Re : Paroles gelées, ou mots qui survivent grâce à des expressions.
Ou un jaguar sur une Jaguar
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Ou un jaguar sur une Jaguar
[Il porta la main à la sagette, l’arracha de son bras et la brisa tranquillement sur son gros genou.]
(Victor Hugo, Notre-Dame de Paris)
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Le mot blé a tout d'abord été orthographié "bled". Le maïs que l’on nomme aussi bled d’Espagne en témoigne.
Ylou a écrit:Ce message de glop me fait penser qu'il serait intéressant que chaque mot proposé soit accompagné de sa définition ou/et d'explications. Cela n'a pas toujours été fait. Ce serait plus agréable d'apprendre ainsi que de devoir faire des recherches personnelles à chaque fois.
Itou
Prob. altération de l'a. fr. atout « avec » (composé de a « avec », v. à Étymol. C., et de tout*) sous l'infl. de l'a. fr. itel « tel » (de tel* renforcé par la particule i- servant aussi aux dém. icist, icel, v. ce)
Suggestion supplémentaire : il serait également agréable lorsqu'on cite une notice du TLFi de la mettre en forme et de "traduire" ses abréviations dont l'abondance tend à devenir indigeste
Itou
Probable altération de l'ancien français atout « avec » (composé de a « avec », voir à Étymologie C., et de tout*) sous l'influence de l'ancien français itel « tel » (de tel* renforcé par la particule i- servant aussi aux démonstratifs icist, icel, voir ce)
Oui!
Je signale (et recommande) à tous ceux que cela peut intéresser l'ouvrage de Charles Sabatier, Petit dictionnaire des mots rares et anciens de la langue française, téléchargement gratuit à l'adresse suivante :
http://www.ebooksgratuits.com/details.php?book=2468
l'ouvrage de Charles Sabatier, Petit dictionnaire des mots rares et anciens de la langue française, téléchargement gratuit à l'adresse suivante :
Charles Sabatier ? Le lien renvoie à un livre de Didier Méral (dédié à C. S.) !
Merci 'trevor'.
L'ouvrage est bien de Didier Méral, dédié à Charles Sabatier, j'ai mal lu la page de titre. Et maintenant je remarque que l'on peut consulter cet ouvrage en ligne, sans avoir la nécessité de le télécharger :
http://www.ebooksgratuits.com/html/mera … ciens.html
Salomon couvrit le pavé du temple par des ais de sapin
https://books.google.fr/books?id=HhmGF3 … mp;f=false
Proche parent du doublet axe/essieu.
Frais émoulu : une expression qui date du XVIe siècle.
Au XIIe siècle, le participe passé du verbe "esmoldre" : "esmulu". Ce verbe signifiait « aiguiser sur une meule ». "Émoulu" a d'abord eu le sens de« aiguisé à la meule ».
Ensuite il a été utilisé par métaphore dans certaines expressions.
MEULE MÉDIÉVALE
PS: Je me suis appliquée éponymie
Le mot blé a tout d'abord été orthographié "bled". Le maïs que l’on nomme aussi bled d’Espagne en témoigne.
J'ai connu une personne dont le patronyme était "Bombled" et qui savait que "bled" était l'ancienne orthographe de "blé".
Mais, glop, en quoi est-ce une parole gelée?
Blé, émoulu ? Il y a d'autres de pareille farine ?
glop a écrit:Le mot blé a tout d'abord été orthographié "bled". Le maïs que l’on nomme aussi bled d’Espagne en témoigne.
J'ai connu une personne dont le patronyme était "Bombled" et qui savait que "bled" était l'ancienne orthographe de "blé".
Mais, glop, en quoi est-ce une parole gelée?
C'est "bled d'Espagne" qui a longtemps tenu bled au frais.
PS.
Ne pas confondre avec "région ibérique".
Joli trait d'humour.
Je ne connaissais pas l'expression alors je n'avais pas saisi. Merci.
Merci pour le compliment.
Cela vaut bien une rose trémière (d'outremer).
Oh.. je reçois le présent avec plaisir. Et puis, quelle belle rencontre de couleurs entre nom et pétales!
Nues. Figure dans plus d'une expression (porter / mettre aux nues, tomber des nues), mais ne doit sa survie qu'à ces mêmes expressions.
Chanter pouilles à quelqu'un
Cette expression date du 17e siècle
D'après Larousse, en ancien français, "pouiller" signifiait dire des injures.
Chanter pouilles à quelqu'un : l'accabler de récriminations, de reproches, d'injures.
Nues. Figure dans plus d'une expression (porter / mettre aux nues, tomber des nues), mais ne doit sa survie qu'à ces mêmes expressions.
On le trouve aussi chez Brassens :
Dans l'eau de la claire fontaine
Elle se baignait toute nue,
Une saute de vent soudaine
Jeta ses habits dans les nues.
Je remonte au message d'Ylou (n° 359) :
Au XIIe siècle, le participe passé du verbe "esmoldre" : "esmulu". Ce verbe signifiait « aiguiser sur une meule ». « Émoulu » a d'abord eu le sens de « aiguisé à la meule ».
Ensuite il a été utilisé par métaphore dans certaines expressions.
Il nous en reste le rémouleur, qui ré-affûte les objets tranchants sur sa meule (et non pas sur ses meules).
Oh oh!
Pour revenir sur "nues": il me semble que le langage poétique l'utilise toujours.
Brune : à la brune.
Aucune explication n'est nécessaire, bien-sûr.
Les tenants et aboutissants
Cette expression date du XVIe siècle.
Il faut savoir que, dans son sens initial, au début de ce même siècle, les tenants et aboutissants désignaient les terrains accolés à un domaine, le Grand Robert nous précisant que les tenants désignaient ceux des terrains accolés aux côtés longs du domaine, et les aboutissants, ceux accolés aux côtés courts.
Pour ces derniers, peut-être parce que, dans un domaine qui serait beaucoup plus long que large, en le parcourant dans la plus grande longueur, on finit par y aboutir.
Toutefois, pris séparément, un tenant désignait « ce qui n'était pas séparé » (pensez, aujourd'hui, au garage attenant à votre maison, ou aux objets d'un seul tenant, donc d'une seule pièce) et un aboutissant, « une limite ».
C'est plus tard au XVIe siècle également que, de ce sens de « tout ce qui entoure » le domaine, est né la signification figurée moderne où on évoque tout ce qui est autour d'une affaire.
Par extension, on utilise aussi depuis le XXe siècle cette expression pour désigner ce qui a été à l'origine de quelque chose ; on doit alors l'entendre comme « l'ensemble des informations qui permettent de comprendre pourquoi l'action a été entreprise ou la décision prise ».
Intéressant. Puis-je suggérer que vous citiez vos sources ? C'est important pour savoir quel crédit leur accorder. À plus forte raison quand c'est presque un copié-collé.
http://www.expressio.fr/expressions/les … ssants.php
Il semble que l'extension de sens se comprenne mieux si on connaît l'usage légal de l'expression. À des fins d'héritage, de saisie, ou autres, il était important de pouvoir identifier sans erreur les biens immobiliers, à savoir les parcelles de terrain ou les maisons, et cette identification complète était requise par l'indication des tenants et aboutissants, ou confins du desdits biens. Cf. par exemple
https://books.google.fr/books?id=A-pQAA … mp;f=false
On ne sait de quel bien l'on parle que si l'on en connaît les tenants et les aboutissants. Par extension, on ne connaît une affaire convenablement que si l'on en connaît les tenants et les aboutissants.
Bonsoir,
Je précise que s'agissant d'une propriété, les tenants sont les fonds qui sont adjacents à ses grands côtés.
Les aboutissants sont les fonds adjacents à ses petits côtés.
Ylou :
le Grand Robert nous précisant que les tenants désignaient ceux des terrains accolés aux côtés longs du domaine, et les aboutissants, ceux accolés aux côtés courts.
Roméo 31 :
Bonsoir,
Je précise que s'agissant d'une propriété, les tenants sont les fonds qui sont adjacents à ses grands côtés.
