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forum abclf » Parler pour ne rien dire » Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

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Messages [ 501 à 550 sur 650 ]

501 Dernière modification par Roland de L. (21-07-2021 12:53:27)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:

(message 322 du 20 juin 2020)
Attention : il y avait deux Château Rouge : le plus ancien, du côté de Montmartre était infiniment plus huppé que celui de la rue Galande et a été mêlé aux évènements de la Commune. Si vous voyez bal, c'est de lui qu'il s'agit.

Je vous renouvelle mes remerciements pour ce conseil, cher éponymie.
En fait, quiconque s'intéresse au Château-Rouge est vite confronté à cet obstacle : sur une recherche avec "Château-Rouge" comme mot-clé, on trouve 999 résultats sur 1000 qui ont trait au Bal.
La raison : les ordinateurs qui scrutent les journaux ne sont pas capables de faire la différence entre les articles et les annonces publicitaires. Or, dans tout sa durée de vie (1845-1882), le bal du Château-Rouge fut un très gros annonceur publicitaire.
Je viens de passer quelques heures (et même un peu plus) à dépouiller 7776 apparitions de "Château-Rouge" dans les journaux épluchés par Retronews, entre les années 1959, année supposée d'ouverture de "notre cabaret", et 1899, date de sa démolition. Jusqu'en 1882, année de la fermeture du bal, la proportion de 999/1000 est même dépassée.
Je me propose, pour régler définitivement quelques comptes, de consacrer mon prochain message à une brève histoire de ce fameux bal.
Ceci sera naturellement complètement hors sujet. J'assume.

502 Dernière modification par Roland de L. (21-07-2021 11:38:08)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

Je me propose, pour régler définitivement quelques comptes, de consacrer mon prochain message à une brève histoire de ce fameux bal.
Ceci sera naturellement complètement hors sujet. J'assume.

Au départ, il y a bien un château, ou plutôt un manoir :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2t … )#Histoire

Ce manoir, et son parc, sont lotis en 1844 :
http://paris-atlas-historique.fr/resour … tation.jpg

Les deux pages précédentes sont mal renseignées sur l'ouverture du bal public, qui en fait eut lieu, non en 1847, mais en juin 1845, sous le nom Nouveau Tivoli ou Bal du Château-Rouge :
https://www.retronews.fr/journal/la-pre … mp;index=4, bas de colonnes 1 et 2.

Extrait de La Presse du 15 juin 1845 :
" Le pavillon historique de la barrière Rochechouart, connu depuis des siècles sous le nom de Château-Rouge.et qui avait coûté soixante-quatre mille francs à Mlle Ozanne, a été vendu avec ses dépendances, six cent mille francs. Une portion du parc a été livrée à la spéculation ;  on y élève des maisons, on y perce des rues ; l'autre, attenante au Château-Rouge, a été disposée en bal champêtre, sous le nom de Nouveau Tivoli.
(…)
L’inauguration du Château-Rouge a eu lieu jeudi de la façon la plus splendide. Il y avait non seulement des candélabres, mais pour ainsi dire des arbres de lumière; on y voyait trop ; la verdure éclairée au gaz prend des airs étonnants de décoration théâtrale, les pelouses d'un vert d'émeraude réalisent cette nature impossible qu'on reproche aux peintres spiritualistes du moyen-âge ; les femmes, parées de clairs atours, ont l'air d'ombres heureuses que menacent de noirs démons ; une d'elles a roulé fort rudement sous l'étreinte d'un de ces tristes polkeurs au frac sombre qui nous gâtent l'aspect des plus charmantes danseuses ; son visage s'est cruellement meurtri ; des sergens de ville ont extrait le maladroit de la foule, mais l'émotion a été de courte durée. La littérature, convoquée en masse à cette fête d'ouverture, y prenait part avec bonhomie ; on daignait s'amuser. Notre ami Théophile Gautier a donné sur la tête d'un Turc… à ressort un coup de poing de 520 livres ; de pareils essais ont de quoi concilier à la critique le respect aveugle des masses. A onze heures, après l'embrasement pyrrhique du jardin, la polka avait repris de plus belle, lorsque le garde-champêtre de la localité est venu, de la part de M. le maire, avertir ces fougueux Parisiens qu'il était temps de rentrer dans leur circonscription municipale*. On a obéi à regret, en se promettant de revoir souvent ce charmant pavillon de briques cordonnées de pierres, ces longues allées, ces ombrages, royale retraite que le plaisir disputera longtemps encore à la spéculation menaçante."

* Source Wikipédia : "Jusqu'en 1860, Montmartre est une commune du département de la Seine. Cette année-là, en vertu de la loi d'extension de la capitale, la commune est annexée par Paris à l’exception d’une petite partie qui est attribuée à la commune de Saint-Ouen. La majorité du territoire de l'ancien Montmartre est donc intégré dans ce qui devient le 18e arrondissement de Paris..."


Voici l'annonce dans le journal Le Commerce, le 27 juin 1845, de la première grande fête de ce Nouveau Tivoli :
https://www.retronews.fr/journal/le-com … mp;index=1, bas de la 2ème colonne.

"Le nouveau Tivoli du Château Rouge doit donner samedi prochain 29 juin, sa première grande fête extraordinaire.
Outre l’éclairage habituel du jardin qui est de 650 becs de gaz et dont l’élégante disposition est due à M. Bastien, architecte ; il y aura en outre 8,000 verres de couleur. Un brillant feu d’artifice dont la pièce principale représentera l’Homme de Feu à cheval, exécuté pour la première fois par M. Charroy, artificier du roi, terminera la soirée.
Nul doute que le public ne vienne avec empressement jouir des plaisirs qui lui sont offerts dans ce magnifique établissement d’été, et entendre aussi l’excellent orchestre de danse dirigé par M. Laurent aîné."

En juillet 1847 se tient au Château-Rouge un banquet réformiste contre la Monarchie de Juillet :
http://www.cosmovisions.com/$BanquetReformiste.htm

En mars 1871, le Château-Rouge est, comme le dit éponymie, concerné par l'histoire de la Commune : le général Lecomte y fut gardé prisonnier, avant d'être fusillé le 18 mars dans une rue voisine  :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Le … Biographie

Le bal du Château-Rouge était un endroit à la mode : fêtes et bal tous les soirs, fêtes "parées et masquées" pour le mardi-gras, feux d'artifice, illuminations, jardin, orchestre de 100 puis 50 musiciens, etc...
Il avait à l'époque de sa splendeur, de nombreux concurrents.

Il déclina dans les années 1880, victime de la mode du cancan, entre autres. Je pense personnellement qu'il fut surtout victime de la spéculation foncière et de l'extension inexorable de l'habitat parisien.

