L’hypothèse de l’ellipse que les uns et les autres proposez reviendrait à faire des questions alternatives des successions de questions totales. Je ne pense pas que cette analyse soit correcte. Pour moi, la question alternative reste une question partielle, mais pour laquelle les réponses ne sont pas laissées à l’entière liberté du questionné.
Il est d’ailleurs des questions partielles typiques (i.e. construite avec un mot interrogatif), dont les réponses sont imposées par le questionneur ; cf. mon exemple supra : Lequel de ces deux pantalons prends-tu ? Il en est d’autres pour lesquelles les possibilités de réponses ne sont pas exprimées explicitement dans la question, mais données et limitées par le contexte. Par exemple, la même question que précédemment, Lequel prends-tu ? Ou encore au restaurant le Que prendrez-vous ? du serveur est bien que question partielle de forme complètement ouverte, mais de fait enfermée par le choix donné par la carte / le menu. On peut toujours répondre par un truc qui n’est pas sur la carte, ça pourra nous donner une idée du degré d’humour ou du sens de la répartie du serveur, mais on n’obtiendra pas ce qu’on aura répondu. Bref, les questions alternatives ne sont pas réductibles à des questions totales coordonnées et ellipsées.
Je pense qu’on a bien affaire à une tournure elliptique, mais plutôt que des questions totales ellipsées, les questions alternatives sont pour moi, ainsi que je l’ai déjà dit précédemment, des questions partielles ellipsées, auxquelles le questionneur im/pro-pose ses réponses dans une deuxième proposition : (que) veux-tu (:) tu thé ou du café ? (le combien) sommes-nous (:) le 30 ou 31 ?
Pour revenir à des considérations plus pratiques, cette ellipse (celle des questions totales) ne fonctionne pas à mon avis avec les énoncés que j’avais proposés supra :
??? Est-ce que tu veux du thé, du café, ou quoi d’autre ?
??? Est-ce qu’on est le 18, le 20, ou le ... / ou quel autre jour ?
Quand on rétablit la supposée ellipse, on obtient clairement des énoncés incorrects :
*Est-ce que tu veux du thé ? (ou) Est-ce que tu veux du café ? (ou) Est-ce que tu veux quoi d’autre ?
*Est-ce qu’on est le 18 ? (ou) Est-ce qu’on est le 20 ? (ou) Est-ce qu’on est le ... / qu'on est quel autre jour ?
Comment justifier que l’ellipse ne fonctionne pas dans ce cas ?
A contrario, ces mêmes énoncés considérés avec l'hypothèse question alternative = question partielle ellipsée sont parfaitement recevables.
(Ylou, votre proposition n'est pas équivalente à celles qui nous occupe, ce serait : Tu préfères du thé ou plutôt du café ? auquel on ne peut pas répondre par oui / non. Ou encore, si on ajoute un troisième choix à la proposition, Tu préfères du thé, du café, ou du chocolat ? n'accepte pas la réponse oui / non, et n'est pas équivalent à Tu préfères du thé plutôt que du café ou (plutôt que) du chocolat ? qui l'accepte au moins dans la forme avec la parenthèse, dans l'autre, je trouve que l'énoncé devient limite compréhensible.)