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forum abclf » Réflexions linguistiques » "ce qu'il" ou "ce qui" ?

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Messages [ 51 à 75 sur 75 ]

51

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Ylou a écrit:

Vous avez raison!
"Cela" est sujet réel. Désolée.

En revanche si, le pronom a un rapport avec la fonction du mot qu'il remplace (pas qu'il reprend).
1.Il déteste l'homme.
2.Je suis cet homme

Il déteste l'homme que je suis : "que" remplace "cet homme" en 2 et adopte sa fonction d'attribut en effet. (et il reprend "l'homme" de 1.)

Mais mon raisonnement reste le même.

Donc je reprends la phrase ci-dessus  :
Tout ce qu'il restait de l'ancienne chapelle se trouvait devant nos yeux.

Cette phrase complexe se décompose en ces deux phrases indépendantes :
1.Tout cela se trouvait devant nos yeux
2. Il restait tout cela de l'ancienne chapelle

Lorsqu'on subordonne, le pronom relatif  remplace le "cela" sujet réel en phrase 2.
Que (qu') est un pronom relatif sujet réel.

"Que", relatif, peut être complément d'objet direct et sujet réel. Il est parfois attribut ou complément circonstanciel. - Cordial-

Excusez-moi, je ne vous comprends pas.
• La fonction du pronom ne me semble toujours pas avoir de rapport avec la fonction du nom qu'il remplace. Je reprends la phrase que j'ai proposée : Il déteste l'homme que je suis, pour la comparer à une autre comportant une subordonnée identique, un pronom relatif ayant le même antécédent, mais dans laquelle cet antécédent a une fonction différente : L'homme que je suis s'en voudrait. Cette fois « L'homme » est sujet de « s'en voudrait », or cette fonction nouvelle ne conduit pas à un changement de la fonction de « que », qui reste attribut de « je ».
• Vous décomposez Tout ce qu'il restait de l'ancienne chapelle se trouvait devant nos yeux sans en conserver tous les éléments, ce qui me met dans l'embarras ! En revanche, Tout ce qui restait de l'ancienne chapelle se trouvait devant nos yeux me paraît comporter la principale Tout ce(la)... se trouvait devant nos yeux et la subordonnée qui restait de l'ancienne chapelle. Deux verbes conjugués, se trouvait et restait, deux sujets, tout ce et qui.
• Vous ne voyez donc pas d'inconvénient à considérer « qu' » comme le sujet dans tout ce qu'il restait de l'ancienne chapelle, alors qu'on est bien obligé d'y voir un C.O.D. dans tout ce qu'il (c'est-à-dire : que il) restait à faire ? « Qu' » sujet est-il pour vous le raccourci de « qui » ou de « que » ? « Tout ce qui il... » ne serait-il pas ridicule ? Je veux dire : indépendamment de l'hiatus. Mais le pronom relatif « que » peut-il être sujet ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Je vais essayer de me faire comprendre avec un exemple simple pour commencer :
A La chapelle qu'il dessinait tombait en ruines.
C'est une phrase complexe où deux propositions sont liées l'une à l'autre, une en tant que subordonnée, l'autre comme principale.
Elle est construite à partir de deux propositions :
1.La chapelle tombait en ruines où "chapelle" est sujet
et
2.Il dessinait cette chapelle où "chapelle" est COD
Quand on subordonne la 2 à !a 1  on remplace le nom "chapelle" COD de la proposition 2 par le pronom relatif COD que
Donc, pour la phrase complexe A "la chapelle" sujet est repris par le pronom "que" COD (qui remplace chapelle de la 2 COD)

Vous écrivez : La fonction du pronom ne me semble toujours pas avoir de rapport avec la fonction du nom qu'il remplace et je pense que vous voulez dire : La fonction du pronom ne me semble toujours pas avoir de rapport avec la fonction du nom qu'il reprend et là, évidemment je suis d'accord.

Jusque là, je suppose qu'on est d'accord.

Il se passe la même chose avec d'autres fonctions pour :
Tout ce qu'il restait de l'ancienne chapelle se trouvait devant nos yeux.
---> tout cela se trouvait devant nos yeux
--->il restait tout cela de l'ancienne chapelle
"Que", qui reprend "tout cela sujet de la première proposition remplace "tout cela"  sujet réel de la seconde proposition

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Merci de l'intérêt que vous portez à ce fait de langue.
J'ai l'habitude de dire qu'un pronom « remplace » un nom ou un autre pronom. « Reprendre » ou « représenter » sont sans doute préférables.
Dans « Tout ce qui (qu'il ?) restait de l'ancienne chapelle se trouvait devant nos yeux », on trouve les sujets « Tout ce » (de « se trouvait ») et « qui » (de « restait »).
Mais si l'on considère « C'était tout ce qui (qu'il ?) restait de l'ancienne chapelle », on y voit que « tout ce » remplit maintenant la fonction d'attribut du sujet « C' ».

Votre dernière ligne répond à ma question. Dans « ce qu'il restait », « qu' » vaut pour vous « que » sujet. Je ne peux m'y faire, il me semblait que cette fonction était étrangère à ce pronom relatif.
D'ailleurs, lorsqu'on passe de « De gros grêlons tombent » à « Il tombe de gros grêlons », le sujet réel « de gros grêlons » est inchangé. Pourquoi « qu' » de « ce qu'il restait » ne vaudrait-il pas de la même manière « qui » de « ce qui restait » ?

On l'a vu, la littérature foisonne de tournures comme « ce qu'il restait de l'ancienne chapelle ». Je ne peux m'empêcher de penser qu'elles mènent à « Tout ce qu'il va dans cette valise... », « Ce qu'il ne fonctionne pas dans mon pays... », « Ce qu'il fume, c'est le bois humide »... quand conviendraient mieux « Tout ce qui va dans cette valise... », « Ce qui ne fonctionne pas dans mon pays... », « Ce qui fume, c'est le bois humide »... !

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

54 Dernière modification par Roland de L. (03-01-2023 23:14:01)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Abel Boyer a écrit:
Chover a écrit:

Or j’en suis quasiment certain, « ce qui se passe » a précédé de beaucoup « ce qu’il se passe »

Le tour "ce qu'il se passe" n'est pas neuf, témoin ce livre ancien...

J'ai trouvé une attestation encore plus ancienne : 1608 (Beauveau, Relation journalière du voyage du Levant) :
https://www.google.fr/books/edition/Rel … frontcover

Mais pour ce qui est numérisé, le "record" appartient quand même à "ce qui se passe" : 1421, Anon., L'art de commander les esprits :
https://www.google.fr/books/edition/L_A … frontcover

55 Dernière modification par Chover (04-01-2023 09:32:39)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Sous le titre Fais ce qui te plaît ! je suis revenu hier sur ce sujet :

Il me semble que « ce qu'il » prend de plus en plus souvent la place de « ce qui ». Indûment. Je ne m'y fais pas !

Que pensez-vous du message publicitaire « Fais ce qu'il te plaît ! » fréquent ces temps-ci à la télé ?

Dans « Voilà le truc qui me plaît », le pronom relatif « qui » remplit clairement la fonction de sujet de « plaît ». Il a « le truc » pour antécédent. De cette phrase, on passe facilement à « Voilà ce qui me plaît », où le démonstratif « ce » se comporte grammaticalement comme « le truc ».

Mais alors, quelle fonction peut remplir le pronom relatif « qu' » dans « Voilà ce qu'il me plaît » ? La tournure ne devient-elle pas correcte que si on lui ajoute « de » et un infinitif, « qu' » devenant alors C.O.D. de cet infinitif ? Voilà ce qu'il me plaît de dire ! Fais ce qu'il te plaît de faire !

Vous citez, Abel, la grammaire de Forator, je vous en remercie : les explications sont sérieuses et convaincantes.
Forator emploie plusieurs fois l'adjectif « sous-entendu » concernant « de faire » dans des phrases comme « Fais ce qu'il te plaît ». Je regrette, quand bien même ce n'est pas son propos, qu'il ne prenne pas position quant à cet élément sous-entendu. Mon intervention d'hier avait d'ailleurs aussi pour but de voir ceux qui me lisent donner leur avis sur ce point. Inutile que je revienne sur le mien !

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

56 Dernière modification par Chover (04-01-2023 09:34:54)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Dans mon intervention d'hier, avant de considérer « Voilà ce qui me plaît », j'ai proposé « Voilà le truc qui me plaît ». « Voilà ce qu'il me plaît » n'entraîne-t-il pas « Voilà le truc qu'il me plaît » ? Ou : Voilà ceci qu'il me plaît !

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

L'article de Forator que je mentionnais dans l'autre fil ouvert hier et fermé aujourd'hui est :
https://la-grammaire-de-forator.over-bl … 26608.html

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Chover a écrit:

Mais alors, quelle fonction peut remplir le pronom relatif « qu' » dans « Voilà ce qu'il me plaît » ? La tournure ne devient-elle pas correcte que si on lui ajoute « de » et un infinitif, « qu' » devenant alors C.O.D. de cet infinitif ? Voilà ce qu'il me plaît de dire ! Fais ce qu'il te plaît de faire !

J'attire l'attention sur deux paragraphes intéressants du TLFi, à la rubrique PLAIRE :
https://www.cnrtl.fr/definition/plaire


♦ [L'inf. ou la complét. est pronominalisé(e) par un relatif] Il en sera de nous et de la France ce qu'il plaira à la providence, c'est-à-dire ce qui est déterminé par l'invincible force des choses (Maine de Biran,Journal, 1816, p.147).«Eh bien, monsieur, lui demanda-t-il, que serons-nous aujourd'hui? −Ce qu'il plaira à Cyrus», répondit le reporter. Or, de briquetiers et de potiers qu'ils avaient été jusqu'alors, les compagnons de l'ingénieur allaient devenir métallurgistes (Verne,Île myst., 1874, p.133).

γ) Vx. Il plaît à qqn + inf.Imaginez le phénomène le plus vulgaire, l'élasticité par exemple, ou tel autre qu'il vous plaira choisir (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.369).

59

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Abel Boyer a écrit:
Chover a écrit:

Mais alors, quelle fonction peut remplir le pronom relatif « qu' » dans « Voilà ce qu'il me plaît » ? La tournure ne devient-elle pas correcte que si on lui ajoute « de » et un infinitif, « qu' » devenant alors C.O.D. de cet infinitif ? Voilà ce qu'il me plaît de dire ! Fais ce qu'il te plaît de faire !

♦ [L'inf. ou la complét. est pronominalisé(e) par un relatif] Il en sera de nous et de la France ce qu'il plaira à la providence, c'est-à-dire ce qui est déterminé par l'invincible force des choses (Maine de Biran,Journal, 1816, p.147).«Eh bien, monsieur, lui demanda-t-il, que serons-nous aujourd'hui? −Ce qu'il plaira à Cyrus», répondit le reporter.

Cela me paraît illustrer précisément mon propos ! Je vois dans « Ce qu'il plaira à Cyrus » le raccourci de « Nous serons ce qu'il plaira à Cyrus que nous soyons ». La question qui précède « Ce qu'il plaira à Cyrus », à savoir « que serons-nous aujourd'hui ? », fournit les éléments sous-entendus qui manquent à cette réponse.
Il n'en va pas de même, je crois, avec la phrase sèche « Voilà ce qu'il me plaît ».

Abel Boyer a écrit:

γ) Vx. Il plaît à qqn + inf. Imaginez le phénomène le plus vulgaire, l'élasticité par exemple, ou tel autre qu'il vous plaira choisir (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.369).

Là, aucun souci en ce qui concerne la grammaire ! Le pronom relatif « qu' » est C.O.D. de « choisir », me semble-t-il, nonobstant l'absence, un peu bizarre en 2022, de « de » avant cet infinitif.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Etudiant attardé a écrit:

Une toute petite question.
Peut-on utiliser indifféremment les expressions "ce qu'il s'est passé (ou produit)" et "ce qui s'est passé (ou produit)" dans des phrases du genre :

"Les responsables ne savent toujours pas ce qu'il s'est passé."
"Les autorités administratives ne savent toujours pas ce qui s'est passé."

https://www.languefrancaise.net/forum/v … 90#p219390

Chover a écrit:

J'ai une nette préférence pour « Ils savent ce qui s'est passé », où « ce » complète « savent » et où « qui », sujet de « s'est passé », le représente dans la subordonnée « qui s'est passé ».
On dit bien sûr « Il s'est passé de drôles de choses » et « On sait qu'il s'est passé de drôles de choses », avec la conjonction de subordination « qu' ». Mais dans « ce qu'il s'est passé », la proximité immédiate du pronom relatif sujet « qu' » et du sujet apparent « il » me gêne.
Il me semble que des tournures comme « ce qu'il se passe », qui existent probablement depuis longtemps, se sont multipliées ces dernières années. Un phénomène de mode, selon moi.

https://www.languefrancaise.net/forum/v … 94#p219394

Notons la réponse sage de l'Académie :

Avec les verbes susceptibles d’être construits soit personnellement, soit impersonnellement, on utilise ce qui ou ce qu’il : qui est le sujet du verbe construit personnellement, qu’il apparaît dans la tournure impersonnelle. La nuance entre les deux possibilités est parfois indiscernable. Ainsi : ce qui restait d’élèves… (Pagnol) ; ce qui lui reste de sainteté (Maurois) ; ce qu’il lui restait à faire (R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel).
On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se passera.

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/QDL020

61 Dernière modification par Chover (17-01-2024 12:19:21)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Abel Boyer a écrit:

Notons la réponse sage de l'Académie :

Avec les verbes susceptibles d’être construits soit personnellement, soit impersonnellement, on utilise ce qui ou ce qu’il : qui est le sujet du verbe construit personnellement, qu’il apparaît dans la tournure impersonnelle. La nuance entre les deux possibilités est parfois indiscernable. Ainsi : ce qui restait d’élèves… (Pagnol) ; ce qui lui reste de sainteté (Maurois) ; ce qu’il lui restait à faire (R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel).
On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se passera.

• C'est sûr, dans « ce qui restait », le pronom relatif « qui » est le sujet du verbe construit personnellement (restait). Mais bizarrement, l'Académie laisse de côté la question de la fonction de « qu' » dans « ce qu'il restait ». Or cette formulation ne peut valoir que « ce que il restait » ou « ce qui il restait », où l'on n'a pas le choix pour les fonctions grammaticales de « que » et « qui », C.O.D. pour le premier*, sujet pour le second**.
Dans l'hypothèse de « qui » sujet, comment ne pas trouver bizarre et inutile la présence du sujet apparent « il » ? Et, si « qu' » valait « que » C.O.D., « rester » étant intransitif, on se demanderait quel verbe il compléterait…

• Bizarrement aussi, l'Académie met sur le même plan « ce qui reste (de sainteté) », où il me semble voir « qui » sujet de « reste », et « ce qu'il reste à découvrir », avec « qu' » C.O.D. de « découvrir », sauf erreur (ce que il reste à découvrir). Bien que l'Académie ne donne pas d'exemple comparable à « ce qui reste à découvrir », elle semble le considérer à égalité avec « ce qu'il reste à découvrir » (cf. sa première phrase). Je préfère de beaucoup la seconde formulation : la première, « ce qui reste à découvrir », me paraît cautionner des tournures bizarres comme « C'est un discours qui reste à oublier », où j'éprouve le besoin, non satisfait, de nommer le C.O.D. d'« oublier »,… Évidemment, il s'agit d'oublier le discours mais ce nom se trouve dans la principale. Évidemment aussi, on dit assez facilement « Tu as une leçon qui est à apprendre » mais là, « être à » suivi d'un infinitif exprime une injonction, une obligation, nuances que je ne trouve pas dans « rester à ».

Je reste persuadé que « ce qu'il restait », sans suite, s'est développé sous l'influence de « ce qu'il restait à faire ».

* « Que » est parfois attribut du sujet, comme dans « L'enfant que j'ai été… », sans rapport, toutefois, avec ce qui nous occupe.
** « Qui » peut être aussi complément d'objet indirect, comme dans « celle à qui je pense », sans rapport non plus avec notre sujet.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

62 Dernière modification par Chover (26-01-2024 13:59:38)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

J'y reviens parce que je ne m'y fais pas.

Abel Boyer a écrit:

Notons la réponse sage de l'Académie :

On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se passera.

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/QDL020

(N’achète que) ce qu’il te sera utile », « (Je m’en tiens à) ce qu’il me paraît nécessaire », « (Voilà) ce qu’il va de soi », « (Je n’ai pas oublié) ce qu’il a eu lieu là-bas », « (Revenons-en à) ce qu’il compte vraiment », « (Nous retrouverons bien) ce qu'il se perdra », … 
Qui oserait s’exprimer ainsi ?
À moins que quelqu'un puisse m'expliquer en quoi consiste, sur le plan grammatical, la différence entre les « ce qu'il » de « ce qu'il a lieu » et de « ce qu'il se passe ».

