Ils ne sont plus loin d'en être réduits à définir le verbe être lui-même par la possession, c'est pour demain.
C'était pour hier : Ceci est à moi.
C'était aussi pour avant-hier : Mihi est liber, un livre est à moi, j'ai un livre.
Inversement, l'état se rend par avoir : Il y a un bouquet de fleurs sur la table...
Ce sont là des considérations sémantiques importantes, mais elles n'ont rien à voir avec les démêlé de CoralieD avec les auxiliaires de conjugaison, d'une part, et les auxiliaires aspectuels et modaux d'autre part.
Question obscurcie par un cours dont les auteurs n'ont apparemment pas connaissance des critères de validité d'une règle grammaticale : clarté, absence de complexité, généralité.
En plus, ils écrivent avec leurs pieds :
La cohésion des 2 verbes renvoie au fait que l'auxiliaire et le participe passé qui le suit constituent une forme verbale unique, ils forment un bloc, appelé verbe complexe, car composé de deux mots
La cohésion renvoie ! Elle ne renvoie rien du tout, la cohésion. Comme ce texte n'est pas du Marcel Proust, mais un écrit fonctionnel destiné à transmettre des informations factuelles, je puis le réécrire plus clairement :
Le critère de cohésion nous permet d'établir que l'auxiliaire et le participe passé qui le suit constituent une forme verbale unique.
Le paragraphe mérite d'être relu en entier :
La cohésion des 2 verbes renvoie au fait que l'auxiliaire et le participe passé qui le suit constituent une forme verbale unique, ils forment un bloc, appelé verbe complexe, car composé de deux mots. Cette cohésion est mise en évidence par le fait que les pronoms personnels conjoints, se placent à gauche de l'ensemble et non devant le verbe au participe passé : Il nous a menti et non *il a nous menti
La reconnaissance de ces deux propriétés pour un verbe autre que "avoir" et "être" permet d'analyser comme semi-auxiliaire des verbes au statut moins grammaticalisé, dont ce n'est pas l'emploi premier : aller, venir de, faire, laisser...
Certains verbes dits de sensation (voir, sentir, entendre, regarder...) combinés à un autre verbe à l'infinitif peuvent perdre leur emploi plein (tout en gardant leur sens initial de verbe de sensation) pour fonctionner comme semi-aux dans les périphrases verbales :
J'entends siffler le train.
Le critère de cohésion permet de considérer ce type de verbe comme un semi-aux puisque les pronoms se placent devant l'ensemble et non entre les deux :
Je l'entends siffler et non * j'entends le siffler
Il s'agit donc de trier les cailloux et les lentilles, ce qui est auxiliaire, et ce qui ne l'est pas.
Les auxiliaires de conjugaison sont suivis du participe, les auxiliaires aspectuels et modaux sont suivis de l'infinitif, c'est même à cela qu'on les reconnait. Le critère de cohésion, intéressant à signaler en FLE, pour induire la construction de phrases correctes, est ici superfétatoire.
Cela dit, le venin est dans la queue :
Certains verbes dits de sensation (voir, sentir, entendre, regarder...)
Je me mets sur mes gardes : les critères sémantiques sont inévitables, mais ii est préférable de s'en passer si on peut, et ici, on peut.
combinés à un autre verbe à l'infinitif peuvent perdre leur emploi plein (tout en gardant leur sens initial de verbe de sensation) pour fonctionner comme semi-aux dans les périphrases verbales :
J'entends siffler le train.
C'est déjà beau : tout le monde voit que le groupe siffler le train (que d'aucuns nomment une infinitive, beau débat en perspective) est tout bêtement le COD de j'entends, verbe qui n'a rien perdu de son emploi plein, p'tite tête ! J'entends le train, j'entends siffler, j'entends siffler le train.
Le critère de cohésion permet de considérer ce type de verbe comme un semi-aux puisque les pronoms se placent devant l'ensemble et non entre les deux :
Je l'entends siffler et non * j'entends le siffler
Le critère de cohésion ne marche pas ici, en raison de la polysémie d'entendre :
J'entends le train siffler, le train siffle et je l'entends : je l'entends siffler. Entendre a le sens de ouîr.
Quand entendre a le sens d'avoir l'intention, plus de cohésion :
j'entends finir ce travail demain, j'entends le finir demain.
D'ailleurs, nous nous aventurons ici dans un marécage : mes propos sont valables en synchronie, mais en diachronie, la langue a connu : ils ont sur mes deux bras la main posée (Clément Marot, avant d'avoir inventé sa gggrrrrrrrrrrrrrrmmmmmmmmmmmmbl de règle), d'une part, et je l'entends finir demain d'autre part.
Les choses ont évolué, elles peuvent encore évoluer, rien n'est absolu.
Cependant, une chose est sûre : ce n'est pas parce qu'un verbe est suivi d'un infinitif qu'il en devient auxiliaire pour autant. Il peut introduire une infinitive.
Alors, pratiquement ?
Pratiquement, ce paragraphe est erroné.
Mais...
Ce sont ses rédacteurs qui notent à l'examen !
D'où un travail en partie double : comprendre, et retenir, la bonne explication, et mémoriser la mauvaise pour la servir aux examinateurs.
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien