Il m'a pourtant semblé que la problématique soulevée au départ était d'avoir un COD employé abusivement en tant que sujet.
Maintenant, il existe aussi des sujets qui subissent l'action. Par exemple, comme ceux du verbe ... "subir"... Si bien qu'à la voie active, dans une phrase comme "je subis bien des reproches", mon sujet "je" est très patient, tandis qu'à la voie passive, "ces reproches sont subis par moi", "ces reproches" sont l'actant.
Il me semble que parmi les catégories d'Aristote, il y a la passion et l'action. Je suppose qu'il s'est inspiré pour celles-ci des voies actives et passives de la langue grecque.
Mais, en général, le sujet n'est pas forcément actif, de même que l'objet n'est pas pas forcément passif. Cela peut même être totalement l'inverse, comme nous l'avons vu pour le verbe subir. En général, sujet et objet sont chacun actifs et passifs, à un certain degré.
Par exemple, lorsque "je mange une pomme", si la pomme subit ma morsure, j'en subis le goût.
C'est pourquoi je préfère finalement considérer une phrase, soit comme évolution - ou mouvement - d'une substance (verbe de Valence 1 : je mange, je marche,...etc), soit comme la convolution de plusieurs substances.
Dans "je mange une pomme", il y a convolution entre moi et une pomme. L'état à l'issue de cette convolution, pour moi, est d'être renutri; mais pour la pomme, d'avoir cessé d'exister.
Dans "mon patron prête sa voiture à Paul", il y a convolution entre trois substances : mon patron, sa voiture, et Paul. Si "Paul" est objet indirect, cela ne signifie pas pour autant qu'il subit l'action. Il est actif, puisqu'il prend le volant. Par cette phrase, l'on exprime le transfert (temporaire) de l'état de possession d'une substance (la voiture), ceci d'une substance (Mon patron) à une autre (Paul). Il s'agit d'une triconvolution.
On pourrait très bien imaginer une voie "dative" pour renverser sujet et COI dans cette dernière phrase. Par exemple :
"Paul se voit prêter une voiture par mon patron"
Bref, on peut dire que la voie passive ne dit rien de précis sur qui est l'actant, qui est le patient. Elle permet simplement de renverser sujet et COD d'un verbe, soit que l'on veuille mettre en exergue par cette tournure l'objet, soit que le sujet soit indéfini ou inutile à communiquer.
Enfin, l'on a vu qu'il était possible d'imaginer une voie "dative", permettant de renverser sujet et COI, qui est réalisée en pratique par l'emploi de l'auxiliaire "se voir" + infinitif -> Paul se voit prêter une voiture.