épo intéressé a écrit:Pourquoi "Je l'aurais fait, n'eût-ce été que pour t'ennuyer" serait incongru ?
« Incongru » est peut-être un peu fort. Le subjonctif plus-que-parfait évoque la langue classique. J'ai simplement voulu rappeler qu'à l'époque, une règle (dont je ne connais pas l'origine) ou, pour le moins, l'habitude voulait ce mode à la fois dans la principale et dans la subordonnée de condition avec « si ». On lit par exemple sur ce site :
2. Le subjonctif plus-que-parfait peut avoir une valeur équivalente au conditionnel passé et à l'imparfait de l'indicatif dans des phrases présentant des faits hypothétiques. Cet emploi est par contre plutôt rare de nos jours.
Si le film eût été plus court, il eût été également moins bon.
Si j'eusse compris ce qu'elle voulait dire, j'eusse réagi tout autrement.
Ou, sur celui-ci :
Dans la langue littéraire, on exprime parfois la même idée au moyen du mode subjonctif. En effet, le plus-que-parfait de l’indicatif employé pour la condition et le conditionnel passé employé pour la conséquence peuvent tous deux être remplacés par le plus-que-parfait du subjonctif dans ce contexte.
Si j’eusse compris ce qu’elle voulait dire (condition non réalisée), j’eusse réagi tout autrement (conséquence non réalisée).
Si le film eût été plus court (condition non réalisée), il eût probablement été moins bon (conséquence non réalisée).
Mais je ne trouve plus un article où c'était encore plus explicite.
épo intéressé a écrit:Quant à la dernière partie, une juxtaposition de conditionnels peut exprimer une subordination :
"Il voudrait t'ennuyer, il le ferait"
C'est sans doute moi qui suis en cause : de quelle « dernière partie » s'agit-il ?
Quoi qu'il en soit, je ne pense pas avoir contesté que deux propositions à l'apparence d'indépendantes pouvaient valoir une phrase conditionnelle complexe.
épo intéressé a écrit:transposé au passé, nous pourrions utiliser les deux formes de conditionnel passé .
"Il aurait voulu t'ennuyer, il l'aurait fait" / "Eût-il voulu t'ennuyer, il l'eût fait"
Je constate que vous appliquez vous-même la règle que j'ai évoquée plus haut.
épo intéressé a écrit:Mais dans le contexte présent, une juxtaposition d'imparfaits du subjonctif ne peut pas fonctionner,
"Voulût-il t'ennuyer, il le fît" NON
Vous avez bien compris que je n'employais l'expression « conditionnel présent deuxième forme » qu'à propos de « ne fût-ce que »… et avec des pincettes !
épo intéressé a écrit:le terme deuxième forme pour le conditionnel s'applique à son usage dans la principale, dans la subordonnée qui exprime la condition, nous avons bien un plus que parfait du subjonctif, temps composé, pendant de l'imparfait, temps simple.
Je crois que de plus en plus de grammairiens récusent l'expression « conditionnel passé deuxième forme » mais, si on l'utilise, je me demande si on ne peut pas le faire aussi pour la subordonnée avec « si » : d'aucuns, dont je ne fais pas partie, n'ont pas d'objection à « si j'aurais su », qui va dans ce sens et qui aurait été employé jadis. Bon, j'avance cela sans totale certitude !
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !