-2006 23:00:17)

Re : Un mot, un jour.

D'après le Dictionnaire pratique et historique de la musique de Michel Brenet (1858-1918), « la première société chorale de ce genre que l'on vit en France fut fondée en 1842 par l’initiative de Bocquillon-Wilhem. Elle s’intitulait « les Enfants de Paris ». » L’ouvrage précise en outre que « le niveau artistique de ces sociétés est généralement très faible et plus encore celui de leur répertoire ».
La star ac n’existait pas encore… Gounod dirigea l’Orphéon de Paris de 1852 à 1860.
1833 est la date avancée par Littré (mentionnant lui aussi Wilhem qui a sa rue dans le XVIème), et reprise par quelques sites. Toujours est-il qu'il semble y avoir un épais nuage d'incertitude autour de l'apparition de l'orphéon en tant que chorale masculine.
Un site intéressant à découvrir:
http://rh19.revues.org/document157.html

o malakas tis pareas

47 Dernière modification par kobo (19-07-2006 01:30:44)

Re : Un mot, un jour.

Je poste, je poste, mais surtout n'hésitez pas à poursuivre sur les mots antérieurs!

PARANGON (n.m.) : Modèle, type, patron.
Se dit d’une perle ou d’un diamant sans défaut.
Parangonner ou mettre en parangon signifie comparer, mettre en égalité d’estime.
Se disait de certaines fleurs revenant chaque année sans dégénérer, avec la même beauté.
Le parangon est un marbre noir utilisé en Égypte et en Grèce dans les statues d‘animaux.
Je trouve le TLFI très moyen sur ce coup là.

« Rampant d’argent sur champ de sinople, dragon
Fluide, au soleil de la Vistule se boursoufle.
Or le roi de Pologne, ancien roi d’Aragon,
Se hâte vers son bain, très nu, puissant maroufle.

Les pairs étaient douzaine : il est sans parangon.
Son lard tremble à sa marche et la terre à son souffle ;
Pour chacun de ses pas son orteil patagon
Lui taille au creux du sable une neuve pantoufle.

Et couvert de son ventre ainsi que d’un écu
Il va. La redondance illustre de son cul
Affirme insuffisant le caleçon vulgaire

Où sont portraiturés en or, au naturel,
Par derrière, un Peau-Rouge au sentier de la guerre
Sur un cheval, et par devant, la Tour Eiffel.»
             Le bain du roi     A. Jarry          revue Blanche, n° du 15 février 1903
                                                                   (cité par Breton dans  Les Pas perdus)

« En 1974, dans Mets ton doigt où j’ai mon doigt, San-A. nous livrait le portrait d’un politicien très en vue doté d’une épouse nymphomane bien encombrante pour ce faux parangon de vertu.»
            Frédéric Dard ou la vie privée de San-Antonio                   F. Rivière (1999)

     « Enfin, la figure emblématique du bon père de famille, sans peurs et sans reproches, parangon de prudence et de diligence, paraît bien loin de la réalité souvent tragique de milliers de femmes et d‘enfants, s‘épuisant dans des tâches ingrates et livrés à la volonté d‘un employeur tout puissant. Ce décalage entre l‘image idéale de l‘honnête homme de 1804 et le spectacle pitoyable de ces vies brisées devint rapidement insupportable pour une société fortement christianisée.»
L’impossible divorce de la faute et de la responsabilité civile (D.1998,chron.,p. 301)                                                                                                                                                          C. Radé

« Les applaudissements et les coups de sifflets éclatèrent quand Richard Cœur de Lion apparut. Il portait un peignoir de soie blanc. Ses chaussures étaient bleu azur, sa superbe crinière blonde, soigneusement coiffée, descendait jusqu’à ses épaules. Il était magnifique, la foule l’adorait. Il retira son peignoir blanc, exhibant un maillot bleu ciel. Il s’inclina cérémonieusement devant tous les spectateurs ravis. Puis, avec une ostentation calculée, il s’agenouilla au centre du ring, fit le signe de croix, inclina la tête, ferma les yeux et pria. Brusquement, le Duc bondit de son coin et lançant en avant ses deux pieds, allongea Richard sur le sol. La foule se métamorphosa en une bande de lions féroces. On jetait des objets – des objets comme des chaises et des bouteilles, des fruits et des tomates. Je compris alors pourquoi tout le monde détestait cet homme. Il était l’ennemi.
Le drame était joué d’avance. Le Duc ne pouvait pas gagner sur ce ring. Il était là pour être puni, car il incarnait le diable, et Richard Cœur de Lion, parangon de pureté, finirait bien sûr par le terrasser. Voila pourquoi les spectateurs avaient payé.»
                                                            Rêves de Bunker Hill                 J. Fante
(Dreams from Bunker Hill (1982) traduit de l'américain en 1985 par B. Matthieussent chez Christian Bourgois et 10/18)

Je me permets de recommander John Fante à tous car il est trop méconnu. Ca se lit facilement (dans le texte c'est mieux bien sûr), c'est à la fois sombre et lumineux, c'est mon petit coup de coeur!

o malakas tis pareas

Re : Un mot, un jour.

