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forum abclf » Réflexions linguistiques » Est-ce que tu préfères...

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Messages [ 1 à 50 sur 70 ]

1

Sujet : Est-ce que tu préfères...

Bonjour,

Un ami m'a reproché l'emploi de phrases du type : "Est-ce que tu préfères boire du café ou du thé ?" Pour moi, cette phrase n'est que la variante du meilleur "Préfères-tu boire du café ou du thé ?" ou même de "Tu préfères boire du café ou du thé ?" Ou encore : "Que préfères-tu boire, du café ou du thé ?"
Pour cet ami, une question commençant par "est-ce que" n'admet que deux réponses : oui ou non.
Il ne faudrait donc pas dire (autre exemple) : "Est-ce que tu iras à la mer ou à la montagne, cet été ?"

Qu'en pensez-vous ?
Merci pour votre réponse !

Re : Est-ce que tu préfères...

Bonsoir,

Effectivement une question commençant par "est-ce que" est une question fermée n'admettant qu'une liste limitée de réponses. En général deux, très souvent oui ou non.

Mais votre exemple est aussi une question fermée avec 2 réponses possibles, thé ou café.

3 Dernière modification par éponymie (24-08-2021 22:27:44)

Re : Est-ce que tu préfères...

Ensuite "est-ce que" est utilisable pour tous les genres de questions, fermées ou ouvertes, sans restriction.

Je ne vois - comme ça, vite fait - que deux exceptions : le pronom quel sujet du verbe être (quelle est ton adresse ?) et la question qui porte sur le sujet du verbe où nous n'avons plus un "est-ce que" mais un "est-ce qui" (qu'est-ce qui fait tomber la pluie ?).

Pour dire ce que je pense : votre ami pose une règle sur un fait de langue qu'il appréhende mal et ça ne fonctionne pas. Et plus que probablement, il sera le premier à ne pas respecter sa règle. Sans s'en rendre compte.

P.S.: mon message était bardé de petites fautes, j'ai corrigé.

4 Dernière modification par Chover (25-08-2021 09:17:23)

Re : Est-ce que tu préfères...

Votre ami, William83, vous reproche-t-il l'emploi de « Est-ce que » ou l'utilisation de « ou » après « préférer » ?
Pour moi aussi, « Est-ce que tu préfères boire du café ou du thé ? » et  « Préfères-tu boire du café ou du thé ? » ont le même sens.

« Préfères-tu le café au thé ? », interrogation globale (ou totale, ou fermée), entraîne une réponse avec « oui » ou « non » (si l'on s'exprime simplement, en tout cas !)
Ce n'est pas le cas de « (J'ai du café et du thé) : que préfères-tu ? (qu'est-ce que tu préfères ?) » On répondra par exemple Je préfère du café.
Cela reprend, bien sûr, plus ou moins vos explications, éponymie.

Dans « Est-ce que tu veux du café ou du thé ? » comme dans « Est-ce que tu préfères du café ou du thé ? » et dans « Veux-tu du café ou du thé ? », c'est, me semble-t-il, le choix, exprimé par la conjonction « ou », qui interdit une réponse Oui ou Non.
(Toutefois, un puriste relèvera la contradiction entre « préférer » et ladite conjonction, tandis qu'il ne trouvera rien à redire à la question avec « vouloir ».)

Manifestement, donc, une question introduite par « Est-ce que » ou par un autre verbe ne peut pas toujours se voir qualifiée de globale. Bon, si l'on tient à tout prix à cette règle, on peut imaginer que « Veux-tu du café ou du thé ? » contient deux questions, l'une entraînant la réponse Non, l'autre amenant Oui ! Et après tout, si je considère « Veux-tu du café ? », je relève le prédicat « Veux du café », tandis que pour « Veux-tu du café ou du thé ? », l'éventuelle mention d'un prédicat « Veux du café ou du thé » change le sens de la phrase : j'accepte du café, j'accepte du thé, je ne veux pas autre chose que l'une de ces deux boissons.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

Manifestement, donc, une question introduite par « Est-ce que » ou par un autre verbe ne peut pas toujours se voir qualifiée de globale.

Pour ma part, je dirais, jamais. En suivant la définition de la question fermée que j'énonçais dans ma première réponse. Non que je veuille défendre à tout prix une "règle" mais parce que c'est la manière la plus simple de représenter les choses.

Chover a écrit:

Bon, si l'on tient à tout prix à cette règle, on peut imaginer que « Veux-tu du café ou du thé ? » contient deux questions, l'une entraînant la réponse Non, l'autre amenant Oui !

Pas mal de le dire comme ça. Si l'on tient absolument à finir par un oui ou par un non.

6

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:
Chover a écrit:

Manifestement, donc, une question introduite par « Est-ce que » ou par un autre verbe ne peut pas toujours se voir qualifiée de globale.

Pour ma part, je dirais, jamais.

Là, je ne comprends plus.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

7 Dernière modification par glop (25-08-2021 21:33:37)

Re : Est-ce que tu préfères...

Etant donné que l’on préfère une chose à une autre, la question : "Préfères-tu le thé au café" est tres claire mais elle n’est pas forcément une invitation.
D’autre part, à la question "Est-ce que tu préfères du thé ou du café": Que l’on réponde "du thé" ou "du café" ou "ni l’un ni l’autre", cela équivaut à répondre à la question sous-entendue "veux-tu du thé ou du café".
La question : "Est-ce que tu préfères du thé ou du café" contiendrait donc non pas de deux questions mais une proposition et une question: (J’ai à ta disposition du thé et du café ; que préfères-tu?).

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

8 Dernière modification par éponymie (25-08-2021 11:53:19)

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:
éponymie a écrit:
Chover a écrit:

Manifestement, donc, une question introduite par « Est-ce que » ou par un autre verbe ne peut pas toujours se voir qualifiée de globale.

Pour ma part, je dirais, jamais.

Là, je ne comprends plus.

Une question commençant par "est-ce que" ne peut pas avoir une infinité de réponses possibles : soit la réponse est oui ou non, soit les réponses possibles sont énoncées dans la question. Je ne vois pas de contrexemple.

Sinon la question à un objet : quand est-ce que...., pourquoi est-ce que..., comment est-ce que..., etc.

P.S.: tout dépend évidemment de la dèfinition de la question globale, à force de chercher des représentations simples et efficaces, je peux oublier des représentations traditionnelles mal fagotées et inefficaces pour comprendre simplement le fonctionnement de la langue.

9 Dernière modification par Chover (26-08-2021 08:05:02)

Re : Est-ce que tu préfères...

Mais… vous avez répliqué « Pour ma part, je dirais, jamais » lorsque j'ai affirmé « Manifestement, donc, une question introduite par "Est-ce que" ou par un autre verbe ne peut pas toujours se voir qualifiée de globale ». Sauf erreur de ma part, cela signifie que, pour vous, une question introduite par un verbe ne peut jamais être qualifiée de globale (totale, fermée).

Or il me semble que c'est le contraire qui vaut : à « Viens-tu demain ? », on répond Oui ou Non. Ma réserve (ne… pas toujours) tient aux compléments avec « ou » dont nous avons parlé (Veux-tu du café ou du thé ? Viens-tu demain ou après-demain ?).

Bien sûr, les questions commençant par « Quand », « Pourquoi », « Comment »… constituent des interrogations partielles (ouvertes). Si je demande « Quand as-tu oublié ton portefeuille sur un banc ? », l'oubli, exprimé par le verbe, ne fait pas de doute, de même que le sujet, toi, l'objet, le portefeuille, et le lieu, sur un banc. Le questionnement ne porte alors que sur le moment de l'oubli.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

10 Dernière modification par éponymie (25-08-2021 19:45:11)

Re : Est-ce que tu préfères...

Je n'avais pas fait attention à "ou par un autre verbe".  Le jamais s'appliquait uniquement aux questions commençant par " est-ce que".


Votre formulation me dérange un peu : " est-ce que" n'est plus à considérer comme une phrase avec un verbe, c'est une formule figée... Je ne me préoccupais que de ça.

Par contre, pour les questions ouvertes avec "est-ce qui", je veux bien le voir ce verbe : "qui est-ce qui parle ?" n'est tout compte fait que la formulation formelle de "c'est qui qui parle ?"

C'est vrai que l'on pourrait généraliser cette logique : "quelle langue est-ce que tu parles ?" ----> "c'est quelle langue que tu parles ?". C'est un peu plus tiré par les cheveux.

Et hors de question de voir le verbe être conjugué dans " est-ce que tu viens ?", ça n'est pas envisageable pour les questions fermées.

11

Re : Est-ce que tu préfères...

La question est de savoir si la locution est-ce que, non précédée d’un mot interrogatif, est limitée à l’interrogation totale - autrement dit à celle à laquelle il est toujours possible de répondre par oui ou par non - ou pas.
Si la réponse est oui (c’est le cas d’après TLFi et Larousse en ligne, par exemple), comme on n’est pas ici en présence d’un interrogation totale, mais d’une interrogation alternative (semi-ouverte ? semi-fermée ?), alors il faut conclure que l’ami de William83 à raison.*

Comme ça, juste intuitivement, sans avoir réfléchi aux raisons qui pourraient exclure l’utilisation de cette locution avec une question alternative, je rejoins le sentiment de l’ami de William83.



* Sauf à considérer que café ou thé doit être pris - au moins momentanément - non comme une alternative, mais comme un tout, avec une comparative sous-entendue :
Préfères-tu boire [du café ou du thé] (plutôt que de la țuică) ?  réponse en oui / non possible > est-ce que possible.

Re : Est-ce que tu préfères...

k@t a écrit:

La question est de savoir si la locution est-ce que, non précédée d’un mot interrogatif, est limitée à l’interrogation totale - autrement dit à celle à laquelle il est toujours possible de répondre par oui ou par non - ou pas.

Je suis allé voir sur Wikipédia pour revoir la terminologie globale, totale / partielle et ouverte/fermée

éponymie a écrit:

Effectivement une question commençant par "est-ce que" est une question fermée n'admettant qu'une liste limitée de réponses. En général deux, très souvent oui ou non.

Mais votre exemple est aussi une question fermée avec 2 réponses possibles, thé ou café.

Le principe de la question fermée est d'enfermer la réponse dans une alternative ou dans une liste explicitement énoncée de réponses. Distinguer des interrogations globales (oui/non) et partielles (autres réponses) est inefficace pour ce qui est de la construction des questions avec est-ce que.

l'énoncé

une question commençant par "est-ce que" n'admet que deux réponses : oui ou non.

mélange allègrement les notions d'interrogation globale et d'interrogation fermée. Il faudrait corriger :

une question commençant par "est-ce que" n'admet que la réponse oui ou non ou une sélection parmi une liste limitée de réponses.

La syntaxe de la question ne dépend que de l'ouverture ou de la fermeture de la question. Je me demande du coup à quoi sert la distinction globale / partielle, certainement à quelque chose mais pas à traiter des questions de grammaire de base.

Maintenant si - avec William83 - j'ai tort, j'attends la démonstration de mon erreur. Bien entendu, pas avec un énoncé prescriptif tel que celui de son ami.

Est-ce que vous buvez le café avec ou sans sucre ?

13 Dernière modification par Chover (26-08-2021 08:42:41)

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:

Votre formulation me dérange un peu : " est-ce que" n'est plus à considérer comme une phrase avec un verbe, c'est une formule figée...
Et hors de question de voir le verbe être conjugué dans " est-ce que tu viens ?", ça n'est pas envisageable pour les questions fermées.

Pourquoi donc ? Je suis bien d'accord avec vous quant au caractère figé de « Est-ce que… ». Mais la formulation « Est-ce que tu viens demain ? » n'est rendue interrogative, me semble-t-il, que par la présence du verbe être conjugué en tête : « C'est que tu viens demain » et « Tu viens demain » n'ont grammaticalement rien d'interrogatif.
Je ne fais aucune différence de sens, je l'ai dit, entre « Viens-tu demain ? » et « Est-ce que tu viens demain ? », qui constituent des interrogations globales. Ni entre « Viens-tu demain ou après-demain ? » et « Est-ce que tu viens demain ou après-demain ? », pour quoi les catégories « globale » (fermée) et « partielle » (ouverte) ne conviennent guère.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

14 Dernière modification par Chover (26-08-2021 08:57:51)

Re : Est-ce que tu préfères...

k@t a écrit:

* Sauf à considérer que café ou thé doit être pris - au moins momentanément - non comme une alternative, mais comme un tout, avec une comparative sous-entendue :
Préfères-tu boire [du café ou du thé] (plutôt que de la țuică) ?  réponse en oui / non possible > est-ce que possible.

Je l'ai signalé, en d'autres termes, à la fin de mon intervention numérotée 4 ci-dessus :
Et après tout, si je considère « Veux-tu du café ? », je relève le prédicat « Veux du café », tandis que pour « Veux-tu du café ou du thé ? », l'éventuelle mention d'un prédicat « Veux du café ou du thé » change le sens de la phrase : j'accepte du café, j'accepte du thé, je ne veux pas autre chose que l'une de ces deux boissons.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : Est-ce que tu préfères...

Oui, "Est-ce que tu préfères boire du café ou du thé ?"  peut avoir deux sens, tout comme "Préfères-tu boire du café ou du thé ?" d'ailleurs.
1) "Est-ce que tu préfères boire [du café ou du thé] ?", qui appelle effectivement une réponse par oui ou non.
2) "Est-ce que tu préfères boire du café ou (est-ce que tu préfères boire) du thé ?" qui implique un choix.

Re : Est-ce que tu préfères...

Abel Boyer a écrit:

Oui, "Est-ce que tu préfères boire du café ou du thé ?"  peut avoir deux sens, tout comme "Préfères-tu boire du café ou du thé ?" d'ailleurs.
1) "Est-ce que tu préfères boire [du café ou du thé] ?", qui appelle effectivement une réponse par oui ou non.
2) "Est-ce que tu préfères boire du café ou (est-ce que tu préfères boire) du thé ?" qui implique un choix.

Mais dans les deux cas, l'interrogation est fermée, ultérieure démonstration que la distinction globale/partielle que vous venez d'opérer est inutile pour analyser cette construction avec " est-ce que".

Je m'excuse auprès de Chover, son "pas toujours globale" était juste effectivement. Comme je l'écrivain, j'oublie ce qui ne m'est pas utile.

Nous en revenons toujours au premier point : dire qu'on ne peut pas commencer une question par "est-ce que" en cas d'interrogation partielle est une aberration.

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

pour quoi les catégories « globale » (fermée) et « partielle » (ouverte) ne conviennent guère.

Toutes les questions globales sont fermées (réponse oui ou non), les questions partielles sont fermées ou ouvertes. Les deux terminologies ne sont pas équivalentes puisque les critères pour les déterminer sont différents.

18 Dernière modification par éponymie (26-08-2021 10:08:49)

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

Je suis bien d'accord avec vous quant au caractère figé de « Est-ce que… ». Mais la formulation « Est-ce que tu viens demain ? » n'est rendue interrogative, me semble-t-il, que par la présence du verbe être conjugué en tête.

Nous sommes toujours dans la définition des termes : si "est-ce que" est figé, nous ne pouvons pas considérer le verbe être comme conjugué.

Pour ce faire, il faudrait, en ne se préoccupant que de l'interrogation, que la question (que l'on peut rencontrer) " c'est que tu viens ?" soit strictement équivalente à " tu viens ? / est-ce que tu viens ? / viens-tu ?" or elle a une valeur causale qui n'est pas du tout perceptible dans les 3 autres formulations (à démontrer le figement de "est-ce que" qui n'est plus du tout porteur de ce sens).

Re : Est-ce que tu préfères...

Ce que je tentais d'expliquer dans mon message précédent, c'est que "est-ce qui" n'est, malgré les apparences, pas figé comme "est-ce que".

20 Dernière modification par Chover (26-08-2021 10:37:41)

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:

Ce que je tentais d'expliquer dans mon message précédent, c'est que "est-ce qui" n'est, malgré les apparences, pas figé comme "est-ce que".

« Est-ce qui… » ne me paraît pas comparable à « Est-ce que… », qui donne son titre à ce fil et s'emploie à longueur de temps dans notre langue en tête d'interrogation. Il vaut mieux, je crois, parler de « Qui est-ce qui… ».

Lorsque je reprends votre adjectif « figé » à propos de « Est-ce que… », c'est de cette fréquence énorme et de l'oubli du sens de chacun de ses composants que je veux parler. Mais je ne vois toujours pas pourquoi, dans le cadre d'une réflexion sur lesdits composants, on devrait négliger la nature grammaticale de « Est ». Je crois avoir montré l'analogie des ordres de mots (verbe conjugué en tête) dans « Est-ce que tu veux du café ? » et « Veux-tu du café ? »

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

21 Dernière modification par glop (26-08-2021 10:39:16)

Re : Est-ce que tu préfères...

Vos réflexions ne manquent pas d’intérêt mais Il n’en demeure pas moins que la question posée est un cas particulier.
Est-ce que tu préfères le thé ou le café ne peut, à mon sens, se concevoir (grammaticalement) que comme une forme contractée de deux questions réunies qui sont :
Est-ce que tu préfères le thé au café ou est-ce que tu préfères le café au thé ?
Répondre à l’une des deux questions suffit :
C’est le thé que je préfère (au café).
C’est le café que je préfère (au thé).

Somme toute, ce "est-ce" est bien encombrant.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

22 Dernière modification par éponymie (26-08-2021 12:36:02)

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

« Est-ce que… », qui donne son titre à ce fil et s'emploie à longueur de temps dans notre langue en tête d'interrogation.

C'est curieux cette manière de présenter les choses, il s'emploie à longueur de temps (pour la fréquence, il faudrait vérifier) dans l'interrogation, que ce soit en tête dans une question fermée ou après l'objet de la demande (mot interrogatif ou groupe nomnal dans une question ouverte. Il ressort d'un registre de langage.

Chover a écrit:

Je crois avoir montré l'analogie des ordres de mots (verbe conjugué en tête) dans « Est-ce que tu veux du café ? » et « Veux-tu du café ? »

Je crois avoir montré qu'il n'y a pas d'analogie possible.

Mais je ne vois toujours pas pourquoi, dans le cadre d'une réflexion sur lesdits composants, on devrait négliger la nature grammaticale de « Est ».

C'est comme si vous me disiez que vous ne voyez pas pourquoi vous devriez négliger la nature grammaticale (sous-entendu "verbe") de "rendez" dans "rendez-vous" qui par nature est un nom. Le figement s'accompagne très souvent (systématiquement ? Je crois que oui mais je suis prudent) d'un changement de nature et presque toujours (il y a des degrés dans le figement) d'une perte d'autonomie des composantes.

