Sujet : Double négation
À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau.
Votre très jolie reprise poétique, sur un autre fil (Jeux de mots, Les derniers seront les premiers), me laisse sceptique quant à son second « n' »… .
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À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau.
Votre très jolie reprise poétique, sur un autre fil (Jeux de mots, Les derniers seront les premiers), me laisse sceptique quant à son second « n' »… .
Pourtant, en formulant autrement : ni larve, ni vermisseau n'échappe au regard de l'oiseau.
Je crois que votre nouvelle formulation, qui ne comporte qu'un verbe, corrobore l'impression d'anomalie laissée par la première, qui en a deux. Si l'on conserve « n'est larve ni vermisseau », ne suffit-il pas de retirer le « n' » précédant « échappe » ?
À terre n'est larve ni vermisseau
qui échappe au regard de l'oiseau.
Peut-être une formulation beaucoup moins poétique sera-t-elle plus probante : À terre, il n'y a aucune larve ou vermisseau qui échappe au regard de l'oiseau. Encore plus parlant, me semble-t-il : si aucune larve ni aucun vermisseau n'échappe au regard de l'oiseau, je dirai « Je ne vois aucune larve ni aucun vermisseau qui puisse échapper au regard de l'oiseau ». Négation accompagnant le verbe principal, pas de négation dans la subordonnée.
En supposant que j'écrive
"A terre, n'est larve ou vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau."
Serait-ce correct ?
Le "ne" de « n'échappe » dans la phrase initiale m'a aussi gêné et me semble inutile grammaticalement. Mais on peut y voir une sorte de "ne" explétif.
Plus on réfléchit à ces phrases qui mêle les "ne" et le "ni", moins on s'y retrouve ! Mais la phrase
À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau.
est équivalente à
À terre il n'y a pas de larve ou de vermisseau
qui échappe au regard de l'oiseau.
Sans le "ne".
Agathe, dans votre phrase où on utilise (comme moi ci-dessus) "ou" au lieu de "ni", je me passerais volontiers de "ne" avant échappe et je serais sûr d'être correct. Mais dans votre phrase comme dans celle d'Alco, on peut je crois utiliser le "ne" explétif.
Il est vrai aussi que l’on ne dit pas "aucun échappe" mais "aucun n’échappe".
En supposant que j'écrive
"A terre, n'est larve ou vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau."Serait-ce correct ?
Oui, c'est correct !
Mais cela ne veut pas dire ce qu'Alco souhaitait, je crois. Je comprends alors « Il n'y a aucune larve, il n'y a aucun vermisseau qui n'échappe pas au regard de l'oiseau », c'est-à-dire « Toutes les larves, tous les vermisseaux échappent au regard de l'oiseau », « L'oiseau ne voit aucune larve, aucun vermisseau ». Alco veut évidemment dire que l'oiseau voit toutes les larves et tous les vermisseaux.
Le "ne" de « n'échappe » dans la phrase initiale m'a aussi gêné et me semble inutile grammaticalement. Mais on peut y voir une sorte de "ne" explétif.
[…]
la phrase
À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau.
est équivalente à
À terre il n'y a pas de larve ou de vermisseau
qui échappe au regard de l'oiseau.
Sans le "ne".
Je ne peux vous suivre. Le « ne » explétif se trouve dans des subordonnées amenées par des verbes comme craindre, éviter, empêcher, (ne pas) douter.
Il est vrai aussi que l’on ne dit pas "aucun échappe" mais "aucun n’échappe".
C'est bien certain.
Mais on ne peut pas procéder de la même manière en matière de négations selon qu'on considère un seul verbe ou qu'on en prend deux en compte. On écrit effectivement « aucun n'échappe », avec un seul verbe, mais « il n'en est aucun qui échappe », avec deux verbes : l'introduction du verbe être et de sa négation entraîne la suppression de la négation qui accompagnait « échappe ».
Pour revenir à ma proposition, mais corrigée :
À terre n'est larve ni vermisseau
qui échappe au regard de l'oiseau.
Oui.
[e ne peux vous suivre. Le « ne » explétif se trouve dans des subordonnées amenées par des verbes comme craindre, éviter, empêcher, (ne pas) douter.
J'ai parlé non pas d'un ne explétif mais "d'une sorte de ne explétif", inutile grammaticalement. À la différence du "ne" explétif classique et reconnu, qu'on trouve là où vous le rappelez et aussi ailleurs (les comparaisons d'inégalité, certaines locutions conjonctives), celui qu'a utilisé Alco n'est pas reconnu classiquement !
