Sujet : le matin/au matin
Y a-t-il une différence entre les deux? Si oui, laquelle?
Peut-on dire:
Au matin, je me lève à 6h?
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Y a-t-il une différence entre les deux? Si oui, laquelle?
Peut-on dire:
Au matin, je me lève à 6h?
Au matin subsiste dans l'expression " au petit matin ".
Non, ce n'est pas possible, il faut dire « le matin ». Compare avec un autre jour ; dirais-tu « au dimanche, je fais la grasse matinée » ?
Il me semble que « au matin » désigne un matin particulier, tandis que « le matin » suggère une répétition.
Non, ce n'est pas possible, il faut dire « le matin ». Compare avec un autre jour ; dirais-tu « au dimanche, je fais la grasse matinée » ?
.
J'ai l'impression que "au matin" ne s'emploie qu'en fin de phrase.
- Je me suis rasé à La saint Sylvestre au matin.
- Je me suis rasé le matin de la Saint Sylvestre.
"Au matin"
Serait-ce une tournure populaire équivalant à "de bonne heure" (de bon matin)?
On trouve pourtant des traductions de la Bible avec ce passage : Au matin du troisième jour, stupeur ! La tombe est vide...
Et une phrase de l'Espagnol Saint Jean de la Croix (1542-1591) est traduite traditionnellement ainsi : Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l'amour.
Au matin,
Dans la clarté,
Christ est ressuscité !
Un diagramme à rajouter au débat.
Je me demande si, dans certains cas, peut-être pas tous, au matin n'exprimerait pas une nuance de limite temporelle. Sans la préposition à, il ne s'agirait que de dater, avec la préposition, cette date s'inscrit dans une durée.
(Arrivé) au matin du troisième jour, stupeur, ....
(Arrivé) au soir de sa vie, il se rend compte...
Au / dès le petit matin, il se rase...
Pour la dernière période du diagramme Ngram d'Alco, je tombe immédiatement sur un exemple significatif :
"Et au matin, l'allégresse ! Après la nuit, le jour !"
Suit celui-ci :
"Au matin, elle abandonnait péniblement son lit et, tout le jour, elle traînait sa lassitude et son ennui".
Est-on sûr que le diagramme ne prend en compte que les occurrences de « le matin » complément de temps ? Une machine peut-elle distinguer « Le matin vient vite » et « Le matin vient vite la fatigue » ?
Merci pour vos réponses. Je pense mieux comprendre quand on peut employer au matin.
Quant à le matin
Alco qui a écrit "Il me semble que « au matin » désigne un matin particulier, tandis que « le matin » suggère une répétition." rend la distinction assez claire.
Au matin du premier avril, je suis parti pour la France. spécificité. Tandis que
Le matin (tous les matins), je me lève à 6h. Tout comme, "Le jeudi (tous les jeudis), j'ai ma leçon de piano." Mais, "Jeudi dernier, j'ai visité le Louvre."
Néanmoins, la première des deux dernières phrases pourrait être :
Le matin du premier avril, je suis parti pour la France.
sans que le sens en soit modifié.
Tel rit al main qui al soir plore.
Tel rit al main qui al soir plore.
De La Chrestomathie du Moyen - extrait d'un fabliau - Estula (le chien qui parle (pense-t-on) mais en fait c'est le voleur! Merci Levine. Ces expressions - au matin, au soir ne datent pas d'hier!
Ces expressions - au matin, au soir ne datent pas d'hier!
Je me demande même si elles ne sont pas antérieures à leurs correspondantes sans préposition. Savez-vous, Lévine, si, à l'époque de « Tel rit al main qui al soir plore », on pouvait dire aussi « Tel rit le main qui le soir plore » ? Je tends à penser que non. Au Moyen Âge, j'imagine, après la presque totale disparition des déclinaisons, on se sera petit à petit rendu compte que les prépositions qui les remplaçaient parfois n'étaient pas toujours indispensables à l'intelligibilité du message.
Pour le français d'aujourd'hui, vous le dites, Abel, « le matin », « le jeudi »... ne suggèrent pas forcément une répétition. Ne seraient-ce pas plutôt d'autres mots et leur rapport avec le temps du verbe qui imposent ou excluent cette idée ?
Ce jour-là tout allait mal. Le matin nous nous étions disputés. (fait unique, verbe au plus-que-parfait)
Pendant ma semaine à la neige, je n'ai skié que le jeudi. (fait unique, passé composé)
En août 2018, elle résida à Nice. C'est au cours de la deuxième semaine, le jeudi, qu'elle fut agressée. (fait unique, passé simple)
En août 2018, elle réside à Nice. C'est au cours de la deuxième semaine, le jeudi, qu'elle est agressée. (fait unique, présent historique)
Je passerai la nuit qui vient au volant. À mon arrivée, le matin, je serai sûrement fatigué. (fait unique, futur)
Pendant ces huit jours, elle avait skié systématiquement le matin et fait la sieste l'après-midi. (répétition, plus-que-parfait)
Pendant ma semaine à la neige, je n'ai skié que le matin. (répétition, passé composé)
Le matin, nous prenions un petit-déjeuner copieux. (répétition, imparfait, sans surprise !)
Pendant sa semaine à la neige, il ne skia que le matin. (répétition, passé simple)
Quand il est chez lui, il lit son journal le matin. (répétition, présent)
Pendant ma semaine à la neige, je ne skierai que le matin. (répétition, futur)
Proverbe qu'on retrouve sous de nombreuses formes, mêlant parfois les deux façons d'exprimer le complément de temps :
Tel rit au matin qui pleure le soir ou le contraire.
C'est le lieu de citer maître Alcofribas :
« aussi n'est ce la santé totale de nostre humanité boyre à tas, à tas, à tas, comme canes, mais ouy bien de boyre matin; unde versus :
Lever matin n'est poinct bon heur;
Boire matin est le meilleur. »
(Gargantua, ch. XXI)
Lévine a écrit:Tel rit al main qui al soir plore.
De La Chrestomathie du Moyen - extrait d'un fabliau - Estula (le chien qui parle (pense-t-on) mais en fait c'est le voleur! Merci Levine. Ces expressions - au matin, au soir ne datent pas d'hier!
C'est un proverbe extrêmement courant ; on le trouve dans l'Énéas. Je vous en donne le contexte :
Fortune torne en molt po d'ore,
tel rit al main qui al soir plore ;
al soir est laide, al matin bele,
si com el torne sa roëlle.
Roman d'Énéas, v. 685-8, Champion.
On a ici les deux formes du mot : main, qui provient de mane, et matin, qui provient de matutinum. En latin, le premier mot est un adverbe, le second un adjectif substantivé, mais en ancien français, les natures sont souvent confondues. L'auteur en tire ici un effet stylistique, à moins qu'il ne trouve là une commodité métrique.
Il est à signaler qu'en ancien français, on trouve les expressions al/au matin, à matin (qui se dit encore dans l'Ouest) ou simplement matin, jamais le matin, au sens adverbial bien entendu. Chover, vous avez là votre réponse.
Merci, Lévine.
En effet, j'ai souvent entendu « à matin » dans l'Ouest. Seulement dans le sens « ce matin », jamais, me semble-t-il, avec la valeur répétitive.
Oui, en effet.
pfinn60 a écrit:Ces expressions - au matin, au soir ne datent pas d'hier!
Je me demande même si elles ne sont pas antérieures à leurs correspondantes sans préposition. Savez-vous, Lévine, si, à l'époque de « Tel rit al main qui al soir plore », on pouvait dire aussi « Tel rit le main qui le soir plore » ? Je tends à penser que non. Au Moyen Âge, j'imagine, après la presque totale disparition des déclinaisons, on se sera petit à petit rendu compte que les prépositions qui les remplaçaient parfois n'étaient pas toujours indispensables à l'intelligibilité du message.
Pour le français d'aujourd'hui, vous le dites, Abel, « le matin », « le jeudi »... ne suggèrent pas forcément une répétition. Ne seraient-ce pas plutôt d'autres mots et leur rapport avec le temps du verbe qui imposent ou excluent cette idée ?
Ce jour-là tout allait mal. Le matin nous nous étions disputés. (fait unique, verbe au plus-que-parfait)
Pendant ma semaine à la neige, je n'ai skié que le jeudi. (fait unique, passé composé)
En août 2018, elle résida à Nice. C'est au cours de la deuxième semaine, le jeudi, qu'elle fut agressée. (fait unique, passé simple)
En août 2018, elle réside à Nice. C'est au cours de la deuxième semaine, le jeudi, qu'elle est agressée. (fait unique, présent historique)
Je passerai la nuit qui vient au volant. À mon arrivée, le matin, je serai sûrement fatigué. (fait unique, futur)Chover, merci. Vous avez pourvu un moyen de voyager dans les temps! et beaucoup de grain à moudre!
Pendant ces huit jours, elle avait skié systématiquement le matin et fait la sieste l'après-midi. (répétition, plus-que-parfait)
Pendant ma semaine à la neige, je n'ai skié que le matin. (répétition, passé composé)
Le matin, nous prenions un petit-déjeuner copieux. (répétition, imparfait, sans surprise !)
Pendant sa semaine à la neige, il ne skia que le matin. (répétition, passé simple)
Quand il est chez lui, il lit son journal le matin. (répétition, présent)
Pendant ma semaine à la neige, je ne skierai que le matin. (répétition, futur)
Chover, merci. Vous avez offert un moyen de voyager dans les temps! et du grain à moudre!
pfinn60 a écrit:Lévine a écrit:Tel rit al main qui al soir plore.
De La Chrestomathie du Moyen - extrait d'un fabliau - Estula (le chien qui parle (pense-t-on) mais en fait c'est le voleur! Merci Levine. Ces expressions - au matin, au soir ne datent pas d'hier!
C'est un proverbe extrêmement courant ; on le trouve dans l'Énéas. Je vous en donne le contexte :
Fortune torne en molt po d'ore,
tel rit al main qui al soir plore ;
al soir est laide, al matin bele,
si com el torne sa roëlle.Roman d'Énéas, v. 685-8, Champion.
On a ici les deux formes du mot : main, qui provient de mane, et matin, qui provient de matutinum. En latin, le premier mot est un adverbe, le second un adjectif substantivé, mais en ancien français, les natures sont souvent confondues. L'auteur en tire ici un effet stylistique, à moins qu'il ne trouve là une commodité métrique.
Il est à signaler qu'en ancien français, on trouve les expressions al/au matin, à matin (qui se dit encore dans l'Ouest) ou simplement matin, jamais le matin, au sens adverbial bien entendu. Chover, vous avez là votre réponse.
Levine, voici un proverbe que je ne connaissais pas jusqu'ici! Chapeau bas. Il y a belle lurette, j'adorais l'ancien français, c'était ma troisième langue.
Eh bien il faut continuer à pratiquer. (Re)lisez les romans de Chrétien de Troyes dans le texte, en bilingue si nécessaire, et vous verrez que cela revient vite.
Je n'ai guère eu d'autres maîtres, de même qu'en latin et en grec.
Il est à signaler qu'en ancien français, on trouve les expressions al/au matin, à matin (qui se dit encore dans l'Ouest) ou simplement matin, jamais le matin, au sens adverbial bien entendu.
Claude Buridant, dans sa Grammaire nouvelle de l'ancien français, écrit :
La forme "l'endemain" semble une forme adverbiale pourvue de l'article.
Chover a écrit:Je passerai la nuit qui vient au volant. À mon arrivée, le matin, je serai sûrement fatigué. (fait unique, futur)
Chover, merci. Vous avez pourvu un moyen de voyager dans les temps! et beaucoup de grain à moudre!
Pendant ces huit jours, elle avait skié systématiquement le matin et fait la sieste l'après-midi. (répétition, plus-que-parfait)
Chover, merci. Vous avez offert un moyen de voyager dans les temps! et du grain à moudre!
C'est bien aimable. Mais vous m'attribuez une phrase qui vous appartient !
Abel, je n'en fais pas une règle générale ; de plus, il s'agit d'un autre mot, trouvé dans des œuvres en prose plus tardives (le cycle de Lancelot-Graal).
Du reste, on trouve couramment l'endemain dans les œuvres antérieures :
Toujours dans l'Énéas (v. 46146) :
la nuit siglèrent as estoilles (cinglèrent)
et l'endemain tot altresi (tout pareillement)
jusqu'al tiers jor androit midi. (au moment de midi).
Selon l'expression dans laquelle est pris le mot "matin", la préposition change :
Au petit matin il sortit de chez lui
Dès le petit matin il sortit de chez lui
De grand matin il sortit de chez lui
Ou disparaît : se lever matin
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