Voici son "acte de décès", dans le journal Le Soleil du 4 février 1882 :
"On vient de terminer les démolitions du Château-Rouge, que tous les Parisiens connaissaient à cause du bal public qui s’y trouvait depuis une quarantaine d’années. A l'origine le Château-Rouge était une maison de plaisance bâtie par les ordres d’Henri IV. Pendant la Révolution, on y installa une fabrique d’armes.
En 1814, le conseil de défense de Paris tint deux séances sous la présidence de Joseph, le frère de Napoléon. C’est là qu’un aide-de-camp vint lui annoncer la capitulation signée par Marmont. En 1848, les fameux banquets réformistes y furent tenus. Pendant la guerre franco-allemande, il fut converti en caserne et le 61e bataillon de la garde nationale y fut logé. Le 18 mars, les généraux Lecomte et Clément Thomas y furent enfermés.
L’établissement du Château-Rouge comme bal était le mieux aménagé de Paris, surtout avant qu'il fut écorné par le percement du boulevard Ornano. Il y avait là un parc planté d’arbres, un jardin à l'Anglaise, un lac. Malgré tout, l'éloignement de ce bal fut cause que jamais le public élégant ne le fréquenta.
Au nombre des directeurs de l’établissement figura Bobœuf, qui plus tard inventa le phénol.
Sur les terrains qu’occupait le Château Rouge, on va élever douze grandes maisons à cinq étages, dont sept auront façade sur la rue Clignancourt et les cinq autres sur la rue Custine. Les travaux de construction seront commencés dans un bref délai. L'édification de ce pâté d’habitations, où se trouveront plus de deux cents appartements, modifiera d’une manière sensible l’aspect de cette partie de ia rue Clignancourt."

Ceci était mon règlement de compte !

503 Dernière modification par glop (21-07-2021 09:48:22)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Vos recherches m'ont mis sur la piste de cette illustration.

https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/v/t31.18172-8/p843x403/413187_10151028076326548_800208076_o.jpg?_nc_cat=102&ccb=1-3&_nc_sid=9267fe&_nc_ohc=0VikgSgyMycAX9pq4a6&_nc_ht=scontent-cdg2-1.xx&oh=9bd08b053d28acaab216a47bdebb579e&oe=611EF028

https://www.facebook.com/johndorbigny/p … 277621190/

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

504 Dernière modification par glop (21-07-2021 10:04:47)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

https://www.paperblog.fr/1984635/petite … ontmartre/
http://autourduperetanguy.blogspirit.co … rouge.html

Concernant Henry IV et Gabrielle d’Estrées, je ne serais pas étonné qu’ils aient pu, quelquefois, se réfugier au Château Rouge de la rue Galande.
En tous cas la confusion entre les deux « Château Rouge » ne date pas d’hier.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

glop a écrit:

Vos recherches m'ont mis sur la piste de cette illustration...

Magnifique illustration ! Merci beaucoup !

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

L'ensemble de ce fil, même si son sujet sort étrangement de nos préoccupations langagières, est une source de lectures passionnantes. Merci à ceux qui font vivre ce fil, notamment à Roland qui nous évite la fastidieuse (mais parfois excitante) phase de recherches bibliographiques pour nous servir des articles tout prêts !

507 Dernière modification par Roland de L. (21-07-2021 13:44:50)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Abel Boyer a écrit:

L'ensemble de ce fil, même si son sujet sort étrangement de nos préoccupations langagières, est une source de lectures passionnantes. Merci à ceux qui font vivre ce fil, notamment à Roland...

Merci à vous pour ces encouragements !

1. C'est vrai que l'histoire de ce bouge de la rue Galande a peu de rapport avec la langue française, même si j'ai, çà et là, montré un rapport avec l'argot du XIXème siècle, qui est une de mes passions.
2. Si on revient à la source (message n° 1 de mercattore du 12/10/2009), il s'agissait de s'intéresser aux fresques décorant ou non l'établissement.
- Pourquoi mercattore a-t-il choisi un forum consacré au français pour poser ce genre de question ? Je ne sais.
- Pourquoi a-t-il choisi la catégorie "Parler pour ne rien dire" ? Je ne sais.
3. Je constate avec un certain amusement que ma digression d'hier soir sur l'autre Château-Rouge (le bal) a provoqué plus de commentaires que mes (trop ?) nombreux messages sur le bouge...

508 Dernière modification par Roland de L. (21-07-2021 14:09:24)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

(mon message 307 du 19 juin 2020, un de mes premiers sur le sujet)

Le Gaulois du 25 octobre 1878
Le lien hostingpics est brisé. Je pense qu'il s'agissait de cet article, effectivement pittoresque.

"BATAILLE DE DAMES

Des agents ont opéré hier, vers neuf heures et demie du soir, rue Saint-Séverin, en vertu d'un mandat lancé dans la journée, l'arrestation de deux hommes et de deux femmes. L'un de ces couples est bien connu dans le quartier Maubert et au fameux Château-Rouge de la rue Galande, sous le nom de Tu-Duc et de la Mère-Angot...

Fort de ma consultation de mes nouveau amis de Retronews (1500 titres de presse française de 1631 à 1950 dit leur pub), je suis en mesure de confirmer ceci :
Cet article du Gaulois d'octobre 1878 fut le premier à citer le Château-Rouge".
Lequel établissement était nommé "le fameux Château-Rouge".
Il faut croire qu'avant 1878, rien ne s'était passé dans ce lieu fameux qui pût intéresser la presse.

PS Je n'ai donc rien trouvé qui donne la moindre indication sur la date d'ouverture de "notre cabaret". Désolé.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:
Roland de L. a écrit:

Je me propose, pour régler définitivement quelques comptes, de consacrer mon prochain message à une brève histoire de ce fameux bal.
Ceci sera naturellement complètement hors sujet. J'assume.

Au départ, il y a bien un château, ou plutôt un manoir :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2t … )#Histoire

Ce manoir, et son parc, sont lotis en 1844 :
http://paris-atlas-historique.fr/resour … tation.jpg

Voir aussi cette page.

510 Dernière modification par Roland de L. (05-09-2021 09:05:03)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

(mon message 508 du 21 juillet 2021)

Fort de ma consultation de mes nouveau amis de Retronews (...), je suis en mesure de confirmer ceci :
Cet article du Gaulois d'octobre 1878 fut le premier à citer le Château-Rouge".

On ne devrait jamais être aussi affirmatif : j'ai trouvé une mention du Château-Rouge rue Galande dans un compte-rendu d'audience paru dans Le Droit en date du 11 février 1878 :
https://www.retronews.fr/journal/le-dro … mp;index=0.
Double-clic sur le haut de la 4ème colonne.

Et, patience, j'ai encore d'autres trouvailles à venir !

511 Dernière modification par Roland de L. (05-09-2021 10:59:36)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Ma trouvaille du matin...

éponymie a écrit:

(Message 107 d'éponymie, du 5 mars 2016)

Un triste épisode en aout 1872 [décès d'une cliente, liens brisés] :

Le propriétaire de l'époque s'appelait Antoine Trichard, il fera faillite moins d'un an plus tard, en mai 1873... :
[Liens brisés]

Quand au fameux monsieur Cadoux, il n'aura pas été propriétaire longtemps...
[Liens brisés]

Le père  Trollier entrera donc en scène quelque part entre 1873 et 1883.

J'ai trouvé une mention de Trichard : il est "marchand de vin au 57 rue Galande" et donne 20 F. en octobre 1866 au profit des victimes d'inondations :

https://www.retronews.fr/journal/gazett … mp;index=0
Double-clic sur le haut de la 6ème et dernière colonne.

Accessoirement, cet entrefilet confirme la présence d'un marchand de vin au 57 rue Galande en 1866, sans nom précis, ni Guillotine ni Château-Rouge.
Désolé, malgré d'assidues recherches, je ne trouve toujours pas de trace de l'ouverture en 1859 !

512 Dernière modification par Roland de L. (05-09-2021 14:12:10)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:


(message 107 du 5 mars 2016)

Quand au fameux monsieur Cadoux, il n'aura pas été propriétaire longtemps et vendra sa moitié de l'établissement entre le 7 et le 10 décembre 1878 à un monsieur Debrabant...

1 Précisions sur la vente Cadoux > Debrabant
[Gallica en carafe ou en week-end, lien un autre jour peut-être]

Date : samedi 7 décembre 1878
Publication : Archives commerciales de la France, 12 décembre 1878, rubrique Journal général d'affiches
Effet : de suite
Intitulé : "Moitié d'un F. de vins, rue Galande, 57"

2. Carnet rose
Mariage de Melle Cadoux, qui habite toujours 57 rue Galande en juin 1879 avec M. Brivet, professeur à Avallon :
https://www.retronews.fr/journal/l-ordr … mp;index=0
Double-clic sur le haute de la 3ème colonne.

b) Mariage de Debrabant, domicilié 57 rue Galande, annoncé dans le même journal le 20 décembre 1879
https://www.retronews.fr/journal/l-ordr … amp;index=
Double-clic sur le haut de la 6ème et dernière colonne.

NB Sur Cadoux et Debrabant, relire aussi mon message 362 du 26 juin 2020.

513 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 19:07:35)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Bonjour,
De retour sur ce fil après quelques semaines d'absence...
Je reprends ma revue de presse, en essayant de donner des liens inédits sur ce site, si possible par ordre chronologique.

Tout d'abord un petit article sur une agression (la routine ?) :

1880, 8 novembre, La Liberté
retronews.fr/journal/la-liberte-1865-19 … mp;index=0
Double-clic sur la colonne 4 (titre Informations, La bande de la rue Galande).

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je poursuis avec une description (de plus) du Château-Rouge et de sa pittoresque clientèle :

1882, 23 mai, Le Courrier d'Angers
https://www.retronews.fr/journal/le-cou … mp;index=0
Double-clic en haut de la 3ème colonne, titre Les assommoirs.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je poursuis encore avec une description de 1885. Pour le même prix, on peut lire aussi une description du Père-Lunette.

1885, 7 avril, L'Evénement

https://www.retronews.fr/journal/l-even … mp;index=0
Double-clic sur le bas de la colonne 4.

516 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 19:59:59)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Autre description de 1885, avec quelques beaux portraits d'habitué(e)s.

1885, 25 juillet, La Nation

https://www.retronews.fr/journal/la-nat … mp;index=0
Double-clic sur la colonne 4. Titre Les mystères de Paris, Les bouges.

Suite en date du 26 juillet 1885, et fin de la description du Château-Rouge :

https://www.retronews.fr/journal/la-nat … mp;index=0
Double-clic sur la colonne 4.

517 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 20:15:03)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Pour changer un peu des descriptions, une petite arrestation !

1886, 13 novembre, La Nation

https://www.retronews.fr/journal/la-nat … mp;index=2
Double-clic au bas de la colonne 5, titre Au Château-Rouge.

518 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 20:25:52)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Mais tous les gredins n'étaient pas arrêtés !

1887, 7 octobre, La République Française

https://www.retronews.fr/journal/la-rep … mp;index=1
Double-clic en bas de la colonne 5, Faits Divers, titre Rixe rue Galande.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Tous les gredins n'étaient pas arrêtés, mais certains l'étaient quand même !

1888, 29 août, L'Homme Libre

https://www.retronews.fr/journal/l-homm … mp;index=0
Double-clic sur le milieu de la colonne 2, titre Au fil de l'eau.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Retour à la description, chronologie oblige...

1889, 31 janvier, Le Parisien

https://www.retronews.fr/journal/le-par … mp;index=1
Double-clic en haut de la colonne 3, titre Les vieux quartiers de Paris.

521

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

De quoi faire réfléchir ceux qui croient en un âge d'or de la sécurité !!

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

En effet ! Voici une nouvelle rixe, et de nouveaux coups de couteau...

1889, 10 septembre, Le Courrier du Soir

https://www.retronews.fr/journal/le-cou … mp;index=0
Double-clic sur la dernière colonne, Faits Divers, titre L'affaire de la rue Galande.

523 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 22:41:27)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Et une description de plus, signée Blaise Thiberte...

1889, 13 décembre, Le Petit Journal

https://www.retronews.fr/journal/le-pet … mp;index=0
Double-clic sur la colonne 1, titre Causerie.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Et une agression de plus, cette fois en 1893...

1893, 10 février, La Gazette Nationale

https://www.retronews.fr/journal/gazett … mp;index=2
Double-clic sur la colonne 6, § Les agressions.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Quand la presse narrait la mort d'un drôle d'habitué du Château-Rouge...

1894, 24 juillet, L'Estafette

https://www.retronews.fr/journal/l-esta … mp;index=2
Double-clic dans la colonne 5, titre L'ermite du Collège de France.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

En 1893 toujours, une description de plus du Château-Rouge, assez pittoresque...

1893, 19 novembre, La Patrie

https://www.retronews.fr/journal/la-pat … mp;index=0
Double-clic au haut de la colonne 3, titre Paris pittoresque.

527 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 23:37:02)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Et cette fois une description plus romancée, au sein du feuilleton Le Sillon d'Eugène Delard

1894, 20 novembre, Le Figaro

retronews.fr/journal/le-figaro-1854-/20 … mp;index=0
Double-clic en bas de la colonne 1.

Et la suite dans Le Figaro du 21 novembre 1894 :

https://www.retronews.fr/journal/le-fig … mp;index=0
Double-clic en bas de la colonne 1.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

une tentative d'extorsion, en 1896...

1896, 13 mars, Le Petit Caporal

https://www.retronews.fr/journal/le-pet … mp;index=1
Double-clic en colonne 6, Faits Divers, "Il faut que jeunesse se passe".

529 Dernière modification par Roland de L. (23-10-2021 23:57:33)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Peut-être la meilleure trouvaille de cette bonne journée : une description du Château-Rouge signée Georges Docquois, et illustrée de deux dessins de Seguin...

1898, 3 novembre, Le Petit Bleu de Paris

https://www.retronews.fr/journal/le-pet … mp;index=0
Double-clic sur la colonne 3, Types et coins de Paris.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Une autre, et longue, description du Château-Rouge dans un "grand roman" par André Tessier, Le Poignard Corse, publié en feuilleton en 1900...

1900, 1er mars, L'Echo Nogentais

https://www.retronews.fr/journal/l-echo … mp;index=0
Double-clic en bas de la colonne 1.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Bonjour en ce beau dimanche !
Ayant, je crois, épuisé les trésors de mes amis de Retronews, je retourne chez Gallica..., pour trouver une courte description du Château-Rouge.

1882, 14 juillet, Le Voleur Illustré

"Au Château-Rouge, dans un vaste logis: qui porte le n° 57 de la rue, un autre établissement plus vaste, bien tenu, abrite les rôdeurs, les ouvriers pauvres, les filles hasardeuses. Il faut traverser une cour pour y arriver, une vaste cour de vieil hôtel du XVIe siècle. Le propriétaire du Château-Rouge assure que le logis autrefois appartenait à Gabrielle d'Estrées. La belle Gabrielle en avait plus d'un : rue des Gravilliers, rue Fromentel, rue des Francs-Bourgeois du Marais. On peut se figurer Henri IV entrant, l'éperon à la botte et la plume au feutre, dans cette salle sombre où maintenant, devant un comptoir d'étain, le maître du Château-Rouge débite de l'eau-de-vie ou des œufs rouges.
Les tuyaux d'un poêle immense rampent le long du plafond de la grande salle où boivent ou sommeillent les clients, la face contre le bois des tables. Puis, à côté de la grand'salle, une salle plus petite qu'on appelle, là, le Sénat, sans doute parce que les consommateurs qui ont de quoi y entrent seuls. De vieilles tables ; contre la muraille de vieux panneaux de chêne, tarotés de vers et qui ont entendu, peut-être les Ventre-saint-Gris du béarnais; un triste papier à fleurs comme ornement. Et dans tout cet établissement vaste, enfumé, un grand silence, comme si ces buveurs de bière ou d'absinthe ressemblaient à des fumeurs d'opium."

