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forum abclf » Réflexions linguistiques » Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

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Messages [ 22 ]

Sujet : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Bonjour, je voudrais savoir comment utiliser les différentes notions de la linguistique (tel la phonétique, la graphie, la sémantique, la morphologie etc) afin de calculer le niveau de mémorabilité des mots nouveaux.

Je n'ai pas étudié la linguistique mais SVP ne me dites pas que c'est impossible, impossible n'est pas français :-)

2 Dernière modification par vh (12-10-2020 02:47:38)

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Les publicistes qui  créent des noms de marques doivent le savoir.

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Ouille ! Les publicistes   rendent publics leurs écrits,ceux qui font de la publicité sont des publicitaires.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Pour l'Académie, les deux sens de publiciste sont :

☆1. Vieilli. Au masculin. Celui qui écrit dans des journaux, des revues.
☆2. Spécialiste de droit public. Il a été sollicité pour éclairer l'affaire en tant que publiciste. En apposition. Un avocat publiciste.

Le TLFi note quand même l'usage moderne (et critiqué) :

C. − Spécialiste de la publicité; agent de publicité commerciale. Synon. publicitaire. (Dict. XXe s.).

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Les publicitaires se font aider de linguistes, ce qui m’amène ici.

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

La mémorabilité, ce mot inconnu - mais compréhensible si on le décompose - m'intrigue.
    Robert le Grand m'apprend que c'est le « caractère de ce qui peut être conservé intact par la mémoire ». Bigre !
    Est-ce que ça existe, d'abord ? Peut-on mesurer la capacité des mots à être retenus ?

    Robert - encore - citant Henri Piéron (un psychologue reconnu du XIXe, le siècle, pas l'arrondissement !) m'apprend aussi que :

« Dans la mémoire d'un fait, d'un événement, d'un objet, d'un détail (…) la mémorabilité est numériquement définie par le rapport du nombre de témoignages exacts au nombre total des témoignages relatifs au fait en question. »

    Re-bigre ! Avec ça, je vais me coucher moins con ce soir. La suite à venir...

elle est pas belle, la vie ?

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Et vous faites ça tout le long des discussions ?

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Faire ça, quoi ?

elle est pas belle, la vie ?

9 Dernière modification par Ylou (13-10-2020 07:05:44)

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Je trouve votre question intéressante mais évidemment très difficile.
La facilité ou la difficulté avec laquelle on retient des mots nouveaux dépend, semble-t-il, beaucoup d'élément personnels.
- la culture personnelle : par exemple, qui a fait du latin, sera capable de retrouver des mots dans le difficile  ultracrepidarianisme. Iatrogène sera retenu plus facilement par ceux dont le médical est un domaine d'expertise (notamment).
- le niveau de réflexion sur la langue aide à repérer les différents éléments qui composent le mot ostéophonie - transfuge .
- l'intérêt porté à la notion ou au champ sémantique auxquels appartient le mot : hypotypose sera plus utile à un littéraire qu'à un sportif (pour faire simple).
- les connotations personnelles que le sujet peut établir à partir du mot : le sens de diaphane peut être retenu parce qu'il aura été mis en relation avec une Stéphanie connue, délicate et fragile
- un rapprochement de sonorités entre certains mots peut aider aussi : si on a fait une expérience esthétique devant un mihrab le mot peut évoquer admirable connu, et ce lien aidera à le mémoriser.

Il est sûr que certains mots plaisent et sont par conséquent plus facilement mémorisables : cascatelle, djinn, amarante me paraissent plus agréables à l'oreille que peccamineux ou pastafarisme, eux-mêmes plus rigolos que palatable ou comminatoire. Mais pour quelles raisons? Et mes impressions peuvent-elles être généralisables ?

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Ylou a écrit:

La facilité ou la difficulté avec laquelle on retient des mots nouveaux dépend, semble-t-il, beaucoup d'élément personnels.

Personne ne l'a encore signalé sur ce fil, je crois : nous gardons généralement mieux en mémoire les mots que nous entendons ou lisons le plus souvent.
Généralement, non systématiquement : der Holunder, que j'ai découvert il y a des dizaines d'années, signifie le sureau en allemand. Or, bien que j'aie l'impression de ne pratiquement plus jamais l'avoir rencontré depuis, je le cite spontanément. À l'inverse, der Farn, la fougère, me revient toujours moins facilement, malgré le f commun aux deux langues et les occasions plus nombreuses que j'ai eues, également depuis des dizaines d'années, de le lire, l'entendre et l'employer.
Je vous suis donc, Ylou.
On peut se demander, momoD100, s'il existe une méthode sérieuse permettant de mesurer l'aptitude intrinsèque des mots à rester dans les cervelles !

