Je vois que Lévine partage mon analyse (au détail près que l’on peut faire une double pronominalisation, mais pas deux directes ; une directe pour là avec le (éventuellement, y) et une indirecte pour nos patients / les malades / etc. avec eux).
Nous avons été là pour nos patients = Nous l’avons été pour eux.
Ce qui suffit à montrer qu’on a là deux compléments, puisqu’en effet, quelle que soit la façon d’interpréter ce Être là pour quelqu’un : figurée = être présent pour quelqu’un ou non figurée = être quelque part pour quelqu’un, je vois obligatoirement deux compléments : un (comme un) attribut ou un complément (essentiel) de lieu d'une part et un destinataire / bénéficiaire, d'autre part.
Quant à la pronominalisation de la proposition entière, si le verbe est d’action, elle se fait en général par une reprise avec le verbe faire.
Quand le verbe n’est pas d’action, soit elle n’est pas possible, soit elle se fait par exemple avec cela.
J’aime le chocolat, et cela depuis toujours.
Et quand le verbe est d’état, elle se fait par la reprise du verbe être.
Je vais faire autrement pour éliminer cette histoire de reprise avec le verbe faire ou le verbe d’état, avec d’abord la pronominalisation du ou des compléments séparément et en dernier la pronominalisation de la proposition entière avec le pronom neutre le.
Cette tarte ? Je te conseille de la préparer pour tes enfants.
Tes enfants ? Je te conseille de leur préparer cette tarte.
Préparer cette tarte pour tes enfants ? Je te le conseille = Je te conseille de le faire.
Médecin ? Je te conseille de le devenir / de l’être.
Devenir / Être médecin ? Je te le conseille = Je te conseille de le devenir / de l’être.
(On voit qu’avec un seul complément, la reprise de la proposition entière et celle de l’attribut peuvent être équivalente, ce n’est pas le cas avec deux compléments, voir ci-dessous.)
Là ? Je vous conseille de l’/ y être pour vos patients.
Vos patients ? Je vous conseille d’être là pour eux.
Être là pour vos patients ? Je vous le conseille = Je vous conseille de l’être.
Etc.
Chover a écrit: D'ailleurs, si « l' » valait « on a été là pour eux », « On continuera de l'être » signifierait « On continuera d'être "on a été là pour eux" », qui n'a aucun sens.
Euh non, on ne peut pas présenter les choses ainsi, ou alors :
Je prépare une tarte pour mes enfants tous les jours, et je continuerai de le faire jusqu’à ce qu’ils partent de la maison.
serait incorrect, puisque, je vous paraphrase : « Je continuerai de le faire » signifierait « Je continuerai de faire " je prépare une tarte pour mes enfants tous les jours" ».
Chover a écrit:Parce que je ne peux imaginer « on le continuera », à quoi je ne vois pourtant rien à reprocher grammaticalement !
Cette pronominalisation est possible quand continuer introduit un syntagme nominal :
Ils continuent leur entretien / Ils continuent leur conversation.
Ils le / la continue.
Mais non quand il introduit une infinitive :
Ils continuent d’échanger.
*Il le continue
Ils continuent de le faire.
Alors, on peut alors en effet dans certains cas omettre le faire :
Ils continuent d’échanger et ils continueront (de le faire) toute la nuit.
Abel Boyer a écrit:On a peut-être tort de voir deux compléments dans "là pour eux" dans la mesure où le "pour eux" n'a pas ici d'existence autonome. Si on supprime "là", "pour eux" ne donne pas de sens à la phrase.
[...]
C'est nettement "là" qui prédomine, "pour eux" en précise légèrement le sens, et lui fait quitter la sphère purement géographique pour une sphère plus personnelle, émotionnelle.
Il me parait vraiment vraiment difficile de soutenir que ce pour X est accessoire, bien au contraire, puisqu’il permet de donner ce sens attributif au là, ce qui change la signification du tout. Chacun pris séparément, ces compléments ont des sens particuliers qui diffèrent du sens donné par la réunion des deux.
Je suis là = je suis à cet endroit (= j'y suis) ou d'ailleurs aussi, je suis présent (= je le suis).
Je suis pour eux = je leur suis favorable, je les soutiens.
Je suis là pour eux = Je suis présent pour eux.