532 Dernière modification par Roland de L. (24-10-2021 12:16:50)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Sur ce fil, beaucoup d'articles ont été reproduits qui narraient les rafles de la police dans les bouges. Celui qui suit est, je crois, un peu plus détaillé sur la "tactique" des policiers...

1885, 4 juillet, Gil Blas

"Nouvelles rafles
La série des razzias continue ;hier c'était le tour du quartier Maubert, avec ses ruelles étroites et sombres, ses bouges empestés, ses bals musettes, véritables cloaques où grouille tout ce que les bas-fonds parisiens recèlent de plus hideux comme population de souteneurs, de vagabonds, de repris de justice et de filles. On comprend qu'en un pareil milieu la police ait fort à faire. Aussi une centaine d'agents, gardiens de la paix et inspecteurs de la sûreté, ont-ils été employés à cette besogne d'épuration.
Un des établissements du quartier les plus mal fréquentés est, sans contredit, le bal du Château-Rouge, rue Galande ; C'est là que se réunit habituellement tout ce joli monde d'escarpes, de tire-laine et de filles, On sait que Gamahut s'y rendit le soir, après l'assassinat de Mme veuve Ballerich. Le bal du Château-Rouge a été décrit trop souvent dans les journaux et dans les romans pour que nous revenions sur les détails de son installation. Mais une rafle en un tel endroit offre toujours, pour ceux qui l’espèrent, un certain péril, car les habitués du Château-Rouge sont généralement armés et se défendent vigoureusement à chaque invasion de la police. Celle-ci a opéré hier, par surprise, cernant d’abord les issues, à l’aide de solides cordons d’agents, elle a fait ensuite irruption dans l’établissement.
Les consommateurs ne se sont pas laissé emmener sans lutte ; un certain nombre d'entre eux ont même essayé de pratiquer des trouées à travers les escouades d'agents postés à la sortie ; mais leurs efforts ont été vivement réprimés.
Plus de cent individus ont été capturés et écroués au Dépôt. Parmi ceux-ci se trouvaient un grand nombre de récidivistes."

533 Dernière modification par Roland de L. (29-10-2021 12:31:11)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

En guise de commentaire de la rafle décrite ci-dessus, un article du surlendemain.

1885, 6 juillet, Le Petit Parisien

"BOUGES ET COUPE-GORGES

Depuis quelques jours, la Préfecture de police fait pratiquer une série de razzias dans les établissements, hôtels borgnes, cabarets et bouges diversement dénommés, connus pour être le refuge ordinaire des rôdeurs, des vagabonds et des repris de justice.
Chaque fois ou à peu près qu'un nouveau Préfet de police entre en fonctions, il se hâte d'inaugurer son règne par une opération semblable, afin d'attester sa bonne volonté et la résolution où il est d'assainir Paris et d'y assurer par des mesures énergiques la sécurité. Le plus souvent, après ce beau déploiement de zèle, les choses en restent là, et les attaques nocturnes recommencent de plus belle. La méthode, d'ailleurs, est assez critiquable.
On sait comment on procède :
La maison désignée comme refuge habituel des « gens sans aveu », est, à l'heure la plus favorable, entre dix heures et minuit, par exemple, bloquée par une nombreuse escouade d'agents qui bouchent toutes les issues. Les individus qui s'y trouvent sont ainsi pris comme des poissons dans un filet. Toute la bande est conduite au poste voisin. Le lendemain, le chef de la Sûreté passe la revue et reconnaît les siens, c'est-a-dire ceux qui sont sous le coup d’un mandat d'amener ou qu'il juge utile de garder. Ceux-là sont mis en lieu sûr ; le reste reprend sa volée.
Il est clair qu'il y a là une belle et bonne entorse à la loi, puisque d'honnêtes gens fourvoyés soit par la curiosité, soit par un autre motif parmi les coquins sont exposés à une arrestation qu'aucun méfait n'a justifiée : quoi qu'il en soit, c'est le procédé que préfère la police, quand elle se décide à faire quoique chose, parce que c'est celui qui lui donne le moins de mal.
Arrêter en bloc et pêcher dans le tas est, en effet, bien plus facile et moins fatigant que de chasser individuellement les malfaiteurs : si la police était faite comme elle doit l'être, si elle avait l'incessante vigilance qu'elle doit avoir. elle n'aurait pas besoin de recourir à ces ralles qui rappellent un peu trop les procédés de l'ancien régime.

Mais je ne veux pas m'arrêter à ce point de vue, qui m'entraînerait à une discussion approfondie et, conséquemment, longue sur la meilleure manière d'assurer la sécurité des grandes villes.
Ce qui est certain, c'est que dans tous les centres populeux infestés de nombreux malfaiteurs, à Paris surtout, il y a eu en tout temps de ces maisons louches affectées à la clientèle spéciale des escarpes et où la police n'a qu'à tendre ses filets pour être sûre de retenir un bon gibier. Autrefois, la Cour des Miracles était le grand égout collecteur où aboutissaient toutes les immondices morales de la capitale. Depuis, le cloaque s'est décentralisé. Cependant, à mesure que la pioche des démolisseurs ouvrait des grandes percées de lumière par la ville, les bouges qui la déshonoraient ont en grande partie disparu. Ceux qu'ont visités, hier, les agents dans les quartiers de la place Maubert. des Halles et de la Goutte-d’Or demeurent comme les derniers vestiges d'un Paris à peu près disparu.
C'est dans le « débit de vins » connu sous le nom de « Château-Rouge» qu'a eu lieu le coup de filet principal.
Le Château-Rouge situé rue Galande est célèbre. Il a sa légende. Légende récente, mais qui n'en est pas moins sanglante. C’est au Château-Rouge, on s’en souvient, que se rendit Gamahut, le soir de l’assassinat de la veuve Ballerich et c’est là qu’il fut arrêté."

[Article déjà recopié dans le message 318 en juin 2020 : ça commence comme ça, Alzheimer !!!]

534 Dernière modification par Roland de L. (24-10-2021 14:08:30)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

(message 448 du 23 juin dernier, page 9)

1888, 17 décembre : La Justice

" On sait qu'une commission du conseil municipal - c'est la cinquième - est en train d'étudier sur place, en ce moment, la mendicité à Paris, et de chercher un remède - difficile à trouver -pour en empêcher le développement, sinon pour la détruire tout à fait.
Cette commission a fait dernièrement sa deuxième visite en pénétrant dans certains refuges célèbres où les mendiants associés se donnent rendez-vous. Elle a commencé par la Cave, rue Montorgueil, continué par le Père Lunette, rue des Anglais, et fini par le Château-Rouge, rue Galande..."

J'ai trouvé le rapport de cette visite, conduite par un nommé Cattiaux, rapport remis le 13 décembre 1889.
Six lignes seulement, mais terribles :

"Le Château-Rouge, rue Galande, où nous sommes allés le même soir, se compose au rez-de-chaussée de trois pièces dont une d'aspect lugubre, la chambre des morts, et au premier d'une chambre sordide ou sont couchés pêle-mêle 40 ou 50 individus pieds nus. Ce repaire, qui peut contenir en tout 160 individus, compte dans sa clientèle un grand nombre de repris de justice et de filles soumises du plus bas étage dont le chiffre égale, s'il ne le dépasse, celui des mendiants qui y cherchent un abri."

