Sujet : Malade, maladie
L'étymologie admise du mot malade est male habitus. Elle s'appuie sur l’occurrence citée dans l'article du TLFI : « equum male habitum ».
Comment expliquez-vous ce passage de habitus à -ade ?
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L'étymologie admise du mot malade est male habitus. Elle s'appuie sur l’occurrence citée dans l'article du TLFI : « equum male habitum ».
Comment expliquez-vous ce passage de habitus à -ade ?
male hăbĭtu(m) > mal(e)(h)ăb(ĭ)te : suppression du hiatus et chute de la post-tonique ; la voyelle finale se maintient sous forme d'e caduc en raison de l'environnement consonantique complexe. Le a tonique en entrave se conserve.
malăbte > malabde > malade : sonorisation du -t- sous la double influence du -b- et de la voyelle finale, puis chute du -b-
Traitement similaire dans cŭbĭtu(m) > coude.
Merci pour cette explication. Il serait intéressant de trouver d'autres cas semblables.
Comment réalisez-vous les signes diacritiques, si utiles mais si négligés dans l'enseignement du latin en France ? (je sais qu'en Allemagne, par exemple, on distingue scrupuleusement les sons brefs des sons longs, et par conséquent l'accent tonique).
Sous word, on les trouve dans la table des caractères :
Ā ā
Ă ă et ainsi de suite...
Merci, mais il faut passer par Word pour écrire en latin sur le forum. Pas pratique.
https://www.lexilogos.com/clavier/latin.htm (clavier latin)
Ah, merci vh ! J'avais bien regardé chez Lexilogos, mais je cherchais un dictionnaire en ligne (non scanné comme l'est le Gaffiot).
Est-ce que celui-ci vous irait ?
https://www.prima-elementa.fr/Dico.htm
Ce dernier a un gros avantage pour un dictionnaire : il privilégie les exemples d'auteurs. Apprenez-les par cœur, vous saurez du latin.
Alco, qu'appelez-vous des "cas semblables" ? Des mots en -ade non suffixés ?
Est-ce que celui-ci vous irait ?
https://www.prima-elementa.fr/Dico.htm
Merci, je ne le connaissais pas. Une alternative au Gaffiot.
Ce dernier a un gros avantage pour un dictionnaire : il privilégie les exemples d'auteurs. Apprenez-les par cœur, vous saurez du latin.
Le Gaffiot n'était déjà pas mal à cet égard. Je me souviens que nous étions très content d'y trouver des phrases toutes traduites.
Alco, qu'appelez-vous des "cas semblables" ? Des mots en -ade non suffixés ?
Des mots comme malade ou coude, c'est à dire représentant le passage de bt à d.
Hier, j'ai un peu simplifié la présentation car j'étais entre deux cours...
Plutôt que -bt, il convient de parler de -b(i)t > β(i)t > v(i)d > vd > d : le b et le t s'étaient sonorisés avant la chute de la post-tonique, chute assez tardive dans ce type de mots.
Bon, dans les faits, cela ne change pas grand chose.
Je vois un autre cas, mais c'est avec la chute de la prétonique :
*sŭb(ĭ)tānu > soubdain > soudain.
Avec -pt, vous avez tĕp(ĭ)du > tiède
Dans d'autres mots, la chute précoce de la post-tonique ou de la prétonique a empêché la sonorisation du -t qui est demeuré, provoquant l'assimilation régressive de la consonne sonore avant sa disparition :
dŭb(ĭ)tat > doubte (prononcé [dupt]) > doute ;
perd(ĭ)ta > perte ;
cīv(ĭ)tāte > cité, etc...
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Le Gaffiot est irremplaçable pour le latin classique, mais il présente des lacunes pour les périodes post-classique et surtout tardive. Quant au latin médiéval, n'en parlons pas.
Le Blaise est bien aussi pour la patristique.
Mais il manque au latin un dictionnaire équivalent au monumental Liddell-Scott...
Merci beaucoup, c'est passionnant.
Oui, d'autant qu'en français, on a vraiment fort à faire. Mais les changements phonétiques, pour être complexes, n'en sont pas moins d'une stupéfiante régularité, et un peu de logique suffit à résoudre la plupart des cas courants. Beaucoup de gens confondent la "philologie" (le terme est traditionnel, mais convient mal) avec l'étymologie, mais c'est évidemment tout autre chose, l'étymologie étant de nature plus spéculative.
En grammaire historique, il n'y a plus grand chose de fondamental à découvrir, contrairement au domaine des langues anciennes ; les articles des spécialistes portent soit sur les traits dialectaux, soit sur le mécanisme des transformations que je ne fais ici que survoler, comme vous pouvez vous en douter, soit enfin sur le difficile problème des datations.
Ce qui manque pour redonner vie à ces études, c'est la découverte de documents antérieurs aux Serments ou même contemporains de ces derniers, puisque B. Cerquiglini en a bien montré le caractère tout artificiel ; voilà pourquoi j'étais si enthousiaste quand on a exhumé, l'an dernier, les fameux sarcophages mérovingiens dont je vous ai parlé.
Hélas, ceux-ci sont resté muets... comme des tombes.
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