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Chover a écrit:

(N’achète que) ce qu’il te sera utile », « (Je m’en tiens à) ce qu’il me paraît nécessaire », « (Voilà) ce qu’il va de soi », « (Je n’ai pas oublié) ce qu’il a eu lieu là-bas », « (Revenons-en à) ce qu’il compte vraiment », « (Nous retrouverons bien) ce qu'il se perdra », … 
Qui oserait s’exprimer ainsi ?
À mois que quelqu'un puisse m'expliquer en quoi consiste, sur le plan grammatical, la différence entre les « ce qu'il » de « ce qu'il a lieu » et de « ce qu'il se passe ».

Je suis bien d'accord avec vous, Chover. Si on construit les formules à partir du démonstratif « ce », qui peut être complété en « ceci » ou « cela » (éventuellement contracté en « ça ») ou élidé en « c' », on écrira :
- Cela me paraît nécessaire, je m’en tiens à ce qui me paraît nécessaire.
- Cela va de soi, voilà ce qui va de soi.
- Cela a eu lieu là-bas, je n’ai pas oublié ce qui a eu lieu là-bas,
de même pour les deux autre exemples.

Les exemples données par l'Αcadémie sont discutables et on peut toujours supposer une faute, un relâchement de l'auteur (personne n'est parfait) :
« ce qui restait d’élèves… (Pagnol) » - on ne peut formuler autrement que par « il restait des élèves », il faut donc écrire « ce qu'il restait d'élèves ».
« ce qui lui reste de sainteté (Maurois) » - même remarque, et j'écrirais plutôt « ce qu'il lui reste de sainteté ».
Les deux autres citations me semblent pouvoir accepter la tournure alternative :
« ce qu’il lui restait à faire (R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel) ».

Il lui restait des choses à faire -> c'est ce qu'il lui restait à faire.
Cela lui restait à faire -> c'est ce qui lui restait à faire.
Idem pour la citation de Duhamel.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

J'ai du mal à comprendre ce qui peut vous gêner dans les expressions absolument non fautives et indiscutables comme "ce qui restait d'élèves". Elles sont non seulement parfaitement formées, mais elles ont toujours été présentes dans notre langue.
Montaigne : et ce verre après, en ce mesme estat, on l'envoye à la mere et aux fames qui sont en quelque autre endroit du logis, pour boire ce qui reste de vin.
Migne : Dans beaucoup de paroisses on a l'habitude de vendre au profit de la fabrique ce qui reste de pain bénit, après l'offrande faite aux fidèles.
Ordonnance :    Les Hostels-Dieu, & les maladeries de la Banlieuë de Paris, doivent avoir s'ils le demandent, ce qui reste de pain & de vin du repas qui se donnera le jour de la Feste de la Confrairie des Drapiers de Paris.
Le Globe : Ce qui reste d'eau dans le tunnel pourrait être extrait en peu d'heures
Topffer : M. Enfantin n'eût pas déjà singulièrement embrouillé la paternité, et mélangé les races à ne s'y plus reconnaître? que sans ce qui reste de gens qui tiennent encore à leur propriété particulière, il ne nous aurait pas édifié un superbe système de propriété commune?
Mémoires : Ne doit-on pas craindre encore que ce qui reste de gens sages et équitables, qui se sont préservés de cette corruption par leur amour pour la paix, et par leur attachement à l'ancienne discipline, ...
Hugo : On réunira religieusement tout ce qui reste de ce grand squelette.
Hugo : Ces cachots sont tout ce qui reste de l'ancien château de Bicêtre, tel qu'il fut bâti dans le quinzième siècle, par le cardinal de Winchester
Voltaire : Un de ses généraux, le comte de Bucquoi, achève de soumettre ce qui reste de rebelles en Bohême
Etc.

65 Dernière modification par Chover (26-01-2024 14:52:08)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Je me sens moins seul en ce qui concerne les tournures comportant « ce qu'il » là où ne me paraît convenir que « ce qui ». Merci, Alco.
Je vous suis tout à fait, Abel, à propos de « ce qui restait ». Je m'apprêtais à signaler à Alco mon désaccord sur ce point de son intervention.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

66 Dernière modification par Chover (26-01-2024 15:08:09)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Nous ne confondons évidemment pas les deux pronoms relatifs, « qui », sujet de « restait », dans « ce qui restait d'élèves », et « qu' », C.O.D. de « faire », abréviation de « que », dans « ce qu'il restait à faire ».

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

67

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Je dois avouer que j'ignorais royalement cette question du choix entre « ce qui » et « ce qu'il » jusqu'à ce que les médias soulèvent la question il y a déjà pas mal d'années, et sortent une règle de je ne sais où qui s'énonçait à peu près comme suit :
Il faut dire et écrire « ce qu'il » quand on peut écrire une proposition indépendante avec le pronom impersonnel « il ».
Je me suis mis, peut-être à tort, à formuler les phrases autrement. Exemple : il restait du fromage, je mangeai ce qu'il restait du fromage (ou de fromage, ce qui revient sensiblement au même). Mais si je vous réponds « je ne sais pas ce qui vous gêne dans mes remarques » je n'hésite pas une minute.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

68 Dernière modification par Lévine (26-01-2024 19:07:39)

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Oui, puisque gêner ne peut être employé impersonnellement, contrairement à rester, pour lequel les deux constructions sont en général possibles.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

69

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Rappel de la réponse de l'Académie :

Ce qui reste ou ce qu’il reste ?

Avec les verbes susceptibles d’être construits soit personnellement, soit impersonnellement, on utilise ce qui ou ce qu’il : qui est le sujet du verbe construit personnellement, qu’il apparaît dans la tournure impersonnelle. La nuance entre les deux possibilités est parfois indiscernable. Ainsi : ce qui restait d’élèves… (Pagnol) ; ce qui lui reste de sainteté (Maurois) ; ce qu’il lui restait à faire (R. Rolland) ; ce qu’il vous reste à découvrir (Duhamel).
On peut donc écrire aussi bien : nous verrons ce qui se passera ou ce qu’il se passera.

Jai un doute sur les compétences de la personne qui a rédigé cela ! Je n'ai rien à redire aux quatre extraits de phrases d'auteurs connus qu'elle cite mais elle ne fait manifestement pas la différence entre les deux qui comportent un infinitif après « rester », donc un pronom relatif C.O.D., et les deux autres. Tout est là : elle conclut abusivement qu'on peut adjoindre à une tournure sans infinitif (ce qui se passera) le pronom « il » de la forme impersonnelle avec infinitif.
Raisonnement fallacieux peut-être explicable par le grand nombre de « ce qu'il se passera », « ce qu'il m'arrive »… qu'a lus et entendus cette personne.
Je ne sais plus si j'ai déjà signalé le « aussi bien… ou… » qu'elle emploie dans la dernière phrase. « Aussi bien… que… », non ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Je découvre vos messages, Alco et Lévine, après publication du mien.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

71

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Le tournure personnelle est la seule possible si le verbe à l'infinitif exige un COD, ce qui n'est pas le cas dans la formule ce qui lui reste à faire puisqu'on peut dire cela reste à faire (sans COD à faire).
Différent serait le cas de ce qu'il convient de faire, par exemple, puisque là, faire exigerait un COD ; on ne peut en effet pas dire :*cela convient de faire, ni *ce qui convient de faire.

Euh... ce n'est peut-être pas clair.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

72

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Je pense qu'on peut aussi bien dire « Cela (sujet) me reste à faire » que « Il me reste à faire cela (C.O.D.) », encore que j'aie une petite préférence pour la seconde option. Des phrases comparables peuvent comporter d'autres verbes à l'infinitif que « faire » : « Parlons des deux repas qu'il me reste à préparer », où le pronom relatif ne peut remplir que la fonction de C.O.D. de « préparer », me paraît irréprochable. Il en découle, je crois, « Deux repas ! Voilà ce qu'il me reste à préparer ».
Curieux ! Après avoir dénoncé l'abus de « ce qu'il », je le défends maintenant… parce qu'il se justifie dans certains cas !

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Oui, les deux constructions sont possibles avec le verbe rester + infinitif parce que la tournure peut s'analyser de deux façons :

ce qu'il me reste à faire, à préparer... : les infinitifs ont un COD (que)

ce qui me reste à faire, à préparer... : à faire et à préparer sont ici des locutions verbales équivalant à "devant être fait", "devant être préparé" (par moi) (en latin, on aurait un adjectif verbal) : ce sens passif exclut évidemment un COD et qui est alors tout naturellement sujet de reste.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Une réflexion au cœur de ce sujet : la prononciation familière "i" du pronom "il" participe à la confusion.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : "ce qu'il" ou "ce qui" ?

Bien sûr !

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