J'ai parlé non pas d'un ne explétif mais "d'une sorte de ne explétif", inutile grammaticalement. À la différence du "ne" explétif classique et reconnu, qu'on trouve là où vous le rappelez et aussi ailleurs (les comparaisons d'inégalité, certaines locutions conjonctives), celui qu'a utilisé Alco n'est pas reconnu classiquement !
Excusez-moi, pour la gouverne de ceux qui nous lisent, je dois y revenir : tout « ne » explétif est inutile grammaticalement. C'est précisément le sens de l'adjectif « explétif ». En 2023, on peut facilement simplifier « Je crains qu'ils ne soient en retard ».
Le français passe pour difficile, le « ne » explétif, certes une réalité, contribue, certes modestement, à cette réputation. Mettons-nous à la place d'un allophone de notre langue à qui on expliquerait que « À terre n'est larve ni vermisseau / qui n'échappe au regard de l'oiseau » aurait le même sens que « À terre n'est larve ni vermisseau / qui échappe au regard de l'oiseau ».
Je tends à croire, Alco, que vous n'aviez pas un « n' » explétif à l'esprit à l'écriture de « qui n'échappe au regard de l'oiseau » après le verbe être de la principale mais vous seul pouvez le dire. Encore que votre silence sur ce point soit peut-être déjà parlant.
Excusez-moi, pour la gouverne de ceux qui nous lisent, je dois y revenir : tout « ne » explétif est inutile grammaticalement. C'est précisément le sens de l'adjectif « explétif ».
Absolument, tout "ne" explétif est inutile grammaticalement, par définition. Mais certains sont reconnus et admis par les grammairiens (dans les trois catégories citées plus haut), malgré qu'on en ait, et d'autres ne le sont point, même s'ils obéissent souvent aux mêmes ressorts psychologiques qui ont promu les "ne" explétifs admis.
Il me semble qu'il y a équivalence entre « À terre, ni larve ni vermisseau n'échappe au regard de l'oiseau » et « À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau. »
Il me semble qu'il y a équivalence entre « À terre, ni larve ni vermisseau n'échappe au regard de l'oiseau » et « À terre n'est larve ni vermisseau
qui n'échappe au regard de l'oiseau. »
L'échange devient difficile.
J'avais cru vous voir accepter l'idée de l'anomalie de la double négation, par exemple au message 9 :
Pour revenir à ma proposition, mais corrigée :
À terre n'est larve ni vermisseau
qui échappe au regard de l'oiseau.
À moins qu'avec « qui n'échappe… », vous répondiez par la positive à ma question de savoir si votre « n' » est explétif.
Eh bien oui, après analyse, je pensais au ne explétif.
Mais j'ai sans doute étendu abusivement à ma formule l'utilisation du ne explétif qui est décrit ici :
La phrase principale est positive ou négative, et contient un verbe exprimant l’évitement, l’empêchement, la défense, la précaution (tel que : empêcher, éviter, prendre garde). Marivaux s’exprime de la sorte, lorsque Jacob, le héros de son roman-mémoires intitulé Le paysan parvenu, critique le manuscrit licencieux d’un jeune auteur : « Tout ce que je dis là n’empêche pas qu’il n’y ait de jolies choses dans votre livre… »
Mais j'ai sans doute étendu abusivement à ma formule l'utilisation du ne explétif qui est décrit ici :
La phrase principale est positive ou négative, et contient un verbe exprimant l’évitement, l’empêchement, la défense, la précaution (tel que : empêcher, éviter, prendre garde). Marivaux s’exprime de la sorte, lorsque Jacob, le héros de son roman-mémoires intitulé Le paysan parvenu, critique le manuscrit licencieux d’un jeune auteur : « Tout ce que je dis là n’empêche pas qu’il n’y ait de jolies choses dans votre livre… »
Sauf erreur de ma part, cette phrase signifie l'impossibilité d'un « ne » explétif dans la subordonnée après le verbe être.
Sauf erreur de ma part, cette phrase signifie l'impossibilité d'un « ne » explétif dans la subordonnée après le verbe être.
On n'est jamais assez prudent et rigoureux ! Mon affirmation est contredite dans une phrase comme « J'étais anxieux avant qu'elle n'arrive ». J'aurais dû parler de subordonnée relative.
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