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

11 Dernière modification par Alco (13-10-2020 09:54:26)

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Ylou a écrit:

La facilité ou la difficulté avec laquelle on retient des mots nouveaux dépend, semble-t-il, beaucoup d'élément personnels.

Vous avez raison, Ylou. Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes butent sur le mot néonicotinoïde, mais là, c'est plus une question d'élocution que de mémorisation. Néanmoins mémorisation et restitution sont liées.
En ce qui concerne des mots d'origine étrangère, on peut les avoir mémorisés sans en comprendre les différents éléments. Je déteste le mot de scrapbooking en ce qu'il ne me parle pas, mais il m'est resté en mémoire bien que je ne sache pas exactement à quelle activité il correspond, sauf à de vagues associations de dessins, de photos et de collages.
Le mot caviarder, dont il est question par ailleurs, ne me parle pas non plus, parce que je ne comprends pas ce qu'on pourrait faire d'autre avec le caviar que le déguster.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Chover a écrit:
Ylou a écrit:

La facilité ou la difficulté avec laquelle on retient des mots nouveaux dépend, semble-t-il, beaucoup d'élément personnels.

Personne ne l'a encore signalé sur ce fil, je crois : nous gardons généralement mieux en mémoire les mots que nous entendons ou lisons le plus souvent.

La mémorisation d'un mot peut aussi être associée à sa rencontre dans des circonstances particulières. Je me souviens du mot Holunder parce que je l'ai appris lors d'une balade avec des amis allemands.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

13 Dernière modification par P'tit prof (13-10-2020 16:19:49)

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Pour les mots forgés par les publicitaires, le critère peut être la brièveté (elf : monosyllabe prononçable par tous les Européens, sans présenter de sens à l'esprit— raté pour le français !) ou encore la combinaison d'assonances et allitérations : momo est un bel exemple.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

14 Dernière modification par Chover (13-10-2020 10:23:02)

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

P'tit prof a écrit:

(elf : monosyllabe prononçable par tous les Européens, sans présenter de sens à l'esprit— raté pour le français !)

Découvrant jadis ce mot, je me suis demandé pourquoi les Français appelaient « onze » une marque de carburants : c'est ce que signifie elf en allemand, où eine Elf désigne par ailleurs une équipe de foot.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

La lecture des contributions postées depuis le n° 9 m'inspire quelques réflexions.

   Tout d’abord, la mémorisation résulte de la rencontre entre un mot (ou un élément nouveau, inconnu) et une personne, dans des circonstances contingentes – on pourrait presque dire aléatoires.
   Il y a le contexte de cette rencontre (sa synchronie) : v. le Holunder d’Alco (n° 12).
   Il y a le moment où intervient cette découverte dans l’histoire du sujet (sa diachronie), par exemple les rencontres réitérées : « nous gardons généralement mieux en mémoire les mots que nous entendons ou lisons le plus souvent » (Chover, n° 10).

   Ylou (message 9) le résume ainsi : « La facilité ou la difficulté avec laquelle on retient des mots nouveaux dépend, semble-t-il, beaucoup d'élément personnels. », en développant les éléments éducatifs et culturels.
   Ce sont bien des éléments personnels (concernant l’humain) mais pas individuels : s’agissant de culture, c’est-à-dire de transmission, on est éminemment dans le collectif – donc le social.

   Mais est-ce le mot qui contient une « vertu » particulière, ou le cerveau qui le reçoit, et qui le cuisine à la sauce diachronie-synchronie ?
   Chover (message 10) y apporte sa réponse, frappée au coin du scepticisme scientifique : « On peut se demander s'il existe une méthode sérieuse permettant de mesurer l'aptitude intrinsèque des mots à rester dans les cervelles ! »

   La question qu’on peut se poser est alors : est-ce le mot (ou l’objet) qui s’imprime dans la mémoire, ou la mémoire qui photographie le mot ?
   Autrement dit, et pour faire avancer le schmilblick, si on sait calculer la mémorabilité (H. Piéron, cité in mess. 8), on ne saurait la prévoir. Désolé pour ta réponse, Momo, mais je crains qu'elle ne tarde à venir.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

J'ai trouvé des études scientifiques (donc à priori sérieuses) concernant la mémorisation de paires de mots et le premier facteur de mémorabilité était la sémantique, non pas la phonétique. Cependant ces mots étaient connus, il n'y avait pas de nouveaux mots. Peut être que pour les nouveaux mots le facteur premier est la phonétique.

Les publicitaires créateurs de noms en créent des centaines avant de trouver le bon, et se font aider de générateurs informatique. Cela m'étonnerait beaucoup qu'ils évaluent ces candidats à la main.

Naturellement il y a des facteurs extérieurs au mot mais la plupart du temps on le découvre par bouche à oreille ou par écrit.

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Je comprends mal ta problématique : pars-tu d'une hypothèse de travail selon laquelle la sémantique serait déterminante dans l'apprentissage et la mémorisation de nouveaux mots ?
   Ce me semble un peu normal, mais je comprends volontiers que tu ne veuilles pas te contenter d'une « évidence » et que tu cherches des preuves, issues d'études scientifiquement menées.

   Cela dit, s'agit-il de mémoriser un mot nouveau, à partir d'un autre - connu - et de créer ainsi une « paire de mots », ou bien est-il question de mémoriser un couple de mots déjà connus ?
   De toute façon, on est plus dans la mnémotechnie que dans la mémorabilité, me semble-t-il.

   Quant à « calculer le niveau de mémorabilité » (ton message 1), cela me dépasse : c'est un concept que je n'ai pas intégré.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

J'ai bien l'impression, Piotr, que vous avez dit l'essentiel dans vos deux derniers messages. En tout cas, vous avez lancé, momoD100, un sujet à la fois original et à la portée de tout un chacun... une fois que « mémorabilité » est compris !

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Piotr a écrit:

Je comprends mal ta problématique :

Je pars de l'hypothèse que les mots sont plus ou moins faciles à mémoriser et qu'on peut le mesurer au sein des mots.
Dans mon cas il s'agit de mesurer la mémorabilité de mots nouveaux seuls, même si dans la réalité ils sont toujours liés à un contexte.
La mnémotechnie semble concerner les liens d'un mot avec des informations extérieurs. La mémorabilité elle concernerait plutôt les liens au sein même du mot. Mais ce n'est qu'un détail.

Je fais la même hypothèse pour les nombres. Les nombres (qui font aussi partie du langage) ont une sémantique beaucoup plus limitée ce qui rend la mémorisation de séquences de nombres très difficile. On connait ce problème avec les codes de sécurité, les dates d'anniversaire et les numéros de téléphone. 118 218 est plus mémorable que 118 712 mais l'est il plus que 118 318 ?

https://media.nouvelobs.com/referentiel/633x306/15691310.jpg

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

dépend, semble-t-il, beaucoup d'éléments personnels
Cette erreur que j'ai faite en laissant s'échapper le |S| me turlupine!

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

C'est plus clair avec tes dernières explications :

Momo a écrit:

Je pars de l'hypothèse que les mots sont plus ou moins faciles à mémoriser et qu'on peut le mesurer au sein des mots.

... et c'est la seconde partie de ton hypothèse qui t'amène à chercher des abéciens compétents en linguistique, phonétique, sémantique...

La mnémotechnie semble concerner les liens d'un mot avec des informations extérieures. La mémorabilité, elle, concernerait plutôt les liens au sein même du mot.

Même si je n'ai pas la réponse, je comprends mieux la question.

Oserai-je te glisser un conseil ? Limite ton sujet aux seuls mots (peut-être même à certaines catégories de mots) : tu attaqueras les nombres plus tard.

elle est pas belle, la vie ?

Re : Comment déterminer la mémorabilité des mots ?

Piotr a écrit:

La mémorabilité, ce mot inconnu - mais compréhensible si on le décompose - m'intrigue.
    Robert le Grand m'apprend que c'est le « caractère de ce qui peut être conservé intact par la mémoire ». Bigre !
    Est-ce que ça existe, d'abord ? Peut-on mesurer la capacité des mots à être retenus ?

    Robert - encore - citant Henri Piéron (un psychologue reconnu du XIXe, le siècle, pas l'arrondissement !) m'apprend aussi que :

« Dans la mémoire d'un fait, d'un événement, d'un objet, d'un détail (…) la mémorabilité est numériquement définie par le rapport du nombre de témoignages exacts au nombre total des témoignages relatifs au fait en question. »

    Re-bigre ! Avec ça, je vais me coucher moins con ce soir. La suite à venir...

Merci pour cette pépite...Henri Piéron a inspiré pas mal de cognitivistes par la suite.

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