Il faudrait encore mentionner l'emploi en typographie (TLFi, Littré). Restif de la Bretonne, typographe lui-même, a nommé un  de ses personnages "Madame Parangon" (voir google).

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Re : Un mot, un jour.

Effectivement: le parangon est un caractère utilisé en typographie.

REZZOU (n.f.): Nom donné au Maghreb à la troupe militairement organisée pour exécuter une razzia, pour enlever des provisions et du troupeau par la surprise et la violence.
« Une année plus tôt, nos camarades Gourp et Erable, en panne ici, exactement, avaient été massacrés par les dissidents. Nous savions qu’aujourd’hui aussi un rezzou de trois cent fusils campait quelque part à Bojador. Nos trois atterrissages, visibles de loin, les avaient peut-être alertés, et nous commencions une veille qui pouvait être la dernière. »
                                                     Terre des Hommes                  A. de Saint-Exupéry (1938)

« Les sables sont d’abord déserts, puis vient le jour où, craignant l’approche d’un rezzou, nous y lisons les plis du grand manteau dont il s’enveloppe. Le rezzou aussi transfigure les sables. »
                                                    Terre des Hommes A. de Saint-Exupéry (1938)

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50 Dernière modification par kobo (21-07-2006 23:07:37)

Re : Un mot, un jour.

SOURDRE (vb.): Qualifie l’action de l’eau sortant de terre. Au figuré, cela signifie sortir, naître, résulter. Sourdre peut aussi vouloir dire s’agiter, se dresser: en mer, le nuage sourd lorsqu’il s’élève à l’horizon.
Ce verbe ne prend que les formes suivantes: il sourd, ils sourdent, il sourdait, ils sourdaient, il sourdit, il sourdra, il sourdrait, qu’il sourde, qu’il sourdît, et sourdant.

     « Lorsque autrefois du haut du rocher je contemplais, par-delà le fleuve, la fertile vallée jusqu’à la chaîne de ces collines ; que je voyais tout germer et sourdre autour de moi; que je regardais ces montagnes couvertes de grands arbres touffus depuis leur pied jusqu’à leur cime, ces vallées ombragées dans leurs creux multiples, de petits bosquets riants, et comme la tranquillité de la rivière coulait entre les roseaux susurrants, et réfléchissait les chers nuages que le doux vent du soir promenait sur le ciel en les balançant (…). »
                                                                Les Souffrances du jeune Werther     Goethe (1774)
                               (Traduit de l’allemand pour Gallimard en 1954 par B. Groethuysen)   

« A la sortie du port, l’eau est noire, profonde. Il y a tous ces trous mystérieux, les avens où sourdent les sources froides. Quelque fois on rencontre de grands poissons lune qui se laissent enivrer en tournant sur eux- mêmes. »
                                                                                      Hasard            J.M.G. Le Clézio (2001)

«                           DON CARLOS.
- Oh! d'états et de rois, mouvante pyramide,
Ton faîte est bien étroit! Malheur au pied timide!
A qui me retiendrais-je! Oh! si j'allais faillir
En sentant sous mes pieds le monde tressaillir!
En sentant vivre, sourdre et palpiter la terre!
--Puis, quand j'aurai ce globe entre mes mains, qu'en faire?
Le pourrai-je porter seulement? Qu'ai-je en moi?
Être empereur, mon Dieu! J'avais trop d'être roi! »
                                          Hernani (Acte IV scène      V. Hugo (1830)
                                                                (faisant de ce verbe un emploi plutôt curieux)

« Angelo écoutait le bruit menu de son chagrin au fond de son âme. Un bruit de source qui sourd de son rocher et dont l’eau se disperse dans la mousse avant de se rassembler pour devenir un vrai ruissellement. »
                                                                        Une seconde de toute beauté          F. Dard (1966)

    « Elle enviait les petites mains de Charles, son teint, la fraîcheur et la délicatesse de ses traits. Enfin, si toutefois cette image peut résumer les impressions que le jeune élégant produisit sur une ignorante fille, sans cesse occupée à rapetasser des bas, à ravauder la garde-robe de son père, et dont la vie s'était écoulée sous ces crasseux lambris sans voir dans cette rue silencieuse plus d'un passant par heure, la vue de son cousin fit sourdre en son coeur les émotions de fine volupté que causent à un jeune homme les fantastiques figures de femmes dessinées par Westall dans les Keepsake anglais, et gravées par les Finden d'un burin si habile, qu'on a peur, en soufflant sur le vélin, de faire envoler ces apparitions célestes. »
                                                                                       Eugénie Grandet           Balzac (1833)    

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