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forum abclf » Écriture et langue française » Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

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Messages [ 5 ]

Sujet : Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

Bonsoir,
Il y a un passage que je voudrais vraiment comprendre avec détail.
Je suis allé sur Google, c'est toujours kif kif.
Là c'est très simple
J’ai renoncé à la chasse (13), à faire du cheval (14) (mon aide de camp Céler exerce le successeur de Borysthènes sur la route de Préneste ), à la natation et à la course à pied (le souvenir de mes courses sur les collines d’ Espagne et de l’entente avec les athlètes du stade). « Ainsi de chaque art pratiqué en son temps, je tire une connaissance qui me dédommage en partie des plaisirs perdus.
Ici ça devient un peu flou :

{{ J’ai cru, et dans mes bons moments je crois encore, qu’il serait possible de partager de la sorte l’existence de tous, et cette sympathie serait l’une des espèces les moins révocables de l’immortalité. Il y eut des moments où cette incompréhension s’efforça de dépasser l’humain, alla du nageur à la vague. Mais là, rien d’exact ne me (15) renseignant plus, j’entre dans le domaine de la métamorphose des songes }}

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

2 Dernière modification par Lévine (04-08-2020 15:42:18)

Re : Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

Comme le surhomme de Nietzsche, Hadrien a d'abord voulu accumuler les expériences, ici les activités de toutes sortes pour participer à l'humanité dans toute son extension, en vivant ainsi ce que les autres vivaient, en vivant dans l'autre en quelque sorte, il pouvait ainsi penser échapper à la mort :

et cette sympathie serait l’une des espèces les moins révocables de l’immortalité.

(Le mot sympathie est ici pris dans son sens étymologique -> dico)

Mais il s'est rendu compte compte qu'en s'absorbant dans telle ou telle activité, il perdait justement ce sens de l'humain en portant son attention sur la chose, en s'absorbant dans celle-ci : l'extension de son être risquait de lui faire perdre de vue ce qu'il recherchait avec tant d'ardeur, de le disperser et ainsi d'abolir toute vraie connaissance :

Il y eut des moments où cette compréhension s’efforça de dépasser l’humain, alla du nageur à la vague.

["compréhension", et non "incompréhension"]

A présent, la connaissance de ce qu'il a pratiqué doit remplacer la pratique : le rationnel doit se substituer à la sensation éprouvée dans les expériences et les épreuves, il veut rentrer en lui-même non pour fuir, mais pour connaître autrement. Mais ce n'est pas si simple, car l'effort de rationalité se heurte à la difficulté du souvenir et de l'accès à la vérité ; à la fin du passage, l'exactitude (adéquation du souvenir à la réalité) faisant défaut :

Mais là, rien d’exact ne me renseignant plus ,

la connaissance sera moins pure, la démarche pour obtenir la vérité passant par le media du "songe", dans les "métamorphoses" sont incertaines et mouvantes.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

3 Dernière modification par rabah75 (04-08-2020 23:27:15)

Re : Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

très philosophique ... Toute cette densité dure presque 2000 ans !?
comment voulait-il échapper à la mort sachant qu'il décrit sa vie au bord de la mort, il se sait malade, inapte à pratiquer les ses sports favoris. À moins qu'il s'agisse d'une vie de l'au-delà (païenne) parce que le christianisme n'y était encore établi.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

4 Dernière modification par Lévine (05-08-2020 09:15:34)

Re : Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

Quand l'immortalité est évoquée, c'est dans le passé : aujourd'hui, Hadrien ne peut plus que collecter ses souvenirs et faire part de sa "sagesse" à Marc Aurèle, le destinataire de la lettre. C'était d'autre part une immortalité qui n'était conçue qu'au travers de sa participation aux activités humaines, au travers de l'humanité même. A présent, et pour lui-même, Hadrien a la croyance des intellectuels de son temps, plutôt teintée de scepticisme quant à la survie de l'âme (relisez l'extrême fin de l'œuvre).
Attention d'autre part à ne pas confondre l'auteure, Marguerite Yourcenar, et son personnage : en dépit d'un travail de documentation très important, d'un parti-pris de "descendre" dans son personnage et non de l'attirer à elle, il s'agit de mémoires fictifs.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Re : Toujours avec Mémoires d'Hadrien.

Merci Lévine.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

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