Regardez le TLF (si vous voyez le terme en gras, vous pouvez cliquer dessus) : il parle de morphème interrogatif, donc dont les composantes sont inanalysables séparément. Ceci dit je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est écrit : l'aspect exclamatif est oublié, la distinction est entre total et partiel et non entre ouvert et fermé. Wikipédia (cf. lien plus haut) fait beaucoup mieux sans toutefois faire de l'interrogation globale une interrogation fermée, ce qu'elle est par essence (les réponses possibles sont alors implicites).

Ce n'est pas possible d'accepter une démonstration dans laquelle le "est" de "est-ce que" est considéré comme une forme conjuguée. Avez-vous jamais entendu "pourquoi était-ce que vous ne veniez pas plus souvent ?" ?.

23 Dernière modification par éponymie (26-08-2021 12:31:50)

Re : Est-ce que tu préfères...

glop a écrit:

Vos réflexions ne manquent pas d’intérêt mais Il n’en demeure pas moins que la question posée est un cas particulier.
Est-ce que tu préfères le thé ou le café ne peut, à mon sens, se concevoir (grammaticalement) que comme une forme contractée de deux questions réunies qui sont :
Est-ce que tu préfères le thé au café ou est-ce que tu préfères le café au thé ?
Répondre à l’une des deux questions suffit :
C’est le thé que je préfère (au café).
C’est le café que je préfère (au thé).

Somme toute, ce "est-ce" est bien encombrant.

Vous défigez "est-ce que", c'est pas bien lol, au maximum, en défigeant (bis repetita placent o non placent, c'est pas bien), le "que" de "est-ce que" serait une conjonction  (mais monsieur, c'est que je préfère le café), dans "c'est le café/thé que je préfère", il est pronom relatif. C'est un peu mélanger des chèvres et des choux.

24

Re : Est-ce que tu préfères...

Bon d'accord, faisons une pose.

café ou thé?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Est-ce que tu préfères...

glop a écrit:

Bon d'accord, faisons une pose.

café ou thé?

Pas de pose, faisons ça spontanément

https://i.skyrock.net/6162/33476162/pics/3169585415_1_3_PrIM0jCe.jpg

Voilà une question fermée qui subit une ouverture.

26

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:
Chover a écrit:

« Est-ce que… », qui donne son titre à ce fil et s'emploie à longueur de temps dans notre langue en tête d'interrogation.

C'est curieux cette manière de présenter les choses, il s'emploie à longueur de temps (pour la fréquence, il faudrait vérifier) dans l'interrogation, que ce soit en tête dans une question fermée ou après l'objet de la demande (mot interrogatif ou groupe nomnal dans une question ouverte. Il ressort d'un registre de langage.

Je cherche ce qu'il y a là de curieux.

éponymie a écrit:
Chover a écrit:

Je crois avoir montré l'analogie des ordres de mots (verbe conjugué en tête) dans « Est-ce que tu veux du café ? » et « Veux-tu du café ? »

Je crois avoir montré qu'il n'y a pas d'analogie possible.

Vous me laissez d'impression de refuser de voir « Est » en tête de « Est-ce que tu veux du café ? »

éponymie a écrit:

Mais je ne vois toujours pas pourquoi, dans le cadre d'une réflexion sur lesdits composants, on devrait négliger la nature grammaticale de « Est ».

Ce n'est pas possible d'accepter une démonstration dans laquelle le "est" de "est-ce que" est considéré comme une forme conjuguée. Avez-vous jamais entendu "pourquoi était-ce que vous ne veniez pas plus souvent ?" ?.

Non. Mais je ne vois pas ce que l'on peut lui reprocher. Question d'usage. Le fait que « est-ce que » n'existe pas, dans la pratique, à l'imparfait, ne me paraît pas le moins du monde prouver que « est » ne serait pas conjugué ! Accordé avec son sujet « ce », il est bel et bien conjugué, à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif !
J'ai évoqué ci-dessus, dans le message numéroté 13, la forme affirmative « C'est que tu viens demain ». On n'imagine guère non plus l'imparfait du verbe être en présence de l'imparfait de l'autre verbe : C'est qu'il avait beaucoup de travail. J'en suis presque certain : vous ne contesteriez pas pour autant la conjugaison de ce verbe être.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

On n'imagine guère non plus l'imparfait du verbe être en présence de l'imparfait de l'autre verbe : C'est qu'il avait beaucoup de travail. J'en suis presque certain : vous ne contesteriez pas pour autant la conjugaison de ce verbe être.

Comment non ! "C'était qu'il avait beaucoup de travail" est parfaitement plausible si vous reportez tout dans un contexte passé. Avec un sens causal, seul cas pour lequel "est-ce que" peut se voir considérer non figé (voir plus haut).

A partir du moment où ce sens causal est absent, "est-ce que" est figé. Le nier revient à baser une théorie sur le fait que la terre est plate. Je n'ai pas envie de faire comme Oliglesias ou Lévine qui ont combattu autant qu'ils ont pu les théories de Chrisor mais répondre à une question aussi simple que celle qui a été posée en avançant un argument de ce genre, ce n'est pas possible.

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Re : Est-ce que tu préfères...

Vous inversez les rôles ! Et ne répondez pas à la question de savoir si vous contestez la forme « C'est qu'il avait beaucoup de travail » avec son verbe être conjugué. Je n'ai pas affirmé que « C'était qu'il avait beaucoup de travail » était inconcevable. Je tends fortement à croire, toutefois, que l'on rencontre plus souvent « C'est qu'il avait beaucoup de travail », qui devient tout simplement, historiquement pour le moins, « Est-ce qu'il avait beaucoup de travail ? » à la forme interrogative.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

29 Dernière modification par éponymie (26-08-2021 14:35:08)

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

Vous inversez les rôles ! Et ne répondez pas à la question de savoir si vous contestez la forme « C'est qu'il avait beaucoup de travail » avec son verbe être conjugué.

Je n'inverse rien, vous avez à me convaincre et à justifier une position que je définis injustifiable.

Parce que je ne le conteste pas tout simplement mais la formule à l'imparfait fonctionne. Comme je l'ai dit plus haut, cette assertion à un sens causal. Que l'on peut déceler - par hasard - dans quelque question fermée avec "est-ce que". 

Dès le moment où une question fermée avec "est-ce que" n'est pas porteuse de ce sens causal - donc n'est pas à éventuellement interpréter comme une forme formelle de " c'est que ... ?", il y a figement.

Au point qu'on peut envisager la série suivante, qui propose une cause à quelque chose, pourquoi pas :

  1. c'est qu'il avait beaucoup de travail ?

  2. est-ce que c'est qu'il avait beaucoup de travail ?

  3. est-ce qu'il avait beaucoup de travail ?

Et puis, comment analysez-vous le "est" de "est-ce que" dans le classique "qu'est-ce que c'est ?". Il me semble que la forme familière de cette question est "c'est quoi ?" et non le comique "c'est quoi que c'est ?".

A partir du moment où quasiment toutes les questions ont 3 formes dont une avec "est-ce que" et à partir du moment où une  demande peut toujours se passer de "est-ce que" pour être exprimée, c'est bien que ce "est-ce que" n'est pas une locution verbale mais autre chose. Qui  n'a pas de sens en soi et qui est inscindable  (figement total).

Maintenant, j'insiste et rabache mais le fait que "est-ce que" soit figé - mis à part les rares cas d'expression de la cause -  est une opinion abondamment partagée.

Et vous n'avez pas répondu à ma question sur "rendez-vous". Puisque nous en sommes à nous reprochez de ne pas nous répondre.

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:
éponymie a écrit:
Chover a écrit:

Je crois avoir montré l'analogie des ordres de mots (verbe conjugué en tête) dans « Est-ce que tu veux du café ? » et « Veux-tu du café ? »

Je crois avoir montré qu'il n'y a pas d'analogie possible.

Vous me laissez d'impression de refuser de voir « Est » en tête de « Est-ce que tu veux du café ? » .

Oui, je vois est-ce que. Voyez-vous un verbe rendre dans "on se donne rendez-vous à midi"

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Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:

La syntaxe de la question ne dépend que de l'ouverture ou de la fermeture de la question.

Est-ce que vous voulez dire par là que toute question, à partir du moment où elle offre un choix limité de réponses, et peu importe qu’elle soit globale ou partielle, peut être introduite par Est-ce que (non précédé d’un mot interrogatif) ?

Re : Est-ce que tu préfères...

Une question commençant par "est-ce que" est toujours une question fermée (que l'interrogation soit globale ou partielle).

Mais, effectivement, certaines questions fermées - avec une dislocation à droite ou à gauche des réponses possibles ou avec liste dans une autre proposition - commencent par une parole interrogative :

Il y a du thé et du café. Qu'est-ce que vous voulez ?
Thé ou café, qu'est-ce que vous voulez ?
Qu'est ce que vous voulez ? Du thé ou du café ?

Dans le cadre d'une interrogation partielle avec les réponses possibles intégrées dans la question, la construire avec un "est-ce que" initial est toujours possible. L'ami de William83 à tort.

Maintenant, comment classer les 3 exemples que j'ai donné ci-dessus, ça peut se discuter et cela a certainement déjà été fait.

33 Dernière modification par Chover (27-08-2021 08:54:41)

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:
Chover a écrit:

Vous inversez les rôles ! Et ne répondez pas à la question de savoir si vous contestez la forme « C'est qu'il avait beaucoup de travail » avec son verbe être conjugué.

Je n'inverse rien, vous avez à me convaincre et à justifier une position que je définis injustifiable.

Lorsque vous refusez de voir le verbe être conjugué dans « est-ce que » et me comparez à Chrisor, c'est moi qui suis en réalité dans la position d'Oliglesias ou Lévine (toutes proportions gardées !).

éponymie a écrit:

Parce que je ne le conteste pas tout simplement mais la formule à l'imparfait fonctionne. Comme je l'ai dit plus haut, cette assertion à un sens causal. Que l'on peut déceler - par hasard - dans quelque question fermée avec "est-ce que

En quoi la nuance causale de « c'est que » prouverait-elle que l'on n'aurait plus le verbe être conjugué dans « est-ce que… » ?

éponymie a écrit:

Dès le moment où une question fermée avec "est-ce que" n'est pas porteuse de ce sens causal - donc n'est pas à éventuellement interpréter comme une forme formelle de " c'est que ... ?", il y a figement.

Pourquoi y revenez-vous ? Je n'ai pas contesté un certain figement de « est-ce que », en rapport avec sa fréquence énorme d'emploi et l'oubli de ses éléments constituants par le locuteur. Mais vous avez écrit Ce n'est pas possible d'accepter une démonstration dans laquelle le "est" de "est-ce que" est considéré comme une forme conjuguée. Mon désaccord est net. « Serait-ce que* tu aurais peur ? », que je suis sûr d'avoir rencontré, peut-être même utilisé, me paraît constituer un nouvel élément probant à cet égard.

éponymie a écrit:

Au point qu'on peut envisager la série suivante, qui propose une cause à quelque chose, pourquoi pas :

  1. c'est qu'il avait beaucoup de travail ?

  2. est-ce que c'est qu'il avait beaucoup de travail ?

  3. est-ce qu'il avait beaucoup de travail ?

Et puis, comment analysez-vous le "est" de "est-ce que" dans le classique "qu'est-ce que c'est ?". Il me semble que la forme familière de cette question est "c'est quoi ?" et non le comique "c'est quoi que c'est ?".

« C'est quoi que c'est ? » donne en effet dans le comique et le familier, qui n'interdisent peut-être pas l'analyse. J'y vois un pronom démonstratif sujet, C', un premier verbe être accordé avec ce sujet, un pronom interrogatif, quoi, un pronom relatif attribut du second c' et un second verbe être accordé avec ce second c'.
De manière semblable, « Qu'est-ce que c'est ? » me paraît contenir le pronom interrogatif Qu', attribut de ce, un premier verbe être accordé avec son sujet ce, le pronom relatif que, attribut de c', le pronom démonstratif sujet c' et un second verbe être accordé avec ce sujet.

éponymie a écrit:

Et vous n'avez pas répondu à ma question sur "rendez-vous". Puisque nous en sommes à nous reprochez de ne pas nous répondre.

