florentissime a écrit:Il y a nombre d'exemples où la règle précède l'usage : L'ensemble des langages informatiques en fait partie. Mais on pourrait aussi parler des langages mathématiques ou physiques où la formulation est également contrainte.
Ce sont des langages très spécialisés, au point que le mot "langage" est presque une métaphore. Nous parlons ici de la langue commune à tous.
Par ailleurs, s'il ne s'agit que de la rédaction des démonstrations, sachez qu'il n'y a pas de moyen universel de conduire un raisonnement scientifique selon des "canons" imposés par une autorité quelconque.
florentissime a écrit:Et si l'on y regarde bien, les langues n'y font pas exception : les enfants apprennent une langue dont l'existence précède la leur. Ils sont ainsi contraints d'adapter leur usage à des règles préexistantes.
Vous jouez sur les mots : les parents n'enseignent pas la grammaire à leurs enfants (ils ne parleraient jamais ainsi) ; les enfants s'imprègnent d'usages linguistiques divers, rien de plus.
Transposée dans notre haut passé, dont il faut toujours tenir compte, la notion de "règles" concernant le français est risible.
Par contre, c'est à l'école que l'on fait croire aux enfants qu'il y a des règles tombées du ciel, et que le langage est fait pour illustrer lesdites règles. En latin, c'est flagrant : j'ai eu souvent des remarques du type "Mais comment faisaient-ils pour parler avec toutes ces règles ?"
A l'évidence, le problème est pris à l'envers, mais quand on fait cela, on quitte la sécurité du cours bien huilé pour l'aventure du discours où rien n'est d'emblée aisément saisissable, ce à quoi les élèves ne sont nullement prêts par ailleurs.
florentissime a écrit:Je ne sais pas qui a sorti cette grosse bètise que l'usage précède la règle, ni pourquoi c'est répété en boucle sans réflexion. Mais, pour ma part, cela ne correspond à aucun constat factuel.
Ce n'est pas moi, mais je fais évidemment mienne cette "grosse bêtise".
florentissime a écrit:, considérez toutes les innovations et créations apportées par l'application rigoureuse des règles du langage du calcul différentiel : Suivre une règle est paradoxalement très créatif.
Cf. plus haut. Heureusement qu'un langage très codé, comme celui de la logique, permet malgré tout la création, sans cela, il n'exprimerait que des tautologies et ne servirait à rien.
florentissime a écrit: Pour ce qui est de la proposition infinitive, je comprends pas bien votre argument : En quoi le fait que "hymne" soit COD de chanter y changerait quelque chose ?
De mon point de vue
"Chanter un hymne" est une proposition adjectivale, attribut du COD "la cantatrice". Pour preuve, on peut facilement transformer ladite proposition
J'entends la cantatrice chanter un hymne
en proposition relative (donc adjectivale) :
J'entends la cantatrice qui chante un hymne.
Mais la notion de proposition est contestée, justement (ce en quoi vous constaterez que la grammaire court après l'usage puisque l'acceptabilité ne souffre aucun doute alors qu'on n'arrive pas à donner une description de la tournure qui fasse l'unanimité !)
Il manque une transformation à votre liste, et qui va dans le sens de l'adjectivisation que vous évoquez, c'est la tournure utilisable en russe : j'entends la cantatrice chantant un hymne.
Mais je conteste le mot d'attribut, car les verbes de perception ne sont pas des verbes attributifs. En fait, dans la "proposition infinitive" à actant propre, il y a deux prédicats enchâssés :
- entends la c. chanter (ou chantant) un hymne : Pr. 1 = GV (V + COD + "suite" du COD)
- chanter (ou chantant) un hymne : Pr. 2 = GV(V + COD).
C'est élémentaire, mais je ne puis aller plus loin.
florentissime a écrit:En gros, si l'infinitif peut paraître avoir un sujet différent de celui de la principale, c'est parce qu'il se rapporte au COD de celle-ci, en tant qu'attribut.
Ce n'est jamais le cas dans le premier exemple donné par Glop, puisque la proposition infinitive y est d'ordre temporel, donc se rapporte ou au verbe, ou à la phrase, donc, in fine, au sujet de la proposition principale.
"d'ordre temporel" ?
La phrase est "Elle veut peser sa récolte"
- elle : sujet
- veut peser sa récolte : prédicat unique si l'on admet que veut est un semi-auxiliaire.
Façon de renouer avec ces derniers ?
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil