Alco a écrit:il est probable que l'évolution monachus > moine ait suivi la même piste. J'aimerais bien que Lévine nous donne les étapes intermédiaires.
Tout à fait.
Pour ce qui est de moine :
1° L'étymon grec a été probablement été transformé anciennement en *monicus, le suffixe -icus étant plus répandu que -acus dans les mots latins, cf. canonicus, déjà cité, et canticum, pour nous limiter à des termes religieux.
2° Alors qu'en occitan, la forme monge s'explique par la syncope première du i atone, suivie de la fausse palatalisation du [k], dans la langue commune d'oïl, le [k] intervocalique s'est amuï avant cette syncope, ce qui fait que le i a persisté sous la forme d'une mouillure ; on a donc eu la forme monie (qu'il faut prononcer [mon'e]), couramment attestée au XIIème. Le e final persiste pour servir d'appui à la consonne mouillée, dont la position finale était fragile (cf. aussi l'influence possible des féminins glorie, memorie, etc...)
3° Le groupe [n'], devenu [ny], a ensuite subi un processus d'anticipation qui fait que le yod s'est trouvé antéposé au [n] ; on a donc eu *[moyn], le yod formant aussitôt un second élément de diphtongue avec le o, comme dans les mots Antonie > Antoine, c(h)anonie > chanoine, historie > histoire, glorie > gloire, *gaudie > joie, etc...
4° Par la suite, cette diphtongue coalescente [oi] a subi la même évolution que la diphtongue spontanée du é fermé tonique latin (me > moi, tela > toile, etc...) pour aboutir à [wè] (XIIIème), puis à [wa] (en MF). Il y a probablement eu un début de nasalisation du groupe [oin] (ni les assonances ni les rimes ne nous renseignent), mais de toutes manières, le e final a empêché que cette nasalisation se maintienne longtemps.
Ne pas chercher un ésotérisme quelconque derrière le changement de position du yod : il y a là un phénomène purement articulatoire qui touche les groupes -ly- (palea > *palya > *payle > paille), -ny-, -ry-, quel que soit leur sens...
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil