Mumem a écrit: Mumen a écrit :
Pour Feyerabend il existe deux contextes de la recherche : celui de découverte et l’autre de justification. L’un est premier, l’autre est second ; ils sont distincts, mais inséparables.
J’y ajoute pour l’éclairage un second couple analogique similaire, celui de la description et de la prescription, qui s’associe aisément au premier : la découverte est descriptive et la justification est ce qui autorise à la prescription. Découvrir serait alors d’une part : observer et décrire, au passé donc, le monde tel qu’il est; et d’autre part s’assurer par la vérification scientifique de la capacité de la découverte à prévoir le monde.
Voici comment fonctionne cette complémentarité : la justification s’obtient par l’absence de réfutation, littéralement par l’absence de «Non!», alors que la découverte s’obtient par la présence de possibilités neuves, par la présence de «Oui!».
Je situe quatre étapes du savoir qui détaillent l’ensemble analogique dyadique précédent, selon un ensemble glané dans l’histoire de la philosophie : intuition, discours, induction, déduction.
D’abord merci Mumen pour vos deux messages circonstanciés. Mon emploi du temps ne m’a pas permis jusqu’alors d’y répondre et je vous prie de m’en excuser. Les quatre étapes que vous citez : intuition, discours, induction, déduction ne sont pas séparées de manière radicale dans mes recherches et se chevauchent souvent.
Je vais résumer mon travail succinctement ,mais cela implique nécessairement d’en suivre l’historique :
1° Découverte par hasard en 1995 de la motivation de la présence de <aille> et <ouille> dans quelques mots dont résonnent les consultations médicales. Les cris de douleurs (onomatopées) laissent des vestiges dans nos mots évolués sans que nous en ayons conscience. La vérification est faite sur l’ensemble du lexique avec comme résultat une majorité de ''oui'' et quelques ''non'' ou doutes à ce moment-là de mon simple intérêt pour la motivation ou non des mots.
2° Intuition que cette motivation puisse concerner d’autres séquences signifiantes : le Richelet de 1750 donnant comme onomatopée de la douleur « ahi, ach, och », j’ai en m’attachant simplement aux sons français actuels recherché si <ar> et <or> pouvaient avoir quelque motivation. A ma surprise je mets en évidence deux sens ‘’cachés’’ pour ces séquences :
<ar> = sommet prééminent / menace et or = lumière/limite. Je range ces premières constatations comme des données très parcellaires qui ont simplement piqué ma curiosité et insinué le doute sur la nature arbitraire des mots.
3° L’année suivante en 1996, je commence un tout début de généralisation à d’autres séquences : br,cr,dr,fr,gr,tr,vr … bl,cl,fl,pl… ia,al,el,il, ol, ul. Comme pour les trois premières séquences se dégagent deux sens principaux pour chacune de ces séquences. Je me rends compte que la plus grande difficulté à me suivre sur ce fil de personnes cultivées est l’appréhension des caractéristiques du référent. En effet il faut se mettre dans une toute autre disposition d’esprit et se demander simplement si telle ou telle notion est compatible avec la nature ou les effets du référent. C’était évident pour 80% des lexies examinées, mais encore problématique pour les 20% restantes. Il était encore impossible d’affirmer que tous les mots étaient motivés. Cependant décrire et vérifier pour un grand nombre de lexies sont deux étapes qui ont toujours été respectées : lorsque je parviens à saisir que la notion de mort est attachée à la séquence <cr> : crever, crime, massacre, sépulcre, crypte, nécropole, crémation, crépuscule, croupie (eau), croix, chrysanthème, sacrifice, je peux en avoir confirmation avec crâne (tête de mort symbolique), croque-mort (chargé de mettre les morts en bière et de les transporter au cimetière), craterelle (trompette de la mort), etc.
4° En 1997, je tente une généralisation plu importante en établissant ce que je nomme le PGCDS (plus grand commun diviseur sémantique) de 90 séquences que j'appelle ''émotèmes'' quand elles évoquent une émotion, et ''schémèmes statiques ou dynamiques'' quand elles évoquent un schème géométrique. C’est l’occasion d’un premier bouquin « Maux à mots », sous-titré un langage dans le langage élucidé avec des exemples d’incarnation en maux de certaines séquences.
5° En 1998 je passe à un stade de vérification de cette généralisation à toutes les séquences aussi bien ba que ab, be que be, bi que ib, bo que ob, etc. Le résultat paru dans une nouvelle épreuve du même livre montre qu’il existe une motivation avec une bivalence sémantique parfois énantiosémique de tous les couples VC (Voyelle-Consonne) et des couples C1C2 avec C2 = l ou r. Les séquences CV des syllabes ouvertes sont en majorité non-sens, sauf quelques unités telles bi, li, re dont certaines sont des préfixes avec un sens précis.
Se pose alors la question des lettres isolées entre ces couples littéraux. Etaient-elles motivées ? Pour le déceler, il fallait pour chacune d’entre elles rechercher quel sens on pouvait leur attribuer dans des listes de mots de 3 ou 4 lettres : par exemple la consonne m dans mur et mûr, mer et mère, mare er marre, mot et maux, mate et mater… Connaissant le sens des séquences de deux lettres, il devenait plus aisé de déterminer le sens de la consonne initiale qui, après une centaine d’exemples, ne pouvait être que : <m> = personne, matière, onde. A la fin, il fallait me résoudre à accepter que toutes ces lettres isolées répondaient à une trinité de sens. Cela m’a permis d’établir un alphabet que j’ai nommé inconscient (puisque tout le monde l’ignorait).
L’établissement de cet alphabet m’a permis alors de comprendre que pour l’inconscient, il fallait ''lire'' les mots de leur fin à leur initiale : mur = limite physique (<ur>) matérielle ou ondulatoire (mur du son), voire personnelle pour mûr (l’accent circonflexe marquant la limite supérieure). Ce sens de lecture est déjà inscrit dans les onomatopées: clac, crac, flac... Cela m’a permis alors de transcrire des centaines de mots et de mettre en pratique cette lecture de leurs sens cachés dans les mots prononcés par les êtres en souffrance. Cela fut l’objet d’un livre « Entendre les mots qui disent les maux » en 2000 sous-titré Les sources oubliées de notre langage. Cette nouvelle structure des mots me permettait de comprendre leur origine et leur construction à partir des onomatopées et des mots enfantins.
La progression de ce chantier de reconstruction des mots m’a permis ensuite d’autres découvertes : le conditionnement littéral qui l’emporte désormais sur le phonétique, la lecture de séquences particulières (CC, VVC, VCC), la faible évolution diachronique de ces unités, leurs sens identiques ou similaires dans quelques langues européennes, l’erreur de Saussure dont la théorie s’appuie sur des mots ‘’tout faits’’ transmis par la génération précédente, l’existence d’une véritable étymologie reposant sur ces unités sensées : les sens d’<ob> de bobo (mot enfantin) ou de zob (emprunt à l’argot maghrébin) restent identiques à ceux de la préposition latine ‘’ob’’ : en face de, à l’encontre de. Il fallait admettre qu’il est impossible d’échapper à cette construction inconsciente des mots.
L’étymologie officielle n’est que descriptive et tente de suivre l’évolution phonétique des mots sans comprendre que le changement des séquences phonétiques est responsable d’un changement sémantique. Les dictionnaires affirment que « bobo » est un mot du langage enfantin d’origine onomatopéique, alors qu’aucun mot d’adulte n’a pu servir de modèle. Quant à zob, il est plutôt zeb pour les arabes comme le cite Flaubert. Quoique puisse en penser Lévine, le français est passé du zeb au zob pour introduire les notions de en face de et à l’encontre de d’origine latine associées aux trois sens de <z> : création, destruction, va-et-vient.
Du début à la fin de mes recherches, je n’ai cessé de suivre les deux étapes : description/vérification pour chacune des avancées dans la compréhension de cette langue de l’inconscient, triplement refoulée lors de sa transmission/acquisition (ce que je n’ai compris qu’en 2017) ce qui permet d’expliquer notre ignorance sur son existence et les vives défenses de la majorité des intervenants sur ce fil.
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !