Sujet : Thomas Mann ( la montagne magique)
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- Vous maintenez que l’esprit signifie la frivolité. Mais il n’y peut rien, s’il est dualiste, à l’origine. Le dualisme, l’antithèse, c’est le principe moteur, passionné, dialectique et spirituel. Voir le monde séparé en deux principes antagonistes, c’est de l’esprit. Tout monisme est ennuyeux. Solet Aristoteles quaerere pugnam1. – Aristote ? Aristote a transféré la vérité des idées générales aux individus. C’est du panthéisme. – Faux ! Prêter aux individus un caractère substantiel, arracher l’essence des choses au général pour la placer dans le phénomène particulier, comme l’ont fait les aristotéliciens Thomas d’Aquin et Bonaventure, c’est affranchir le monde de toute union avec l’idée suprême, c’est le rendre extérieur à Dieu et transcendant. C’est du Moyen Âge classique, monsieur. – Du Moyen Âge classique, quelle délicieuse association de mots ! – Vous m’excuserez d’attribuer à la notion de classicisme la place qui lui revient, c’est-à-dire l’apogée de toute idée. L’Antiquité n’a pas toujours été classique. Je constate que vous avez en horreur l’absolu et la libre circulation des catégories. Vous ne voulez d’ailleurs pas d’esprit absolu. Vous voulez que l’esprit soit le progrès démocratique. – Nous sommes, je l’espère, unis par la conviction que l’esprit, si absolu soit-il, ne pourra jamais se faire l’avocat de la réaction. – Il est pourtant toujours l’avocat de la liberté ! – Comment cela, pourtant ? La liberté est la loi de la philanthropie, et non du nihilisme ou de la malveillance. – Choses que vous redoutez, de toute évidence. »
J'ai dû mal à comprendre ce passage << Faux ! Prêter aux individus un caractère substantiel, arracher l’essence des choses au général pour la placer dans le phénomène particulier, comme l’ont fait les aristotéliciens Thomas d’Aquin et Bonaventure, c’est affranchir le monde de toute union avec l’idée suprême, c’est le rendre extérieur à Dieu et transcendant. >>
Merci.