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Une description de plus, dans un roman...

1890 : Le crime de Courbevoie : triple condamnation à mort, Tony Bardin (pages 101-102)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … 2510742;0#

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Il a souvent été question, sur ce fil, de la célèbre "Tournée des Grands-ducs".
En voici une nouvelle description, qui présente l'avantage de nommer quelques-uns des accompagnateurs de leurs altesses...

1891, 15 mars, La Semaine Illustrée

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =2682416;4
Colonne de gauche.

537

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Passionnant ! Merci pour cette recherche. Après, vous pourrez passer aux coupe-gorges du quai de la Fosse à Nantes, je suis preneur !

Sérieusement, il faudra faire un livre avec tout cela.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

538 Dernière modification par Roland de L. (24-10-2021 16:09:13)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Alors que je suis presque à la fin de ma énième recherche chez Gallica, ne voilà-t-il pas que je tombe sur un article décrivant par le menu les peintures du Château-Rouge, telles qu'elles étaient visibles juste avant la démolition.
Je rappelle (s'il en était besoin !) que ce fil est né d'une interrogation de mercattore en 2009 sur ces peintures...

1999, 7 mai, La Joie de la Maison

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =4978565;2
Le descriptif des peintures est en deuxième page, mais l'ensemble de l'article m'a paru intéressant.

Et grand merci à Lévine pour ses encouragements !!!

539 Dernière modification par Roland de L. (24-10-2021 18:16:59)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

Alors que je suis presque à la fin de ma énième recherche chez Gallica...

En fait, chers et nombreux lecteurs, je suis presque à la fin de mes recherches tout court.
Il me reste un point de détail à mentionner sur le 57 rue Galande avant le Château-Rouge, et j'en aurai terminé...
... en attendant que la numérisation des documents par mes grands amis de Goggle Livres, Gallica et retronews fasse de nouveaux progrès !

PS Par acquit de conscience, je vais quand même refaire un tour chez Google...

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

(mon message 363 du 2 juillet 2020)

b) Le cas de la maison Poupinel (2)

Entre 1818 et 1820, les Poupinel, fabricants de couvertures, s’installent au 57 rue Galande, à l’enseigne « Aux deux navettes ».
Ils exerçaient déjà, depuis 1806, la même industrie au n°63, comme successeurs de la maison Perrier, installée dans la rue, elle, depuis 1800.

J'ajoute, après une nouvelle trouvaille, que en 1821 on a  "Poupinel, fabricant de couvertures" à la fois au n° 57 et au n° 63 de la rue Galande.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

PS Par acquit de conscience, je vais quand même refaire un tour chez Google...

Grand bien m'en prit : j'ai trouvé un ouvrage traitant de la rue Galande et du Château-Rouge :

1889 : Les rues de Paris, Bloch et Mercklein

https://www.google.fr/books/edition/Les … frontcover

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Autre trouvaille : un descriptif (de plus ?), dans une revue malheureusement difficile à lire : il faut un tout petit peu d'imagination car le texte est partiellement invisible...

1889 : Nouvelle Revue Internationale

https://www.google.fr/books/edition/Nou … frontcover

543 Dernière modification par Roland de L. (24-10-2021 20:00:10)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Lévine a écrit:

...Après, vous pourrez passer aux coupe-gorges du quai de la Fosse à Nantes, je suis preneur !

Rien d'impossible, cher Lévine. J'ai même trouvé un premier article, de 1823 (la débauche dans ce quartier de Nantes était antérieure à celle du Château-Rouge) :

https://www.retronews.fr/journal/gazett … p;index=10
Double-clic sur le bas de la colonne 2 : "Nantes, le 15 juillet".

Tout y est. Je cite : "... les maisons de débauche que recèlent les petites rues qui montent du Quai de la Fosse au plateau du cours Henri IV..."
Je dispose chez Retronews de milliers d'articles de presse contenant le groupe de mots "Quai de la Fosse". Sans doute les coupe-gorges sont-ils évoqués dans une partie de ces articles.
Voulez-vous que j'ouvre un nouveau fil ? Les habitués du forum n'en sont plus à ça près...
Je suis partant, et preneur moi aussi, ne connaissant absolument pas la ville de Nantes !

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Mes recherches personnelles sur le Château-Rouge sont terminées, mais il me reste un "travail-plaisir" : essayer de reconstituer les documents fournis par éponymie et dont les liens sont brisés. J'avais commencé il y a quelques semaines ou mois.
J'y vais un peu à tâtons, car ils sont chez Google Drive, "cloud" que je maîtrise mal...

Voici pour ce jour l'article Le Château-Rouge dans le Larousse du XIXème siècle :

"Château-Rouge (LE), cabaret de bas étage situé rue Galande, à Paris, et connu aussi sous le nom de la Guillotine. Ses deux noms lui viennent de ce que sa façade est peinte d'une belle couleur sang de bœuf. Malgré cet ignoble badigeonnage, la maison n'en a pas moins assez bon air, ce qui surprendra moins quand l'on saura que c'est l'ancien hôtel de la duchesse de Beaufort, plus connue sous le nom de Gabrielle d'Estrées. Dans l'immeuble logent en chambrées des vitriers suisses, gens paisibles et laborieux, qui, coudoyant les horribles clients du Château-Rouge, mais ne se mêlant jamais à eux, forment avec leurs voisins un étonnant et consolant contraste. Les habitués du cabaret appartiennent à la basse bohème populacière ; néanmoins il n'est pas très rare de rencontrer parmi eux, sinon d'anciens prix d'honneur, du moins des gens ayant reçu de l'instruction et de l'éducation, quelquefois ayant été riches. Quant aux femmes, et il y en a beaucoup, ce sont pour la plupart des « pierreuses ». Mais elles ne viennent pas là, comme on pourrait le croire, pour se livrer à la prostitution : le Château-Rouge est un temple uniquement consacré à Bacchus ; par exemple, on y boit ferme, car M. Macé affirme que la maison consomme de 30 à 100 pièces de vin par mois, sans compter une notable quantité d'absinthe, d'eau-de-vie frelatée et de poisons divers. Le cabaret comprend deux salles, dont la seconde porte le nom de Sénat. C'est tout simplement une arrière-boutique, où, dans l'atmosphère opaque, brûlent péniblement deux becs de gaz ; seulement on la réserve à ceux que, dans le langage de l'endroit, ou nomme les « rupins ». Rupin ou non d'ailleurs, tout buveur doit payer d'avance la consommation demandée. Le cabaret lui-même n'a donc rien de particulièrement frappant, et c'est la clientèle qui en fait tout l'intérêt. Types interlopes exerçant des professions vagues, souteneurs aux toilettes criardes, femmes vieilles ou jeunes titubant déjà ou ayant encore la force de cajoler un « rupin » pour obtenir « une verte », tout ce monde-là échange les plus étranges propos, où des histoires cruelles de filles battues, de vols réussis ou ratés, d'attaques nocturnes  projetées ou exécutées déjà, se mêlent aux obscénités les plus étonnantes pour former le fond du discours."

545

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Roland de L. a écrit:

Mes recherches personnelles sur le Château-Rouge sont terminées, mais il me reste un "travail-plaisir" : essayer de reconstituer les documents fournis par éponymie et dont les liens sont brisés. J'avais commencé il y a quelques semaines ou mois.
J'y vais un peu à tâtons, car ils sont chez Google Drive, "cloud" que je maîtrise mal..."

Pour tout ce qui est au format photo (les images et quasiment tous les articles), ce devrait être relativement facile quoique très, très fastidieux.

Vous avez un dossier par page de discussion ABC avec toutes les photos présentes dans la page. Effectivement pour les articles, il faut les remettre au bon endroit, c'est encore plus long mais vous avez dans le nom de fichier, la date (aaammjj), le journal et, souvent, au moins un embryon de titre.

Bon courage et merci encore pour votre allègre enthousiasme. Que je comprends parfaitement pour l'avoir vécu mais qui ne veut pas ressusciter, je suis passé à autre chose.

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Avec ma "méthode" hyper-rustique, j'ai reconstitué l'article que j'appelle fondateur, c'est à dire la description du Château-Rouge par Albert Wolff dans le Figaro du 11 août 1879. On le trouve au message # 111 d'éponymie, , mais j'ai plaint celles et ceux qui, comme moi, n'ont pas le regard perçant...

1879, 11 août, Le Figaro : Description du Château-Rouge

"LE CABARET DE LA RUE GALANDE

En ce moment où tout le monde voyage, je vais faire faire au lecteur une excursion dans un coin de Paris qu'il ne connaît probablement pas il est au cœur de la ville, à deux pas de la Seine, dans un quartier resté debout au milieu des transformations que la capitale a subies. Le voyage vaut la peine d'être entrepris, je vous le jure. C'est un souvenir du vieux Paris du temps d'Eugène Sue qui revit sous les yeux dans un des coins les plus misérables de la capitale, habité sans doute par de fort honnêtes gens, mais hanté aussi par les rôdeurs, les ivrognes et les filles de la plus basse prostitution, qui s'y donnent rendez-vous. Moi-même j'ai entrepris ce voyage d'exploration un samedi de quinzaine, jour de paie, où tout le quartier est en goguette, où le vin à douze, quatorze et seize sous le litre coule à flots, où les bocaux de cerises à l'eau-de-vie se vident comme par enchantement, où une odeur de spiritueux se dégage de tous les comptoirs et envahit les ruelles étroites, sales, bordées de vieilles maisons chancelantes dans lesquelles on pénètre par l'antique allée sombre et noire, éclairée parfois par un vieux quinquet fumeux qui semble défier le progrès.

Peu de nos lecteurs connaissent la rue Galande, n'est-il pas vrai? C'est là que se trouve un des plus pittoresques cabarets qu'il soit possible de voir; il est au fond d'une cour et a pour enseigne le Château-Rouge. De la rue, on aperçoit le vieux comptoir du mannezingue de jadis, de forme simple, sans ornements artistiques comme les boutiques modernes des assommoirs contemporains. Sauf les becs de gaz qui, peu nombreux, éclairent cet antre de l'ivrognerie, le Château-Rouge est resté le cabaret populaire du temps des Mystères de Paris. De puissantes poutres soutiennent les plafonds chancelants sur des murs affaiblis par l'âge, couverts, à hauteur d'homme, par une épaisse couche de crasse que les vêtements des habitués y ont déposée ; près de l'entrée, deux servantes sont occupées à laver la vaisselle qu'on prête aux consommateurs, en même temps que le couteau usé et la fourchette édentée avec le vin, c'est tout ce que fournit le propriétaire du Château-Rouge chaque client est libre d'apporter son dîner ou son souper, achetés chez le charcutier ou le fruitier voisin. A l'odeur du vin se mêlent les émanations du fromage d'Italie ou des saucissons à l'ail ; les huppés de la société panachée s'offrent seuls le luxe d'une assiette ; le plus grand nombre se contente du papier dans lequel le fournisseur a enveloppé le repas du pauvre ou de l'ivrogne. Ici la nourriture joue un rôle moins grand que la boisson ; on économise sur le dîner pour avoir de quoi absorber un litre de plus ; tout l'argent de la quinzaine disparaît en quelques heures, on le sent ; cette orgie du bas peuple, conquise par quinze jours de labeur, sera suivie par deux semaines de privations et de misère, pendant lesquelles quelques-uns rouleront sur la pente du crime jusqu'à la police correctionnelle ou jusqu’au bagne.

Derrière le comptoir se tient le mannezingue, à la large carrure et à la figure réjouie ; sa chemise retroussée jusqu'aux épaules découvre deux bras solides, musclés comme ceux d'un Hercule de la foire, et dont la. seule vue tient en respect cette foule bariolée, qui ne doit pas être commode à l'heure où les fumées du litre à douze envahissent les cerveaux. Les garçons qui circulent entre les longues tables primitives, pas beaucoup plus que des planches posées sur des poteaux, sont taillés à l'image de leur patron, choisis parmi les plus vigoureux ils sont cinq ou six qui, sous le commandement de leur chef, tiendraient au besoin tête à toute cette foula avinée qui, d'un air craintif, les voit passer, comme le regard du forçat se baisse devant le solide garde-chiourme. Dans cette première salle, la plus vaste, presque personne hommes, femmes et enfants s'entassent dans les deux autres pièces, beaucoup moins grandes pêle-mêle, tout le monde s'installe devant les longues tables, couvertes de litres vides ou pleins et de papiers graisseux, les derniers vestiges du souper. Au milieu de la pièce, un vaste poêle en fonte, orné de plusieurs tuyaux, afin qu'à peu de frais la chaleur puisse se répandre partout par les froides soirées d'hiver. A côté de l'ouvrier qui fait un extra en ce jour de paye, le soiffard incorrigible, hébété par  l’ivresse consente, aux yeux ternes et sans expression, avachi à ce point par la boisson, qu'un enfant de dix ans en aurait raison dans une lutte ; des corps sans élasticité, branlant sur des jambes sans ressort. De ci de là, à la même table, toute une famille : l'homme avec sa femme ou sa maîtresse, des enfants nés dans la boue et que la Centrale attend, de pauvres êtres à qui un jour ou l'autre la chaude vareuse des prisons semblera être le dernier mot du luxe, tant leurs loques sont misérables, et dont le regard est devenu singulièrement cynique dans le milieu vicieux où ils végètent. Plus loin, un Alphonse de la dernière catégorie est attablé avec une vieille drôlesse qui, en ce jour, a peut-être volé quelque part ou vendu ses dernières hardes pour fournir à son amant le petit feutre gris, ramassé sur les boulevards par un chiffonnier, et revendu par lui à un fripier du quartier.

