La longueur évoquée dans "q long" ou "quelon" est celle de la queue (oups, la hampe !) du "q" minuscule. Dans certaines écoles, et peut-être plus encore dans certaines aires francophones, on avait pris l'habitude de faire dire "q long" pour éviter la fâcheuse homonymie entre la lettre "q" et "cul". Il me semble l'avoir notamment entendu dans les pays du Maghreb.
Au Québec, Denise Bombardier évoque ceci :
Mais dans le Québec catholique où la pureté était une préoccupation permanente même pour des enfants de six ans, la lettre Q défiait la morale tout en représentant une embûche pour les enseignants. L’on nous apprenait donc que la lettre Q se prononçait QUE, et c’est ainsi que des générations d’écoliers québécois ont ânonné O, P, QUE, R, S, T, ignorant que QUE se prononçait Q. Ce son nous aurait plongés dans le péché mortel […] Quelques années plus tard, une nouvelle élève est débarquée dans notre classe. Elle avait un accent étranger […] À la récréation, elle nous expliqua que notre QUE était, de fait, un Q qu’on nous cachait mais que les Belges et les Français, eux, connaissaient […] À l’Université de Montréal, dans les années soixante, les cours se déroulaient dans des ailes identifiées par les lettres alphabétiques. L’histoire du Canada avait lieu en P-45, les statistiques en R-78, mais aucune aile n’affichait le Q, héritage sans doute du statut pontifical de l’institution. — (Denise Bombardier, Dictionnaire amoureux du Québec, Plon, 2014, pp. 329-330)
https://fr.wiktionary.org/wiki/Q
Mais voici un témoignage de Tunisie :
Lorsque j'étais en onzième chez les sœurs Emilie-de-Vialar, à Tunis, et que nous récitions l'alphabet, il nous était interdit de prononcer sa dix-septième lettre comme je l'avais appris à la maison avec ma mère. Entre p et r, se nichait une lettre spéciale, la seule qui s'épelât en deux syllabes, plus bizarre même que le g ou le z, autres lettres à longue queue, puisque nous devions la nommer quelon au lieu de q. Nous nous efforcions de ne pas pouffer en ânonnant religieusement : m, n, o, p, quelon, r, s, t, mais nous nous rattrapions dans la cour. (Antoine Compagnon, 2012 – quelon comme "que l'on"...)
http://j.poitou.free.fr/pro/html/ltn/q.html
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