Votre iPad n'a pas dû lire Tolstoï...
Vous utilisez une traduction ancienne qui fausse le sens du texte de Quintilien en laissant entendre que la langue latine a été formée à partir de la langue grecque ; or ce dont Quintilien veut parler ici, c’est bel et bien des emprunts. Je vous traduis le passage tiré de L’institution oratoire, I, 5, 58, en portant en italiques le mot employé malheureusement par le traducteur, et ma rectification :
"Mais la distinction, dont je viens de parler [entre mots latins et mots étrangers], vise particulièrement le grec ; car, c’est de là que la langue des Romains a opéré le plus grand nombre de transpositions (nam maxima ex parte [sermo] Romanus inde conversus est) et nous nous servons de mots reconnus comme grecs quand nous n’avons pas les mots latins équivalents. "
Le délicat problème soulevé ensuite par l’auteur, qui est celui de l’adaptation des mots étrangers, grecs ou autres, à la déclinaison latine, est la preuve qu’il ne s’agit nullement ici de la genèse du latin.
Pour ce qui est de la naissance du latin, vous vous doutez bien que cette langue n’est pas apparue en un jour, ni sous la forme attestée par le premier document écrit que nous possédions : l’inscription portée sur la fameuse fibule de Préneste qui date de l’extrême fin du VIIème siècle av. J.-C.
Cette date, beaucoup plus tardive que celles des attestations d’autres langues indo-européennes comme le hittite (-1600 pour les inscriptions de Boghaz-Köy) et le grec (-1400 pour les tablettes mycéniennes), ne signifie malgré tout pas que le latin ne s’est pas constitué antérieurement. Les autres langues du groupe italique, l’osque et l’ombrien, par exemple, ne nous livrent que de courtes inscriptions ne remontant pas au-delà du Vème siècle av. J.-C., mais, vraisemblablement, le groupe "italique" et le groupe "hellénique" ont pénétré dans leurs aires géographiques respectives au cours second millénaire av. J.-C.
On est évidemment incapable de se faire une idée des langues que pouvaient parler ces communautés, détachées depuis sans doute fort longtemps de leur noyau primitif, et dont les parlers devaient être divers.
Les spécialistes classent le latin et le grec dans le groupe "occidental", mais relèvent dans le latin quelques traits grammaticaux que l'on retrouve dans certaines langues du domaine oriental. Je ne les précise pas, d'autant que vous ne connaissez pas le latin. On n'explique pas ces traits, que ne connaissent pas nécessairement les autres langues italiques, mais on a trop peu d'éléments sur ces dernières.
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil