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forum abclf » Réflexions linguistiques » Fonction grammaticale (jouer dans un film)

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Messages [ 23 ]

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Sujet : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Bonjour à toi

Je m’interroge sur une phrase. Après avoir posé la question à 3 profs de niveaux différents, j’ai reçu tout autant de réponses différentes.

Dans la phrase « un acteur célèbre joue dans un film intéressant », quelle est la fonction grammaticale de « dans un film intéressant » ?

J’ai eu le droit à COI, CCL et autre...

Merci par avance pour votre réponse étayée et éclairée.

Cordialement

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

un acteur célèbre joue dans un film intéressant> il y joue.
Complément essentiel.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

3

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Merci
Et ce serait quoi ?
Un complément essentiel de... lieu ? Bien qu’un film ne soit pas un lieu, ça situe l’action de jouer.

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Je ne crois pas que ce complément soit essentiel, seulement circonstanciel. La phrase peut exister sans lui.

Un CCL donc.

Je me demande pourquoi quelqu'un aura été répondre COI...

5 Dernière modification par P'tit prof (28-04-2020 18:23:28)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Un complément essentiel est un complément pronominalisable, ce qui le distingue d'un complément dit circonstanciel.
Pronominalisable avec effacement de la préposition : sortir avec des amis/sortir avec eux, la préposition ne s'efface pas ; sortir dans le jardin/y sortir : effacement de la préposition.

Le critère de  sens n'intervient pas ici, c'est un pur critère syntaxique.

Je maintiens donc ma réponse : ce complément est un complément essentiel, pronominalisable  par en ou y.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Je me garderai bien de répondre car ces notions sont toujours un peu floues pour moi et je constate sur les forums où ce sujet revient souvent que ça reste flou pour beaucoup de gens, y compris pour les professeurs, et ce que cela donne souvent lieu à des avis très différents.
Témoignage de ces difficultés, ces observations :

Les  dysfonctionnements  de  l'enseignement  grammatical  au  collège,notamment  en  ce  qui concerne  l'analyse  des  fonctions  dans  la  phrase,  trouvent  leur  origine,  pour  une  large  part,  dans les textes officiels qui le régissent : la Terminologie grammaticale de 1997 et les programmes du col-1lège. En effet,les professeurs sont confrontés à des difficultés insolubles en raison des ambiguïtés, voire des obscurités, qu'ils renferment, et des in-cohérences qui existent entre eux.La Terminologie  opère,  sans  que  cela  soit  indiqué  explicitement,  un  changement  de  modèle grammatical, qui se traduit, par exemple, dans la « liste des fonctions dans la phrase », fondée sur la distinction entre les compléments essentiels et les compléments circonstanciels.
[...]
Dans  ces  conditions,  il  n'est  pas  surprenant  que  des  phrases  usuelles  donnent  lieu  à  des analyses très différentes. Deux points constituent une source importante de difficulté. D'une part, l'absence du terme « complément d'objet second » dans la Terminologie rend difficile, sinon impossible,  l'analyse  dans  le  cas  d'un  verbe  à  double  complémentation,  sauf  à  confondre  le  deuxième complément  avec  le  complément  d'objet  de  construction  indirecte.  D'autre  part,  l'absence  du terme  «  complément  essentiel  de  »  dans  les  programmes  du  collège  constitue  une  difficulté  très importante pour beaucoup de professeurs, qui se refusent à parler de « complément d'objet indirect » pour ce type de complément, encore moins de « complément d'objet direct » pour les compléments  directs  qui  indiquent  le  prix ou lamesure,  sans  être  pour  autant  des  compléments  circonstanciels, comme dans Ce livre coûte dix francs.
Par exemple : a) Je suis à Paris / J'habite à Paris / Je me trouve à Paris. Pour les uns, Paris  est  complément  circonstanciel  ;    pour  les  autres,  complément  essentiel de lieu ; pour quelques-uns, complément d'objet indirect! Les professeurs récemment formés choisissent « complément essentiel de lieu », en accord  avec  la Terminologie  ;  les  professeurs  qui  appliquent  les  programmes  du  collège,  qui ignorent  le  terme  de  «  complément  essentiel  de  »  optent  pour  «  complément  circonstanciel  »,  bien  que  les  programmes  du  collège  indiquent  entre parenthèses  que  les  compléments circonstanciels sont « mobiles et supprimables » ; quelques-uns choisissent « complément d'objet indirect », même pour le verbe« être», bien qu'un livre comme la Grammaire méthodique du français préfère traiter à part du verbe « être », sans indiquer de fonction précise pour ce type de construction : ce choix est cohérent, puisque le verbe « être » n'est pas un verbe copule dans cette phrase, mais un verbe d'action, et que le complément essentiel de lieu n'est qu'un cas particulier du complément d'objet indirect.

https://www.aplettres.org/TERMINOLOGIEGRAM09.pdf

Je note que la question des compléments essentiels a parfois été abordée ici, quelquefois sans avoir une seule réponse :
https://www.languefrancaise.net/forum/v … p?id=12603
D'autres fils semblent avoir des réponses peu tranchées :
https://www.languefrancaise.net/forum/v … p?id=12570
https://www.languefrancaise.net/forum/v … p?id=14681
https://www.languefrancaise.net/forum/v … p?id=14709

Pour ma propre gouverne, j'ai recherché la définition des compléments essentiels dans la Terminologie grammaticale de 1997, car on en parle, mais on ne la définit jamais tout à fait de la même façon selon les sites que je regarde :
https://i.ibb.co/GTDNPc2/Capture.png
https://i.ibb.co/9tW1MdJ/Capture1.png

Mon impression de béotien est qu'il y a plusieurs critères, dont un critère plutôt sémantique (ne peut pas être supprimé).
Le critère de la pronominalisation n'est qu'un des trois critères.

Prenons deux phrases :
a) Un acteur célèbre joue dans ce film.
b) Un acteur célèbre joue le rôle d'Harpagon dans ce film.

La pronominalisation est possible dans les deux phrases pour "dans ce film" :
a') Un acteur célèbre y joue.
b') Un acteur célèbre y joue le rôle d'Harpagon.

"Dans ce film" me semble facilement déplaçable, dans les deux cas :
a") Dans ce film, un acteur célèbre joue.
b") Dans ce film, un acteur célèbre joue le rôle d'Harpagon.

Pour la suppression, je ne sais pas trop :
a'") Un acteur célèbre joue.
b'") Un acteur célèbre joue le rôle d'Harpagon.
Elle paraît acceptable pour b"', peut-être plus douteuse pour a"'.

Je ne sais quoi conclure.

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

P'tit prof a écrit:

Un complément essentiel est un complément pronominalisable, ce qui le distingue d'un complément dit circonstanciel.

Non. Un complément circonstanciel est aussi pronominalisable bien que ce ne soit pas aussi systématique, loin de là, que pour un complément essentiel. Ce qui caractérise avant tout ces derniers, c'est qu'on ne peut les supprimer.

Il y a des compléments de lieu qui sont circonstanciels (avec le verbe partir), d'autres qui sont essentiels (avec le verbe aller par exemple).

A partir du moment au cette notion d'essentialité apparait, ces deux critères (pronominalisable et non supprimable) sont clairs. Reste à savoir ce que l'essentialité peut apporter à la grammaire au niveau de l'enseignement général. Je me le demande.

Cela ne m'a jamais dérangé de manipuler plusieurs visions théoriques de la langue, à partir du moment où cela sert à comprendre ses mécanismes pour ceux qui les utilisent. Sinon...

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Abel Boyer a écrit:

Pour la suppression, je ne sais pas trop :
a'") Un acteur célèbre joue.
b'") Un acteur célèbre joue le rôle d'Harpagon.
Elle paraît acceptable pour b"', peut-être plus douteuse pour a"'.

Je ne sais quoi conclure.

Silence ! Un acteur célèbre joue.

9 Dernière modification par k@t (28-04-2020 20:29:51)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

L’analyse d’éponymie est celle de la grammaire traditionnelle. Quant à la nature du CC, je ne sais, de lieu je présume, mais alors, c'est un lieu pour le moins abstrait.

Il joue dans un théâtre.
Il joue dans une pièce (de théâtre) / dans un film
.

Si le lieu ne fait pas de doute dans la première phrase, il me parait discutable dans la deuxième. D'ailleurs, dans ce cas on ne dira pas Où joue-t-il ?


