Désolée, William83, j’eusse aimé être plus concise, mais je n’y suis point parvenue.
-- Si donc, plutôt que de bidouiller la définition classique, on la conserve et qu’on part du principe qu’avec les questions partielles le est-ce que doit obligatoirement être précédé d’un mot interrogatif, on doit conclure que Est-ce que tu veux du thé ou du café ? n’est pas correct, et chercher quel mot interrogatif devrait être antéposé. La question portant dans cet énoncé sur l’objet, ce serait forcément le que*, qui donnerait :
Qu’est-ce que tu veux, du thé ou du café ? (ou avec un deux-points à la place de la virgule.)
Ce qui serait un rétablissement du que omis dans les formulations sans est-ce que (cas d’ailleurs évoqué par William83) :
Tu veux (quoi,) du thé ou du café ?
(Que) veux-tu(,) du thé ou du café ?
Si on pousse la logique jusqu’au bout, on doit pouvoir soutenir que le mot interrogatif est également omis devant Est-ce que > (Qu’)est-ce que tu veux(,) du thé ou du café ? C’est possiblement le cas ; mais, je pense que l’on peut aussi défendre que si l’omission du mot interrogatif n’est pas du tout gênante avec les deux autres formulations (notamment pour des raisons prosodiques), elle le devient avec celle en est-ce que, précisément parce que cette forme étant en principe réservée aux questions totales, elle active l’interprétation question totale et prépare une réponse oui/non, d’autant plus que rien dans le prosodie ne permet d’indiquer que ce n’est pas le cas. Il faut attendre la survenue du ou pour comprendre que l’on n’est pas dans le cas d’une interrogation totale.
-- Voici un autre élément qui pourrait aller dans le sens de l’incorrection de cette tournure avec une interrogation alternative. Prenons donc notre problématique tournure, associons-la avec un mot interrogatif et torturons-la un peu.
Quand est-ce que tu pars ?
C’est quand que tu pars ?
Que tu pars, c’est quand ? ≈ Le fait que tu pars est quand ?
Maintenant, procédons de même avec une question totale :
Est-ce que tu pars ?
C’est que tu pars ?
Que tu pars, c’est ? ≈ Le fait que tu pars est-il vrai ?
Autrement dit Est-ce que « solo » interroge sur la valeur de vérité de la proposition. Bon, rien de très révolutionnaire, puisque c’est le principe même des interrogations totales, mais ça permet de bien clarifier les choses pour la suite qui tadaaam concerne bien sûr sans aucune surprise la question de la possibilité de ce Est-ce que « solo » avec une interrogation alternative. Là, encore pas de révolution, puisque la question alternative ne demande pas de déterminer si une proposition est vraie ou pas, mais d’opérer un choix entre deux (ou plus) éléments, on peut deviner que la tournure n’est pas compatible avec l’interrogation alternative.
°Le fait que tu veux du thé ou du café est-il vrai ?
-- Dernier argument que j’ai en magasin, certaines questions alternatives n’acceptent pas la formulation avec Est-ce que :
Tu viens lundi, mardi ou quand ?
°Est-ce que tu viens lundi, mardi ou quand ?
Tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?
°Est-ce que tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?
On est le 12, le 13 ou le combien ?
°Est-ce qu’on est le 12, le 13 ou le combien ?
etc.
Bon, voilà où j’en suis des mes cogitations, qui bien sûr aimeraient se rapprocher au plus près de dame Vérité ( :D !), mais qui prêchent un peu quand même pour ma paroisse.
Pourtant, force m’est de constater que mon sentiment va à l’encontre de l’usage, qui fournit très facilement des occurrences de Est-ce que « solo » + interrogation alternative**. Est-ce à dire que je me suis fourvoyée dans les grandes largeurs ? Ou pas forcément, et peut-on alors envisager que comme la question alternative introduite par Est-ce que « solo », même si elle n’est pas rigoureusement correcte, reste finalement compréhensible, rien ne s’oppose à son usage ?
* Avec l’autre exemple donné par éponymie post 12 : Comment est-ce que vous buvez le café, avec ou sans sucre ?
** Voici des exemples ici, là, ou encore là.
Ou bien il faut considérer toutes ces questions non comme des alternatives, mais comme des totales coordonnées ou juxtaposées, et mal ponctuées : Est-ce qu’il est brun ?, ou blond ? Grand ?, ou petit ? etc.
Il faudrait voir comment elles sont prononcées, mais je n’y crois guère.