Mais j'allais le faire de toute manière ! « Rendez-vous » est un nom, ainsi que l'indiquent sans doute tous les dictionnaires. Il est formé sur le verbe « se rendre », plus précisément sur son impératif pluriel, je crois. Considérez-vous que « Est-ce que » serait un nom ? Pour montrer que « Est-ce que », malgré son figement, garde les caractères d'une proposition principale, avec le verbe être conjugué, on peut lui substituer des tournures très lourdes, mais parlantes, comme « Les choses sont-elles ainsi faites que… ». Un détail, mais qui va dans ce sens : l'absence de trait d'union entre « ce » et « que », tandis que celui entre « est » et « ce » s'impose de toute manière.

En toute amitié.

* À ne pas confondre, bien sûr, avec « ne serait-ce que… »

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

34 Dernière modification par glop (27-08-2021 11:49:26)

Re : Est-ce que tu préfères...

Imaginons un dialogue.

- Y a-t-il des verres propres ?
- Je crois que oui.

- Il y a des verres propres ?
- On dirait bien.

- Est-ce qu’il y a des verres propres oui ou ..... ?

Dans ce cas-là, le "est-ce que" appelle une réponse précise.


Autre dialogue :

- Viendrez-vous ce soir ?
- Non, je suis fatigué.

- Est-ce que vous êtes malade ?
- Non mais j’ai eu une rude journée.

Dans ce cas, le "est-ce que" équivaut d’avantage à "est-ce parce que".

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

35 Dernière modification par éponymie (27-08-2021 11:49:30)

Re : Est-ce que tu préfères...

Chover a écrit:

Un détail, mais qui va dans ce sens : l'absence de trait d'union entre « ce » et « que », tandis que celui entre « est » et « ce » s'impose de toute manière.

Le trait d'union peut être un indice de figement mais son usage est capricieux, je ne tiendrais absolument pas compte de ce détail.

Je commence de nouveau à ne plus avoir le temps de me lancer dans de longues discussions et ne vais pas tarder à retourner dans ma tanière mais

Chover a écrit:

« Serait-ce que* tu aurais peur ? », que je suis sûr d'avoir rencontré, peut-être même utilisé, me paraît constituer un nouvel élément probant à cet égard.

Est-ce que ce serait que tu aurais peur ? vous choquerait ?

Ma désa-proba-tion a un ultérieur argument : Ce est-ce que peut parfaitement disparaitre sans changer absolument le sens de la question, tout au plus les éléments restants sont  agencés différemment. Mais je l'ai déjà écrit je crois.

C'est simplement un truc, un machin que l'on a des difficultés à nommer (c'est parce que les dicos ont plus de difficultés à le classer dans une catégorie au contraire de "rendez-vous" que vous persistez à vouloir le décortiquer ?) qui indique de manière univoque une interrogation ou une exclamation. Il y a une perte total du sens explicatif, causal véhiculé par "c'est que".

Morphème interrogatif dit le TLF (voir plus haut) : un truc donc dont les composantes ne sont pas analysables séparément. Mais ça aussi je l'ai déjà écrit.

Je ne réussis plus à trouver le bouquin dégoté sur GL qui allait tout  à fait dans mon sens.

Bref, vous êtes le Chrisor de la situation, vous savez celui qui découpe les mots en codons en attribuant un sens à ses "composantes". Et mon désaccord reste clair, net et définitif. Ceci dit, je vous préfère à Chrisor.

36 Dernière modification par éponymie (27-08-2021 11:47:54)

Re : Est-ce que tu préfères...

glop a écrit:

Imaginons un dialogue.

- Y a-t-il des verres propres ?
- Je crois que oui.

- Il y a des verres propres ?
- On dirait bien.

- Est-ce qu’il y a des verres propres oui ou ..... ?

Dans ce cas-là, le est-ce que appelle une réponse précise.


Autre dialogue :

- Viendrez-vous ce soir ?
- Non, je suis fatigué.

- Est-ce que vous êtes malade ?
- Non mais j’ai eu une rude journée.

Dans ce cas, le "est-ce que" équivaut d’avantage à "est-ce parce que".

Vous donnez une interprétation toute personnelle à "est-ce que" qui risque fort de ne pas être partagée, la chrisorisation vous guette.

Dans votre deuxième exemple le sens causal de la question serait présent aussi sans le "est-ce que".

Dans le premier exemple, vous transformez la question initiale en ajoutant le "oui ou non", le "est-ce que" indicateur d'interrogation sert simplement à insister sur le fait que vous faites une demande (dans le cadre du dialogue que vous avez imaginé).

Je me carapate. J'ai tout dit sur le sujet.

37

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie, la méthode que vous avez utilisée pour résoudre la question posée par William83 me semble très problématique. En effet, pour ce faire, après avoir décrété la définition classique inadéquate, vous vous êtes contenté de la recuisiner façon aiglefin de sorte à ce qu’elle convienne à une tournure que vous jugez acceptable (alors que c’est l’objet même du questionnement et qu’au moins quelques locuteurs la trouvent possiblement incorrecte). C’est là plus un tour de passe-passe qu’une démarche rigoureuse. C’est gênant en soi, mais d’autant plus que votre affirmation :

Dans le cadre d'une interrogation partielle avec les réponses possibles intégrées dans la question, la construire avec un "est-ce que" initial  est toujours possible. (mise en gras de moi)

semble connaitre au moins une exception, ce qui invaliderait donc cette définition tout spécialement mitonnée par vos soins. Voici une interrogation partielle avec les réponses possibles intégrées dans la question qui ne peut pas se construire avec un est-ce que initial :

Lequel de ces deux pantalons (est-ce que) tu prends ?




(Je trouve cette façon de se dénigrer à coup de chrisor, au possible vu et su de l’intéressé, d’une odieuse grossièreté.)

38

Re : Est-ce que tu préfères...

Bah, je n'ai jamais apprécié votre manière d'interagir et me fous de vos opinions, argumentions et démonstrations. Salutations.

39

Re : Est-ce que tu préfères...

Fichtre !, nous voilà donc déjà rendu à l’ultime stratagème ? Dois-je en conclure que vous me donnez raison (non sur la question soulevée par William83, puisque ce point n’a pas été traité, mais sur le fait que votre définition n’est pas valable) ?

40

Re : Est-ce que tu préfères...

éponymie a écrit:

Est-ce que ce serait que tu aurais peur ? vous choquerait ?

Je ne vois pas où vous voulez en venir. En tout cas, la syntaxe de cette formulation, que je trouve lourde, bien sûr, ne me gêne pas. Mais en me posant cette question, vous vous éloignez de la réaction que j'espérais à « Serait-ce que tu aurais peur ? » Pourquoi donc ?

