Des éléments de réponse et des explications hasardeuses, parfois. Ainsi :
Et l'Iran?
L'Iran fut longtemps la Perse. À la fin des années 1920, les Pahlavi, dernière dynastie iranienne avant l'avènement de la République islamique, décident de modifier le nom du pays, pour donner une connotation plus moderne: Iran. Le 21 mars 1935, Reza Shah Pahlavi publie un décret demandant aux pays étrangers de désigner ainsi le pays désormais. C'était le XXe siècle, la mode était déjà au genre masculin.
C'est un peu plus compliqué. Le nom Iran était déjà bien connu en français comme nom géographique, avant de désigner le pays moderne. Il est bien noté comme substantif masculin dans le dictionnaire de Trévoux au XVIIIe siècle. La grande Encyclopédie de Diderot le connaît aussi :
(Géog.) nom que les Orientaux donnent à la Perse en général, & à une province particuliere de Perse, entre l'Aras & le Kur, dont les villes principales sont Erivan & Nachschivan.
Le Dictionnaire de la Conversation, au milieu du XIXe écrit :
IRAN. On appelle ainsi en général, par opposition au Tourân, pays bas de la Turquie, le grand plateau asiatique qui s'étend, avec une élévation moyenne de 1,200 a 1,400 mètres, depuis la chaîne de l'Hindoukousch, du Khoraçan septentrional et de l'Elbrous, jusqu'au golfe Persique et à la mer Indo-Persique au sud, comprenant, à l'est, l'Afghanistan et le Beloutschistan, et, à l'ouest, la Perse proprement dite.
https://books.google.fr/books?id=dQo7AA … mp;f=false
Les deux articles au-dessus de cette rubrique concernent l'IRAK-ADJEMI, la plus grande province de la Perse, et l'IRAK-ARABI, l'ancienne Babylonie. Du premier, observons qu'il est écrit :
Du reste, l'Irak- Adjemi est singulièrement déchu de ce qu'il était anciennement sous le rapport de la population comme sous celui du bien-être et de la civilisation. Une foule de villes et de villages ne sont plus aujourd'hui que des monceaux de ruines. Les villes les plus importantes de cette province sont Ispahan et Téhéran.
C'est donc bien le masculin qui est employé ici. Mais il faut reconnaître qu'il y a eu des hésitations sur le genre de ces noms ; ainsi, dans le Grand Dictionnaire géographique de 1736, on lit plutôt ceci :
IRAC. Il y a en Perse deux Pays de ce nom & qu'il est important de ne pas confondre. Pour les distinguer, on leur ajoute les noms d'ARABI & AGEMI. Mais lors qu'on dit ce nom d'Irac sans cette distinction , c'est ordinairement la derniere que l'on entend, quí est l'Iraque proprement dite ; alors on écrit l'IRAQUE. C'est l'usage de nos bons Ecrivains tels que Mr. Huet Evêque d'Avranches & autres. Quelques-uns comme Olearius écrivent Erac pour toutes les deux. Mr. Corneille en donne deux Articles , l’un au mot HIERACH, & l'autre au mot YERACH, Mr. Huet raporte l'Origine du nom de l'Iraque au Pays d'Erec, & nous avons marqué son sentiment dans cet Article. Mais il faut remarquer ici que ce Prélat ne parle que de l'Iraque Babylonienne, & non pas de l'Iraque Persanne.
Nous distinguerons donc ici deux Iraques.
IRAC-ARABI , l'IRAQUE BABYLONNNIENNE est l'Iraque proprement dite. [...]
L'IRAC-AJEMI ou IRAQUE PERSIENNE est ainsi nommée par opposition à l'Iraque arabique.
On voit qu'on ne souciait pas trop de conserver une même dénomination tout au long d'un article.
Dans son Précis de l'Histoire universelle, 1801, Anquetil fait Iran et Irak féminins :
Les orientaux appellent Iran, les deux Irak , l'Arabique ou Babylonienne , et la Persienne. Nous les intitulerons aussi de ce nom. Il est ici principalement question de la seconde, qui a maintenant Ispahan pour capitale. La Perse moderne ou la Perse des Sophis nous occupera ensuite.[...]
Depuis la mort de Jengis Kan , en 1227 , l'Iran fut gouvernée par des capitaines que ses successeurs y envoyèrent
mais c'est probablement une coquille ou une erreur d'Anquetil pour Iran, car même à son époque, on lit plus souvent le masculin : « L'Iran est borné par..., l'Iran est appelé... l'Iran est divisé..., l'Iran est habité... ».