Les aboutissants sont les fonds adjacents à ses petits côtés.
Excusez-moi. C'est en effet la moindre des choses que de citer ses sources, et pour plus d'une raison.
La Vénus anadyomène.
D'aucuns s’appliquèrent à la peindre et Rimbaud préféra la dépeindre.
A tempérament
Le mot signifiait modération, mesure au XVIe siècle puis on le trouve chez Corneille, avec le sens de accord, arrangement, et chez Pascal avec celui de adoucissement, atténuation. au XVIIe siècle. L'expression vente à tempérament apparaît au XIXe siècle dans l'Almanach du Hanneton. d'après CNRTL
Coquecigrue
A la venue des coquecigrues - regarder voler les coquecigrues - raisonner comme une coquecigrue
C'était un oiseau fabuleux appartenant à l'imagerie médiévale qui serait né d'un coq et d'une grue, ou d'une cigogne. On trouve ce mot chez Rabelais : Picrochole « fut avisé par une vieille lourpidon que son royaume lui serait rendu à la venue des coquecigrues. »
Écot : payer son écot, « « quote-part d'un convive pour un repas à frais communs ».
Ballant : les bras ballants.
Mais ne dit-on pas également « les jambes ballantes » ? Quant au verbe, s'il existe, sa filiation me semble obscure (est-ce que cette forme participiale a existé avant l'infinitif ?).
Vous avez raison : jambes, tête, tout cela balle, verbe désigné quand même comme archaïque.
à vau-vent : avec un vent arrière
à vau-l'eau : poussé par le courant, à la dérive
http://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A0%20vau
La mer, c'est l'inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damnés. La mer, c'est l'immense misère.
L'âme, à vau-l'eau dans ce gouffre, peut devenir un cadavre. Qui la ressuscitera ?
Victor Hugo, Les Misérables,
Vau a déjà été cité.
Voir p12 message 288 : liste
Je ne connaissais pas à vau-vent.
Ambage dans sans ambages ; mais le TLFi, optimiste, fait comme si le mot circulait toujours.
Escarcelle dans tomber ou rentrer dans l'escarcelle.
Noirmoutier
du latin in Herio monasterio (au monastère d'Herus)
Pas tout à fait gelé quand même :
http://www.cnrtl.fr/definition/moustier
Frisquet ne me semble plus employé autrement que dans faire frisquet, mais le TLFi ne dit pas la même chose. Si le mot survit de façon autonome, il me semble le devoir beaucoup à l'expression.
Je corrige un peu : accueil frisquet ou plutôt frisquet s'entend parfois, me semble-t-il. C'est très bien rendu par frisquet, en tout cas.
Metteur dans metteur en scène.
Le TLFi donne metteur en œuvre, remplacé je pense par maître* d’œuvre - je peux me tromper - et le metteur en page, qui me semble peu connu.
Metteur remonte à loin, ce n'est pas un mot récent.
* Mazette, on aurait remplacé metteur par maître ? Maître en scène, ça serait marrant. J'ai vu que le sens de mettable à beaucoup évolué depuis Molière, c'est peut-être un élément à prendre en compte. Jeune homme mettable : jeune homme convenable. Et comme ensuite est venu le sens grossier de mettre, on a pu tendre à abandonner metteur.
Metteur dans metteur en scène.
Le TLFi donne metteur en œuvre, remplacé je pense par maître* d’œuvre - je peux me tromper -
"maître d’œuvre" n'a pas remplacé "metteur en œuvre". "Maître d’œuvre" est fort ancien (XIVe siècle d'après le TLF).
"Metteur en œuvre" a eu un sens spécialisé jusqu'au XVIIIe siècle, c'est l'ouvrier dont la profession est de monter des pierreries. Le sens donné par Balzac de "celui qui met en œuvre un projet, une idée" semble banal et plus tardif.
Le metteur en œuvre désigne parfois un monteur de fausses pierres, au sens propre ou au sens figuré, comme dans cette lettre de Voltaire en 1770 éditée en 1829. Il faut remonter à la page précédente :
Encore une fois, il y avait du risque ; mais mon jeune metteur en œuvre croit avoir marché sur ces charbons ardens sans se brûler ; il croit même avoir parlé au cœur, dans un ouvrage qui ne semblait susceptible que de faire dresser les cheveux à la tête.
Dictionnaire de l'Académie Française Institut de France - 1835
METTEUR. s. m. Il ne s'emploie guère que dans les locutions suivantes :
Metteur en œuvre, Ouvrier dont la profession est de monter des pierres fausses. On le dit quelquefois, figurément, en parlant Des [sic] ouvrages d'esprit. Cet écrivain est un habile metteur en œuvre des idées d'autrui. [...]
Le Dictionnaire de l'industrie manufacturière, commerciale et agricole, Volume 7, Alexandre Baudrimont, 1838, est nettement plus élogieux.
L'ouvrage le plus complet : Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers et de l'économie industrielle et commerciale, 1839.
La Revue britannique : ou Choix d'articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne, 1843, développe le sens figuré, parlant de Dickens. Je ne puis tout citer, mais en lisant la suite on comprend que metteur en œuvre était un terme plutôt réducteur.
Les romans qui pullulent sous la plume de ces heureux inventeurs ne sont guère que des compilations anecdotiques tant bien que mal groupées autour de la première intrigue venue ; et si quelque chose les relève, si quelque mérite légitime l'intérêt que la foule y peut prendre, c'est lorsque le metteur en œuvre de ces matériaux vulgaires sait y mêler quelques traits d'observation personnelle, empruntés à ses excursions parmi ces tribus sociales, dont l'existence, parfaitement excentrique, trouve pour la première fois un fidèle historien.
Sur deux ou trois résultats, je me suis posé la question d'une application à l'architecture, qui aurait pu nous mener au maître d’œuvre, mais rien n'était assez net, encore que :
L'Ambigu : ou Variétés littéraires, et politiques, Volume 34, Jean-Gabriel Peltier, 1811, page 263 ; un morceau costaud :
Le Parthénon lui-même, indépendamment de la sculpture qui le décorait, est un modèle si pur et si parfait d'architecture dorique, que Lord Elgin regarda comme étant de la plus grande importance pour les arts, de s'assurer des échantillons originaux de chaque membre de cet édifice. Il consistent dans un chapiteau ; dans des assises des colonnes elles-mêmes, afin de montrer la forme exacte de la courbe employée dans la cannelure ; un triglyphe et des modules de la corniche, et même quelques-unes des tuiles de marbre dont la dalle était couverte ; de manière que non-seulement le sculpteur peut avoir le plaisir d'étudier un modèle de son art depuis la statue colossale jusqu'au bas-relief exécuté dans l'âge d'or de Périclès, par Phidias lui-même ou sous sa direction immédiate, mais encore l'architecte et le metteur en œuvre peuvent examiner tous les détails du bâtiment, et même jusqu'à la manière de joindre les tambours des colonnes, sans l'aide du mortier, de manière à donner à chacun des fûts, l'apparence d'un seul bloc.
pêle-mêle
"pêle" et "mêle" sont inséparables.
http://www.cnrtl.fr/etymologie/p%C3%AAle-m%C3%AAle
Faire pot-bouille.
http://www.cnrtl.fr/definition/bouillir
Élixir parégorique.
Conter ne s'utilise plus à ma connaissance que dans conter fleurette et ne pas s'en laisser conter. On peut hésiter, car bien qu'on n'utilise presque plus ce verbe, il demeure parfaitement connu.
C'est sans doute sa variante raconter qui le maintient en vie et qui fait qu'on le comprend encore, et qu'on le comprendra tant que raconter sera utilisé.
Que nous contez-vous là ?
Je perçois que nous contez-vous là ? comme une alternative assez littéraire à que racontez-vous là ? et à que nous chantez-vous là ?, beaucoup plus usuels, ce qui va plutôt dans le sens d'Alco.
Que raconte-t-il ? se dit, que conte-t-il ?, j'en ai de sérieux doutes.
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