La partie féminine qui fréquente le Château-Rouge donne le frisson. Il serait difficile de fixer la date de l'origine de leur vice ; la moyenne a dépassé la cinquantaine ; quelques-unes, près de la tombe, vont de table en table quêter un verre de vin ; elles sont arrivées à l'âge où, repoussées des milieux les plus vicieux, elles ne doivent plus compter que sur la générosité de l'ivrogne, dont le litre à douze a voilé les yeux ; cependant, de ci de là, dans le tas, une fille encore jeune, mais déjà vieille par la débauche qui a marqué le visage de ses griffes destructrices. Appuyée contre le poêle, dans une pose qui s'efforce d'être originale, une femme de cinquante ans fume sa cigarette en faisant des ronds, fort admirée par ses voisins ; c'est tout ce qui reste de cette ancienne étudiante de la Grande-Chaumière ; avec ces débris on peut reconstituer ses formes de jadis, quand, jeune, elle fit tourner les têtes folles du Quartier Latin ; elle revit dans la fantaisie ; on la voit se dandiner, la cigarette aux lèvres, dans un formidable cavalier seul, au milieu d'une galerie électrisée par ses ébats ; ce que le temps a respecté dénote que, dans son jeune temps, cette fille a eu la beauté parisienne, cette beauté du diable, au nez retroussé, qui est le signe caractéristique des cascadeuses dessinées autrefois par Gavarni ; maintenant encore, sous ses haillons crasseux, elle s'impose par son chic à cette population prise de vin, qui n'y regarde pas de si près. Une femme qui a dépassé un demi-siècle semble jalouse de l'influence de la vieille étudiante ; personne ne fait attention à elle, qui a pourtant fait un bout de toilette pour séduire les cœurs dans ce bouge. Celle-ci porte un mantelet garni de franges, et sa tête, où manque le nez ou à peu près, est surmontée d'un chapeau en velours noir, garni d'une longue plume blanche ; au milieu de toutes ces blouses déchirées et de ces tartans fanés, cette toilette tapageuse semble être le dernier mot de l'élégance parisienne. L'atmosphère est empestée pat l'odeur du vin renversé sur les tables et qui, en filets rouges, descend sur les vêtements des consommateurs, sans qu'on y fasse attention. Il se fait dans ce cabaret un bruit assourdissant d'assiettes qu'on remue, de bouteilles qu'on renverse, de verres qui se brisent, d'engueulades qu'on échange d'une table à l'autre ; de ci de là, un groupe silencieux et parlant à voix basse semble concerter un coup pour la nuit. Dans son ensemble, cette population me donne le frisson.

A notre entrée il s'est fait un mouvement dans cette foule; les uns nous regardent avec curiosité, les autres contemplent avec méfiance les « messieurs » qui se sont égarés dans le Château-Rouge. Le patron, avec qui nous avons causé en passant au comptoir, daigne nous servir en personne. Ceci produit une certaine sensation. On nous prend peut-être pour des princes étrangers, désireux de connaître les bas-fonds de Paris. Conduit par un guide sûr, le prince d'Orange a parcouru un soir tous les taudis du quartier; on a gardé le souvenir des pièces de cent sous qu'il a semées sur son passage, et peut-être pense-t-on que la pluie d'argent va recommencer. D'ailleurs, rien à craindre; nous sommes sous la sauvegarde de l'Hercule qui tient le cabaret et de ses garçons aux bras d'acier. De plus, quelques pièces de vingt sous jetées-négligemment dans les jupes des femmes, quelques litres que nous offrons aux hommes, nous donnent droit de .cité dans le cabaret et effacent, comme par enchantement, la répugnance que la redingote inspire aux habitués du Château-Rouge, comme une blouse offenserait les clients du Café-Anglais. Bientôt la plus grande cordialité règne entre cette foule curieuse et les explorateurs de cette contrée inconnue aux Parisiens ; on se serre les uns contre les autres sur les bancs en bois pour nous faire une petite place; les ivrognes daignent trinquer avec nous et les femmes nous adressent leurs plus gracieux sourires; toutefois, nous sommes peu à notre aise : ce voyant, l'un des buveurs empoigne son fils accoudé sur la table et dormant du sommeil du juste et comme il ferait d'un vieux cabas, il fourre son rejeton sous la table, afin que nous soyons moins gênés.

Le tableau change peu, car, une fois installés au Château-Rouge, les habitués ne le quittent qu'à l'heure où on ferme, où les ivrognes vont cuver leur vin dans les ruisseaux, en attendant que la police leur donne l'hospitalité au poste. De temps en temps, de nouveaux venus se montrent à l'entrée, semblent fort désappointés en voyant toutes les tables occupées et vont tristement se répandre dans les autres cabarets, moins en vogue que celui-ci. Une vieille femme, assise à mes côtés, paraît seule conserver une certaine défiance ; elle nous prend évidemment pour des agents de police, car elle se penche vers moi et me dit :
- Vrai de vrai, vous n'êtes pas venu pour prendre du gibier ?
Et sur mon signe négatif, elle ajoute :
- Il me semble pourtant que je vous ai déjà vu, au mois de janvier, quand on a arrêté mon homme.
Cette conversation intéressante est interrompue par la venue d'un guitariste, accueilli par des cris de joie. Enfin, on va donc rigoler ! C'est quelque vieux cabotin ambulant qui, jadis, a dû jouer les Buridan à la foire de Neuilly. La tête a dû être belle ; maintenant elle est ridée et fanée, mais les traits ont conservé une certaine noblesse. De longs cheveux gris, descendant jusqu'aux épaules, flottent autour du visage bronzé de ce Bohémien de Paris. Ici, il est au milieu d'un public ami ; il tutoie toutes les femmes et serre la main à tous les hommes. De tous côtés on lui tend les verres, et il en vide une douzaine pour se mettre en train ; puis il jette son feutre défoncé sur le poêle et se coiffe d'un bonnet de coton, signe qu'il va nous dire une chanson villageoise ; d'une voix éraillée, il l'entame, s'accompagnant sur les deux seules cordes de sa guitare. Le public entonne le refrain en chœur, et, après chaque couplet, le guitariste ajoute une bourrée saluée par des éclats de rire et des applaudissements. Au dernier, couplet, un peu leste, la vieille étudiante, qui ne cesse pas de fumer des cigarettes, a un accès de pudeur ; elle se lève, administre une bonne gifle au cabotin et le traite de polisson ; mais aussitôt, pour prouver que ce n'est qu'une farce, elle fait vis-à-vis à l'artiste et embellit la danse finale par un cavalier seul qui a dû avoir bien du succès, vers 1830, dans les bastringues de l'ancien boulevard Montparnasse.
Sur ce tableau enchanteur, nous quittons le cabaret du Château-Rouge, reconduits par la petite vieille qui a son idée fixe en murmurant « Vous vous en allez sans le gibier ; la chasse n'a pas été heureuse. » Et comme elle semble vouloir s'accrocher à nos redingotes et nous accompagner dehors, le cabaretier l'arrête en criant « Ohé la mère, laissez ces messieurs tranquilles ». En entendant ce cri, la petite vieille se replie sur elle-même, comme une hyène à la voix du dompteur. En passant devant le comptoir, nous entrons un instant dans le bureau du marchand de vin et dont la propreté reluisante contraste singulièrement avec les salles noires, enfumées et crasseuses de ce cabaret pittoresque. Ici, c'est l'aisance bourgeoise qui naît du vice du bas peuple; encore quelques années, et le propriétaire du Château-Rouge pourra vendre son fonds avec sa clientèle d'antiques prostituées, d'ivrognes, d'ouvriers dévoyés et de malfaiteurs ; le cabaretier a d'ailleurs l'air d'un bon homme, et plus tard, après fortune faite, il deviendra conseiller municipal aux environs de Paris; il finira ses jours dans une jolie petite villa, embellie de statues en plâtre, où chaque matin la Gazelle des Tribunaux viendra lui apporter des nouvelles de ses anciens clients."

Albert Wolff

547 Dernière modification par Roland de L. (25-10-2021 19:47:56)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:

Pour tout ce qui est au format photo (les images et quasiment tous les articles), ce devrait être relativement facile quoique très, très fastidieux.

Vous avez un dossier par page de discussion ABC avec toutes les photos présentes dans la page. Effectivement pour les articles, il faut les remettre au bon endroit, c'est encore plus long mais vous avez dans le nom de fichier, la date (aaammjj), le journal et, souvent, au moins un embryon de titre.