éponymie a écrit:

Ma désa-proba-tion a un ultérieur argument : Ce est-ce que peut parfaitement disparaitre sans changer absolument le sens de la question, tout au plus les éléments restants sont  agencés différemment.

« Est-ce que tu viens demain ? » ne laisse aucune ambigüité sur son sens interrogatif. Pour « Tu viens demain (?) », c'est moins net. Seul l'agencement différent des éléments restants (Viens-tu demain ?) lève clairement l'ambigüité. Mais à nouveau, je ne sais pas bien où cela nous mène.

éponymie a écrit:

C'est simplement un truc, un machin que l'on a des difficultés à nommer

Je vous suis plutôt.
Mais je comprends de moins en moins votre entêtement à occulter le verbe être conjugué que contient ce machin.

éponymie a écrit:

(c'est parce que les dicos ont plus de difficultés à le classer dans une catégorie au contraire de "rendez-vous" que vous persistez à vouloir le décortiquer ?) qui indique de manière univoque une interrogation ou une exclamation.

Avez-vous observé que le dictionnaire de l'Académie n'a pas lexicalisé « est-ce que » ?

éponymie a écrit:

Il y a une perte totale du sens explicatif, causal véhiculé par "c'est que".

Je ne serais pas aussi catégorique. « Comme j'ai eu froid ! » dit un aventurier. « Est-ce qu'il a gelé tous les jours ? » lui demande son ami.

éponymie a écrit:

Morphème interrogatif dit le TLF (voir plus haut) : un truc donc dont les composantes ne sont pas analysables séparément.

Bien sûr que si ! Décortiquer, décomposer, analyser pour comprendre ! Comment s'intéresser à une langue et chercher à y progresser si l'on n'a pas cette sorte de souci ?

éponymie a écrit:

Bref, vous êtes le Chrisor de la situation, vous savez celui qui découpe les mots en codons en attribuant un sens à ses "composantes".

Je préfère ce que dit k@t à ce sujet et je regrette de ne pas avoir été plus strict hier sur ce point.
Je me demande aussi ce que je dois penser de l'apparition récente d'un « épo las » sur ce forum.

Amicalement.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

41

Re : Est-ce que tu préfères...

Désolée, William83, j’eusse aimé être plus concise, mais je n’y suis point parvenue.


-- Si donc, plutôt que de bidouiller la définition classique, on la conserve et qu’on part du principe qu’avec les questions partielles le est-ce que doit obligatoirement être précédé d’un mot interrogatif, on doit conclure que Est-ce que tu veux du thé ou du café ? n’est pas correct, et chercher quel mot interrogatif devrait être antéposé. La question portant dans cet énoncé sur l’objet, ce serait forcément le que*, qui donnerait :

Qu’est-ce que tu veux, du thé ou du café ? (ou avec un deux-points à la place de la virgule.)

Ce qui serait un rétablissement du que omis dans les formulations sans est-ce que (cas d’ailleurs évoqué par William83) :

Tu veux (quoi,) du thé ou du café ?
(Que) veux-tu(,) du thé ou du café ?

Si on pousse la logique jusqu’au bout, on doit pouvoir soutenir que le mot interrogatif est également omis devant Est-ce que > (Qu’)est-ce que tu veux(,) du thé ou du café ? C’est possiblement le cas ; mais, je pense que l’on peut aussi défendre que si l’omission du mot interrogatif n’est pas du tout gênante avec les deux autres formulations (notamment pour des raisons prosodiques), elle le devient avec celle en est-ce que, précisément parce que cette forme étant en principe réservée aux questions totales, elle active l’interprétation question totale et prépare une réponse oui/non, d’autant plus que rien dans le prosodie ne permet d’indiquer que ce n’est pas le cas. Il faut attendre la survenue du ou pour comprendre que l’on n’est pas dans le cas d’une interrogation totale.


-- Voici un autre élément qui pourrait aller dans le sens de l’incorrection de cette tournure avec une interrogation alternative. Prenons donc notre problématique tournure, associons-la avec un mot interrogatif et torturons-la un peu.

Quand est-ce que tu pars ?
C’est quand que tu pars ?
Que tu pars, c’est quand ?
≈ Le fait que tu pars est quand ?

Maintenant, procédons de même avec une question totale :

Est-ce que tu pars ?
C’est que tu pars ?
Que tu pars, c’est ?
≈ Le fait que tu pars est-il vrai ?

Autrement dit Est-ce que « solo » interroge sur la valeur de vérité de la proposition. Bon, rien de très révolutionnaire, puisque c’est le principe même des interrogations totales, mais ça permet de bien clarifier les choses pour la suite qui tadaaam concerne bien sûr sans aucune surprise la question de la possibilité de ce Est-ce que « solo » avec une interrogation alternative. Là, encore pas de révolution, puisque la question alternative ne demande pas de déterminer si une proposition est vraie ou pas, mais d’opérer un choix entre deux (ou plus) éléments, on peut deviner que la tournure n’est pas compatible avec l’interrogation alternative.

°Le fait que tu veux du thé ou du café est-il vrai ?


-- Dernier argument que j’ai en magasin, certaines questions alternatives n’acceptent pas la formulation avec Est-ce que :

Tu viens lundi, mardi ou quand ?
°Est-ce que tu viens lundi, mardi ou quand ?

Tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?
°Est-ce que tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?

On est le 12, le 13 ou le combien ?
°Est-ce qu’on est le 12, le 13 ou le combien ?

etc.


Bon, voilà où j’en suis des mes cogitations, qui bien sûr aimeraient se rapprocher au plus près de dame Vérité ( :D !), mais qui prêchent un peu quand même pour ma paroisse.
Pourtant, force m’est de constater que mon sentiment va à l’encontre de l’usage, qui fournit très facilement des occurrences de Est-ce que « solo » + interrogation alternative**. Est-ce à dire que je me suis fourvoyée dans les grandes largeurs ? Ou pas forcément, et peut-on alors envisager que comme la question alternative introduite par Est-ce que « solo », même si elle n’est pas rigoureusement correcte, reste finalement compréhensible, rien ne s’oppose à son usage ?





* Avec l’autre exemple donné par éponymie post 12 : Comment est-ce que vous buvez le café, avec ou sans sucre ?