Si on fait une analyse selon les principes de la nouvelle grammaire (et peut-être plus précisément encore selon la grammaire valencielle*), ce complément est un complément de verbe, dans la mesure où il est sélectionné par le sens du verbe : jouer dans un film = y tenir un rôle.
Certains se limitent à ce terme générique de complément de verbe (ici indirect puisqu’introduit par une préposition). Mais comme l'indique l'extrait cité par Abel Boyer la terminologie n'est pas fixée, ce qui est bien regrettable, et certains dénommeront alors ce complément COI, d'autres complément essentiel (de lieu ?) - essentiel en effet, puisque s'il est supprimable, l'ôter n'est pas sémantiquement neutre : ça change le sens du verbe. Il ne s'agit donc pas simplement d'ajouter un supplément d'information.




* Par exemple, extrait de cet article :
Dans cette perspective, les compléments ne sont donc pas évalués pour leur caractère syntaxiquement obligatoire ou facultatif, mais bien pour leur caractère sélectionné. La notion de sélection détrône le critère obligatoire / facultatif et impose de considérer le domaine du lexique verbal. En effet, "les compléments sélectionnés [ou valenciels] sont nécessaires à la ʹfermetureʹ de la structure verbale, ils entretiennent une relation étroite avec le verbe, dont ils constituent la valence. […] [ils sont] impliqués lexicalement." (Béguelin 2000: 149-150).

10 Dernière modification par éponymie (28-04-2020 19:33:03)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Le critére de non déplacement me semble facultatif. Il découle du fait de ne pas être supprimable. Si on le déplace, il va y avoir obligatoirement reprise (par un pronom).

Va au ciné ce soir ! Dans un film intéressant, un acteur célèbre joue. Je te laisse la surprise : complément ciconstanciel.

Et si vous tentez de supprimer la préposition pour avoir le pronom, vous allez avoir une autre proposition (Il y a un film intéressant, un acteur célèbre y joue).

Paris, j'y vais chaque semaine / je vais chaque semaine à Paris : complément essentiel

P.S.: j'ai vu le message de K@t après.  J'en reviens à ma dernière phrase du message 7.

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Merci à tous pour votre investissement dans la réponse.
Cette formule (comme beaucoup d’autres dans notre belle langue) semble être un puit intarissable de débat sans réponse absolue.
Fascinant toutefois.
Merci

12

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

C'est un adjectif!

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

éponymie a écrit:
P'tit prof a écrit:

Un complément essentiel est un complément pronominalisable, ce qui le distingue d'un complément dit circonstanciel.

Non. Un complément circonstanciel est aussi pronominalisable bien que ce ne soit pas aussi systématique, loin de là, que pour un complément essentiel. Ce qui caractérise avant tout ces derniers, c'est qu'on ne peut les supprimer.
Il y a des compléments de lieu qui sont circonstanciels (avec le verbe partir), d'autres qui sont essentiels (avec le verbe aller par exemple).

Les compléments circonstanciels ne sont pas pronominalisables avec effacement de la préposition, critère syntaxique. La notion de  complément de lieu  est purement sémantique et donc étrangère à notre discussion.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

14 Dernière modification par Chover (29-04-2020 13:38:08)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Dans « Je joue aux cartes », « Vous jouez de malchance », « Elles ont joué avec le feu »... , les compléments sont constitutifs du prédicat, ils sont intimement associés à « jouer », on a davantage affaire à « jouer aux cartes », « jouer de malchance », « jouer avec le feu » qu'au verbe simple.
Ce n'est pas le cas, je crois, du complément « dans un film intéressant » dans la phrase « Un acteur célèbre joue dans un film intéressant ». Qu'on dise qu'un acteur joue, sans autre précision, n'étonne personne et n'est a priori pas mensonger. En revanche, si l'on retire « avec le feu » dans « Elles ont joué avec le feu », on raconte tout autre chose.
Comme vous, éponymie, je pense donc que « dans un flm intéressant » constitue un complément circonstanciel. La préposition « dans » le rend évidemment indirect. Mais l'habitude n'est pas d'utiliser cet adjectif à propos de compléments circonstanciels.
L'enseignant qui y voit un complément d'objet me laisse sur le postérieur ! Le film ne subit pas l'action exprimée par le verbe, comme c'est le cas de « un bijou » et de « à son mari » dans « Elle offre un bijou (C.O.D.) à son mari (C.O.I.S.» ou C.O.S.).
Bien entendu, on n'est pas « dans un film » comme on est « dans une maison ». Je parlerais tout de même de complément circonstanciel de lieu, faute de mieux.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

15 Dernière modification par k@t (29-04-2020 18:49:09)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Bonjour Chover,

Si je puis me permettre, comment analyserais-tu avec son frère, dans Marie joue avec son frère.

?

Sinon, le COI (vision grammaire traditionnelle)* ne subit pas l’action, il en bénéficie (ou en maléficie).
Quant au COD censé subir l’action, le fait-il vraiment dans offrir, et dans :

L’enfant dessine une maison.
Le planeur survole la prairie.
Marie aime le chocolat.
Pierre a de la chance.
Le prévenu subit son premier interrogatoire.
etc.


Dernier truc, par rapport à ta réflexion sur l'acteur joue vs l'acteur joue dans un film, on peut dire Il mange, pourtant dans Il mange un gâteau, un gâteau est bien COD, il n'est pas CC.



*Selon la nouvelle grammaire, et pour ceux qui gardent cette dénomination, est COI tout complément de verbe introduit par une préposition.

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

k@t a écrit:

Bonjour Chover,
Si je puis me permettre, comment analyserais-tu avec son frère, dans Marie joue avec son frère.
?

Bonsoir, k@t. Merci de l'intérêt que vous portez à mes élucubrations !
Je ne suis pas grammairien ! Vous me demandez probablement si je considère que « avec son frère » fait partie du prédicat. Il me semble que, la plupart du temps au moins, le complément d'accompagnement (là : « avec son frère ») est considéré comme circonstanciel.

k@t a écrit:

Sinon, le COI (vision grammaire traditionnelle)* ne subit pas l’action, il en bénéficie (ou en maléficie).
Quant au COD censé subir l’action, le fait-il vraiment dans offrir, et dans :

L’enfant dessine une maison.
Le planeur survole la prairie.
Marie aime le chocolat.
Pierre a de la chance.
Le prévenu subit son premier interrogatoire.
etc.

« Subir » est peut-être discutable. Mais ce verbe ne s'emploie pas qu'avec un sujet humain. On voit à l'entrée SUBIR, dans le Grand Robert :

En parlant des choses. Être l'objet d'une action, d'une opération. Corps qui subit l'action du feu. Matière qui a subi une calcination [...] (le gras m'est dû).

Après tout, la maison, la prairie, le chocolat, la chance, le premier interrogatoire ne sont-ils pas les objets d'un dessin, d'un survol, d'un amour, d'une... possession (je fais ce que je peux !) et du fait que le prévenu subisse ce qui lui arrive ?

k@t a écrit:

Dernier truc, par rapport à ta réflexion sur l'acteur joue vs l'acteur joue dans un film, on peut dire Il mange, pourtant dans Il mange un gâteau, un gâteau est bien COD, il n'est pas CC.


Euh, je suis perdu... C'est vrai, dans « Il mange un gâteau », « un gâteau » me semble bien être C.O.D.

k@t a écrit:

*Selon la nouvelle grammaire, et pour ceux qui gardent cette dénomination, est COI tout complément de verbe introduit par une préposition

(lettre mise en gras par moi).
Je l'apprends. Et j'en suis très étonné. Dans « Pierre arrive sans sa femme », « sans sa femme » serait-il l'objet de l'arrivée de Pierre, à la manière dont « un roman » est l'objet de la lecture de Jules dans « Jules lit un roman » ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Chover a écrit:

Il me semble que, la plupart du temps au moins, le complément d'accompagnement (là : « avec son frère ») est considéré comme circonstanciel.

Oui, on ne peut pas dire que ce soit faux, c’est simplement qu’il y a deux logiques différentes : celle de la grammaire traditionnelle, qui considère en effet avec son frère comme un CC (d’accompagnement) ; et celle de la nouvelle grammaire, qui considère ce complément comme un complément de verbe, plus précisément un complément indirect de verbe, et pour ceux qui tout en appliquant cette analyse ont gardé les dénominations traditionnelles un COI, même si la notion d’objet est à peu près voire totalement perdue.
Bref, il faut dire dans quel cadre on se situe avant de faire une analyse. Il me semble que les programmes scolaires actuels intègrent cette nouvelle grammaire ou au moins lui donnent de plus en plus de place, mais je ne suis pas de la partie, je ne saurais donc être affirmative (Ah ben tiens !… , charmante valse-hésitation, je plains les enseignants, et plus encore les élèves !).

Si on consulte Usito qui applique les principes de la nouvelle grammaire, on constate que jouer avec est considéré comme un verbe transitif indirect (une petite info-bulle « GT » indique que la grammaire traditionnelle classe ce verbe comme intransitif).


Après tout, la maison, la prairie, le chocolat, la chance, le premier interrogatoire ne sont-ils pas les objets d'un dessin, d'un survol, d'un amour, d'une... possession (je fais ce que je peux !) et du fait que le prévenu subisse ce qui lui arrive ?

smile

L’objet direct selon la grammaire traditionnelle, c’est un X qui est affecté par un Y (censé être un agent – ce qui est également bien critiquable).

La maison est un objet en devenir, elle n'existe qu'une fois le dessin terminé ; comment un objet en devenir peut-il subir une action ? En tout cas au premiers temps de celle-ci.
La prairie survolée n’est nullement affectée par l’action, elle sert uniquement à situer cette dernière. Sans changer le sens de la phrase, l’objet peut d’ailleurs devenir CC : L’avion vole au-dessus de la prairie.
Le chocolat aimé n’est pas non plus affecté, Marie l’est sans doute nettement plus.
etc.

Tout ça, juste pour dire que, hormis les cas prototypes (le chat – qui est bien un agent – mange la souris – qui est effectivement un tout petit peu affectée par l’action), la notion sémantique d’un objet qui subit une action est en fait très souvent inexistante dans des COD qui ne font aucun doute.

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

k@t a écrit:

un COI, même si la notion d’objet est à peu près voire totalement perdue.

C'est tout de même bien ennuyeux, à mon sens !

En pareil cas, j'essaierai de penser à préciser que mes considérations de non spécialiste concernent la grammaire traditionnelle.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

k@t a écrit:

La prairie survolée n’est nullement affectée par l’action, elle sert uniquement à situer cette dernière. Sans changer le sens de la phrase, l’objet peut d’ailleurs devenir CC : L’avion vole au-dessus de la prairie.
Le chocolat aimé n’est pas non plus affecté, Marie l’est sans doute nettement plus.
etc.

Tout ça, juste pour dire que, hormis les cas prototypes (le chat – qui est bien un agent – mange la souris – qui est effectivement un tout petit peu affectée par l’action), la notion sémantique d’un objet qui subit une action est en fait très souvent inexistante dans des COD qui ne font aucun doute.

« Être affecté » et « subir » ne me paraissent pas strictement synonymes. Le Larousse atteste deux sens du verbe affecter que vous utilisez :

1. Causer une douleur morale : Cette nouvelle l'a beaucoup affecté. 2. Causer une altération physique à : Cette maladie affecte surtout les reins.

Je crois qu'on peut subir (être l'objet de) sans être affecté.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

La grammaire traditionelle souffre de sémantisme aigu.
On n'ose pas dire que le verbe et le centre de la phrase standard, qu'à sa gauche figure un élément dont les variations affectent le verbe (choix de la personne) et à la droite une élément  « inerte » mais susceptible de devenir sujet lors du renversement passif.
Tout le reste est littérature.
L'étiquetage des circonstants est un jeu intellectuel séduisant pour l'esprit mais sans lien avec la grammaire.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

21 Dernière modification par k@t (30-04-2020 16:45:49)

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Je rejoins (évidemment) P’tit Prof.

Sincèrement je doute que la notion d’objet traditionnelle soit sauvable.
Ici affecter est à comprendre ainsi : Produire un effet sur quelqu'un ou quelque chose de manière à y déterminer une action ou une modification. (TLFi)

Ou, pour dire les choses autrement, pour la grammaire traditionnelle, un verbe transitif (direct) est un verbe dont – à la voix active - le sujet est un agent qui fait quelque chose à l’objet, ce dernier étant un patient à qui il est fait quelque chose par l’agent.

Dans les phrases ci-dessus, aucune action / modification n’est produite sur l’objet (et hormis pour le dessin, le sujet n’est pas agent).

Je pense que dans la mesure où la plupart du temps le complément construit directement est un COD (mais les compléments de mesure, mais les attributs, mais certains compléments de temps, de manière...), on n'interroge même plus la notion d'objet (-patient, pas plus que celle de sujet-agent d'ailleurs), elle nous parait évidente, et pourtant.

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Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

P'tit prof a écrit:

La grammaire traditionelle souffre de sémantisme aigu.
On n'ose pas dire que le verbe et le centre de la phrase standard, qu'à sa gauche figure un élément dont les variations affectent le verbe (choix de la personne) et à la droite une élément  « inerte » mais susceptible de devenir sujet lors du renversement passif.

Alors ma grammaire, si je puis dire, n'est pas aussi traditionnelle que je le croyais !
Vous avez peut-être à l'esprit une phrase comme « Mon voisin accepte mal le confinement » susceptible de devenir « Le confinement est mal accepté par mon voisin », tandis qu'on peut penser à « Les règles ont été acceptées par vous » quand on a affaire initialement à « Vous avez accepté les règles ». Décrire avec vos mots les mécanismes mis alors en œuvre ne me gêne pas.

P'tit prof a écrit:

Tout le reste est littérature.

À ce point-là ?

P'tit prof a écrit:

L'étiquetage des circonstants est un jeu intellectuel séduisant pour l'esprit mais sans lien avec la grammaire

Je vous suis assez facilement. Toutefois, k@t m'ayant demandé comment j'analysais « avec son frère » dans « Marie joue avec son frère », j'ai imaginé qu'elle attendait la réponse que je lui ai fournie.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

Re : Fonction grammaticale (jouer dans un film)

Bonjour,
Ce sont les limites des conceptions grammaticales traditionnelles, qui laissent dans le flou certaines constructions.

C'est vrai que l'on distingue compléments essentiels et compléments circonstanciels.

Personnellement, je distingue plusieurs type de constructions, qui impliquent divers genre de compléments.

D'abord, l'expression existentielle, qui ne nécessite aucun complément : je suis, j'existe.

Ensuite, l'expression situationnelle, qui nécessite au moins un complément : je suis à Bordeaux. Je vais à Paris. Je suis médecin. Tout complément additionnel correspond à une précision de l'information exprimée. Ex : je suis médecin à l'hopital à Bordeaux; Je pars à Paris en train à 9 heures pour un entretien. On peut préciser le lieu, le temps, la manière, le but...

Il y a encore l'expression évolutionnelle, qui ne nécessite pas de complément. Le verbe se suffit à lui-même pour évoquer un mouvement autonome du sujet par lui-même. Ex : je mange. Je marche. Je travaille.

Il y a enfin l'expression convolutionnelle, qui nécessite au moins un complément, qui exprime une convolution entre plusieurs entités, classiquement au moins un sujet et un objet. Ex : Pierrot a volé un bonbon. La voiture roula sur une branche.

Dans ce dernier cas, on voit bien que "sur une branche" n'est pas un complément de lieu, accessoire. L'expression cherche à relater une interaction entre la voiture et une branche. Or, on perdrait tout ce sens en disant simplement "la voiture roula". Par conséquent, ici, "Sur une branche" est un complément convolué indirect.

Dans "je mange une pomme", "une pomme" est complément convolué direct.

Pour en revenir à l'exemple de la question :
"Cet acteur joue dans ce film", il s'agit d'une convolution entre cet acteur et ce film. "Dans ce film" est donc un complément convolué indirect.




JHW a écrit:

Bonjour à toi

Je m’interroge sur une phrase. Après avoir posé la question à 3 profs de niveaux différents, j’ai reçu tout autant de réponses différentes.

Dans la phrase « un acteur célèbre joue dans un film intéressant », quelle est la fonction grammaticale de « dans un film intéressant » ?

J’ai eu le droit à COI, CCL et autre...

Merci par avance pour votre réponse étayée et éclairée.

Cordialement

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