Merci pour ces indications, mais je dois être complètement obtus, car justement je n'ai trouvé nulle part sur Google Drive ni les noms de fichiers, ni les dates, ni les noms de journaux et encore moins les embryons de titres !!!

À MOINS que vos indications soient une invite à me reporter à votre célèbre et indispensable message 276 ?

548

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Allons bon, il faut se connecter maintenant pour écrire...

Vous me surprenez, je ne me rappelle plus ce que j'avais mis sur GD, il me semblait que c'était le dossier complet... Quand je me remettrai sur l'ordi je vérifierai. Entre demain après-midi et mercredi.

Mais, bon sang de bonsoir, j'étais bien persuadé d'avoir mis au moins toutes les photos, sinon ça n'avait pas de sens de créer quelque chose sur Drive...

WWW

549

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

J'ai Drive sur le smartphone, j'avais oublié...

Vous avez absolument toutes les images, avec les photos des articles (avec date, journal, etc...).

Par contre il manque les dossiers qui vous permettent d'associer à chaque page de la discussion toutes les photos qui lui sont associées dans l'ordre d'apparition. Je vous les ajoute dès que je peux mais vous avez d'ores et déjà TOUTES les photos.

WWW

550 Dernière modification par Roland de L. (25-10-2021 21:22:33)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

test : Article de La Presse, message 143 >>> ça a l'air de marcher !

1899, 28 avril, La Presse


"UN BOUGE CÉLÈBRE

L'on va démolir prochainement le « Château-Rouge », le célèbre bouge de la rue Galande, repaire de bandits et de filles - et parfois aussi, hélas ! refuge de malheureux. La percée de la rue du Dante bouleversera tout ce coin d'autrefois, et certains, hantés. d'un souci archéologique ou travaillés par une esthétique particulière, vont peut-être gémir sur l'évanouissement de ces vagues architectures et la fuite des types étranges et crapuleux qui les complétaient. Je voudrais les rassurer sur la perte que peut faire l'Art par la disparition de ces masures infectes, sans intérêt véritable au fond. Leur aspect peu séduisant et la physionomie minable des habitants, canaille plate et sans envergure, ont été, d'ailleurs, retracés de manière suffisante pour leur gloire par la main de Joris-Karl Huysmans, maître insurpassable, il me semble, en la matière. Et cette reconstitution graphique est de naturo à satisfaire au delà même de tout ce qu'on peut espérer de la réalité, car la propriété de. décevoir notre imagination est bien ce que renferment de plus curieux ces endroits, simplement dégoûtants, que le snobisme transforme parfois en lieux de pèlerinage!
Dès que j'ai appris que le tenancier du. Château-Rouge était exproprié, j'ai voulu visiter le local, expurgé de sa vermine humaine. Il me séduisait, parce qu'une légende prétend que cette moderne caverne du crime fut jadis un nid d'amour, le plus merveilleux des nids d'amour : celui de Gabrielle d'Estrées et de Henri IV ! Je croyais qu'un détail d'alors, échappé à l'ambiance, respecté par le temps, évoquerait brusquement à mon esprit le charme du passé et ferait disparaître, pour un instant, l'horreur présente de cet amas innommable, naguère un palais !..
C'est au milieu d'une cour bordée de constructions en ruines, occupées cependant, puisque la misère agite aux fenêtres les haillons humides qui lui servent de drapeaux, que s'élève le Château-Rouge, dont les hautes persiennes sont closes.
L'on y accède par un perron de quelques degrés. Mais, à peine la concierge de l'immeuble en a-t-elle ouvert les portes, qu'il sort du trou noir que nous avons devant les yeux et leanez» une telle pestilence d'enfer que l'ami qui m'accompagne est pris d'un haut-le-coeur violent qui l'empêche de pénétrer tout d'abord. Moins sensible, je suis déjà dans la pièce d'entrée, une salle immense au plafond élevé et décoré de corniches sculptées que j'aperçois confusément. L'air du dehors arrivant soudain par les fenêtres qu'on ouvre ranime brusquement les exhalaisons d'une puanteur susceptible de donner le vertige. II. se dégage des murs, du parquet, des placards, une odeur inqualifiable qui provoque l'épouvante et auprès de laquelle, comparativement, une charogne doit sentir bon. Je suis persuadé que voilà le foyer infectieux d'où viennent les bouffées qui, malgré sa renommée, font déserter Paris l'été. ..Je me précipite prudemment près d'une fenêtre et j'examine avec courage et attention la vaste salle où est encore marquée la place du comptoir récemment déménagé. Malgré mon désir d'y découvir le souvenir endormi, prestige d'antan, mon vil ne remarque que d'infâmes peintures murales représentant des scènes bachiques qui n'ont même pas l'intérêt de la naïveté.
Redoublant d'énergie, dans une fièvre de recherche je consens, au bout de quelques minutes pendant lesquelles j'ai vainement essayé de m'accoutumer à l'atmosphère, à me laisser guider de nouveau à travers les appartements de cette ancienne demeure seigneuriale. Une salle plus petite, à droite de la première, a ses murs tapissés de fresques décoratives reproduisant les scènes de l'arrestation et des remords de Gamahut, pris dans cet assommoir, dont le patron était probablement un « indicateur » : comme choses du passé, c'est maigre. - Le premier étage, qui servait de dortoir, -moyennant vingt centimes par nuit l'on avait droit à une place sur le parquet en compagnie d'insectes variés et de camarades stylés, - à la honte de la capitale, ne m'a guère paru contenir plus d'attraits rétrospectifs que le rez-de-chaussée. Sauf le parquet de l'époque, une cheminée en bois surmontée d'un encas drement sculpté contenant un miroir, et les lambris ornés qui recouvrent les murs, il n'existe là rien que d'ordinaire avec de la crasse nauséabonde en supplément.
La distribution de cet étage et l'exiguïté relative des pièces m'ont seulement fait penser qu'en cet endroit se trouvaient les appars tements privés de Gabrielle d'Estrées. En partant de ce point, il m'a été facile de supposer que le Vert-Galant y venait retrouver la favorite, très souvent, sans nul doute, puis. qu'il parait que c'était la femme la plus séduisante et la plus spirituelle du monde de ces temps. Or, chacun sait que l'amour rend l'âme meilleure, la prédispose à l'indulgence et la fait accueillante à l'infortune d'autrui. J'ai donc songé que c'est peut-être dans un de ces boudoirs, à la suite d'un doux entretien, que ce roi, populaire entre tous, prit la détermination d'éteindre le paupérisme au moyen de la poule au pot hebdomadaire. Il désirait supprimer la misère, c'est-à-dire la souffrance et les crimes qui en résultent. Et l'ironie de la vie a voulu qu'il fût assassiné et que le nid d'amour où s'éveillaient ses réves humani.. taires devînt, après des siècles, le plus abject bouge de la Capitale, le centre de réunion des bandits les plus ignobles et les plus vils!
De cette visite à ce Temple du Crime, qui fut le Temple de l'Amour, je suis sorti navré, écœuré, empoisonné à demi; ma bonne volonté n'a même pas rencontré une chose qui valût la peine qu'on tournât la tête. C'est infâme tout simplement. Le pittoresque de Pa. ris ne perdra absolument rien à la disparition de la plupart de ces vieux et stupides quartiers aux ruelles tortueuses et puantes. Et je ne trouve rien de mieux pour l'assainissement moral de la grande ville que ces trouées qui culbutent ces foyers infectieux, pour amener à leur place l'air et la santé !
Emile Lapaix"

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