** Voici des exemples ici, , ou encore .

Ou bien il faut considérer toutes ces questions non comme des alternatives, mais comme des totales coordonnées ou juxtaposées, et mal ponctuées : Est-ce qu’il est brun ?, ou blond ? Grand ?, ou petit ? etc.
Il faudrait voir comment elles sont prononcées, mais je n’y crois guère.

42 Dernière modification par Chover (29-08-2021 08:36:10)

Re : Est-ce que tu préfères...

Ce fil concerne « Est-ce que ». Qu'on ne m'en veuille pas : y traiter de « qu'est-ce que » est hors sujet. Je m'explique.
J'ai essayé de montrer, dans mon message portant le numéro 33, qu'on peut substituer à « Est-ce que » des tournures très lourdes, mais parlantes, comme « Les choses sont-elles ainsi faites que… » : cette phrase comporte la conjonction de subordination « que », à l'instar de « Est-ce que ».
Dans « Qu'est-ce que vous dites ? », aucune trace de conjonction de subordination, c'est au pronom relatif « que », C.O.D. de « dites », représentant « ce », qu'on a affaire. « Qu'est cela, qu'est cette chose que vous êtes en train de dire ? », « Cette chose, que vous êtes en train de dire, c'est quoi ? » pourraient persuader les sceptiques de la valeur de ce « que », dont on voit bien qu'il représente là « cela » ou « cette chose ».
Bon dimanche à tous.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

43

Re : Est-ce que tu préfères...

Est-ce que est une locution interrogative dont Chover a bien expliqué la genèse, mais qui est évidemment figée dans son emploi contemporain.
Autrefois tournure d'insistance ou expressive, elle répond au besoin d'un mot introduisant l'interrogation totale ; ce mot existe dans certaines langues, mais en français, nous n'avons que l'inversion, jugée souvent trop soutenue à l'oral, ou l'intonation, sans moyen grammatical particulier.

Pour répondre à la question initiale, à partir du moment où est-ce que remplace l'inversion, je ne vois pas pourquoi son emploi dans l'expression d'une alternative serait incorrect :

- Veux-tu du thé ou du café ?
- Du café.

- Est-ce que tu veux du thé ou du café ?
- Du café.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

44

Re : Est-ce que tu préfères...

La question porte moins sur est-ce que que sur la compatible de cette tournure non accompagné d’un mot interrogatif avec une interrogation alternative.
D’ailleurs à l’origine (XIIe), ce tour ne s’employait qu’avec des mots interrogatifs (d’abord des pronoms). Il avait alors une valeur affective et était encore analysable, ce n’est que plus tard (XVe ou XVIe), au fur et à mesure de sa grammaticalisation (notamment avec l’introduction progressive des adverbes interrogatifs au côté des pronoms seuls utilisés initialement), qu’il a été utilisé avec l’interrogation totale.
Voir par exemple ici ou (à partir de la page 24 pour les éléments historiques).

Le figement de cette locution rend son analyse délicate et pas forcément pertinente. Je ne vois notamment pas ce que ça apporte par rapport à la question de William83.

Cela dit, si je reprends la paraphrase de est-ce que que vous proposez, on constate qu’elle n’est pas compatible avec l’interrogation alternative :
Les choses sont-elles ainsi faites que vous prenez du thé ou de café ?

45 Dernière modification par Chover (30-08-2021 10:05:32)

Re : Est-ce que tu préfères...

k@t a écrit:

Cela dit, si je reprends la paraphrase de est-ce que que vous proposez, on constate qu’elle n’est pas compatible avec l’interrogation alternative :
Les choses sont-elles ainsi faites que vous prenez du thé ou de café ?

Avec « Les choses sont-elles ainsi faites que… », j'ai seulement essayé d'expliquer le fonctionnement de « Est-ce que… » et de prouver que, malgré un figement indéniable, on y ressent encore, inconsciemment, une structure de proposition principale interrogative avec un verbe en tête (est) et un sujet (ce) suivis d'une conjonction de subordination (que). L'alternative avec « ou », après « Est-ce que… », élément important de ce fil, si l'on tenait à tout prix à l'illustrer au moyen de ma paraphrase, deviendrait, je crois : Les choses sont-elles ainsi faites que vous prenez du thé ou sont-elles ainsi faites que vous prenez du café ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

46

Re : Est-ce que tu préfères...

Vous n'avez pas l'impression de vous égarer quelque peu ?

Est-ce que oui ou non on peut dire :

- Est-ce que tu veux du thé ou du café ?

- Du thé/ du café/ ni l'un ni l'autre.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

47 Dernière modification par glop (30-08-2021 11:42:16)

Re : Est-ce que tu préfères...

Dans la phrase initiale, c’est le verbe préférer qui a été choisi.

Si l’on demande: prendrez-vous du thé ou du café, cela veut dire :
Prendrez-vous du thé ou prendrez-vous du café.
On peut répondre : Oui je prendrai du thé ou oui, je prendrai du café.
Par contre, la phrase Préfères-tu boire du café ou du thé, signifie :
Préfères-tu boire du café plutôt que du thé ou préfères-tu boire du thé plutôt que du café.
Il n’est pas vraiment impossible de répondre par oui :
Oui Je préfère boire du café.
La réponse non impliquerait le refus en bloc du choix proposé:
Non je préfére boire un whisky.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

48

Re : Est-ce que tu préfères...

Je ne sais pas bien, Lévine, si vos questions me sont adressées. Ma précédente intervention m'a paru s'imposer à la suite de celle de k@t, qui portait elle-même sur un point plus ancien de ce fil.
Quoi qu'il en soit, je ne vois pas quoi reprocher à « Est-ce que tu veux du thé ou du café ? »

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

49

Re : Est-ce que tu préfères...

Non, soyez rassuré, ce n'était pas à vous en particulier, c'est ce que m'inspire une vision générale de la discussion.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

50

Re : Est-ce que tu préfères...

Je suis peut-être simpliste mais il me semble qu'on a simplement une ellipse. Deux interrogatives en une seule.
Préfères-tu du thé ou du café ?/Est-ce que tu préfères du thé ou du café ? : les deux interrogatives comportent la même ellipse.

= Préfères-tu du thé plutôt que du café ?/est-ce que tu préfères du thé plutôt que du café ?  réponse oui/non
+
Préfères-tu du café plutôt que du thé ?/ est-ce que tu préfères du café plutôt que du thé ?  réponse oui/non

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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