Sans vouloir interférer dans le débat, Pierre Enckell a raison sur le principe : le lexique intéresse tout le monde et tout le monde peut apporter quelque chose à l'état des connaissances.
Tout le monde sauf ceux qui se bornent strictement à recopier, ou à compiler, en plagiant ou pas.
Ces derniers sont cependant utiles quand ils citent les sources, puisqu'ils diffusent les informations, font de la publicité aux auteurs, et intéressent les curieux. Mais, sans critique ni évaluation des hypothèses reprises, ils ajoutent à leur tour une couche de vernis, ils fossilisent les mythes des origines parémiologiques et ne font pas de la science.
L'honnêteté de votre compilation, Expressio (citation des sources, présentation ludique, site agréable, ...) n'empêche pas qu'il y a donc quelque chose de contestable dans votre démarche si l'on est exigeant, et c'est -je crois- ce qu'épingle justement Enckell, qui possède sûrement Rey, Duneton et bien d'autres, est exigeant, et n'a pas décidé de se faire des amis aujourd'hui
On aimerait trouver autre chose qu'une copie supplémentaire sinon superflue des rumeurs colportées sur l'histoire des expressions.
Bref, c'est la valeur ajoutée (d'autres hypothèses, des attestations datées, des citations, une organisation des articles plus riche, etc.) qui manque à ceux qui possèdent déjà la famille Rey, Duneton, Dournon, etc.
En la matière (le lexique en général, l'argot et les locutions/proverbes en particulier), tout le monde se copie, et c'est normal (il serait idiot d'ignorer ses prédécesseurs si l'on veut cumuler les connaissances) : la question n'est donc pas là ; la bonne question, c'est : quelle est la valeur ajoutée, quoi de plus par rapport aux autres ?
Un problème particulier aussi, quand on étudie le lexique, l'argot, le les locutions, etc., c'est que les «savants» authentifiés (universitaires grosso modo) ont déserté le terrain (pour se distinguer des béotiens que nous sommes) pour se consacrer à des choses d'un intérêt sûrement essentiel dans une autre planète que la mienne, dont ils jargonnent en anglais dans des revues qu'on vend sous le manteau à la sortie des colloques.
De fait, le terrain est moins surveillé scientifiquement et les connaissances n'avancent pas.